mercredi, avril 27, 2011

Les trop riches heures de Barcelone



Quelques jours à Barcelone, ville que je connais bien et que j'apprécie ... appréciais. L'insolente santé économique de la communauté autonome de Catalogne parmi une Espagne exsangue a refermé Barça sur un certain complexe de supériorité. La grande cité, sainte capitale de la culture catalane, n'a plus qu'elle-même comme modèle. Elle en devient idiote et commence à sentir moralement le moisi. Le musée d'Art contemporain n'offre plus que deux de ses trois étages à la visite, dont l'un est consacré aux collections (d'artistes locaux) que possède l'institution. Et les autorités municipales ont quasi éradiqué tous les signes restant de la guerre civile. Des chantiers chic et sans fin ceinturent la ville qui n'en finit pas de s'alourdir de frisottis architecturaux réhabilités selon une esthétique ripolino-disneyique. C'est tout juste si l'on a pas forcé les vieilles gagneuses de Raval de subir lifting et liposuccion.


Le touriste est contraint au rôle de crétin de touriste que l'on fait poireauter devant le tas de nouilles trop cuites de la Sagrada Familia ... Heureusement, il reste de vrais gens, ceux qui n'ont jamais fréquenté le musée d'Art contemporain ni ne prennent la pose sur la plage artificielle de San Sebastian, de ceux qui assistent à la messe de San Augustin ou qui épluchent des légumes devant leur porte, parmi les rues basses de la Barcelonette.

samedi, avril 23, 2011

Vendredi Saint



Célébration du Vendredi Saint à l'abbaye de Saint-Maurice où je reçus la confirmation dans la chapelle des Martyrs il y a une quinzaine d'années. J'y suis allé avec Cy. puis nous avons dîné à Martigny. Etonnant Valais si proche et pourtant ... étranger. La place centrale de Martigny ne ressemble à aucune place vaudoise, ni bernoise, fribourgeoise ou neuchâteloise. L'architecture, l'urbanisme, une certaine saveur de l'air marquent une différence notable. Jusqu'à une caissière qui devisait avec un client en patois ! Ce n'est ni plus, ni moins, c'est autre, dépaysant.

J'ai passé le dimanche des Rameaux à Bâle, j'y ai ressenti moins "d'exotisme". Nos cartes, nos frontières et autres délimitations se mettent à mentir ou répondent à des logiques obsolètes. Je n'en reviens toujours pas d'un voyage à Vienne sans avoir à aucun moment produit une pièce d'identité officielle ! Inutile d'ajouter que je me sens moins "autre" à Vienne ou Bâle qu'à Martigny.

Pâques nous apportera-t-il la promesse d'une moins grande distance avec le Ciel ?! Du moment que j'avance d'ici à la fin des vacances dans "Un après-midi d'été couvert", ce roman sur le thème de la déréliction me pèse, il m'use et réveille plus d'un abandon en moi.

vendredi, avril 15, 2011

Hôtel Balmoral


Non, je n'ai pas quitté le navire ! que mes lecteurs de C., petit village vaudois où vécut Mme de S. se rassurent et les autres aussi. Je n'ai pas le don d'ubiquité et me suis retrouvé dès début mars dans les cartons. J'ai déménagé. Berlin ? Bordeaux ? Barcelone ? Zürich ? non, je suis juste passé du quartier de Prélaz à sous-gare. Moi qui n'ai de cesse d'aller nuit après nuit en songe d'un hôtel à l'autre, je me suis installé à l'hôtel Balmoral, à l'ex-hôtel Balmoral, un bel édifice du début du XXème siècle reconvertit en immeuble d'habitation.

Ce n'était pas qu'un déménagement; j'ai tourné une page. J'ai produit tant de textes aux Clochetons, tant de récits ... Le lieu était épuisé. La dernière fois que j'y suis passé, état des lieux manqué, le propriétaire s'est fait excuser, il y avait un air de piano qui descendait dans la cage d'escaliers, des exercices relativement adroits, une variation passant du classique au jazzy. J'ai observé avec étonnement les murs, nus, les pièces vides, sordides à la limite, devenues si étroites. J'étais incapable de reconnaître mon ancien logement.

A l'hôtel Balmoral, j'occupe la moitié du dernier étage de l'aile gauche, trois fenêtres en façade et une sur le côté. Un cabinet, une chambre, un immense séjour - la cuisine en dépendance - et la salle de bain au bout d'un large couloir, une véritable antichambre carrelée avec goût. J'ai la vue plein ouest, une rangée de bâtiments Art Déco tardifs en vis-à-vis. La nuit, pas un bruit, à part la sonnerie bien timbrée de l'horloge tous les quarts d'heure qui roule sous les trois mètres de plafond stuqué.