lundi, mars 19, 2012

"Le Volcan" et autre forme d'exil



C'est un texte qui commence de manière anodine, comme un roman à lire dans le train, avec une poignée de personnages un peu trop colorés, l'auteur aura voulu accrocher ses lecteurs. Passé les cinquante premières pages se dessine une fresque, terrible, composée d'individus brisés ou révoltés, en fuite en tous les cas. Klaus Mann - le fils de ... - raconte ainsi son exil par suite de l'arrivée des nazis au pouvoir. Il publiera son roman en 1939 mais il laisse entrevoir l'ampleur de la catastrophe à venir. Ce n'est pas qu'une collection de caractères, d'activistes antifascistes mais plutôt la peinture d'une époque, la lâcheté polititque des alliés, les petites compromissions de ceux qui ne se sentent pas concernés et quelques beaux moments imprégnés d'une foi que je ne connaissais pas au fils aîné du grand Thomas. Dès ce roman, Klaus ne pourra plus jamais revenir de son exil, exil intérieur, perte d'une certaine innocence, et personne ni avant, ni pendant, ni après la guerre pour rendre hommage à sa clairvoyance politique et à son appel à la résistance.


C'est une lecture que j'ai mollement entamée il y a un mois de cela et qui me subjugue à présent par sa profonde humanité, par l'empathie de son auteur pour les drames humains de la relégation, quelle que soit la guerre ou l'époque. Il y a des signes avant-coureurs, une sorte de malaise indicible. Avant même que ne commencent les combats, les victimes ont déjà sombré, subjuguées par le néant et le desespoir. Cela fait plus d'une année que, nuit après nuit, je rêve que je passe d'un hôtel à l'autre, de ville en ville, encore bien plus paumé qu'Ulysse en pleine odyssée, "Le Volcan" m'a donc interpellé.


L'exil, au sens large, représente ce moment quand l'on est forcé de quitter ce qui semblait aller de soi : habitudes, certitudes, projet en cours, lieu de vie, etc. Que l'on soit coupé de l'un ou l'autre de ces éléments, et l'ont en souffre. Les conséquences sont à court terme moins dramatiques mais la douleur est réelle. C'est ici que le lecteur peut se sentir directement concerné par "Le Volcan" et l'éventail des réactions des bannis dont il est question. A lire impérativement.