dimanche, décembre 27, 2009

Du bonheur de la blanchisserie


Tout va très bien chez Mme de W. qui vécut à V., une bonne ville de la Riviera vaudoise. Tout va si bien que c'est à se demander pourquoi tout le monde court dans tous les sens à Lausanne et dans le reste du canton ?Pourquoi ne suivent-ils pas l'exemple de V. où l'on vaque à la prospérité de son ménage et où l'on n'a pas perdu le sens commun et des usages ! A Lausanne, sur la Côte et dans le reste du pays, on aime tellement s'inventer des histoires; ça passe le temps, ça vous remplit une vie mine de rien et ça vous évite de cerner le coeur du problème ... Un problème qui n'est pas le mien, chacun se débrouille avec ses valises de linge sale. Personnellement, j'ai opté pour une machine à laver personnelle, un "outil" domestique qui me vaut d'être encore dans l'enseignement ! Je m'explique. A l'époque quand j'achetai la chose - d'occasion et pour la somme alors colossale de 400,- - je venais d'emménager dans le quartier de Prélaz, mon vieil appartement, le deux-pièces-cuisine qui ressemble à un garni des années Quarante. J'étais en pleine (dé)formation pédagogique dans une institution qui sévit aujourd'hui encore. On m'y disait bien des choses, et des pires, à tel point que je faillis raccrocher ! J'avais un stage pédagogique rémunéré doublé d'un remplacement dans un gymnase (un lycée pour mes lecteurs non-suisses) et une machine à laver et un déménagement à payer. Je ne fis donc pas la fine bouche et persévérai dans la voie dans laquelle j'étais engagé. Ma carrière enseignante doit ses débuts au hasard et son affermissement par la jouissance d'une machine à laver à demeure ! A noter que cette carrière aujourd'hui se poursuit parce que l'enseignement me réussit autant qu'à mes élèves !

Récemment, voyant de l'eau près de la fameuse machine, d'un âge aujourd'hui canonique, je me réjouis à l'idée d'une fuite ! L'exacte excuse que j'attends impatiemment afin de courir acheter une nouvelle machine à laver qui massacrera moins mes chemises ! Fausse alerte, ce n'était que Cy. qui, une fois de plus, avait répandu de l'eau un peu partout lors de sa douche ... Je vais donc garder ma championne toute catégorie du froissage intégral. Il ne s'agit que d'un menu désagrément, l'affaire de deux minutes de plus par chemise au repassage, cela reste sans commune mesure avec le calvaire de ceux qui se traînent des ballots de linge cradingue, soit qu'ils ne peuvent pas le laver ou qu'ils ne savent pas comment le laver... La métaphore est à méditer jusqu'au 31 minuit, histoire de prendre de vraies bonnes résolutions. Quant à moi, je repasse en regardant la télévision, je prends donc pour 2010 la résolution de ne regarder que des séries qui me plaisent , et l'économie d'une nouvelle machine financera l'achat de DVD ! Voyez, depuis que j'officie chez Mme de W. qui vécut à V., bonne ville de la Riviera vaudoise, tout va plutôt bien !

lundi, décembre 07, 2009

"Mère et fille" et autres considérations


Il y a Catherine, l'immense Catherine, Mlle Deneuve, la femme mystérieuse, lointaine, distante, froide et intrigante ... Ses mimiques, sa présence et, étonnement, mon enfance, mon adolescence profondément francophile. Nous sommes allés voir "Mère et fille", le dernier film de Deneuve dimanche après-midi, joli récit au rythme lent, des effets si propres au cinéma français, exposition de vies mélancoliques et bourgeoises, problématiques si délicieusement décalées. A croire que la France n'est faite que de médecins, de commerçants bien installés, de résidences d'une douzaine de pièces minimum, une sorte de projection idéale et chabrolienne d'une société qui n'existe guère plus que mon enfance ou mon adolescence. L'histoire s'étage sur trois générations de femmes, la grand-mère est évoquée par la petite-fille; Mari-José Croze est parfaite dans le rôle de la revenante fifties', la coiffure, le décor, tout est d'un soin parfait ... et passéiste.


Je pense avoir perdu ma francophilie avec un certain goût pour la mélancolie, un goût doucereux, un penchant pour les atermoiements rebrodés, les non-intrigues charmantes. J'en ai fini avec ma période française, difficile toutefois d'en quitter les facilités réconfortantes, de la bimbeloterie mélancolique, des effets éventés ... "Mère et fille" n'est ni pire ni mieux que "Les Herbes folles", un si joli savoir-faire et si peu à raconter, des histoires surannées pour rester poli. Et comment vais-je faire sans ce délicieux petit genre éculé, une forme de "vraie vie" pour vieille fille que j'affectionnais tant !

jeudi, novembre 26, 2009

A défaut de Berlin




A défaut de Berlin, j'ai passé une après-midi à Berne, un samedi ensoleillé dans la capitale, une promenade en surplomb de l'Aar, les coupoles du palais fédéral desquelles des corneilles se jettent dans le vide et planent en larges cercles. Je pense aux corbeau de Wotan. Je pousse jusqu'à l'esplanade de la cathédrale. Berne, sa vieille ville, une cité tout droite sortie d'un livre de légendes, des légendes auxquelles il faut se livrer, comme les corneilles au vide, pas si vide, la masse de l'air et nous planons sur des siècles d'histoire. Il suffit de la connaître pour ne pas tomber.


Ma promenade avait un but, la rétrospective Giovanni Giacometti, le père d'Alberto, un peintre qui a fait partie de la mouvance Die Brücke. Cet homme au talent reconnu, formé dans la Munich de la Sécession, est rentré dans son village natal, on a acheté son séjour contre une forte somme ! Stampa, les Grisons, un bon mariag et où est passée la liberté berlinoise des autres membres de Dies Brücke ?! Giacometti a soigné son image d'artiste officiel et n'a pas sacrifié son talent. A part quelques toiles convenues ... Quel secret a nourri ce talent ? L'évidence de nudités pures sous un soleil de légende crève la toile.

dimanche, novembre 15, 2009

1989-2012



J'y étais ! Non, je n'étais pas à Berlin le 9 novembre 1989 comme tous les "winners" de la planète, il me souvient à peine ce que je faisais à 19 ans, le mur, Berlin, le bloc de l'est, etc., ne me parlaient absolument pas alors. J'étais à la projection de 2012, vendredi passé, la séance de 13h15. En soirée, le film fait salle comble, c'est un événement, le film de Blaireau avec un B majuscule. Je suis très bon public pour ce chose, j'adore le cinéma populaire, la cuisine sans chichi et tout ce qui permet d'aller droit au but. Je réserve - d'une manière très germanique - ma finesse de sens et d'esprit aux Beaux Arts, à la musique de Wagner, à la porcelaine de qualité et aux fleurs, et ma foi à l'Eglise catholique romaine apostolique et universelle. "Le reste n'est que garniture", chantilly foireuse, crème grassouillette dans lesquelles je plonge parfois avec délice quand l'envie m'en prend. 2012 en fait partie. Et quel spectacle, mes amis, de la catastrophe eschatologique et moralisante à deux balles, la tabula rasa en dolby stereo et tout et tout. Le fameux calendrier Maya, un vieux buzz de la toile qui adore claironner complot et fins du monde à chaque tournant de page ... Ca plaît aux blaireaux.
Ah, ça ne vaut pas ma chère Berlin où l'on assume pleinement d'aimer le pire et le meilleur tout ensemble, où l'on écrit avec tant d'aisance, où l'on vit, avec simplicité, pareil chez Mme de W. Dans la bonne ville vaudoise de V., on aime aussi les arts avec mesure, la nouveauté sans excès. Accessoirement, j'y étais ce samedi, la "journée porte ouverte" de l'établissement dans lequel j'enseigne. Emotion, je présentais la nouvelle mouture du journal de l'école, nouveau graphisme, tirage augmenté, nouvel imprimeur : un franc succès, aussi mouvementé et plein d'effets que 2012. Je le répète, un succès ! Le journal est accrocheur comme un "blockbuster", nettement moins moralisateur et bien plus subtile que le genre. Même si l'on m'avait fait des reproches au sujet de "mon petit journal", je persisterais et signerais deux fois sous le titre de rédacteur en chef.




lundi, octobre 26, 2009

La vraie vie ...


A Berlin, je mène ma vie berlinoise, quelques courses, des visites à Ch. et à Lb., le U-bahn, le S-bahn et les bus, et cet art de vivre un peu décousu, chic et désuet. Cela tient moins du voyage géographique que d’un voyage dans le temps, éprouver la manière dont il ne s’écoule quasi pas sous le ciel plombé de cette capitale en perpétuelle reconstruction. Les filles danoises bruyantes à la table voisine sont parties, les « möchte gern » sont la rançon du bonheur à la mode willhelminienne : de grands boulevards, de grands cafés, de vastes musées, des magasins sans fond et l’impossibilité des mouvements de foule. Les rues sont trop larges, la ville trop étendue, il n’y a guère que dans le S-bahn que l’on se presse, et encore … On a tout dit sur ce séjour d’agrément, cette ville-parc d’attraction pour adultes, sur la « facilité » de ses filles et de ses garçons. Ce qui m’y attire, m’y appelle fidèlement depuis plus de cinq est de tout autre nature : à Berlin plus qu’ailleurs il est permis de mener, à très peu de frais déjà, cette bonne vie bourgeoise totalement obsolète, faite de rendez-vous avec la ville, ses bonnes adresses, ses expositions, ses soldes, etc. Il me faut de plus en plus de temps pour retrouver le bon tempo, sortir de ma bulle et entrer en relation avec l’époque elle-même. Surtout, à Berlin, j’ai le droit de ne pas savoir …

lundi, octobre 19, 2009

Travail versus vacances


"Et vous êtes parti durant ces vacances ?" Oui, Berlin, évidemment ! Et pourquoi donc ? Pour mettre un point final à "La nouvelle Fuite à Varennes", pour réfléchir à la suite, une envie, quelque chose à partir de Fauré, le charme légèrement mélancolique de cet art musical éminement bourgeois. J'ai besoin de Berlin pour ... travailler ! J'ai même mis la dernière main à un projet dans le cadre d'un festival, on verra ce que ça donne, et il m'est aussi venu l'idée d'une couverture pour "Les Âmes galantes", à paraître à la fin décembre. Je vais utiliser une "boule de neige", un objet ramené de Barcelone, un petit air Art Déco tardif, tout ce qu'il faut afin d'évoquer l'univers d'Aglaé, l'héroïne de ce texte.

Heureusement que les vacances ne durent que deux semaines, et retourner à V., bonne ville de la Riviera vaudoise où vécut Mme de W., où tout se passe au mieux. Entre la nouvelle formule du journal de l'école (dont je suis le rédacteur en chef) et la journée portes-ouvertes, la rentrée sera aussi "reposante" que Berlin. D'autant plus que mes collègues sont, en sus de leurs activités enseignantes, extrêmement prolixes et créatifs. Il m'a fallu courir voir le musée Baur, son impressionnante collection de porcelaine chinoise et, ce qui m'y a amené, un bon sujet d'article, une exposition à laquelle a participé le responsable de la section céramique Jacques Kaufmann. Le travail est à la mesure de l'homme : subtil et évident, généreux et complexe. Et s'il n'y avait que l'école supérieure de céramique ! Difficile de suivre tout le monde en photographie. J'ai eu le plaisir de découvrir un peu du très discret Daniel Baudraz, de voir avec ses yeux, de ressentir l'importance du détail, une mini rétrospective dans une galerie de V.

Et pour revenir au numéro spécial du journal, coïncidence non fortuite entre la journée portes-ouvertes et la nouvelle formule de "mon canard", il n'est de loin pas bouclé. On va encore me voir courir d'un étage à l'autre, à la recherche de l'un ou l'autre de mes rédacteurs oublieux, d'une photos, d'un renseignement ou d'une clef USB que j'aurai encore laisséée à l'un des nombreux postes informatiques de l'école. Je vous le dis, la rentrée, quasiment des vacances !

dimanche, octobre 11, 2009

Il m'appelait mon cousin


Il m'appelait "mon cousin" lorsque nous nous rencontrions dans les couloirs du gymnase de la Cité où j'étais élève; il me donnait toujours du "mon cousin" en ville, chez Manuel, par exemple, où très obligeamment il retirait ses affaires, des cahiers qu'il avait étalés autour de lui, sur la table et les sièges. La mère de Jacques Chessex était une Vallotton !


Jamais, je n'ai osé lui soumettre la lecture de l'un ou l'autre de mes romans publiés, je le regrette. L'aura du grand auteur m'impressionnai trop et, pourtant, l'homme était d'un abord aisé. Je crois que je ne lui ai jamais présenté mon travail par pusillanimité, et aussi parce que je ne partageais pas son goût du "beau sexe". Je comptais lui apporter personnellement "Les Mémoires d'un révolutionnaire" sitôt la chose publiée, l'affaire d'une année. Les aventures de Laharpe sortiront sans le brillant patronage d'un autre grand vaudois.


Christophe Gallaz a eu un mot pertinent quoiqu'acidulé à propos du grand Jacques, un mot qui tombait juste, une mise en balance du projet littéraire chessexien, de la critique cinglante du pays de Vaud qui s'y lit et de l'amour de l'auteur pour ce pays, de son désir de puissance ... Rapport à méditer ...

lundi, septembre 14, 2009

Wagner versus Viard


La puissance évocatrice de Wagner est capable d’emporter la banalité la plus ancrée, la rouille du jour après jour, le vrai danger, le plaisir pépère, l’ennemi des vrais sentiments, de la dignité authentique. Il y a folie à aimer cette musique, à rechercher l’excitation particulière des sens qu’elle induit, il y a tout autant folie à comprendre, entrer dans les vues philosophiques nietzschéennes. Après le Demian de Hesse, je me suis mis à la lecture de Nietzsche, son « Gai savoir ».
18h, un direct pour Genève, un transport étonnement confortable parmi la fin d’une après-midi dorée, une après-midi guettée par l’ennui, la foule, l’absence à soi … Incidemment, j’ai appris il y a peu que, par ma famille maternelle, j’étais issu de gens extrêmement durs entre eux, avec eux-mêmes et plus encore avec les autres. Il faut être un roc dans la presse des cohortes molles qui nous entravent et grouillent en files aveugles. Ces « cloportes », nature inhérente à leur masse anonyme, épuisent et salissent tout esprit vif, vivant et le vident. Je me rappelle à peine d’une invraisemblable fresque, « Les derniers jours du Monde », une sorte de chute sentimentale du Walhalla, avec un wanderer éperdu d’amour et pleinement vivant jusqu’à son dernier souffle.
Je voulais surtout parler de Karine Viard, de toutes ses heureuses apparitions cinématographiques, de ce qui me semble être son grand début, « Haut les cœurs », auquel j’ai repensé dès le début des « Derniers jours du Monde ». Son jeu, son naturel sont capables de s’adapter à tout scénario, une femme complète qui, mine de rien, m’accompagne depuis plus de dix ans

lundi, août 31, 2009

Vous en reprendrez bien un peu ...


Au fait, "La Dignité" est sortie, mon fameux/fumeux essai autofictif est en vente, distribué entre autres chez Basta, Payot et La Fnac. Mon agent travaille à la promotion de ce texte "atypique". Je suis soulagé de voir cette aventure aboutie, de savoir le texte prêt à vivre sa vie auprès de lecteurs. J'ai, soit, la crainte d'une publication confidentielle, je n'ai pas de public cible et quelques solides inimitiés. Je regrette de ne pas avoir produit ce texte en allemand, de ne pas connaître suffisamment cette langue. Un jour, j'irai offrir une traduction de "Die Würde" à Berlin à qui je dois ma dignité personnelle, je sais que j'y trouverai un public, de l'enthousiasme, de l'intérêt.

Vous reprendrez bien un peu d'arsenic ? Parce que "La Dignité" a son prix, ce n'est pas de la bonbonnaille doucereuse. Achetez donc votre exemplaire, tout le monde est servi, je crois, mais j'ai écrit pire, ou meilleur, encore plus près de la catastrophe l'humour en moins. Ma prochaine publication permettra de faire une pause, "Les Âmes galantes" sortiront aux Editions Baudelaire, à Lyon, d'ici quelques mois. Et cette galanterie, je l'offrirai à Lausanne, la Lausanne que j'ai aimée il y a plus de quinze ans.

samedi, août 08, 2009

François, Thomas et le mariage ...


François Mauriac, le grand auteur, le grand moraliste, était gay ; j’ai appris cela à Berlin, un entrefilet du Monde, un numéro acheté dans une gare du S. La nouvelle ne m’a pas surpris pour les raisons que l’on peut imaginer. Mauriac et Thomas Mann sont mes pairs en littérature, qu’il s’agisse de la figure sociale de l’auteur ou de la vocation de l’œuvre, cet art du témoignage, le récit d’un certain monde, de l’idéal bourgeois cultivé, libéral et, en filigrane, tolérant. Mes deux figures littéraires tutélaires sont des gays refoulés ! Ils ont tous deux assis leur vie sur un effort de volonté extrême, ils n’ont pas menti mais se sont appliqués à se rendre « conforme » à leur idéal. L’exercice de volonté me parle particulièrement. Mauriac et Mann eussent-ils assumé leur inclination s’ils avaient quarante ans aujourd’hui ? Quel impact l’époque eût-elle eu sur leur idéal existentiel ? J’assume ou je n’assume pas ? Qu’y a-t-il à assumer, au fait ?

Petit retour sur image. Lorsqu’un individu refoule sa sexualité, on le gratifie immédiatement de notre compassion, « tout ce qu’il manque », on relève aussi la qualité de l’effort avant de glisser sur son hypocrisie, sa lâcheté sociale et blablabla. Nos deux auteurs avaient – apparemment – un goût certain pour les jeunes hommes. Aujourd’hui, je le dis à brûle-pourpoint, ils batailleraient dans leur vie afin de ne pas céder à la captation amoureuse pédé, le pacs et tutti quanti, le modèle foireux de la proto-famille beurk, avec conjoint qui fait la gueule, vaisselle d’avant-hier, chaussettes sales sous plumard etc. Ah, le joli tableau de la médiocrité homosexuelle bobo, bien intégrée, tout comme il faut, la seule homosexualité acceptable, n’est-ce pas Messieurs-Dames de C., petit bled vaudois qui craint et où vécut Mme de S, une grosse nymphomane réactionnaire du XVIIIème, autrice à ses heures … Je m’emporte, le propos n’est pas là.

Il est question de la force de caractère de l’auteur face aux vicissitudes de son existence, de la réunion des conditions cadre minimum afin de produire l’œuvre. Mes pairs en littérature – dont je partage l’orientation politique, la détermination et le goût des jeunes gens bien faits – ont lutté pied à pied pour un idéal de vie, aidé en cela par leur entourage, leur famille … leurs épouses ! Des saintes, des femmes admirables, bien loin de cette horrible virago d’Elise Jouhandeau qui n’a fait qu’empoisonner l’existence de son trop délicat époux. « Quand on est en couple … », je vous laisse imaginer tout le reste, toute la force de culpabilisation, la presse normative, quels que soient vos goûts sexuels. A moins de faire du roman pour dadames qui s’ennuient l’après-midi, écrire est une position peu enviable, un sacerdoce, cela signigie être le perpétuel franc-tireur ( je ne pense pas à Philippe Djian qui, du point de vue de son alcoolisme mondain et de son absence de syntaxe est tout à fait dans la norme). Mauriac et Mann tinrent le rôle, et avec élégance.

dimanche, avril 05, 2009

Palmsonntag


Dimanche des Rameaux, Palmsonntag, dimanche berlinois, retransmission de la messe en direct de Rome sur le canal du Bayerischer Rundfunk; je suis perché sur une estrade, un aménagement mi-design, mi-bricolo pour appartement de vacances. Hier soir, à la descente de l'avion, j'ai traversé les longs couloirs malcommodes de Schönefeld, suis passé à travers l'ancien poste de douane ... Les accords bilatéraux sont effectifs, je n'ai présenté ma carte d'identité qu'à l'enregistrement, puis à l'embarquement : Berlin est entrée dans la large banlieue romande. Je ne sais que penser de ce "grosse europäische Mischung". J'ai l'impression de participer à l'une de ces stupides émissions de décoration où des architectes maladroits viennent vous casser toutes les cloisons "pour agrandir l'espace ..." Au final, vous vous retrouvez dans un hangar, les chiottes au milieu du salon (pour la lumière ! ben voyons) et un faux-plafond criblé de spots.


Je repense au mot d'un pasteur, un auteur si discret que j'ai oublié son nom, un veveysan ... Bref, cet homme écrivait "ne soyons pas trop pressés de combler le fossé de nos divergences" à propos du rapport protestants-catholiques. Je pense pareillement quant à nos "divergences" nationales et, si petit soit l'appartement, j'aime y voir des pièces à l'usage clairement défini, des pièces pourvues de portes à ouvrir ou fermer selon la circonstance. Je ne crois pas au gloubi-boulga universaliste, garantie de confusion tant morale que politique et, surtout, synonyme d'appauvrissement.

Palmsonntag, je vais aller suivre la messe à Sankt Ludwig, du côté de Wilmersdorf, avec Christine. Libussa a d'autres obligations aujourd'hui. Il faut que je passe faire des courses, les magasins sont exceptionnellement ouverts aujourd'hui de 13 à 18h. Hier soir, je n'ai quasi rien trouvé dans le Spätkauf d'à côté ... Ce séjour berlinois n'est pas une fuite. Jusqu'à présent, je n'ai fait que m'y réfugier. Ce séjour fait partie de ma relation à cette ville, une relation nécessaire et entretenue quand bien même on ne la comprendrait pas. Non, je ne vais pas à Berlin pour "du sexe facile", comme des proches peuvent le penser ... J'y passe du temps parce que Berlin, et vous n'aurez qu'à lire "La Dignité" (chez Castagniééé) pour entrer dans mes raisons.

mercredi, mars 18, 2009

Une après-midi zürichoise


Zürich, mon cher Sprüngli, le lac et toute cette bonne vie à laquelle j’aspire. Je me suis offert une après-midi de vacances. Cy. travaille j’ai quartier libre. Et l’occasion était trop belle, cela faisait bien quatre mois que je n’étais pas passé prendre le thé Bahnhofstrasse, quatre mois sans cette subtile atmosphère de réussite discrète : Zürich sauvée de tout, immuable et polie.
Ce matin, j’ai remis la dernière version corrigée de « La Dignité » à mon éditeur, cette après-midi, je suis allé faire avancer l’intrigue de « La nouvelle Fuite à Varennes » au fond du canapé au premier, le Museum Bellerive, une exposition consacrée à Hermann Obrist. Le trajet peut sembler bien long pour une petite après-midi dans ma ville suisse idéale mais la liberté est incomptable, un quart d’heure aurait pu suffire afin de répondre à son appel. J’ai même réussi à régler quelque affaire embrouillée et boucler la prochaine édition du CEPV-Presse (le dernier organe de presse dont j’ai la charge) chemin faisant.
Il fait doux, une lumière caressante, Jane, mon agent littéraire, me promet un printemps fructueux et de riches récoltes à la fin de l’été. Puisse-t-elle dire vrai. J’aimerais tellement voir l’un ou l’autre de mes romans traduits en allemand, me rapprocher de la sorte de Zürich et, surtout, Berlin.
Avant de monter dans le train, détour par une épicerie fine de la gare ; comble du chic : les cagettes de salades, de feuilles comestibles et autres légumes délicats bénéficient, afin d’assurer leur fraîcheur, d’un système de brumification intégré à l’étal.

dimanche, mars 08, 2009

Jouer au zèbre


J'aspire à être une sorte de Thomas Mann romand, j'agis avec la misanthropie d'un Thomas Bernahrd et j'ai la sensibilité niaise d'une "Carrie Bradschaw". Pathétique ... D'autant plus que, en tant qu'auteur gay, je ne suis pas crédible ! Pensez donc ! je n'ai jamais "tiré de coke" avec quelque huile culturelle romande. On ne m'a même jamais surpris ivre mort par les rues de Lausanne ... Quant à mes références : Thomas Mann, ok, ça doit passer mais où peut se trouver un lecteur qui connaisse Thomas Bernhard et "Sex and the city".

"La Dignité" va sortir dans la plus grande indifférence; on trouvera cela trop vulgaire, trop intellectuel, trop naïf, trop ceci, cela et patati et j'en passe et des meilleurs et puis merde, je vous conchie tous, mortels ! Selon ma définition de l'Auteur, oui, avec la majuscule, la liberté d'esprit est à l'origine du talent. Tirer de la coke, faire la noce, faire carrière consécutivement à des faveurs sexuelles accordées à des gens influents, attraper toutes les MST en cours et se repentir à l'approche de la quarantaine est d'une banalité crasse. Avec mes cochons en peluche, on est bien au-dessus de cela.
J'ai choisi un bout de zèbre pour la couverture : 1. c'est très tendance déco, 2. le zèbre est un animal que l'on a toujours considéré comme parfaitement idiot parce qu'il ne se laisse pas domestiquer. On a beau lui apprendre toute sorte de tours qu'il comprend et exécute avec succès, vient toujours le moment quand il rue et envoie tout promener. Je vais donc continuer à jouer ... au zèbre !

vendredi, mars 06, 2009

De la dignité et autres matières littéraires


Dernière ligne droite dans la publication de "La Dignité", chez Castagniééé, énième lecture, chasse aux coquilles, erreurs de syntaxe, etc. Je suis surtout frappé par la mièvrerie de mon propos ... par sa naïveté plutôt. Cela n'est pas un problème lié à la qualité littéraire intrinsèque de la "La Dignité" mais ... j'ai grandi ! Depuis ma rencontre avec Berlin, mes préoccupations sont devenues moins "épidermiques", je pense travailler plus en profondeur. Le triptique de "La Dignité" rend compte avec exactitude d'une période passée, une sorte de période héroïque et d'attente adolescente. Il est aussi question de l'intérêt des blogs, intérêt dont je ne suis plus convaincu aujourd'hui. Plus de la même manière. J'ai l'impression d'y voir un jeu de dupe ou une mauvaise "retape" publicitaire.

Quant à y exposer des opinions, merci bien, je préfère les réserver à mon oeuvre papier et, peut-être, leur donner par la suite un échos dans le blog. Depuis "l'affaire", je suis quelque peu échaudé et mon enthousiasme "internautique" a bien été entamé. Je ne regrette rien, pas une ligne de ce que j'ai écrit jusqu'à présent. J'estime avoir répondu à une sorte de devoir citoyen en prenant la parole, en critiquant l'un ou l'autre point de l'actualité médiatique mais le blog n'est pas le bon lieu. Que je le veuille ou non, je me trouve lié à l'institution étatique cantonale et mon travail d'essayiste risque toujours d'être "mal pris" lorsque présenté en ligne.

Depuis "La Dignité", je persévère dans ma découverte de la littérature germanique; en ce moment, je dévore l'oeuvre de Thomas Bernhard, je goûte à la sensibilité douleureuse de cet auteur dont je partage pour bonne part la sensibilité. Je vois des parallèles entre sa condamnation de l'Etat autrichien et ma critique du canton ... C'est un auteur au verbe hypnotique, sinistre et brûlant de vérité. On touche à cette matière si précieuse : l'authenticité. J'espère y atteindre dans ce sur quoi je travaille.