lundi, juillet 07, 2008

Près de l'autel, loin de Berlin ... ou le contraire !



Il est parti comme il était venu, il y a vingt ans de cela. Le père Pittet doit quitter la paroisse Saint-Joseph, ainsi en a décidé sa hiérarchie, faire de la place à deux jeunes curés polonais, les lubies de notre évêque, pauvre prélat malade et chahuté entre scandales de mœurs et financiers. Je ne peux m’empêcher de penser que notre curé était trop populaire, trop proche des commandements de l’Eglise du Christ vivant : Jésus auprès des plus humbles et des pécheurs … Le père Gabriel m’interpelait sur le parvis, me demandant tantôt de donner la Communion, tantôt de faire une lecture. Je repense à la liturgie complexe et extrêmement codifiée ayant cours dans l’Eglise catholique allemande. Jamais on ne me laisserait être si près de l’autel, d’offrir les saintes espèces à mes coreligionnaires. Le Père Pittet m’a fait partager l’intimité de Notre Seigneur, en toute amitié, une connivence que je ne connaîtrai certainement pas avant longtemps. Il y a aussi la tristesse des paroissiens, l’incompréhension des uns, la colère des autres et la vague impression que cette paire de curé venue de l’Est sera bien plus « peignette » sur le pedigree des paroissiens que ne l’était le père Gabi. C’est un crève-cœur et je sais que je mets beaucoup d’égoïsme dans mon sentiment. Je sais aussi être attaché à une Eglise du pardon, une Eglise universelle …

Lors de mon dernier séjour berlinois, j’avais mesuré ce qui m’attachait à ce canton, à Lausanne, ma paroisse, mes liens tout en jouissant de l’immense connivence d’une Berlin que je pratique si bien, dans laquelle je circule avec autant d’aisance que dans une ville suisse. Alors même que je goûtais cette paix si particulière, ma solitude chez C., l’éloignement de Cy., je répondais à un appel, un établissement du secondaire post-obligatoire de la Riviera ! Je vais retourner sur cette rive-là, comme à l’époque quand je nourrissais des projets pour Vevey-Hebdo et moi dans le costume du repreneur. Du coup, Berlin et ses hypothétiques possibilités d’installation s’éloignent à nouveau tout en restant paradoxalement plus faciles à atteindre … Mystère d’un vrai salaire … Un vrai salaire ! A près de quarante ans, je vais toucher pour la première fois un salaire en rapport avec ma formation et me libérer de tant de contingences vexantes. De plus, on a aiguillonné mon intérêt, je vais devenir le rédacteur en chef du journal de l’Ecole, une publication mixte faite aussi bien par les élèves que les enseignants, une jolie publication, intelligente, dynamique … Et je suis si heureux à l’idée de retrouver ma clientèle préférée, des grands adolescents !
A suivre …