Depuis 2010,
lors du dernier week-end d’août se tient le « Livre sur les quais »,
le salon qui réunit auteurs et lecteurs dans un cadre exceptionnel. Peut-on
parler de patrimoine immatériel comme dans le cas du jumelage Morges-Vertou ?
Huit éditions ont suffi à rendre la rencontre incontournable. Elle fait partie
du paysage de la rentrée. Les questions qui se posent aujourd’hui :
comment pérenniser l’événement, comment le renouveler sans perdre la ferveur
des débuts ?
Pratiquement,
Morges a gagné une fantastique renommée à travers « Le livre sur les
quais ». Jamais nous n’aurions eu les moyens de payer une campagne de
promotion comparable à la publicité que nous offre notre salon littéraire. A ce
propos, une commission du Conseil Communal réfléchit à l’opportunité d’octroyer
un nouveau subventionnement extraordinaire de 100'000.- Entre le plaisir de la
population, les retombées en matière de tourisme et d’image, ce ne serait pas
cher payé.
Personne
n’ignore les difficultés que la manifestation a traversée ni le risque de la
voir disparaître. Aujourd’hui, une société dans l’événementiel est venue
remettre à flots l’association du « Livre sur les quais ».
Evidemment, cette société ne l’a pas fait par philanthropie ; elle s’attend
à dégager si ce n’était sur l’édition 2017 du moins dans un délai raisonnable,
elle s’attend donc à faire du bénéfice. Cette année, léger faux pas, elle a
demandé un prix d’entrée à celles et ceux qui souhaitaient assister à une table
ronde, un débat. Ce n’est pas dans l’esprit de la manifestation, du reste
la fréquentation en a souffert. En 2018,
l’événement devrait retrouver son caractère complètement gratuit.
Le patrimoine
immatériel peut disparaître du jour au lendemain pour cause de désintérêt, pour
raison financière mais aussi par rapport à l’image véhiculée. Le livre, la
littérature ont et auront toujours une image positive. Les grands noms drainent
la foule qui, parfois, s’attarde devant les ouvrages d’auteurs moins connus.
« Le livre sur les quais » est à la croisée des chemins. Soit il
devient un événement institutionnel qui rapporte, où l’on défraie les auteurs,
on paie le personnel d’accueil et les subventions servent à garantir la
gratuité au public ; soit il reste un événement de qualité, à dimension
humaine, où l’accueil est assuré par des bénévoles, la fréquentation reste
gratuite et les subventions serviraient à payer la prestation de la
société d’events et le défraiement de
tous les auteurs ayant participé à une table ronde, un débat, etc., histoire
que ces derniers ne soient pas les dindons de la farce.
Article paru dans le bulletin 76 de l'Association de Sauvegarde de Morges