lundi, octobre 26, 2009

La vraie vie ...


A Berlin, je mène ma vie berlinoise, quelques courses, des visites à Ch. et à Lb., le U-bahn, le S-bahn et les bus, et cet art de vivre un peu décousu, chic et désuet. Cela tient moins du voyage géographique que d’un voyage dans le temps, éprouver la manière dont il ne s’écoule quasi pas sous le ciel plombé de cette capitale en perpétuelle reconstruction. Les filles danoises bruyantes à la table voisine sont parties, les « möchte gern » sont la rançon du bonheur à la mode willhelminienne : de grands boulevards, de grands cafés, de vastes musées, des magasins sans fond et l’impossibilité des mouvements de foule. Les rues sont trop larges, la ville trop étendue, il n’y a guère que dans le S-bahn que l’on se presse, et encore … On a tout dit sur ce séjour d’agrément, cette ville-parc d’attraction pour adultes, sur la « facilité » de ses filles et de ses garçons. Ce qui m’y attire, m’y appelle fidèlement depuis plus de cinq est de tout autre nature : à Berlin plus qu’ailleurs il est permis de mener, à très peu de frais déjà, cette bonne vie bourgeoise totalement obsolète, faite de rendez-vous avec la ville, ses bonnes adresses, ses expositions, ses soldes, etc. Il me faut de plus en plus de temps pour retrouver le bon tempo, sortir de ma bulle et entrer en relation avec l’époque elle-même. Surtout, à Berlin, j’ai le droit de ne pas savoir …

lundi, octobre 19, 2009

Travail versus vacances


"Et vous êtes parti durant ces vacances ?" Oui, Berlin, évidemment ! Et pourquoi donc ? Pour mettre un point final à "La nouvelle Fuite à Varennes", pour réfléchir à la suite, une envie, quelque chose à partir de Fauré, le charme légèrement mélancolique de cet art musical éminement bourgeois. J'ai besoin de Berlin pour ... travailler ! J'ai même mis la dernière main à un projet dans le cadre d'un festival, on verra ce que ça donne, et il m'est aussi venu l'idée d'une couverture pour "Les Âmes galantes", à paraître à la fin décembre. Je vais utiliser une "boule de neige", un objet ramené de Barcelone, un petit air Art Déco tardif, tout ce qu'il faut afin d'évoquer l'univers d'Aglaé, l'héroïne de ce texte.

Heureusement que les vacances ne durent que deux semaines, et retourner à V., bonne ville de la Riviera vaudoise où vécut Mme de W., où tout se passe au mieux. Entre la nouvelle formule du journal de l'école (dont je suis le rédacteur en chef) et la journée portes-ouvertes, la rentrée sera aussi "reposante" que Berlin. D'autant plus que mes collègues sont, en sus de leurs activités enseignantes, extrêmement prolixes et créatifs. Il m'a fallu courir voir le musée Baur, son impressionnante collection de porcelaine chinoise et, ce qui m'y a amené, un bon sujet d'article, une exposition à laquelle a participé le responsable de la section céramique Jacques Kaufmann. Le travail est à la mesure de l'homme : subtil et évident, généreux et complexe. Et s'il n'y avait que l'école supérieure de céramique ! Difficile de suivre tout le monde en photographie. J'ai eu le plaisir de découvrir un peu du très discret Daniel Baudraz, de voir avec ses yeux, de ressentir l'importance du détail, une mini rétrospective dans une galerie de V.

Et pour revenir au numéro spécial du journal, coïncidence non fortuite entre la journée portes-ouvertes et la nouvelle formule de "mon canard", il n'est de loin pas bouclé. On va encore me voir courir d'un étage à l'autre, à la recherche de l'un ou l'autre de mes rédacteurs oublieux, d'une photos, d'un renseignement ou d'une clef USB que j'aurai encore laisséée à l'un des nombreux postes informatiques de l'école. Je vous le dis, la rentrée, quasiment des vacances !

dimanche, octobre 11, 2009

Il m'appelait mon cousin


Il m'appelait "mon cousin" lorsque nous nous rencontrions dans les couloirs du gymnase de la Cité où j'étais élève; il me donnait toujours du "mon cousin" en ville, chez Manuel, par exemple, où très obligeamment il retirait ses affaires, des cahiers qu'il avait étalés autour de lui, sur la table et les sièges. La mère de Jacques Chessex était une Vallotton !


Jamais, je n'ai osé lui soumettre la lecture de l'un ou l'autre de mes romans publiés, je le regrette. L'aura du grand auteur m'impressionnai trop et, pourtant, l'homme était d'un abord aisé. Je crois que je ne lui ai jamais présenté mon travail par pusillanimité, et aussi parce que je ne partageais pas son goût du "beau sexe". Je comptais lui apporter personnellement "Les Mémoires d'un révolutionnaire" sitôt la chose publiée, l'affaire d'une année. Les aventures de Laharpe sortiront sans le brillant patronage d'un autre grand vaudois.


Christophe Gallaz a eu un mot pertinent quoiqu'acidulé à propos du grand Jacques, un mot qui tombait juste, une mise en balance du projet littéraire chessexien, de la critique cinglante du pays de Vaud qui s'y lit et de l'amour de l'auteur pour ce pays, de son désir de puissance ... Rapport à méditer ...