dimanche, décembre 27, 2009

Du bonheur de la blanchisserie


Tout va très bien chez Mme de W. qui vécut à V., une bonne ville de la Riviera vaudoise. Tout va si bien que c'est à se demander pourquoi tout le monde court dans tous les sens à Lausanne et dans le reste du canton ?Pourquoi ne suivent-ils pas l'exemple de V. où l'on vaque à la prospérité de son ménage et où l'on n'a pas perdu le sens commun et des usages ! A Lausanne, sur la Côte et dans le reste du pays, on aime tellement s'inventer des histoires; ça passe le temps, ça vous remplit une vie mine de rien et ça vous évite de cerner le coeur du problème ... Un problème qui n'est pas le mien, chacun se débrouille avec ses valises de linge sale. Personnellement, j'ai opté pour une machine à laver personnelle, un "outil" domestique qui me vaut d'être encore dans l'enseignement ! Je m'explique. A l'époque quand j'achetai la chose - d'occasion et pour la somme alors colossale de 400,- - je venais d'emménager dans le quartier de Prélaz, mon vieil appartement, le deux-pièces-cuisine qui ressemble à un garni des années Quarante. J'étais en pleine (dé)formation pédagogique dans une institution qui sévit aujourd'hui encore. On m'y disait bien des choses, et des pires, à tel point que je faillis raccrocher ! J'avais un stage pédagogique rémunéré doublé d'un remplacement dans un gymnase (un lycée pour mes lecteurs non-suisses) et une machine à laver et un déménagement à payer. Je ne fis donc pas la fine bouche et persévérai dans la voie dans laquelle j'étais engagé. Ma carrière enseignante doit ses débuts au hasard et son affermissement par la jouissance d'une machine à laver à demeure ! A noter que cette carrière aujourd'hui se poursuit parce que l'enseignement me réussit autant qu'à mes élèves !

Récemment, voyant de l'eau près de la fameuse machine, d'un âge aujourd'hui canonique, je me réjouis à l'idée d'une fuite ! L'exacte excuse que j'attends impatiemment afin de courir acheter une nouvelle machine à laver qui massacrera moins mes chemises ! Fausse alerte, ce n'était que Cy. qui, une fois de plus, avait répandu de l'eau un peu partout lors de sa douche ... Je vais donc garder ma championne toute catégorie du froissage intégral. Il ne s'agit que d'un menu désagrément, l'affaire de deux minutes de plus par chemise au repassage, cela reste sans commune mesure avec le calvaire de ceux qui se traînent des ballots de linge cradingue, soit qu'ils ne peuvent pas le laver ou qu'ils ne savent pas comment le laver... La métaphore est à méditer jusqu'au 31 minuit, histoire de prendre de vraies bonnes résolutions. Quant à moi, je repasse en regardant la télévision, je prends donc pour 2010 la résolution de ne regarder que des séries qui me plaisent , et l'économie d'une nouvelle machine financera l'achat de DVD ! Voyez, depuis que j'officie chez Mme de W. qui vécut à V., bonne ville de la Riviera vaudoise, tout va plutôt bien !

lundi, décembre 07, 2009

"Mère et fille" et autres considérations


Il y a Catherine, l'immense Catherine, Mlle Deneuve, la femme mystérieuse, lointaine, distante, froide et intrigante ... Ses mimiques, sa présence et, étonnement, mon enfance, mon adolescence profondément francophile. Nous sommes allés voir "Mère et fille", le dernier film de Deneuve dimanche après-midi, joli récit au rythme lent, des effets si propres au cinéma français, exposition de vies mélancoliques et bourgeoises, problématiques si délicieusement décalées. A croire que la France n'est faite que de médecins, de commerçants bien installés, de résidences d'une douzaine de pièces minimum, une sorte de projection idéale et chabrolienne d'une société qui n'existe guère plus que mon enfance ou mon adolescence. L'histoire s'étage sur trois générations de femmes, la grand-mère est évoquée par la petite-fille; Mari-José Croze est parfaite dans le rôle de la revenante fifties', la coiffure, le décor, tout est d'un soin parfait ... et passéiste.


Je pense avoir perdu ma francophilie avec un certain goût pour la mélancolie, un goût doucereux, un penchant pour les atermoiements rebrodés, les non-intrigues charmantes. J'en ai fini avec ma période française, difficile toutefois d'en quitter les facilités réconfortantes, de la bimbeloterie mélancolique, des effets éventés ... "Mère et fille" n'est ni pire ni mieux que "Les Herbes folles", un si joli savoir-faire et si peu à raconter, des histoires surannées pour rester poli. Et comment vais-je faire sans ce délicieux petit genre éculé, une forme de "vraie vie" pour vieille fille que j'affectionnais tant !