jeudi, janvier 31, 2008

Un meuble noiraud


Retour à des pratiques qui me semblent anciennes ... pour un nostalgique professionnel rien de plus normal. Je passe mon temps à replacer, remettre, retrouver ... Le mythe s'est vite tricoté, en à peine quelques mois et je reviens sans cesse à cette position alors que rien ne m'y retiendrait. Il y a bien mon travail d'essayiste que je poursuis à travers "En attendant ...", un petit air de "Par Défaut" dont le manuscrit fait nombre parmi d'autres, le secrétaire Tudor peinturluré en noir, retouché au feutre, aux portes légèrement disjointes avec sa galerie encombrée de jolies choses auxquelles je ne tiens pas ! Et, vous vous en doutez, le meuble a son histoire, porte son poids de vécu. Comme pour le reste du mobilier, je me dis que je devrais ... enfin ... j'hésite ... et finis par ne rien faire.

Je ne cherche pas de "retour de flamme" particulier dans cette vie, ma situation ... Lausanne, le Pays de Vaud, la Suisse et tout le toutim. En fait, cela m'importe autant que le secrétaire Tudor (une copie évidemment). Rien de tout cela ne compte. Je pourrais empiler mes manuscrits n'importe où ailleurs, un buffet Henri II par exemple, voilà qui aurait de la gueule ! Etre écrivain à Berlin et conserver mes manuscrits dans un buffet - à dressoir s'il vous plaît - Henri II. Je pourrais aussi bien déposer mon tas de papelards au fond d'un placard, un p'tit appartement à Barcelone ou Madrid, ou dans un buffet sixties' dans un séjour zürichois.

Et par pitié, pas de confession, non, je vous ai, en mon temps, suffisamment abreuvé de "larmoyeries" avec cet enfoiré de Wunderprinz viennois qui n'avait rien de si charmant. L'amour est une chose simple et évidente, ce n'est finalement pas plus compliqué que de choisir un paire de chaussettes le matin. Il suffit de ne pas donner dans un genre trop original. Il suffit de rencontrer la bonne personne, celle qui s'offre à vous, qui s'inquiète sans étouffer, qui s'impose sans occuper quasi militairement votre espace. De toute manière, je ne suis pas très doué dans le récit des amours heureuses et épanouies. Plaisant à vivre mais si emmerdant à raconter.

mercredi, janvier 16, 2008

Form und Stoff


On pourrait en rester à l’anecdote de la pluie ruisselant sur un pare-brise, le jour trouble d’un matin de janvier et la salissure du quotidien usant, la « vie normale » comme ils disent ; j’entends les médiocres, champions de la caducité, hérauts de la banalité. Ils règnent et prétendent … tant de chose : tout leur serait dû ! Des noms ? On ne va fâcher personne … Jusqu’à nos toxicomanes sont caricaturaux.
Il y a quelques jours de cela, nous parlions avec une collègue fort avisée de « Derrick ». La dureté des rapports interindividuels l’a frappée ; la série tient moins du « crimi » que de la tragédie. Qualifiée de vieillotte (statisme des comédiens et lenteur des mouvements de caméra), cette fiction nous en apprend certainement plus sur l’âme allemande de la fin du vingtième siècle qu’une anthologie de la sociologie contemporaine germanique. Ici, il n’y a rien de caricatural, le stéréotype a valeur d’allégorie.
A l’opposé, mon pauvre, pauvre, pauvre pays de Bœuf – comme je le nomme sans affection – fait figure de pochade avec les petites vanités de ses politiques qui ne se tiennent plus quand une télé leur propose d’apparaître ; bien mal en a pris à l’un de nos ministres. M. Jourdain en prime time ! et le brave homme assure ne s’être livré qu’à une reconstitution … Ah, voilà, le premier magistrat s’amuse donc pour une chaîne privée, étrangère et un tantinet « poubelle » à mal jouer son propre rôle, à en dire trop, à se faire épingler pour la maladresse de ses propos par ses opposants politiques et finit par crier au complot. L’incident est clos … ne laissant que le parfum léger de la médiocrité et l’ombre de l’incompétence.
Il serait disproportionné de haïr ce petit monde, ce serait en faire trop grand cas. Il faut prendre son mal en patience, se tourner vers Berlin, Zürich ou Barcelone et tenir haut le pavillon de la liberté d’expression … Nos bovidés en chef n’osent pas même l’acte d’autorité vertical, la censure dans toute sa pompe absolutiste. Ils se penchent sur des dictionnaires, soupèsent un mot, un autre, sortent un centimètre, mesurent et se prennent à exiger des changements de virgules, se croient très fins dans un jeu de chantage social …
On ne pérennise pas un pays, on ne rend pas heureux un peuple en se la jouant « clochemerlesque ». La radicalisation des rapports sociaux n’est pas qu’une variable dépendant du pouvoir d’achat. La violence est une réponse à l’anecdote, mauvaise soit mais tout le monde n’a pas un horizon lointain à fixer histoire d’ignorer le style « gag plat » qui a envahi tout le champ social. Depuis quand ce pays n’a plus offert aux citoyens un projet ou même un leader digne de l’intérêt public ?