dimanche, novembre 18, 2018

"Construction", premier extrait


« Libérer la parole !», berk, concept de loosers geignards, là où la victime devient le héros, un héros en crotte de nez, en nouilles trop cuites, en algues moisies. Instinctivement, il est permis de supputer qu’il y a manipulation, une façon d’enfermer une fois pour toute la victime dans son rôle. Le seul état de victime acceptable, être victime du sort, du « destin », « des dieux » mais les dieux sont morts, emportés par leurs affaires de turlutes foireuses, leurs petites jalousies, leurs manies sacrificielles, leur amour immodéré de l’or, des honneurs. Il n’y a plus de « victimes » qui soient depuis que l’Autre, Celui qui mangeait des galettes de blé et un peu de poisson grillé, Celui qui a foutu dehors les prévaricateurs du Temple, Celui qui, un jour, a planté ses parents pour aller faire la leçon aux ergoteurs de la loi alors qu’il n’était encore qu’un gamin, Celui qui s’est laissé insulter, malmener, épingler sur du bois, est mort, est descendu aux enfers, est ressuscité d’entre les morts, est monté aux Cieux, est assis à la droite du Seigneur (et pas « saigneur ») (Son Père soit dit en passant) d’où il viendra juger les vivants et les morts. Il paraît du reste que nous sommes fait à l’image de ce Père et que, par extrapolation, nous sommes tous des étoiles, nous sommes tous des empereurs. Je n’ai pas de compte à régler, je gère mes finances à vue. Il y a eu des circonstances qui ont fait que … et voilà, à l’approche de la cinquantaine, je me retrouve parmi plein de toiles achetées sur ricardo et anibis, à regarder « Le jour du Seigneur », dimanche matin, avec deux petits chiens  dans le lit alors que j’entends Cy. prit, une fois de plus, de déménagite aigüe qui pousse les meubles.