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lundi, novembre 21, 2022

 


Il faudrait que je donne des nouvelles, dire que tout va bien, finalement, outre la colère, le dégoût, le mépris … Je ne citerai pas de noms, à peine quelques circonstances : le collaborationnisme des bistrotiers, des espaces culturels, des autorités de la bonne ville que nous avons quittée. La résistance d’une poignée aussi. Vous me direz que notre nouveau séjour rural a certainement été touché par les mêmes maux, la même petitesse, le même délire nasitaire. Soit. Nous n’y étions pas. Ce village est une page blanche, une sorte d’armistice. En attendant. Godot ? la vérité ? le grand soir ? la résurrection des boutons de guêtres comme le disait grand-maman ? En attendant que les salauds, demi-salauds, demi-sel et autres seconds couteaux soient traînés devant les tribunaux. En attendant un timide « nous nous excusons », « nous avons eu tort » et, peut-être, reprendre là où on en était resté. En attendant, les promenades le regard courant sur les crêtes du Jura, le silence de la nuit, les étoiles, l’odeur de l’air, autant de remèdes dans ce qui ressemble à une convalescence. Même les tableaux ont l’air plus heureux aux murs de la ferme Bally ; nous louons des comble chez le paysan poète. Selon le trajet de la balade avec les chiens, je passe trouver le défunt homme au cimetière, j’ai trouvé sa tombe, qu’il partage avec sa soeur et son épouse.

mardi, juillet 27, 2021

"La lumière des Césars", en librairie dès à présent.

 


Pour changer, je ne vous ai pas « offert » un opus autofictif. Pour une fois, je suis allé chercher plus loin, au pays des songes et de la vérité fabuleuse, cette autre réalité qui brille obscurément dans l’angle mort. Peut-être ne me suis-je jamais tant livré ; connaissez-vous le code ? Prenez et lisez, vous jugerez sur pièce.

Le récit est duel, ici et ailleurs mais où se trouve l’« ailleurs » ? Une galaxie ? une dimension ? un songe ? l’orientation d’une narration ? Il y a Steeve et Steve, genre le revers et l’avers d’une même pièce ; il y a aussi Alpha et Oméga. Deux états différents, allez savoir lequel est le bon ? Alpha, c’est ici-bas. Oméga n’est pas mieux mais dans un autre genre. Steeve y accède en prenant les commandes de Steve, quasi de la possession vaudou. En Oméga, la vie est tellement plus « Mitteleuropa », un univers hybride entre un opus de la série des Sissi et un épisode d’Hercule Poirot avec David Suchet dans la peau du détective belge. Ce n’est pas Art Déco mais Wiener Werk ou Secession. Voilà pour le décor.

L’intrigue ? Y a-t-il une intrigue ? Où court donc Steeve ? après la proie ou l’ombre ? Sait-il seulement ce qui lui arrive ? Il est ballotté d’une conspiration à l’autre, d’un système de valeur à la résolution d’un problème fantastique. Il est le héros qui ne connaît même pas les tenants et les aboutissants de la tragédie à laquelle il est sensé participer. Il n’est sûr que d’une chose : il est né en Alpha, son corps est coincé en Alpha mais il appartient à Oméga. Serait-il le jouet d’une instance malveillante ou l’instrument d’une sorte de … remise à zéro ?

« La lumière des Césars » est un texte que je porte depuis de longues années. Le hasard et des contretemps indépendants de la volonté de mon éditeur ont voulu qu’il sorte maintenant, en pleine non-guerre entre la liberté, la démocratie, toute notre bonne vie en style fin XXème et des puissants qui n’existent pas même s’ils existent mais ce  n’est pas du tout ce que l’on croit. Ma dernière publication est tout de même mieux ficelée. Les faits y sont tout aussi nébuleux mais il y a de l’action, une enquête policière, une révélation, un coup de théâtre, un retournement et un bref épilogue métaphorique, pour vous préparer à la suite.

Je porte donc ce récit depuis si longtemps que je n’arrive pas encore à me faire à l’idée qu’il existe, en un peu moins de 300 pages, avec sa couverture néo Art Déco, la deuxième et la troisième de couverture et leurs abattants illustrés, de la main de l’éditeur, deux scènes de rue en miroir, Alpha-Oméga. J’ai relu les épreuves, à plusieurs reprises, chasser la coquille, le contre-sens, l’approximation. Je n’arrive pas à lire le livre, les mots se dérobent, il ne m’appartient déjà plus.

Je souhaite que Steeve vous emmène aussi loin qu’il m’a déjà emmené, vers ces ailleurs en merveilles assourdies, un magasin de décours ou la coulisse de l’inconscient collectif ? A moins qu’Oméga n’existe vraiment, j’en aurai rendu compte par hasard, par inspiration ou par divination ?


« La lumière des Césars », éd. Hélice Hélas, 290 p., 24.-

vendredi, juillet 10, 2020

Complément au billet quant à la tartufferie du masque ou « entrer en résistance »


Analyse de la situation et rhétorique
Alain B., conseiller fédéral, a dit en substance : « nous n’avons aucune preuve de la propagation du virus dans les transports publics toutefois, dans les pays voisins, il existe l’obligation du  port du masque dans ces mêmes transports, nous décidons donc de l’imposer aussi », il a encore dit : « nous avions fortement prescrit le port du masque [dans les transports publics] mais personne ne le portait, il a bien fallu passer par l’obligation ». Simonetta S., conseillère fédérale a dit : « le masque protège aussi un peu celui qui le porte » puis « ce n’est pas si désagréable de le porter », elle a encore dit : « on s’y habitue » ! Soit. L’historien que je suis ne peut s’empêcher de rappeler que ce genre d’arguments circulaient dans la France occupée à propos du port de l’étoile de David. De plus, non, Mme S., le masque, s’il n’est pas filtrant, ne protège qu’autrui à une distance maximum de 20cm, au-delà, vous pouvez imposer le port du panier à salade sur la tête, ça aura le même effet. Je vous rappelle, Madame, que le  virus du SARS-CoV2 mesure en moyenne 100 nanomètres, soit mille fois plus petit que le diamètre d’un cheveu[1]… Quant à Alain B., petite analyse syntaxique de ses propos, version décodée, il justifie l’imposition du port de la couche-culotte faciale non pas sur des constatations ou des chiffres, des analyses objectives ou la manifestation de clusters mais juste parce que la mesure a déjà cours en France, en Allemagne (ou elle est suivie comme présentée dans un précédent billet de mon blog[2]), en Italie et partout où l’expérience de contrôle et de sinisation des foules a cours. De plus, le pompon, le Conseil fédéral, n’assumant pas complètement son statut de pouvoir exécutif suprême, espérait se défausser avec une simple « prescription », genre « vous êtes obligés mais ça ne vient pas de nous, vous le faites gracieusement … ». On serait en droit d’en conclure un manque de génitoire rédhibitoire de la part du susmentionné Conseil mais je n’irai pas jusque là.

Début en fanfare … timide
Cela fait donc 4 jours que la couche-culotte faciale est obligatoire dans les transports publics suisses et 2 jours qu’elle est obligatoire dans les commerces vaudois et jurassiens accueillant plus de 10 personnes à la fois. Je m’étonne que le Jura ait cédé à cet hystégiénisme  (hystérie + hygiénisme, mot valise !). Que les autorités vaudoises marchent comme un seul homme dans la lutte contre la pseudémie et tout le canton à leur suite ne m’étonne pas, ce petit genre fayot premier de la classe qui s’imagine se la jouer plus suisse-allemand que les Suisses-Allemands ne date pas d’hier. En l’occurrence, la Suisse allemande garde la tête froide, n’est pas prête de se ch… dans le crâne et, consécutivement, ne voit pas l’utilité à la couche-culotte faciale. Et que voit-on dans les trains, les bus, les métros, observations personnelles et donc parcellaires de la situation dans un périmètre d’une vingtaine de kilomètres autour de la capitale vaudoise, que voit-on ? alors que la retape moralo-bienveillante est à son comble, pas encore émoussée par la routine et l’ennui, mais que voit-on ? Un 15% de réfractaires sans masque ou le masque ostensiblement sous le nez. Et pas de rappel à l’ordre de la part de ceux qui font « juste » qui, honteusement masqués, se plongent dans la consultation de leur smartphone. Par-ci, par-là, quelques signes de connivence et d’encouragement entre les réfractaires. Ça fait chaud au cœur, tout n’est pas encore complètement perdu. La presse d’Etat évoque quant à elle le refus du masque comme un sentiment mal placé de supériorité de la part d’une frange de la population peu éduquée manquant du civisme le plus élémentaire !!! Etude sociologique à l’appui, gribouillée à l’arrache, on se croirait revenu aux grandes heures de la Pravda.

vu dans un couloir de la gare de Morges
Une situation
Lundi, votre serviteur se rend à la clinique de la Source non pas pour s’inquiéter d’une infection au conarobidule et se faire tester tout tremblant d’inquiétude, nan, juste une échographie en vue de ma lipoaspiration de septembre. J’entre donc d’un pas décidé dans l’établissement médical où on m’impose la couche-culotte faciale – gracieusement offerte – que je dispose n’importe comment sans que le préposé garde-chiourme sanitaire n’en dise rien. Sitôt franchi le sas d’entrée, je retire le couche faciale de chirurgien et la glisse dans une poche, c’est pour une amie qui refuse d’en acheter et a besoin de deux ou trois pièces pour faire « genre » dans les grandes surfaces vaudoises. Par plaisanterie, j’avais déjà accroché au rétroviseur intérieur de sa voiture un masque usagé qui était passé d’un fond de sac à l’autre. Et bien l’objet a été réquisitionné par son fils, qui ne compte pas plus que sa mère dépenser de l’argent pour la chose. Du coup, je conserve les masques à peine utilisé dont elle pourrait avoir besoin. Je réajuste un masque en tissu léger et respirant, porté sous le nez, histoire de tester les réactions. Je tends le bon de soin à une première réceptionniste qui me dit que c’est un étage plus bas. Pas un mot sur mon port particulier de la couche faciale. Deuxième réception, je suis au bon endroit, pas plus de réaction de la secrétaire médicale, pas plus de la part de l’infirmière qui m’appelle et me dit de me déshabiller dans une cabine. Toujours rien alors qu’elle m’installe sur la table d’auscultation. Arrive la radiologue, je trifouille mon masque, pas évident avec la moustache, elle me demande si la chose me gêne, je réponds par l’affirmative, elle me fait, enfin, remarquer que ça ne se  porte pas comme ça. Je rétorque que je suis asthmatique et que j’ai les bronches en accordéon ce matin. La praticienne s’excuse immédiatement, m’assure qu’il n’y a pas de problème et embraie sur la pratique italienne où le masque est obligatoire partout, mais vraiment partout, avec mesure de la température à l’entrée des commerces, des restaurants (j’ai failli demander si la mesure était « anale », me suis réfréné). Elle poursuit par un « on aurait dû faire comme ça en Suisse, ça repart ». Et, là, c’est moi qui repart pour démonter les arguments approximatifs serinés par la presse d’Etat, « normal que l’on ait plus de cas positifs depuis le 23 juin, depuis que les tests sont  pris en charge par l’assurance maladie de base, on en fait jusqu’à 10 fois plus, pas étonnant que la courbe du nombre de cas positifs évolue avec celle des tests effectués ». « Oui mais ça repart en Suisse ! » gémit la praticienne. « Non, les hôpitaux sont vides ! le nombre de cas positifs/faux positifs augmente soit mais il n’y a quasi plus d’hospitalisation (3 hospitalisations le 7 juillet et rien depuis deux jours) et le dernier décès prétendument causé par la covid-19 remonte au 30 juin. » La dame ne se démonte toutefois pas, elle attaque sous un autre angle, « vous avez été malade de la covid ? » Ce à quoi je réponds que je n’en sais rien, peut-être, j’ai été malade, genre refroidissement sans fièvre avec les bronches détrempées. J’ajoute que mon voisin avait été testé positif, qu’il a passé tout son temps de confinement, 10 jours en mai, sur sa terrasse à bronzer. La praticienne « il a eu de la chance, je connais des personnes qui ont été très gravement malades ». « Oui, comme cela arrive avec la grippe ! » Après cette dernière passe d’arme à fleurets mouchetés, la praticienne a changé de sujet, vite terminer, vite me voir partir. L’échange a duré 5 minutes, même moins,  au cours duquel, alors que je ne suis pas médecin, j’ai répondu par les arguments massue de la statistique suisse. A ce propos, je vous glisse une source non-négligeable de renseignements statistiques tout à fait sérieuse et vérifiée ace024.com[3], travail de compilation de données réalisée par Peter Bishop, vraisemblablement un pseudo mais l’homme – ou la femme – sait de quoi il/elle parle.

Résistance
La toile est une source vive d’informations négligées volontairement ou non par les médias mainstream. Il y a l’excellent Silvano Trotta, vieux routier de l’analyse, grand compilateur d’informations devant l’Eternel. Sur sa chaîne YouTube[4] défilent des scientifiques reconnus, des politiciens, des hommes de loi, des savants qui expliquent, expliquent et expliquent pourquoi il ne faut pas céder au « virus de la peur ». Il y a aussi cet appel d’un groupe de scientifiques et de médecins allemands dénonçant l’escroquerie de la pseudémie et s’insurgeant contre les mesures prises par les Etats. Cela commence par une petite vidéo[5] puis les Medical Professionals and Scientists for Health, Freedom and Democracy[6] exposent leur projet en enjoignant des médecins, des chercheurs et des professionnels de la santé d’autres pays à fonder le même type d’association. Il y a du plus léger, sur les réseaux sociaux, avec des petits malins exposant les mille stratégies afin de résister à la couche-culottite faciale. Il suffit, par exemple, de se promener avec une bouteille d’eau durant tout son trajet et de faire mine de boire ou, plus simple, d’avoir un petit mouchoir et, au cas où apparaitrait intempestivement un contrôleur, vous soufflez dans votre petit mouchoir « ben quoi ? vous arrivez à vous moucher avec un masque ? ». Pour les longs trajets ferroviaires, préférez le wagon restaurant où, consommation oblige, vous ne porterez pas de masque[7]. Il y a aussi des appels à la grève sociale. En quoi consiste ce mouvement ? Il s’agit d’un retrait de toute activité sociale non professionnelle. Plus précisément, cela peut prendre la forme d’une suspension de vos activités au sein d’une association, ne plus participer à des manifestations publiques, ne plus consommer les médias d’Etat ou la presse mainstream, n’en suivre que les fils d’actualités, suspendre même ses activités politiques et, à chaque fois, ne pas chercher à esquiver par de vagues prétextes mais expliquer clairement votre geste comme la manifestation de votre désapprobation de la politique menée par la Confédération, le canton et même la commune dans laquelle vous résidez. Il faut être clair, sobre et simple. Sans animosité ni véhémence. Vous pouvez encore doubler cette action en boycottant les commerces qui vous imposent le port de la couche-culotte faciale, et si vous avez un certain attachement pour ce commerce, expliquez au gérant votre position et réclamez de lui l’abandon de cette mesure ou de relayer auprès des autorités compétentes le mécontentement de certains consommateurs et la baisse inévitable du chiffre d’affaires. Dans les cantons de Vaud et Jura, où la couche-culotte faciale est obligatoire dans les commerces pouvant recevoir plus de dix clients à la fois, vous pouvez vous adressez à la chambre de commerce et d’industrie ou, même, au conseiller d’Etat en charge du commerce[8]. Comment continuer à manger et se vêtir durant ce « blocus », vous avez les petites enseignes, la vente directe auprès des producteurs, les marchés bihebdomadaires, les cantons voisins tant qu’on y impose pas la couche faciale et si ça venait à se faire, menacez d’aller faire vos courses en France voisine ou sur le net. Surtout, communiquez sur votre « grève sociale », il s’agit de témoigner de votre désaccord et de répondre à la limitation de vos libertés fondamentales, même si votre démarche n’aboutit qu’à des résultats symboliques Agir pour ne plus subir. Toujours plus loin dans votre protestation, vous pouvez suspendre vos acomptes mensuels auprès de la commission d’impôt et expliquer le pourquoi de cette suspension auprès des autorités concernées. De toute manière, vous ne risquez rien, pas même des intérêts de retard, vous avez jusqu’à fin décembre pour verser la somme demandée pour l’année en cours. Petit conseil, versez tout de même tous vos acomptes sur un compte spécialement dévolu à cet effet, histoire de ne pas être pris de cours. On pourrait pousser cette logique encore plus loin en versant les impôts sur le revenu et la fortune sur un compte bloqué après réception de votre décompte final. Vous témoigneriez, là encore, de votre opposition aux mesures liberticides qui ont encore cours du fait de cette pseudémie. A relever que cette posture tient du pot de terre contre le pot de fer et vous n’aurez pas le dessus. Avec un chouia de tapage médiatique, vous pourriez bien emm… vos autorités cantonales mais il faudra bien payer ! La réussite dépend du nombre de citoyens-contribuables prêts à se lancer. Imaginez que la moitié des ménages refusent d’obtempérer, l’Etat devra céder… Sur un plan politique, vous pourriez aussi sanctionner tous les élus - dont je fais partie - qui, d'une manière ou  d'une autre, ont collaboré au rapt de vos, de nos libertés fondamentales en biffant leurs noms lors des prochaines élections (communales, cantonales, fédérales). Préférez-leur des candidats tout neufs et virez les autres. Au passage, je vous présente mes excuses pour n'avoir pas suffisamment défendu nos droits dans mon mandat de conseiller communal.

Et plus personnellement …
Trois objectifs : 1.passer le permis de conduire et acheter une voiture, 2.faire une liposuccion en septembre et 3.suivre un cours de méditation transcendantale fin août. Je résume : être libre et se libérer (contrainte, gras, pusillanimité, horaires de train, etc.) Je vous dirai laquelle des trois mesures sera la plus spectaculaire. Quant à la littérature, on me promet, on m’assure que je serai publié en novembre et au printemps, pour un essai autofictif et un roman à caractère uchronique, deux projets cumulant près de 5 ans de retard à eux deux, on va dire la faute à pas de chance. En tout cas, promis, plus un mot sur le conarovirus et ses effets annexes. Après avoir rendu mon tablier du conseil de paroisse et de l’Association de sauvegarde de Morges, je me tâte quant à la politique aussi. S’apercevoir que l’on n’est qu’un micro-pion sur un échiquier géant au service de … pantins, bof. Je me demande s’il n’y aurait pas mieux ou plus créatif à faire. A voir. A suivre.




[4] Un bref exemple de ses « émissions », l’évocation de l’étude de 10 scientifiques italiens qui clament que l’épidémie est finie https://www.youtube.com/watch?v=m2_tWmJOso0
[7] Pour ne pas attirer d’éventuels ennuis à ces contributeurs de Facebook, je tairai leur nom.
[8] Le DEIS dans le canton de Vaud

dimanche, mai 10, 2020

Fin de partie ( covid -19 etc. )



L’air sent bon, l’air sent bon comme dans mon enfance, un mélange d’herbe fraîchement coupée, de fleurs, de murs recuits par le soleil sous le piaillement des moineaux, le roucoulement des tourterelles. Il est trop tôt dans la saison pour entendre le cri cinglant du martinet haut dans le ciel. Peut-être que le shampoing du sarough mir récemment acheté et installé dans le salon d’été contribue-t-il aussi au « parfum de l’enfance, matinée de mai ensoleillée »? Accessoirement, je vais bien. Plutôt bien. J’ai dans mon état normal toujours un truc qui foire un peu comme avec les voitures italiennes, celles d’avant les fusions-acquisitions, quand les voitures italiennes étaient vraiment italiennes dans l’apparence et la technique, et le plaisir de les conduire. A cinquante ans, je me porte bien. Lorsque je passe voir un généraliste pour des histoires de voies aériennes supérieures enflammées, engorgées, entre asthme et sinusite, avec quelques ramifications parfois dans la sphère auditive, je le vois étonné à la mesure de ma pression artérielle, à l’écoute de mon rythme cardiaque ou, suite à une prise de sang, à la lecture de mon taux de sucre et de cholestérols (oui, il y a plusieurs cholestérols), le tout indiquant les valeurs médianes parfaites comme dans les ouvrages médicaux de référence. Il se trouve que je fais du sport (fitness, 3-4 fois par semaine) et je mange – un peu trop – des produits de qualité, beaucoup de fruits, peu de junk-food et, quand je bois, assez souvent, ce n’est jamais du  tord-boyaux. Pour revenir au « parfum d’enfance », compléter la bande son, j’ai omis le passage occasionnel et paresseux d’un petit avion vrombissant qui me fait toujours penser aux albums de Tintin.

Quand je ne vais pas bien, ce qui arrive régulièrement, de la bobologie moyenne dont je me remets, je peux toujours me consoler à l’idée du monde autour de moi qui tourne et vit, et croît, et forcit et parfois meurt, renaît, etc. Mais c’était avant. La partie vient de se terminer et je me retrouve à aller bien inutilement. Je n’écoute plus les nouvelles, je ne regarde plus la télévision du reste, à part la diffusion de films ou de séries, policières avant tout. Je coupe le son pour tout le blabla annexe, j’ai honte pour cette société alentour sur laquelle je devrais pouvoir m’appuyer, à laquelle je contribuais par toute sorte d’activités, l’idée de « payer mon écot » comme on dit ici. C’est la honte que l’on éprouve pour un proche ou une autorité, un parent, un aîné qui suscitait notre respect même lorsqu’on n’était pas d’accord avec lui, avec qui il arrivait que l’on se dispute avant de comprendre son point de vue sans forcément l’accepter. Aujourd’hui, c’est fini. Une sorte d’Alzheimer métaphorique et viral l’a emporté. Paradoxalement, ça ne m’empêche pas d’aller bien, ça n’empêche pas le « parfum d’enfance » de se répandre dans la pièce, une voile sur le lac, quelques nues accrochées à la crête de l’alpe composant le panorama, la vue du salon d’été.

Je me disais, « c’est bien, on y arrive », entre l’expérience, une certaine sagesse venue avec l’âge et le fait de participer activement au système, je pouvais y croire, même quelqu’un sans fortune, sans titre ronflant, sans grande influence (je parle de moi et sans fausse modestie) arrivait à faire bouger un peu les choses, la politique des petits riens pour le bien collectif. C’était avant. Fin de partie. Le papier-peint s’est mis à décoller. Avec les « événements », je refuse de les nommer autrement, ce serait leur donner une réalité qu’ils n’ont pas, avec « les événements » donc, je m’aperçois que les sans-grades avec ou sans syntaxe, nous n’avions jamais rien été d’autre que des petits chiens qui bougent la tête pour plage arrière de voiture. Même si tout cela, notre bonne vie néo-bourgeoise, les cafés, les spectacles, les journaux, les dernières collections, les expositions de peinture, même si tout cela n’était qu’un simulacre, je l’aimais bien cette mise-en-scène. Nous avions des projets. Deux éditeurs me promettaient des publications prochaines reportées au mieux et désormais aux calendes grecques. Cy. s’apprêtait à monter et à jouer une pièce  au off d’Avignon. Il y avait Pâques dans  ma bonne paroisse … C’est ici le point le plus douloureux, l’abandon des serviteurs de Notre très Sainte Mère l’Eglise catholique qui, lorsque des fidèles dans mon genre ont regimbé devant ce jeûne forcé de la Communion, ont lâché un « la Communion n’est pas un dû mais un don », comme un pet à la face des fidèles et autre « Communion de désir », à savoir tu y penses très fort et ça finira par arriver !!! Je dois écrire une lettre ouverte à notre évêque au sujet de la lâcheté et du manque d’imagination de ses troupes, peut-être parce que rémunérées massivement par l’Etat dans notre diocèse et puisque qui paie commande …

Le papier peint  a complètement décollé, l’air sent bon, comme dans mon enfance, je vais bien, tous nos projets sont caduques ou à foutre aux chiottes, le Seigneur saura nous en rendre grâce et, heureusement, il y les réseaux sociaux. Alors que des proches cèdent à l’hystérie grossièrement orchestrée par les médias et les autorités, il y a des voix que se sont fait entendre dans mon fil d’actualité, d’autres sans-grade et sans plus de projets qui vont bien, ni pire ni mieux qu’avant, qui se sont signalés, avec qui partager si ce  n’est un verre en terrasse du moins notre stupéfaction, notre indignation et de l’amitiés au passage. Heureusement, chers amis du grand réseau, heureusement que vous êtes là et l’espoir de re-bricoler un truc entre nous et d’autres, un truc qui ressemblerait à cette bonne vie néo-bourgeoise multipartite, multinationale, riche de saveurs et de caractère.

dimanche, novembre 17, 2019

La servante écarlate

Elisabeth Moss alias June

Depuis combien de temps ne s’est-on plus parlé ? vraiment parlé ? Ça doit remonter aux Clochetons, mon vieil appartement, la vue sur le lac, l’été étouffant, les murs jaunis mais cette flamme, ce quelque chose que j’avais avec toi, mon lecteur … Je ne sais plus exactement depuis combien de temps nous nous rencontrons sur ce blog, sur le monde de Frevall. C’était hier, avant-hier mais si je fixe mon reflet, je ne suis pas sûr de me reconnaître. J’en ai partagé des crises avec toi. La fin de mon histoire viennoise, mon cauchemar dans le bled d’homophobes chez Mme de S., etc. Des joies aussi. Je ne sais pas pourquoi j’ai cessé de te parler ? Je ne voulais pas t’embarrasser, entre la gêne et l’orgueil. Et pour te dire quoi ? Le doute, la fatigue, l’usure, l’ennui et les ors passés de la jeunesse ! Des regrets peut-être, aussi, et le mal-être, comme une tache de beurre sur le pantalon, bien imprégnée, une auréole plus large à chaque tentative de nettoyage. Et tu vas encore t’inquiéter, et je devrais te rassurer … On se connaît depuis assez longtemps pour que je t’avoue que je me suis déjà senti mieux.

Dans le même registre, je n’arrive plus à te parler avec autant de franchise de ce qui me touche, vraiment. Cela fait plus d’une année que j’ai commencé à visionner la série « La servante écarlate », une production Hulu, le site de vidéo à la demande, dans un genre Netflix hybridé avec « Bad Robot », la société de production de Fringe, Person of interest, Westworld, etc. Bref, du lourd, du divertissement pour la forme et des questions fondamentales dans le fond. Le pitch se résume en quelques mots : dans un proche avenir, les Etats-Unis, frappés comme tous les pays de l’hémisphère nord d’une chute de la natalité, basculent dans la guerre civile et la mise-en-place d’un nouvel ordre basé sur une interprétation rigoriste et dictatoriale de la bible. Les femmes fécondes dont on juge les mœurs discutables sont réduites à l’état de servante, méticuleusement violée de manière rituelle par des commandants alors que leurs épouses, sur le lit conjugal, maintiennent les bras des servantes. Ces Messieurs peuvent besogner leur servante cravaté et le pantalon juste entrouvert. On est au niveau zéro de l’érotisme.

Sur trois saisons, bientôt une quatrième, on suit June, une servante, au prise avec le système, le désir de vivre, tout de même, en dépit du fait qu’elle est séparée de son mari qui a réussi à fuir et qu’elle est aussi séparée de sa fille, placée dans une autre famille. Rajoutons à ce système que les femmes ont l’interdiction de lire et de travailler en dehors de leur foyer. Le viol rituel est issu d’une scène biblique, Sarah donnant sa servante égyptienne Agar à son époux, Abraham, afin qu’il connaisse la joie d’une descendance. « … et elle enfanta sur ses genoux ». Toute la folie sectaire des évangélistes et leur peu de jugeote dans l’interprétation des textes de l’Ancien Testament !

Ce monde n’est pas si éloigné et nous sommes tous des servantes écarlates, quel que soit notre sexe. Dans un tel système, le « violeur » n’est pas moins abusé que sa « victime ». Et si le commandant n’honore pas son esclave sexuelle durant sa période de fécondité, il s’expose à une condamnation. Je ne vais pas refaire ici tout le scénario mais les auteurs ont habilement liés intégrisme évangéliste, intégrisme écologiste et morale patriarcale afin d’imaginer cette société hyper fliquée, hiérarchisée et persuadée non seulement d’être dans le juste mais de détenir la SAINTETÉ.

Je n’étais déjà pas au mieux avec moi-même quand j’ai commencé à regarder cette série, je crains que les trois saisons n’aient pas contribué à une amélioration quelconque. L’ombre du dictat de la bienpensance couvre déjà nos écrits, nos pensées, nos échanges et la presse. Un effroyable rouleau-compresseur « bienveillant » venu aplatir toutes nos différences est déjà en train de nous broyer les jambes et nous n’aurions pas même le droit de hurler – ça n’entre pas dans les schémas de la communication non-violente. Je viens de terminer le dernier épisode de la saison 3, je ne peux, mon lecteur, que t’enjoindre de visionner à ton tour cette série. Je n’ai pas les mots pour t’expliquer l’urgence et la nécessité à prendre conscience du danger qui rôde. Tu trouveras donc, pour ton édification, les trois saisons en question sur un célèbre site de streaming basé dans les îles Tonga ( .to)

lundi, novembre 04, 2019

Des nouvelles de "Credo"


Reculer pour mieux sauter …  De la déception ? non. De l’impatience assurément. Il était prévu que « Credo » sorte en novembre, il sortira à la rentrée de janvier, chez l’Age d’Homme comme prévu. Pas d’inquiétude, donc. Ce report, un supplément de temps pour garder encore un peu ce texte auprès de moi. Je ne vais pas vous faire le coup du « je ne me suis jamais tant livré », il s’agit toujours d’un essai à caractère autofictif, mise-en-scène et réagencement à la clef. Toutefois, j’y suis peut-être plus … cash. Je me disais, hop, ça sort en novembre, un entrefilet par-ci, une demi-interview par-là, un peu de curiosité, la considération de mes pairs et l’affaire sera vite classée avec le tohu-bohu des fêtes de fin d’année. Satisfait sans trop se mouiller. En janvier, ça risque de mieux se voir. Avoir des lecteurs, soit, susciter la curiosité, des questions, y répondre, voilà une autre affaire.

Dans « Credo », tout y passe, la politique, les convictions, les rancœurs, les obédiences, deux ou trois griefs. Avec le temps et l’âge, on accumule : souvenirs, kilos en trop, contradictions, compromissions, casseroles, regrets. Ecrire soulage et allège. Ça ne fait pas maigrir mais ça permet de montrer qu’on a compris que la prise de masse est dans l’ordre des choses. On ne va pas s’astreindre à des régimes forcément promis à l’échec sur la durée comme certains auteurs à bonne gueule que la jeunesse fuit insensiblement et qui tentent désespérément de la retenir par le brushing et le contrôle alimentaire. C’est grotesque, surtout lorsque l’intéressé vous la joue « rebelle ». Remarquez, j’ai autant d’aversion pour les repentants qui confessent une jeunesse ceci ou cela en bavant sur leur famille au passage. Tous les auteurs se remboursent au passage, avec plus ou moins d’habileté mais de là à se justifier, le petit genre psy-psy-beurk d’un dossier d’instruction judicaire. Laissez-moi vomir.

« Credo » n’est pas tendre ; néanmoins, il n’est ni revanchard ni gratuit. Vous connaissez mon amour de l’état des lieux, « rendre sur le vif », témoigner des moindres choses et donner du sens. Je n’ai pas envie d’en débattre, me faire salir ma version par des peigne-culs ou des pisse-froids. A la relecture, j’ai eu quelques vapeurs, j’ai même hésité à sabrer ceci ou cela, ne pas passer pour un vieux con. Et puis non, mes critiques ne sont pas gratuites, elles ne tiennent pas de la provocation « pour faire genre »  à caractère picaresque. Ce qui est écrit, est écrit, plus moyen de me couper la parole ou de kidnapper mon opinion dans un débat contradictoire au cours duquel des jobards me prouveront A + B au carré à quel point ce que je pense est tendancieux parce que je ne suis pas sociologue, machin-chouetteologue ès pédanterie bienpensante. Il y a de la gloriole aussi. J’ai mis un point d’honneur à être moi à chaque mot de ce texte, moi en légèrement augmenté pour bien tout couvrir le champ. Un regret peut-être, je n’ai pas assez parlé des toc-tocs, des fêlés, des cabossés, des tordus et de ceux dont on ne veut pas parce qu’ils ne font pas partie des « bonnes » victimes.





mardi, janvier 01, 2019

Chapitre VII ou Bananier !




Une année de plus, une année de moins, Silvester in Deutschland, avec Cy. et les chiens, et mes beaux-parents. Les années s’écoulent encore plus vite que je n’écluse ma tasse de thé, une légère mousse, moins qu’une trace sur la porcelaine, tenace une fois sèche. Qu’ai-je donc retenu de l’année écoulée ? Un peu de bruit ? de l’agitation ? des clichés, le cliché de l’auteur, du politicien, du pieux paroissien et quelques autres postures chez autrui, et pas plus de malaise que les années précédentes. Deux-trois choses émergent tout de même de la brume. La première : « Le corps du héros », de William Giraldi, une voix de l’autre côté de l’Atlantique, un écho. Ce texte m’a raconté William, un peu, et étonnement beaucoup de moi. Une sensibilité, des questions, des bobos communs vous lient bien plus qu’on ne l’imaginerait. « Construction », ce manuscrit, ou comment donner la réplique à Giraldi, une sorte de passage de témoin car la transmission ne passe pas uniquement par le sang, le père mais par les pairs de même.

La seconde chose : les deux premières saisons de « La servante écarlate », la série choc sur les dangers que l’évangélisme cul-serré fait peser sur le monde occidental. Ajoutez à cela un délire de maternité impérieuse et vous obtenez cette si probable fable, limite une projection. On y fait allègrement la chasse aux LGBT, aux prêtres catholiques, aux médecins, aux universitaires lettreux. L’esthétique y est réaliste, pas de futur improbable, juste des raclures d’hérétiques appliquant le deutéronome à la lettre sans la moindre distance, comme si un écrit aussi ancien n’avait pas besoin des lumières de la philologie, le remettre en contexte, comprendre le texte. June (l’héroïne centrale) transformée en pondeuse-objet-sexuel-sans-plaisir-même-pour-son-abuseur afin de satisfaire le violent désir de mioche de Serena, épouse du commandant Waterford, un soupçon de délire écolo, et la bible partout, tout le temps, la contrainte par la force et l’appel au sens moral. Je n’ai pas réussi à écrire la moindre ligne jusqu’ici sur mon blog à propos de cette série, à peine quelques évocations ici ou là. Pareil pour « Le corps du héros », des sujets, des récits dans lesquels j’étais et suis encore trop investi émotionnellement parce que je suis William Giraldi, je suis le personnage de June Osborne. Dans quelle mesure ? de quelle manière ? Nous sommes tous des martiens pour nos familles, nous sommes tous des citoyens lâches et bien-pensants avant de devenir des victimes du système, le nouveau Moloch qu’il faut servir aveuglément en échange de maigres privilèges, le pseudo-confort des laborieux occidentaux, divertissements, logements chauffés, nourriture et tout peut nous être arraché, comme à un chien que l’on jette dehors !

La troisième chose : le rappel dérangeant, inconfortable, un devoir négligé, le devoir chrétien de l’amour d’autrui, un devoir de compassion, un appel à la conversion qui ne souffre ni crainte ni demi-mesure. Je ne me souviens plus exactement du prêche à l’origine de cette prise (re-prise) de conscience. Aimer l’autre en dépit de lui-même. Aimer le tout autre sans pour autant trahir ses choix (de vie, politiques, moraux). Faire la part des choses pour faire une place à l’autre ou comment tout changer pour que rien ne change, pour que l’on continue à suivre le concert de Nouvel An en direct de la salle du Musikverein, Vienne, chaque 1er  janvier, autrement dit comment clore la parenthèse du jeunisme, de la mauvaise éducation en norme comportementale, du mélangisme mondialiste, de la croissance perpétuelle pour en revenir à un idéal bourgeois modéré, genre l’État k und k de l’Autriche-Hongrie.


dimanche, novembre 18, 2018

"Construction", premier extrait


« Libérer la parole !», berk, concept de loosers geignards, là où la victime devient le héros, un héros en crotte de nez, en nouilles trop cuites, en algues moisies. Instinctivement, il est permis de supputer qu’il y a manipulation, une façon d’enfermer une fois pour toute la victime dans son rôle. Le seul état de victime acceptable, être victime du sort, du « destin », « des dieux » mais les dieux sont morts, emportés par leurs affaires de turlutes foireuses, leurs petites jalousies, leurs manies sacrificielles, leur amour immodéré de l’or, des honneurs. Il n’y a plus de « victimes » qui soient depuis que l’Autre, Celui qui mangeait des galettes de blé et un peu de poisson grillé, Celui qui a foutu dehors les prévaricateurs du Temple, Celui qui, un jour, a planté ses parents pour aller faire la leçon aux ergoteurs de la loi alors qu’il n’était encore qu’un gamin, Celui qui s’est laissé insulter, malmener, épingler sur du bois, est mort, est descendu aux enfers, est ressuscité d’entre les morts, est monté aux Cieux, est assis à la droite du Seigneur (et pas « saigneur ») (Son Père soit dit en passant) d’où il viendra juger les vivants et les morts. Il paraît du reste que nous sommes fait à l’image de ce Père et que, par extrapolation, nous sommes tous des étoiles, nous sommes tous des empereurs. Je n’ai pas de compte à régler, je gère mes finances à vue. Il y a eu des circonstances qui ont fait que … et voilà, à l’approche de la cinquantaine, je me retrouve parmi plein de toiles achetées sur ricardo et anibis, à regarder « Le jour du Seigneur », dimanche matin, avec deux petits chiens  dans le lit alors que j’entends Cy. prit, une fois de plus, de déménagite aigüe qui pousse les meubles.

mercredi, juin 27, 2018

"Le génie et la déesse" de Aldous Huxley


Aldous Huxley n’est pas qu’un auteur de SF à caractère New Age, c’est un homme de l’ère victorienne qui a réussi à s’échapper de son siècle. Il témoigne de sa stature morale, entre autres, à travers un bref opus : « Le génie et la déesse ». Le volume m’est tombé entre les mains je ne sais trop comment, une bibliothèque à débarrasser ou un achat dans une brocante. Quoiqu’il en soit, j’étais sûr de la qualité du texte, ce petit rien d’ironie, un solide fondement philosophique et logique. Il faut tout de même « rentrer dans le texte », genre deux vieux qui se racontent leurs faits d’arme, une touche de condescendance, notre auteur a passé 60 ans, il est malade, ça commence à sentir le sapin, du coup on peut excuser l’apprêt pontifiant de l’incipit.

Donc, deux vieux, du whisky, des souvenirs, un peu de psypsy à la sauce freudienne, invocation de ce bon vieux Sud, on se croirait passé dans un roman de Julien Green. Il y a un jeune scientifique plein de morale et de piété ; il y a un grand génie distrait, asthmatique et infantile, sa femme, Kathy, superbe, elle pourrait être sa fille et deux enfants, une adolescente poétisant et un jeune garçon. Ne surtout pas oublier la vieille Beulah, la nounou servante noire qui veille à tout. Le jeune scientifique est bâti comme un dieu, il va sans dire. Il s’agit de l’un des deux vieux pontifiant qui se racontent leur vie. Tout comme Julien Green, il expose à quel point il pouvait être quiche à 20 ans, tout pétri de principes pieux  et moisis. Ah ! les ravages de la bonne morale protestante, là où la sensualité catholique et le pardon de la confession représentent un véritable progrès. Le sujet du « Génie et de la déesse » n’est toutefois pas là.

La belle Kathy est une femme à l’attitude olympienne, une mortelle qui se comporte comme une déesse. Promise à un grand mariage, elle a préférée épouser un vieil hurluberlu, un scientifique infantile porté sur la chose, comme un nourrisson qui ne peut s’empêcher de sucer son pouce. Le type est totalement déconnecté de la réalité, il est au-dessus de ça. Question, l’esprit est-il supérieur à la vie, la sensualité propre à tout existence humaine ? réponse huxleyenne : non, lorsque l’amour et la sensualité ne sont plus présents, le génie tourne à la manie, une succession d’anecdotes montées en boucle. Evidemment, la belle Kathy finira par coucher avec le jeune puritain au corps de dieu grec et il n’y a aucun scandale dans ce fait. Son mari le génie est au tapis, malade, quasiment mort ; son épouse doit lui insuffler le souffle vital qui lui manque et comment le faire si elle est elle-même à bout de souffle ? Se reconnecter à son corps, jouir, dormir, manger, être en santé et faire déborder cette santé dans la personne de son époux.

Huxley semble deviner le tournant moral coincé du … ce que vous pensez des prochaines décennies. Le récit est implacable, les ravages d’une morale sociale  bornée alors que le grand charme de la bourgeoisie s’exprime dans la coulisse. Moralité, à présent que le sexe est devenu une pratique publique, galvaudée, étalée, il n’est plus libre, il est contraint, frustration, compensation, déraison et obésité des foules à la clef. Pour être heureux … baisons caché !



jeudi, juin 14, 2018

"Maîtres anciens" de Thomas Bernhard


 
Image tirée de la BD "Maîtres anciens" par
le dessinateur allemand Mahler.
« Maîtres anciens » ou la franchise du désespoir, parce qu’aucune échappatoire ne s’offre à l’honnête homme, à l’homme éduqué, cultivé, celui qui souffrait pour et par ses idées. On est en 1985 lorsque Thomas Bernhard publie ce texte, il mourra quatre ans plus tard. Je ne pense pas qu’il eût aimé que l’on qualifiât « Maîtres anciens » de testament, encore moins de testament littéraire. Notre auteur profite des forces qui lui restent pour taper sur son clou préféré, pour dévoiler, fustiger, démasquer l’ennemi de toujours, à savoir son semblable. Thomas Bernhard a la misanthropie saine et guillerette. Elle n’épargne personne et se déploie comme des cercles concentriques – ou excentriques si l’on veut être dans le vrai - à la surface de l’eau, le pavé dans la marre etc, je vous fais grâce de la métaphore et de sa suite, si filée soit-elle.

La question pertinente : mais pourquoi lire « Maîtres anciens » aujourd’hui, plus de trente ans après sa publication, après avoir clairement basculé dans le m… le b… du siècle suivant ? N’y a-t-il pas d’autres livres, d’autres auteurs à honorer de sa lecture ? Je vous laisse le choix de vos lectures, à la mode ou pas, classiques, reconnues, populaires, obligatoires et autres mais MA lecture est plutôt lente, c’est un acte volontaire, réfléchi qui, depuis peu, m’impose le port de lunettes. Je ne vais pas lire n’importe quoi et cet opus de Thomas Bernhard m’avait échappé lorsque, il y a quelques années, je découvrais cet atrabilaire de grand talent. La forme du texte m’avait peut-être rebuté, un long flux, sans chapitre, comme un dialogue intérieur ininterrompu, Atzbacher qui évoque pour lui son ami Reger, un homme d’un autre temps (lui aussi) qui, tous les deux jours « sauf le dimanche et le lundi » se rend au musée d’Arts Anciens, s’installe dans la salle Bordone, sur la banquette en face de « L’homme à la barbe blanche » du Tintoret. Il trouve toujours la banquette libre, le gardien de musée Irsigler la lui réserve. Il y a de l’allégorie là-dessous, bien évidemment ! Entre le vieux monomaniaque, le gardien de musée psychorigide et impressionnable et Atzbacher, journaliste et auteur qui ne publie pas et ne soumet jamais sa prose à la lecture, le trio permet d’évoquer mille et une figures d’autorité et de sujétion.

Avec le temps, la sagesse dit-on, on se « vieux-connifie » surtout parce que le monde tend à nous échapper, son interprétation nous échappe. Reger est un modèle ! Avec lui, chacun reçoit son paquet, il n’épargne personne. Faites l’expérience, changer le destinataire de l’une ou l’autre des diatribes regeriennes (regerienne : de Reger, personnage central de ce roman), essayez, à tout hasard, la Suisse ou le canton de Vaud à la place de l’Autriche, remplacez catholique par protestant ou la religion que vous voulez et ça marche, la critique fait tout de même sens ! C’est fabuleux. Bernhard a mis au jour la critique universelle ! Ne prêtez pas trop d’importance à mon enthousiasme, je suis prêt à tout passer à cet auteur, y compris sa mauvaise foi. Cependant, vous pouvez me suivre dans ma laudation quant au style, la scansion bernhardienne est une musique sophistiquée et rare, primordiale et salutaire dans un monde plus versé  dans les refrains simplets calinothérapeutiques que dans l’éducation de son oreille aux accents de la vérité ou de ce qui s’en approche. Un dernier mot à propos de Reger, ce n’est pas un mauvais homme, il est vieux, il s’accroche à la vie tantôt par réflexe tantôt par nostalgie, l’espoir de revivre encore une fois ce qu’il connaît, qu’il a tant aimé et qui disparaîtra sous peu.

Bernhard se montre aussi … sentimental dans cet ultime texte. On le connaissait cinglant, querelleur, d’un verbe assassin, ironique, hâbleur, amuseur pour la galerie à l’occasion mais pas sentimental, ni vulnérable. Soit, il n’était pas croyant, j’irai tout de même brûler pour lui un cierge, je ne souhaite aucun repos à son âme, certainement encore trop occupée à dénoncer la couardise, la médiocrité, la petitesse et, surtout, l’absence de finesse de nos dirigeants, quels qu’ils soient ; j’irai brûler un cierge pour que le Très-Haut lui offre un peu de cette douceur dont il s’est toujours défié.

dimanche, mars 12, 2017

La Lumière des Césars - extrait

Le type gazeux rentre faire des bulles à la maison, suivi de son petit chien trottinant, le pas encore plus alerte qu’à l’aller, le contact a été pris, on ne risque plus l’implosion. Le type se fait une tasse de thé et interpelle sa moitié à propos du voisin, rencontré derrière une plate-bande de « Weisse Berliner ». La moitié s’en fout, prend toutefois la peine d’émettre un « mmmh », genre « oui-oui » ou « ah, tiens ». Le type gazeux l’a dit pour le dire, comme s’il s’agissait d’une révélation miraculeuse, en prendre conscience par le simple effet d’une verbalisation. En Oméga, une pièce claire, une maison blanche en retrait de la plage, « Poble sec », Barcelone, l’immédiateté impériale de la Catalogne, un homme est penché sur son journal. Il écrit : Nous mesurons le monde qui nous entoure à l’aune de nos perceptions, et ce monde n’est jamais plus vaste que lorsque nous interrogeons notre cœur.  A côté de lui refroidit une autre tasse de thé, il lève la tête, fixe l’horizon, voir au-delà, au-delà des formes, du règne, des malheur du règne. Il n’est pas doué, tant mieux, il n’aurait pas pu tenir sa place avec le don, le talent d’un Steeve. Il sait toutefois, il ressent cet autre, à l’autre bout, cet apaisement et l’appel incoercible de l’unité, celle qui sera un jour, car « je suis l’Alpha et l’Oméga » a dit le Très Haut, d’où la mission « AEIOU » des Habsbourgs, et des deux côtés afin d’être assuré que survive la double dynastie pour mener à bien le projet. Il ne sait pas quand … lui peut-être ? ou son neveu ? son petit-neveu ? Franz Ferdinand der Zweite pense à son double, le type gazeux, son innocence et l’immense privilège  qu’il lui a obtenu, mieux qu’un royaume, la jeunesse éternelle ou le courage du lion, un petit chien en apparence. Il reprend son récit. La figure de Juda n’est pas celle du traitre mais celle de l’infini sacrifice ; comment le miracle de la Résurrection et le don gratuit de la Rémission eussent pu illuminer la Création sans l’intervention de Juda, le réprouvé. J’ai rencontré mon « assassin ». Les circonstances de son forfait lui sont encore troubles. Il fallait cet acte – fondateur – pour que suive sa venue en Oméga et toutes les péripéties dont il a été témoin et/ou l’acteur. Les signes sont clairs … « Nous sommes tous des étoiles, nous sommes tous des empereurs. »

Le bruit du ressac emplit la pièce, Franzi pose ses lunettes, se lève, respirer l’air du large, se sentir vivre, sans uniforme, sans protocole. L’Espagne (et accessoirement la Catalogne) est une terre éminemment habsbourgeoise. Franzi, comme son double, aime marcher dans le sable, voir s’allonger les ombres au sol. Barcelone le lui rend bien, peut-être un effet de l’immédiateté impériale mais plus certainement un effet de la bonne vie espagnole, un cœur chaud et la tête froide, du sens pratique avec le sens de l’honneur et la commisération propre aux petits peuples catholiques, c’est encore plus vrai en Alpha. L’empereur n’a pas le droit de transiter, c’est constitutionnel, même le slide est proscrit, le souverain garantie suprême de l’unité et de la permanence de l’empire car la fin contient le début mais le début ne peut présumer de la fin. « Je suis l’Alpha et l’Oméga » proclamait le Très Haut, via l’Apocalypse, prémisse de la Grande Conjonction mais Franzi laisse la mystique aux professionnels de la chose, il se contente d’envier Steeve, en pleine « illumination », selon le vocabulaire consacré, fixant une plate-bande de « Weisse Berliner », et les vastes prairies de l’histoire s’étendant à l’Ouest, vers l’avenir, la course du soleil. Franzi se raconte une histoire, s’invente une petite, toute petite vie, de celle qui tienne debout, sur deux jambes, tout enroulées autour du corps d’un garçon, avec du poil brun, un peu de barbe, des yeux intelligents et une lueur mélancolique, un garçon avec des goûts de garçon, un peu moins de trente ans, le prototype de l’ « honnête homme », selon l’archétype moliérien. En Oméga, Molière est un philosophe du Grand Règne, l’un des premiers auteurs français à avoir compris l’intérêt, la nécessité de la domination impériale. Trêve d’histoire … Franzi retourne à sa songerie, une bonne gueule, un corps sain, un peu de culot mais, surtout, sa vie en Alpha parce que la jeunesse est du côté d’Alpha, même quand on est vieux.

samedi, janvier 21, 2017

"L'homme sans qualité", de Robert Musil, suite et fin.

Il faut savoir poser le point final, il faut savoir mettre un terme à sa lecture. 2000 pages, deux volumes, mal pratiques, un roman fleuve quoiqu’inachevé, « L’homme sans qualité » est une expérience, une expérimentation, une façon d’être lecteur. J’ai passé plus d’une année avec Ulrich, l’anti-héros de Musil, et sa sœur Agathe, la cousine Diotime, le vieux camarade et général Stumm von Bordwehr, le directeur de banque Léon Fischel, le comte Leinsdorf, le sous-secrétaire Tuzzi, etc. Un texte long offre quelques belles possibilités d’intimité avec les personnages, ils deviennent des familiers. Si vous rajoutez encore l’usure d’une action qui piétine, comme un jour après l’autre, ils vous énervent comme des familiers. L’immersion est à ce prix.

Je n’ai pas le culot de vous jeter un lapidaire « c’était bien » ou, pire, « chouette roman ». Cette désinvolture s’accorderait si bien au but recherché par l’auteur, une sorte de prise de conscience en creux où la subtilité de l’analyse se le dispute à la passivité. Quel est, aujourd’hui, l’intérêt de lire 2000 pages à propos d’un empire disparu ? L’Autriche-Hongrie n’est pas une nation dissoute suite au diktat de Versailles, c’est une métaphore des sociétés libérales parlementaires, des Etats trop nourris et trop ennuyés qui finissent par perdre le sens même de leur survie. Dans ce pays – la Cacanie, dans le texte – il est impossible d’appliquer tous les règlements et leurs directives sans que cela ne bloque le système. Du coup, chacun s’arrange pour que ça marche, et ça fonctionne !

Les exégètes, surtout français, ont voulu lire une critique, la mise à plat de l’absurde de la gloriole impériale et obsolète, sous-entendu « ces gens-là sont à l’Ouest », « hu, hu, cher ami, cher ami … ». Le principal traducteur de « L’homme sans qualité », Philippe Jaccottet, n’est du reste pas français, même s’il vit à Paris. Il est vaudois, de Moudon, au Nord du canton, dans la Broye, là où l’influence germanique affleure sous l’identité latine (l’histoire du canton est un mille-feuilles latin-germain). Jaccottet comprend de l’intérieur la multi-culturalité de l’Etat K und K, impérial et royal, de sa pieuse unité en dépit d’oppositions irréductibles entre ses peuples. Il a su rester fidèle à la légèreté ironique musilienne. Le texte n’est pas un réquisitoire philosophico-moralisateur mais un constat, amusé, tendre souvent, un témoignage rédigé à postériori sans nostalgie notable. La catastrophe est une épreuve inéluctable, qu’importe son origine. La question : comment conserver son indépendance au cours des épreuves. Comment garder un regard émerveillé et l’appétit d’un enfant face à la vie. Ulrich et Agathe sont deux grands orphelins qui tentent de trouver la recette miracle.

Il y a une mystique musilienne, le parcours de l’auteur, son irrésolution ou, plutôt, sa volonté funambulesque à être, sans étiquette, sans rien déranger, observer et se réjouir, avec l’autre. Ne surtout pas condamner. Comprendre. Comprendre pour aimer … cette vie, l’autre, la source de tout ennui. Il y a de grands instants, le lyrisme d’un épisode, le vent novateur de la Sécession Viennoise. Si je me réfère à mes notes de lectures, p. 689, ch. 52 (tome 2, éditions Points), « Souffle d’un jour d’été » : symbolisme, quintessence du roman. Il s’agit des variantes et ébauches des années 1938-1942 destinées à compléter la troisième partie du roman. Savoir donner, ne rien faire qu’apprendre, apprendre à sourire rien que pour le geste sans vouloir le reste … Là où le hasard de la programmation d’un canal télévisé populaire (dans le mauvais sens du terme) vous glisse les paroles d’un tube de Florent Pagny et résume les intentions d’un homme sans qualité. Je n’ai pas achevé exactement ma lecture, au diapason de l’inachèvement du texte. Ne pas rentrer dans les arguties académiques. J’ai posé un point final. Je reviendrai, certainement, sur les notes et variantes qui restent encore … le temps que revienne l’Empire, quel que soit le nom qui lui sera donné, retour à cette cordiale et joyeuse mésentente brouillonne, le ciment européen et le charme discret de la bourgeoisie pour tous, quand l’histoire viendra parachever le grand roman de Musil.



samedi, juillet 23, 2016

"Interlude", extrait de "Credo"

Interlude. J’en ai le droit. Je suis l’auteur et blablabla … Je l’ai déjà écrit dans « Escales », je m’en souviens, suis pas encore gâteux. Villa Noailles, et tout serait dit, l’été, la vue sur Hyères, le souvenir de Marie-Laure, décédée en 1970, l’année de ma naissance. Accessoirement, j’ai 46 ans aujoud’hui. Le lieu est simplement beau, le luxe de l’évidence mais un malaise diffus, la France tout alentour peut-être ? la vanité des visiteurs ? Je leur ai damé le pion, j’ai moi-même fait selfies et autoportraits placés illico sur les réseaux sociaux parce que je me suis offert un forfait roaming 4G pour les vacances. Ni Cy., ni ses parents ne m’ont accompagné, On n’allait pas laisser le chien seul. Tant mieux. J’aime la visite solitaire des lieux de culture. Qu’ont fait les Noailles durant la guerre ? me demandé-je. La seconde, il s’entend ; le second volet de la Guerre mondiale et ça n’est pas, à mon avis, encore terminé. Ce n’est pas là l’origine de mon trouble. J’ai tant aimé la France, sa culture, Mitterrand, etc. L’impression d’avoir été trahi … on s’est bien foutu de nous ! Je n’en suis pas encore à l’abhorration, un dégoût toutefois, vous reprendrez bien un peu de dessert ? Burp. Il y a quelque chose de pourri au royaume de France, peut-être son anti-germanisme primaire et passé, son universalisme passé … son passé ?!

En matière de politique et /ou de société, on considère mes propos comme émanant de la bouche du dernier des débiles, on fait mine de ne pas m’entendre dans le fil de la conversation, je ne suis pas assez ceci ou cela, consensuel-mou du genou, couille-molle hypocrite, faux-cul flagorneur, courtisan en somme. J’ai eu adhéré au grand bazar paneuropéen, ça m’a vite passé, comme la mitterrandie. Depuis, j’ai un petit peu creusé la chose et de manière critique, l’histoire en indépendant, inculte à ses débuts. Bref, l’Europe Unie : non ! Le Saint-Empire dans sa dernière forme, l’Empire austro-hongrois : oui et virez-moi la perfide Albion qui s’est exclue d’elle-même du bazar, et la France peut sortir ; elle n’a aucun intérêt dans le Saint-Empire, elle peut y avoir une place d’allié privilégié mais son centralisme cocoricotant, son économie d’État ne sont pas adaptés à une collaboration sincère avec la nouvelle couronne des Césars, ou son avatar paneuropéen. Comment ce pays, à l’origine du démantèlement scandaleux de l’Autriche-Hongrie, pourrait se soumettre à l’évidence d’un nouvel empire. Elle porte la responsabilité du diktat de Versailles. Sans parler de sa coupable laïcité qui laisse la porte ouverte à une sorte de probabilisme religieux duquel n’émerge que la voix de celui qui gueule le plus fort. Sans le démantèlement de l’Autriche-Hongrie, il n’y eût pas eu de Seconde Guerre mondiale, ni de guerre des Balkans. Je ne lis pas notre réalité politique et sociale sur les trente, quarante dernières années, je la déchiffre dans le dégagement d’un profond champ narratif.

          
On s’est fourvoyé ! Quand je dis « on », je pense « eux », les baby-boomers, ceux qui nous ont tout bien bouffé nos perspectives d’avenir. Tant pis, j’assume pour eux, leur inculture, leur avidité, leur paresse et j’en passe. Surtout leur courte-visée et leur nature jouisseuse, l’orgueil des nantis, leur impiété aussi. Ah ! La villa Noailles, ses jardins, j’observe Hyères en contrebas ; on passe me prendre. Le grand soleil du Sud exalte le parfum des fleurs et enlumine l’horizon. Il faut se concentrer pour percevoir ces odieux clapiers à lapins concentrationnaires, du logement de pauvres, surtout du logement de méprisés, alors que la ville est si belle. Comment ne pas échapper à l’humiliation par la voie de la violence ? J’ai grandi dans une telle horreur, ma mère y vit encore. Avec la gentrification des quartiers prolos morgiens, ça a presque l’air élégant. On aurait pu faire mieux, tellement mieux pour guère plus cher. Tasser de la populace dans un clapier de pauvres me semble la marque ultime du dédain, surtout lorsque le politique vous antiphone les psaumes de la sainte laïcité républicaine. « Tous égaux mais vous êtes de la merde » semblent proclamer crânement les barres d’immeubles à la lisière de la ville historique de Hyères. Si l’on avait été injuste au nom de principes non-démocratiques, ça passerait mieux , style : voyez les Noailles, leur belle villa avant-gardiste, etc., c’est normal, ils étaient nobles, riches et catholiques, les trois à la fois … et pas vous !  

mardi, avril 19, 2016

A propos de "Escales", mon dernier texte publié chez Olivier Morattel

Vous reprendrez bien un peu d’autofiction ? Rebelote cette année avec un récit de voyages quelque peu plus riant que « Journal de la haine et autres douleurs », ma publication morattelienne de l’année dernière. Vous y retrouverez mes marottes, mes goûts de vieille fille, ma langue de vipère. Au cours de ces « Escales », nous allons prendre le thé, médire un peu, visiter des expositions de peinture et vous aurez l’immense plaisir de m’entendre me plaindre des masses, de la mauvaise éducation des foules, de l’artificialité de la jeunesse, de la cuisine française, italienne, etc. Vous aurez droit à votre ration de germanophilie avec énumération des merveilleux mérites de ma chère Allemagne. Et comme si cela ne suffisait pas, je vous ferai – en bonne ménagère – la visite in-té-grale de notre logis, à Cy., Lou’(notre chien) et moi. Le moindre bibelot vous y sera détaillé, les habitudes de la maison, le voisinage, la vue, et tous les buts de promenades de Morges et environs.

Dans « Escales », vous ne trouverez ni turlute sauvage, ni méga-teuf, ni name-droping prestigieux, tirage de coke, suspens insupportable, voiture rouge qui fait vroum, success story ou intrigue policière. Et en plus, je vais vous assommer avec des expressions consacrées totalement tombées en désuétude, un vocabulaire vieilli qui vous forcera à jouer du dictionnaire, sans parler des douze-mille-cinq-cent-soixante-quinze (soixante-quinze, oui, et pas septante-cinq, et je suis un pur produit vaudois, d’une souche remontant à 1491, première citation de mes ancêtres de Veley dans le cartulaire de Romainmôtier, ils étaient au service de Notre sainte Mère l’Eglise, et je dis soixante-quinze), bref des très, très, très nombreuses références culturelles qui me sont régulièrement contestées par de vieux peigne-culs soixante-huitards hugolâtres.


Mais pourquoi acheter « Escales » ?! Vous ne serez pas plus beau, plus séduisant, plus intelligent, plus prompt à rencontrer le succès après sa lecture. Toutefois, vous serez peut-être « affranchi » ; peut-être aurais-je réussi à vous glisser dans une poche ce qui m’a été offert messe après messe, un peu de cette confiance, de cette paix qui découlent de la Foi. Je ne chercherai ni à vous convaincre, encore moins à vous convertir : juste vous raconter ma boussole, un petit accessoire bien commode lorsqu’on ne cesse d’aller de ci, de là. Et je vous livre mes secrets de maquignon, de quelle manière je vous soupèse une pétasse – homme ou femme, le terme est épicène, n’en déplaise à certaines féministes, comment contrer le bestiau, se payer sa fiole pour de vrai ou symboliquement, comment contrer sa délétère influence et rester libre. Etre libre !

jeudi, décembre 31, 2015

Bonne année quand même ...

… allez, bonne année 2016, elle ne sera pas pire que 2015. Il ne s’agit pas de se faire à l’idée, ni de cette cornichonnerie de « résilience » pour psypsy gentil de magazines à grand tirage. Il est question d’humilité, loin des rodomontades politiciennes et artisteuses. Je sais de quoi je parle, je participe tant à la vie politique locale qu’à la vie artistique romande. Néanmoins, j’essaie d’être en phase, concret, sincère dans mes activités et ne surtout pas sombrer dans un dogme ou l’autre, me justifier, avoir raison .... J’ai tant d’exemples de petits juges ès morale sur les réseaux. J’ai bataillé avec des gauchos-bobos des beaux quartiers qui s’émeuvent et se trompent de discours, des laïcards obtus, beaucoup de laïcards obtus, de cette vilaine race intellectuelle qui ne sait pas croire et tente d’imposer par sa raison dévoyée sa sécheresse de cœur. La bienpensance et la coolitude sont les pires maux de l’époque, ils renvoient directement au péché d’orgueil.

Je reviens d’un bref séjour à Constance, histoire de faire des courses et fréquenter cette bonne ville, marcher dans ses rues, prendre une tasse de thé au Rosengarten, dîner dans l’un des restaurants du centre, etc. Il y a tant dans cet etc., tant mieux, car pour le reste, il a fallu composer avec une foule de « casques à boulons », leurs mauvaises manières, leurs mioches mal-élevés, et ce qu’ils peuvent parler fort, dans la rue, les cafés, les magasins ! Je trouve bien du mérite à mes Constançois. Mon etc. s’est surtout illustré par la fréquentation des nombreuses et très belles églises de la ville. J’ai même eu la chance d’assister à une messe, la chapelle aménagée dans la sacristie de Sankt Stefan. J’avais déjà eu ce privilège il y a quelques années de cela. J’espérais pouvoir réitérer cette expérience, ce moment d’intimité, l’atmosphère précieuse de ce lieu, l’autel, son retable sculpté, représentation mariale, les grandes armoires montées sur des corps de buffet, quatre, qui rythment la salle et ne laissent rien échapper des trésors que gardent des serrures baroques.

J’ai retrouvé avec joie ce lieu public réservé et chaleureux. Nous fêtions les Saints Innocents, ces enfants victimes d’Hérode. Il n’y a pas eu d’homélie, ce n’est pas de mises pour les vêpres ; le prêtre s’est toutefois permis une réflexion libre en introduction, évocation des enfants migrants morts en mer. Je ne nie pas être venu à Constance pour y « faire de bonnes affaires » mais la horde d’acheteurs de mes compatriotes, ceux-là même qui parlent si fort et étalent leur sabir avec suffisance sont-ils jamais entrés dans une église de Constance ? La ville passe pour une gentille bourgade commerçante, point. Toute l’Allemagne n’est-elle pas devenue le terrain de jeu favori des Suisses ? Berlin et ses folles nuits en point d’orgue …

« Aimez-vous les uns les autres, mes petits enfants » répétait sans relâche saint Jean dans la béatitude du grand âge. Voilà un commandement qu’applique le moins chrétien des Berlinois, l’un de ces bons gars qui composent la foule anonyme de la capitale allemande. Un type qui travaille pour vivre, qui aime les week-ends prolongés à la belle saison pour lézarder dans un « Biergarten » avec les copains. C’est peut-être aussi une de ces filles de Berlin ex-est, avec leurs colorations capillaires charbonneuses et leurs fringues gothico-folkloriques avec une tentative sexy. Ces filles-là vont au pub, avec les copines, font la fête les unes chez les autres, dans des sous-locations squatteuses puis finissent au bort du terrain de foot quand leurs « mecs » jouent le dimanche après-midi. Ceux-là savent faire la part des choses avec les « Prominenten » ; ils les admirent un peu, ont bien de la curiosité mais rien de plus. Ils regardent ces élites comme des poissons rares à l’aquarium et puis s’en retournent à leurs petites affaires. Ça les fait marrer quand ils lisent un article sur « les folles nuits berlinoises », des hangars pouilleux dans les tréfonds de Neukölln, pensent-ils, de la boîte à touristes ou des ces lieux pour les « möchte gern », pire que le touriste, du touriste qui a pris racine !

2016 sera, comme l’a été 1524 ou 1893. Et les faiseurs continueront à faire du bruit, à occuper le terrain, et les modes passeront. Peut-être que les « leaders d’opinion » jetteront leur dévolu sur d’autres destinations, d’autres activités sportives, que la jupe rallongera, et les couleurs de la prochaine saison ? Qu’importe, on continuera de célébrer la messe en semaine, la chapelle aménagée dans la sacristie, Sankt Stefan, pour moins d’une dizaine de fidèles. Et Berlin ne sera peut-être plus « capitale des nuits européennes », ça ne fera pas le beurre des dealers de coke mais la ville s’en fiche pas mal, car elle est bien autre chose. « Ouvrez les yeux, mes petits enfants … », dirait aujourd’hui saint Jean « … et vous vous aimerez les uns les autres ».