Reculer
pour mieux sauter … De la
déception ? non. De l’impatience assurément. Il était prévu que
« Credo » sorte en novembre, il sortira à la rentrée de janvier, chez
l’Age d’Homme comme prévu. Pas d’inquiétude, donc. Ce report, un supplément de
temps pour garder encore un peu ce texte auprès de moi. Je ne vais pas vous
faire le coup du « je ne me suis jamais tant livré », il s’agit
toujours d’un essai à caractère autofictif, mise-en-scène et réagencement à la
clef. Toutefois, j’y suis peut-être plus … cash. Je me disais, hop, ça sort en
novembre, un entrefilet par-ci, une demi-interview par-là, un peu de curiosité,
la considération de mes pairs et l’affaire sera vite classée avec le tohu-bohu
des fêtes de fin d’année. Satisfait sans trop se mouiller. En janvier, ça
risque de mieux se voir. Avoir des lecteurs, soit, susciter la curiosité, des
questions, y répondre, voilà une autre affaire.
Dans « Credo »,
tout y passe, la politique, les convictions, les rancœurs, les obédiences, deux
ou trois griefs. Avec le temps et l’âge, on accumule : souvenirs, kilos en
trop, contradictions, compromissions, casseroles, regrets. Ecrire soulage et
allège. Ça ne fait pas maigrir mais ça permet de montrer qu’on a compris que la
prise de masse est dans l’ordre des choses. On ne va pas s’astreindre à des
régimes forcément promis à l’échec sur la durée comme certains auteurs à bonne
gueule que la jeunesse fuit insensiblement et qui tentent désespérément de la
retenir par le brushing et le contrôle alimentaire. C’est grotesque, surtout
lorsque l’intéressé vous la joue « rebelle ». Remarquez, j’ai autant
d’aversion pour les repentants qui confessent une jeunesse ceci ou cela en
bavant sur leur famille au passage. Tous les auteurs se remboursent au passage,
avec plus ou moins d’habileté mais de là à se justifier, le petit genre
psy-psy-beurk d’un dossier d’instruction judicaire. Laissez-moi vomir.
« Credo »
n’est pas tendre ; néanmoins, il n’est ni revanchard ni gratuit. Vous
connaissez mon amour de l’état des lieux, « rendre sur le vif »,
témoigner des moindres choses et donner du sens. Je n’ai pas envie d’en
débattre, me faire salir ma version par des peigne-culs ou des pisse-froids. A
la relecture, j’ai eu quelques vapeurs, j’ai même hésité à sabrer ceci ou cela,
ne pas passer pour un vieux con. Et puis non, mes critiques ne sont pas
gratuites, elles ne tiennent pas de la provocation « pour faire
genre » à caractère picaresque. Ce
qui est écrit, est écrit, plus moyen de me couper la parole ou de kidnapper mon
opinion dans un débat contradictoire au cours duquel des jobards me prouveront
A + B au carré à quel point ce que je pense est tendancieux parce que je ne
suis pas sociologue, machin-chouetteologue ès pédanterie bienpensante. Il y a
de la gloriole aussi. J’ai mis un point d’honneur à être moi à chaque mot de ce
texte, moi en légèrement augmenté pour bien tout couvrir le champ. Un regret
peut-être, je n’ai pas assez parlé des toc-tocs, des fêlés, des cabossés, des
tordus et de ceux dont on ne veut pas parce qu’ils ne font pas partie des « bonnes »
victimes.
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