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mardi, janvier 01, 2019

Chapitre VII ou Bananier !




Une année de plus, une année de moins, Silvester in Deutschland, avec Cy. et les chiens, et mes beaux-parents. Les années s’écoulent encore plus vite que je n’écluse ma tasse de thé, une légère mousse, moins qu’une trace sur la porcelaine, tenace une fois sèche. Qu’ai-je donc retenu de l’année écoulée ? Un peu de bruit ? de l’agitation ? des clichés, le cliché de l’auteur, du politicien, du pieux paroissien et quelques autres postures chez autrui, et pas plus de malaise que les années précédentes. Deux-trois choses émergent tout de même de la brume. La première : « Le corps du héros », de William Giraldi, une voix de l’autre côté de l’Atlantique, un écho. Ce texte m’a raconté William, un peu, et étonnement beaucoup de moi. Une sensibilité, des questions, des bobos communs vous lient bien plus qu’on ne l’imaginerait. « Construction », ce manuscrit, ou comment donner la réplique à Giraldi, une sorte de passage de témoin car la transmission ne passe pas uniquement par le sang, le père mais par les pairs de même.

La seconde chose : les deux premières saisons de « La servante écarlate », la série choc sur les dangers que l’évangélisme cul-serré fait peser sur le monde occidental. Ajoutez à cela un délire de maternité impérieuse et vous obtenez cette si probable fable, limite une projection. On y fait allègrement la chasse aux LGBT, aux prêtres catholiques, aux médecins, aux universitaires lettreux. L’esthétique y est réaliste, pas de futur improbable, juste des raclures d’hérétiques appliquant le deutéronome à la lettre sans la moindre distance, comme si un écrit aussi ancien n’avait pas besoin des lumières de la philologie, le remettre en contexte, comprendre le texte. June (l’héroïne centrale) transformée en pondeuse-objet-sexuel-sans-plaisir-même-pour-son-abuseur afin de satisfaire le violent désir de mioche de Serena, épouse du commandant Waterford, un soupçon de délire écolo, et la bible partout, tout le temps, la contrainte par la force et l’appel au sens moral. Je n’ai pas réussi à écrire la moindre ligne jusqu’ici sur mon blog à propos de cette série, à peine quelques évocations ici ou là. Pareil pour « Le corps du héros », des sujets, des récits dans lesquels j’étais et suis encore trop investi émotionnellement parce que je suis William Giraldi, je suis le personnage de June Osborne. Dans quelle mesure ? de quelle manière ? Nous sommes tous des martiens pour nos familles, nous sommes tous des citoyens lâches et bien-pensants avant de devenir des victimes du système, le nouveau Moloch qu’il faut servir aveuglément en échange de maigres privilèges, le pseudo-confort des laborieux occidentaux, divertissements, logements chauffés, nourriture et tout peut nous être arraché, comme à un chien que l’on jette dehors !

La troisième chose : le rappel dérangeant, inconfortable, un devoir négligé, le devoir chrétien de l’amour d’autrui, un devoir de compassion, un appel à la conversion qui ne souffre ni crainte ni demi-mesure. Je ne me souviens plus exactement du prêche à l’origine de cette prise (re-prise) de conscience. Aimer l’autre en dépit de lui-même. Aimer le tout autre sans pour autant trahir ses choix (de vie, politiques, moraux). Faire la part des choses pour faire une place à l’autre ou comment tout changer pour que rien ne change, pour que l’on continue à suivre le concert de Nouvel An en direct de la salle du Musikverein, Vienne, chaque 1er  janvier, autrement dit comment clore la parenthèse du jeunisme, de la mauvaise éducation en norme comportementale, du mélangisme mondialiste, de la croissance perpétuelle pour en revenir à un idéal bourgeois modéré, genre l’État k und k de l’Autriche-Hongrie.


jeudi, décembre 31, 2015

Bonne année quand même ...

… allez, bonne année 2016, elle ne sera pas pire que 2015. Il ne s’agit pas de se faire à l’idée, ni de cette cornichonnerie de « résilience » pour psypsy gentil de magazines à grand tirage. Il est question d’humilité, loin des rodomontades politiciennes et artisteuses. Je sais de quoi je parle, je participe tant à la vie politique locale qu’à la vie artistique romande. Néanmoins, j’essaie d’être en phase, concret, sincère dans mes activités et ne surtout pas sombrer dans un dogme ou l’autre, me justifier, avoir raison .... J’ai tant d’exemples de petits juges ès morale sur les réseaux. J’ai bataillé avec des gauchos-bobos des beaux quartiers qui s’émeuvent et se trompent de discours, des laïcards obtus, beaucoup de laïcards obtus, de cette vilaine race intellectuelle qui ne sait pas croire et tente d’imposer par sa raison dévoyée sa sécheresse de cœur. La bienpensance et la coolitude sont les pires maux de l’époque, ils renvoient directement au péché d’orgueil.

Je reviens d’un bref séjour à Constance, histoire de faire des courses et fréquenter cette bonne ville, marcher dans ses rues, prendre une tasse de thé au Rosengarten, dîner dans l’un des restaurants du centre, etc. Il y a tant dans cet etc., tant mieux, car pour le reste, il a fallu composer avec une foule de « casques à boulons », leurs mauvaises manières, leurs mioches mal-élevés, et ce qu’ils peuvent parler fort, dans la rue, les cafés, les magasins ! Je trouve bien du mérite à mes Constançois. Mon etc. s’est surtout illustré par la fréquentation des nombreuses et très belles églises de la ville. J’ai même eu la chance d’assister à une messe, la chapelle aménagée dans la sacristie de Sankt Stefan. J’avais déjà eu ce privilège il y a quelques années de cela. J’espérais pouvoir réitérer cette expérience, ce moment d’intimité, l’atmosphère précieuse de ce lieu, l’autel, son retable sculpté, représentation mariale, les grandes armoires montées sur des corps de buffet, quatre, qui rythment la salle et ne laissent rien échapper des trésors que gardent des serrures baroques.

J’ai retrouvé avec joie ce lieu public réservé et chaleureux. Nous fêtions les Saints Innocents, ces enfants victimes d’Hérode. Il n’y a pas eu d’homélie, ce n’est pas de mises pour les vêpres ; le prêtre s’est toutefois permis une réflexion libre en introduction, évocation des enfants migrants morts en mer. Je ne nie pas être venu à Constance pour y « faire de bonnes affaires » mais la horde d’acheteurs de mes compatriotes, ceux-là même qui parlent si fort et étalent leur sabir avec suffisance sont-ils jamais entrés dans une église de Constance ? La ville passe pour une gentille bourgade commerçante, point. Toute l’Allemagne n’est-elle pas devenue le terrain de jeu favori des Suisses ? Berlin et ses folles nuits en point d’orgue …

« Aimez-vous les uns les autres, mes petits enfants » répétait sans relâche saint Jean dans la béatitude du grand âge. Voilà un commandement qu’applique le moins chrétien des Berlinois, l’un de ces bons gars qui composent la foule anonyme de la capitale allemande. Un type qui travaille pour vivre, qui aime les week-ends prolongés à la belle saison pour lézarder dans un « Biergarten » avec les copains. C’est peut-être aussi une de ces filles de Berlin ex-est, avec leurs colorations capillaires charbonneuses et leurs fringues gothico-folkloriques avec une tentative sexy. Ces filles-là vont au pub, avec les copines, font la fête les unes chez les autres, dans des sous-locations squatteuses puis finissent au bort du terrain de foot quand leurs « mecs » jouent le dimanche après-midi. Ceux-là savent faire la part des choses avec les « Prominenten » ; ils les admirent un peu, ont bien de la curiosité mais rien de plus. Ils regardent ces élites comme des poissons rares à l’aquarium et puis s’en retournent à leurs petites affaires. Ça les fait marrer quand ils lisent un article sur « les folles nuits berlinoises », des hangars pouilleux dans les tréfonds de Neukölln, pensent-ils, de la boîte à touristes ou des ces lieux pour les « möchte gern », pire que le touriste, du touriste qui a pris racine !

2016 sera, comme l’a été 1524 ou 1893. Et les faiseurs continueront à faire du bruit, à occuper le terrain, et les modes passeront. Peut-être que les « leaders d’opinion » jetteront leur dévolu sur d’autres destinations, d’autres activités sportives, que la jupe rallongera, et les couleurs de la prochaine saison ? Qu’importe, on continuera de célébrer la messe en semaine, la chapelle aménagée dans la sacristie, Sankt Stefan, pour moins d’une dizaine de fidèles. Et Berlin ne sera peut-être plus « capitale des nuits européennes », ça ne fera pas le beurre des dealers de coke mais la ville s’en fiche pas mal, car elle est bien autre chose. « Ouvrez les yeux, mes petits enfants … », dirait aujourd’hui saint Jean « … et vous vous aimerez les uns les autres ».


jeudi, janvier 01, 2015

Vorwärts : mes voeux 2015

Vorwärts ! immer vorwärts !!! la littérature tient de la boulimie et de la fuite en avant. Elle ne s’écrit que rarement dans le calme, le recueillement et la sérénité. Elle jaillit dans le désordre et la confusion de sentiments brouillons, contradictoires et, accessoirement, peu avouables. Cette littérature, ma préférée, se trouve à des années lumières du positivisme d’une Lina Bögli, de sa saine curiosité et de sa rectitude à vérifier l’état des poussières, l’équilibre diététique de la cuisine traditionnelle et l’urbanité des mœurs dans tous les pays – lointains – qu’elle a visités, autant de jugement fondés qu’elle a livrés dans deux volumes, « En avant ! » et « En avant toujours ! » (Vorwärts et Immer vorwärts dans le texte). La critique littéraire dont je vous ai entretenu durant tout 2014 témoigne de ce bouillonnement. J’ai proposé à votre curiosité des textes classiques, du roman romand, un inédit de feu un géant de la littérature française, du récit d’aventure, du best-seller étranger. Je me suis fait l’écho de quelques mondanités dans la République des Lettres, de jolies rencontres parfois au débotté. Je vous ai, en sus, ouvert l’un ou l’autre de mes manuscrits, quelques extraits, des textes à venir …

Mes lecteurs, mes amis, j’espère  qu’en 2015 vous me ferez encore l’honneur et le plaisir de vos visites. Je vous raconterai les quelques petites choses dont mon quotidien est occupé. Il s’annonce des projets éditoriaux, des textes à propos desquels je vous ai déjà soufflé un mot et pour lesquels j’aurai besoin de votre soutien actif. Je peux d’ores et déjà vous annoncer la traduction allemande de mon essai/pamphlet « Tous les États de la mélancolie bourgeoise », sorti chez Hélice Hélas, dans l’excellente collection « Paon dans ton Q.I. ». Je vais prendre mon bâton de pèlerin et frapper aux portes d’agents littéraires allemands. Bien évidemment, le feuilleton, « Dernier Vol au départ de Tegel », se poursuit sur Sept.info. Le « Cahier vert ou la marche de l’encornet » connaîtra une conclusion avec notre croisière en Méditerranée d’août prochain, avec Cy. et sa famille. Encore un mot à propos de  mes travaux, j’ai repris la rédaction de « Zauberberg II » ; vous aurez biensûr la primeur de trois ou quatre extraits.


Il sera aussi question de BD, de cinéma, de politique … de politique locale dans ce blog. Figurez-vous que je vais entrer au conseil communal morgien, sous la bannière d’un parti d’ultras … d’ultras du centre, Morges Libre, parti fondé par le dynamique et sagace François Meylan. Je tâcherai de garder le rythme et de vous offrir un billet hebdomadaire. Au pire, vous pouvez toujours fureter parmi les 336 articles que compte déjà Le Monde de Frevall et ce depuis décembre 2005. 

mercredi, janvier 01, 2014

Das Neujahrskonzert der Wienerphilarmoniker 2014

Il fait beau sur Vienne, Musik Verein, année du centenaire, 2014, 1er janvier. Juste un peu trop tôt, comme chaque année. Étrange tradition néo-sissiesque, post-sécessionniste (rapport au mouvement artistique), charmante, désuète et si « trendy » depuis quelques dix ans, le Concert de Nouvel An me renvoie à des souvenirs d’enfance ; le déjeuner chez mes grands-parents, jarrets de veau au menu, c’était toujours ainsi. Comme le concert ou le défilement des ans : une sorte de mouvement perpétuel.

Depuis, j’ai investi le mythe, l’ai enrichi de la suite des Sissi, de quelques séquences d’histoire, de ma découverte de Berlin, d’une histoire malheureuse à Vienne, de mes lectures de Thomas Mann, Thomas Bernhard, Sigfried Lens, von Keyserling … mes lettres germaniques. Cet attachement personnel et général pour un évènement culturel finalement assez province – il ne s’agit pas de jouer des pièces de Wagner ni de Schönberg mais uniquement du ploum-ploum tralala dirigé par un copain de l’orchestre – cet évènement, donc, ne peut s’expliquer dans la durée que par la volonté de recoller ce qui a été brisé, « racommoder » une pièce de porcelaine, avec mortier et pose d’agrafe.

Août 1914, un bel été certainement, et tout bascula … Nous avons pris la mauvaise voie, nous, l’Europe, nos « prédécesseurs ». Avec la paix, ils brisèrent, tout espoir d’un XXème (et d’un XXIème ?) siècle harmonieux, progressiste, vertueux. Étonnant qu’après l’Anschluss, parmi les bruits insistants de bottes, le Wiener Philarmoniker eût l’idée d’organiser un tel concert de musique légère, c’était le 30 décembre 1939. Le rappel insistant de ce que l’on avait perdu il y avait un peu plus de vingt ans (la débâcle de 18) ou une volonté d’inspirer le nouveau Reich ? Quoiqu’il en soit, la tradition traversa la guerre et, durant la guerre froide, connut même sa première diffusion télévisée.


Eurovision, cinquante pays « arrosés », même des pays d’Afrique subsaharienne : das Neujahrskonzert est devenu le symbole, le fétiche de notre bonne vie perdue, la lumière des César qui brille encore à défaut de nous éclairer. A quand le retour du Heiliges römisches Reich, vaste État responsable avec ses parlements locaux et sa légitimité plutôt que le diktat de Bruxelles ! Quand pourrons-nous céder, dans la confiance, à la suavité de cithare de la légende de la forêt viennoise ?

lundi, décembre 26, 2011

Une année chez les Buddenbrook



Messe de minuit à Saint-André, petite paroisse des hauts de Lausanne présidée par le bon abbé Gabriel Pittet. Nous n'étions pas une grande foule, une cinquantaine de fidèles tout au plus, il faut dire que la chapelle est intime. Le père Pittet officiait sans servant de messe, un peu d'0rgue, un ami violoniste et l'impression d'assister au culte de minuit chez les Buddenbrook, dans le grand hall de la maison familiale de la Mengstrasse. Le Père Pittet était le prêtre responsable de la paroisse de Saint-Joseph, le quartier de Prélaz, mon logement du chemin des Clochetons, sept ans de vie et d'écriture dans ce lieu. Il m'a fait aimer "la vie en paroisse", il nous demandait même parfois à Cyril et moi-même de donner la Communion. Depuis qu'il a été attaché l'unité paroissiale de Notre Dame de l'Assomption, nous participons à sa célébration de Noël.


Nous sommes au point de l'année quand il est bon de tirer des bilans. Et j'ai passé cette année "chez les Buddenbrook", accompagné par la lecture d'auteurs allemands tels que Thomas Mann, Klaus Mann, Siegfried Lenz et Eduard von Keyserling. J'ai passé une année dans un univers agréable, délicatement mélancolique, un peu fin de règne et très marqué par le souci de "bien tenir son rôle", une façon de répondre ... comment dire ... à l'angoisse générale ? la crise ? etc. etc. etc. J'ai passé une année à voir de merveilleuses fins d'après-midi, des couchers splendides. Accessoirement, j'ai aussi acheté quelques cravates supplémentaires. Un peu à contre-courant, non ? A moins qu'il ne s'agisse de se révéler à soi-même, de construire une vie. Nous avons même des plantes vertes dans la salle à manger, notre grand appartement à Cyril et moi-même.


Il ne faut pas que j'oublie le Cercle Littéraire, quelle agréable "seconde maison", ses grands salons, sa bibliothèque, le Figaro, la Croix, des plaisirs que je dois à mon éditeur Olivier Morattel qui, avec le Pr. Jequier, m'y a coopté. Je peux aussi rajouter au bilan de cette année une très belle exposition Nolde à Bâle, une exposition Cuno Amiet à Berne, la découverte de la ville hanséatique de Stralsund et quelques belles rencontres. Pour clore mon "année allemande", je parlerai dans mon prochain billet "Du Patient du Docteur Hirschfeld", dernier roman de Nicolas Verdan.