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jeudi, février 13, 2020

The new pope


On ne s’était plus parlé depuis quelque temps, mis à part via « L’homme sans autre qualité ». J’ai un peu perdu l’habitude de t’interpeler comme ça, comme un vieux copain, on mettra ça sur le compte de l’âge, ou de la pudeur, ou de la fatigue, cette raideur qu’elle imprime dans les membres et la pensée. Bref.

Je sors du visionnement de la mini série « The new pope », la suite de « The young pope ». Le récit débute là où il en était resté au dernier épisode de la saison précédente. Pie XIII (Jude Law) est dans le coma, il lui faut un successeur, ce sera François II, chantre de la pauvreté forcenée et de l’accueil de l’autre jusqu’au coupable oubli de soi. Ce nouveau pape meurt aussi rapidement que Jean-Paul Ier en son temps et lui succède, après quelques atermoiements, Jean-Paul III (John Malkovich), souverain pontife fragile, pusillanime, héroïnomane et mélancolique, Rajoutez à cela une touche de chic anglais décadent punk et vous obtenez un personnage aux dialogues savoureux et à la psychologie complexe. On retrouve tout le savoir faire de Paolo Sorrentino, une photographie soignée, une mise-en-scène toujours à la limite du surréalisme, une BO qui donne envie de bouger, des costumes, des décors, une direction d’acteur, le tout impeccable. Carton plein !

Je ne vais pas m’étendre sur les mérites évidents de cette production. Je ne suis pas assez documenté. Pour faire simple, on retrouve l’esthétique et la narration extatique de La grande bellezza, mâtinés d’almodovarisme. Sorrentino eût pu donner dans le « où cours-je, où vais-je, dans quel état j’erre ? » version catholo-vaticane. Il va bien plus loin. Soit, l’Eglise est un Etat, une organisation aussi beurk que tous les Etats et les organisations du monde entier mais Notre très Sainte Mère l’Eglise catholique romaine et apostolique a quelque chose de plus, d’autre et de merveilleux à nous offrir : une vérité mystique ! Ce merveilleux cadeau n’efface pas les manquements, les abus, et blablabla mais transcende tout cela.

Je suis persuadé que « The new pope » parle à chacun. Le diocèse, ma paroisse sont touchés par … une épreuve ? un scandale ? une histoire légèrement pouerk. Prenez un bon curé, son goût de la bonne chair, sa jovialité, son filleul, des week-ends de ski au chalet, un prélat naïf et/ou maladroit, de la presse à l’affût et, oui, il s’est passé un truc, comment communiquer sur le « truc », la justice se met en marche et, en attendant, du côté de Morges, on reste dubitatif et silencieux les yeux baissés sur l’affreux carrelage de pizzeria de notre bonne église Saint-François-de-Sales.

« The new pope » pose avec un certain baroque les mots que chaque fidèle attend depuis, oh ! depuis toujours. La compromission politique n’interdit pas une parole libératrice. Au dernier épisode, lors de son allocution publique, avant la prière dominicale de l’Angélus, depuis la place Saint-Pierre, le pape Jean-Paul III se lance dans une formidable exhortation aux oubliés, aux rejetés, aux mal-aimés, aux négligés, aux humiliés, qu’ils viennent se joindre à lui car l’Eglise a besoin d’eux. John Malkovich a certainement joué là la meilleure réplique de sa carrière. Peu avant, Jude Law alias Pie XIII, dans toute la majesté obsolète pontificale, juché sur un trône à porteurs, paré de lourdes étoffes cramoisies rebrodées d’or et de pierreries, encadré par les éventails en plumes d’autruches de la tradition pré-vatican II, le pape émérite Pie XIII, donc, adressait une harangue au collège des cardinaux, ou comment être plus intelligent que l’ennemi – le plus dangereux, celui qui est en nous – il nous déroulait le plan de bataille que l’on aimerait connaître à l’Eglise.

L’espace d’une mini-série, j’ai oublié certaines petitesses de l’organisation ecclésiastique catholique-romaine, des mesquineries de sacristie, le carrelage de pizzeria de Saint-François-de-Sales, la maladresse d’un prélat et les écarts d’un bon prêtre. Si j’étais évêque à la place de notre évêque, je m’économiserai bien des paroles malheureuses et j’organiserai des projections publiques de « The new pope » dans tout le diocèse.



dimanche, novembre 17, 2019

La servante écarlate

Elisabeth Moss alias June

Depuis combien de temps ne s’est-on plus parlé ? vraiment parlé ? Ça doit remonter aux Clochetons, mon vieil appartement, la vue sur le lac, l’été étouffant, les murs jaunis mais cette flamme, ce quelque chose que j’avais avec toi, mon lecteur … Je ne sais plus exactement depuis combien de temps nous nous rencontrons sur ce blog, sur le monde de Frevall. C’était hier, avant-hier mais si je fixe mon reflet, je ne suis pas sûr de me reconnaître. J’en ai partagé des crises avec toi. La fin de mon histoire viennoise, mon cauchemar dans le bled d’homophobes chez Mme de S., etc. Des joies aussi. Je ne sais pas pourquoi j’ai cessé de te parler ? Je ne voulais pas t’embarrasser, entre la gêne et l’orgueil. Et pour te dire quoi ? Le doute, la fatigue, l’usure, l’ennui et les ors passés de la jeunesse ! Des regrets peut-être, aussi, et le mal-être, comme une tache de beurre sur le pantalon, bien imprégnée, une auréole plus large à chaque tentative de nettoyage. Et tu vas encore t’inquiéter, et je devrais te rassurer … On se connaît depuis assez longtemps pour que je t’avoue que je me suis déjà senti mieux.

Dans le même registre, je n’arrive plus à te parler avec autant de franchise de ce qui me touche, vraiment. Cela fait plus d’une année que j’ai commencé à visionner la série « La servante écarlate », une production Hulu, le site de vidéo à la demande, dans un genre Netflix hybridé avec « Bad Robot », la société de production de Fringe, Person of interest, Westworld, etc. Bref, du lourd, du divertissement pour la forme et des questions fondamentales dans le fond. Le pitch se résume en quelques mots : dans un proche avenir, les Etats-Unis, frappés comme tous les pays de l’hémisphère nord d’une chute de la natalité, basculent dans la guerre civile et la mise-en-place d’un nouvel ordre basé sur une interprétation rigoriste et dictatoriale de la bible. Les femmes fécondes dont on juge les mœurs discutables sont réduites à l’état de servante, méticuleusement violée de manière rituelle par des commandants alors que leurs épouses, sur le lit conjugal, maintiennent les bras des servantes. Ces Messieurs peuvent besogner leur servante cravaté et le pantalon juste entrouvert. On est au niveau zéro de l’érotisme.

Sur trois saisons, bientôt une quatrième, on suit June, une servante, au prise avec le système, le désir de vivre, tout de même, en dépit du fait qu’elle est séparée de son mari qui a réussi à fuir et qu’elle est aussi séparée de sa fille, placée dans une autre famille. Rajoutons à ce système que les femmes ont l’interdiction de lire et de travailler en dehors de leur foyer. Le viol rituel est issu d’une scène biblique, Sarah donnant sa servante égyptienne Agar à son époux, Abraham, afin qu’il connaisse la joie d’une descendance. « … et elle enfanta sur ses genoux ». Toute la folie sectaire des évangélistes et leur peu de jugeote dans l’interprétation des textes de l’Ancien Testament !

Ce monde n’est pas si éloigné et nous sommes tous des servantes écarlates, quel que soit notre sexe. Dans un tel système, le « violeur » n’est pas moins abusé que sa « victime ». Et si le commandant n’honore pas son esclave sexuelle durant sa période de fécondité, il s’expose à une condamnation. Je ne vais pas refaire ici tout le scénario mais les auteurs ont habilement liés intégrisme évangéliste, intégrisme écologiste et morale patriarcale afin d’imaginer cette société hyper fliquée, hiérarchisée et persuadée non seulement d’être dans le juste mais de détenir la SAINTETÉ.

Je n’étais déjà pas au mieux avec moi-même quand j’ai commencé à regarder cette série, je crains que les trois saisons n’aient pas contribué à une amélioration quelconque. L’ombre du dictat de la bienpensance couvre déjà nos écrits, nos pensées, nos échanges et la presse. Un effroyable rouleau-compresseur « bienveillant » venu aplatir toutes nos différences est déjà en train de nous broyer les jambes et nous n’aurions pas même le droit de hurler – ça n’entre pas dans les schémas de la communication non-violente. Je viens de terminer le dernier épisode de la saison 3, je ne peux, mon lecteur, que t’enjoindre de visionner à ton tour cette série. Je n’ai pas les mots pour t’expliquer l’urgence et la nécessité à prendre conscience du danger qui rôde. Tu trouveras donc, pour ton édification, les trois saisons en question sur un célèbre site de streaming basé dans les îles Tonga ( .to)

mardi, janvier 01, 2019

Chapitre VII ou Bananier !




Une année de plus, une année de moins, Silvester in Deutschland, avec Cy. et les chiens, et mes beaux-parents. Les années s’écoulent encore plus vite que je n’écluse ma tasse de thé, une légère mousse, moins qu’une trace sur la porcelaine, tenace une fois sèche. Qu’ai-je donc retenu de l’année écoulée ? Un peu de bruit ? de l’agitation ? des clichés, le cliché de l’auteur, du politicien, du pieux paroissien et quelques autres postures chez autrui, et pas plus de malaise que les années précédentes. Deux-trois choses émergent tout de même de la brume. La première : « Le corps du héros », de William Giraldi, une voix de l’autre côté de l’Atlantique, un écho. Ce texte m’a raconté William, un peu, et étonnement beaucoup de moi. Une sensibilité, des questions, des bobos communs vous lient bien plus qu’on ne l’imaginerait. « Construction », ce manuscrit, ou comment donner la réplique à Giraldi, une sorte de passage de témoin car la transmission ne passe pas uniquement par le sang, le père mais par les pairs de même.

La seconde chose : les deux premières saisons de « La servante écarlate », la série choc sur les dangers que l’évangélisme cul-serré fait peser sur le monde occidental. Ajoutez à cela un délire de maternité impérieuse et vous obtenez cette si probable fable, limite une projection. On y fait allègrement la chasse aux LGBT, aux prêtres catholiques, aux médecins, aux universitaires lettreux. L’esthétique y est réaliste, pas de futur improbable, juste des raclures d’hérétiques appliquant le deutéronome à la lettre sans la moindre distance, comme si un écrit aussi ancien n’avait pas besoin des lumières de la philologie, le remettre en contexte, comprendre le texte. June (l’héroïne centrale) transformée en pondeuse-objet-sexuel-sans-plaisir-même-pour-son-abuseur afin de satisfaire le violent désir de mioche de Serena, épouse du commandant Waterford, un soupçon de délire écolo, et la bible partout, tout le temps, la contrainte par la force et l’appel au sens moral. Je n’ai pas réussi à écrire la moindre ligne jusqu’ici sur mon blog à propos de cette série, à peine quelques évocations ici ou là. Pareil pour « Le corps du héros », des sujets, des récits dans lesquels j’étais et suis encore trop investi émotionnellement parce que je suis William Giraldi, je suis le personnage de June Osborne. Dans quelle mesure ? de quelle manière ? Nous sommes tous des martiens pour nos familles, nous sommes tous des citoyens lâches et bien-pensants avant de devenir des victimes du système, le nouveau Moloch qu’il faut servir aveuglément en échange de maigres privilèges, le pseudo-confort des laborieux occidentaux, divertissements, logements chauffés, nourriture et tout peut nous être arraché, comme à un chien que l’on jette dehors !

La troisième chose : le rappel dérangeant, inconfortable, un devoir négligé, le devoir chrétien de l’amour d’autrui, un devoir de compassion, un appel à la conversion qui ne souffre ni crainte ni demi-mesure. Je ne me souviens plus exactement du prêche à l’origine de cette prise (re-prise) de conscience. Aimer l’autre en dépit de lui-même. Aimer le tout autre sans pour autant trahir ses choix (de vie, politiques, moraux). Faire la part des choses pour faire une place à l’autre ou comment tout changer pour que rien ne change, pour que l’on continue à suivre le concert de Nouvel An en direct de la salle du Musikverein, Vienne, chaque 1er  janvier, autrement dit comment clore la parenthèse du jeunisme, de la mauvaise éducation en norme comportementale, du mélangisme mondialiste, de la croissance perpétuelle pour en revenir à un idéal bourgeois modéré, genre l’État k und k de l’Autriche-Hongrie.


vendredi, décembre 23, 2016

The Young Pope


Série choc, véritable événement télévisuel, « The Young Pope » est une merveille de dix épisodes, casting de grande classe, photographie impeccable, dialogues ciselés, bande originale subtile et éclectique, le tout au service d’un message coup de point. Du grand art produit par Canal+ et réalisé par Paolo Sorrentino.

Un léger coup de mou, comme une impression d’être crucifié de l’intérieur, et c’était avant Berlin, ciel bas, la saison m’a fait refluer dans la paix de mes petits appartements, au lit, sous une sainte famille par Pierre et Gilles, avec le chien sur ou sous la couette et les dix épisodes de « The young Pope », coffret DVD disponible à la vente dès le 10 décembre, pile le jour quand j’ai reçu la commande passée en ligne quelques jours plus tôt.

Sorrentino, évidemment, « La grande Bellezza », le goût d’une mise-en-scène sophistiquée, onirique et touchante … prophétique. En tête de gondole, on trouve Jude Law en jeune pape sexy-pétasse réactionnaire, grand amateur de la pompe à la Pie XII, rite tridentin, éventails, baldaquin, trône porté à épaules d’homme et tout le tralala de brocart de la garde-robe pontificale. Il est secondé par la religieuse qui l’a élevé, Sœur Mary interprétée par Diane Keaton. Gravitent autour de Sa Sainteté une responsable de la communication (Cécile de France), l’épouse d’un garde suisse (Ludivine Sagnier). On peut encore citer une tripotée de cardinaux, entre l’ex-mentor amer car coiffé au poteau dans sa course à la tiare papale (James Cromwell), un cardinal secrétaire d’Etat, Voiello (Silvio Orlando), le véritable maître du Vatican, et comme un petit air de Joseph Bergoglio le goût du faste en plus. Il y a aussi le doux cardinal Gutierrez (Javier Cámara), effrayé face au monde, légèrement porté sur la bouteille et gay.

Et que fait tout ce petit monde ? Il cherche Dieu, il l’invoque, le convie, interprète ses silences et s’enivre de ses miracles. Le Saint Père est peut-être le plus incrédule de tous. Il déambule dans les jardins, les couloirs, clope au bec, et foudroie qui un cardinal, un proche, une religieuse dévouée à son service avec la même violence que le Yahvé du deutéronome, privilège de la jeunesse aimante et jalouse. Il se cache quelques mini-intrigues entre deux déclarations lapidaires de Sa Sainteté. Lorsqu’il ne fait pas la chasse aux gays, il excommunie les femmes qui ont avorté. Il prend le peuple des fidèles de haut, se moque de tout plan marketing et reste obnubilé par la recherche de ses parents, qui l’ont abandonné à l’âge de huit ans. C’est un homme tour à tour malheureux, saint thaumaturge, philosophe de l’amour ou cynique comme deux Dr. House.

Où se posent les après-midis de mai ? Ici, répond la Vierge désignant une chapelle vaticane. Et, entre deux démonstrations d’intolérance, sectarisme, la grâce d’une révélation, quelques paroles, simples, une image, délicate, douce, évidente et belle comme une promesse réalisée, la grâce que, nous, le peuple des croyants, les baptisés au sein de Notre Sainte Mère l’Eglise, recevons, parfois, lors de la messe, les petits riens de notre relation au Christ. « The young Pope » nous les offre avec quasi la même charge mystique. Et quel décor ! quelle composition, l’œil et le goût infaillible de Sorrentino.


L’Eglise a pour devoir d’aller vers l’autre, le tout autre, y compris le pécheur, surtout le pécheur, et le sourire de Dieu pour seule réponse, entre ironie et amusement face aux interdits de la morale catholique. On ne ressort pas indemne de « The young pope », à la fois blessé et guéri, touché et interrogé. Je ne sais pas ce qu’en dit l’Eglise, le Saint Siège, une fiction de plus, une sorte de conte émerveillé et peut-être la meilleure préparation à la venue de Notre Sauveur … Un conte pour l’Avent.

lundi, décembre 12, 2016

Westworld, saison 1


Il fallait forcément s’attendre à quelque chose de spectaculaire et de … mystique avec la société de production « Bad Robot » qui comptait déjà le coup d’essai d’Alias, les coups de maître de Lost, Fringe et Person of interest. Avec Westworld, on monte en puissance. Les amateurs de fantastique … les vieux amateurs de fantastique qui ont un minimum de mémoire se rappelleront le film « Mondwest » de Michael Crichton avec Yul Brynner dans un rôle principal d’androïde de divertissement assassin.  La signature de Bad Robot, son fonds de commerce : nous suggérer que quelque chose se cache de l’autre côté, là, juste derrière et le papier peint se met à décoller. Il ne s’agit pas d’un simple effet de scénario mais d’une réflexion nourrie dans laquelle résonne la question fondamentale : où se situe la réalité de l’essence humaine ? Avec Lost, entre les tours et détours du scénario, le téléspectateur était invité à visiter la réalité fantasmatique d’une troupe de défunts, de leur accident d’avion jusqu’à leur glorieuse prise de conscience et leur départ pour une vie d’éternité. Fringe explorait la théorie des cordes, des mondes parallèles et quasi simultanés, la possibilité de soumettre le passé, de le piller comme une lointaine colonie. Person of interest, avec sa première saison poussive, a rapidement pris de la vitesse et nous interrogeait sur la réalité de la conscience artificielle, « big brother is watching you » en petite musique de fond et le machiavélisme de la fin justifiant les moyens en garniture.

Westworld, donc, un parc d’attraction version western où vous pouvez vous taper tous les androïdes que vous voulez ou les buter un peu, comme ça, par jeu, on s’en fout, on a payé pour. La vraie vie comme aux temps bénis et obscurs des pionniers, l’idéal pour une société trop policée, trop cadrée. Dommage, je n’aime pas les westerns mais le « Mondwest » de 1973, avec  Yul, m’avait tout de même plu. On ne jouait que sur les aspects flippants de robots humanoïdes avec des guns à la main, genre « qui a peur de l’homme noir », et ça courait de-ci, de-là en gueulant avec quelques scènes de flingage en gros. Mouais. Mais, avec Westworld, on passe un cran au-dessus. Une distribution haut de gamme, une réalisation de Jonhatan Nolan, LE Jonhatan Nolan d’Interstellar, ça vous pose de suite les bases d’une série haut-de-gamme.

Au cours de cette première saison, nous suivons William (Jimmi Simpson) faisant ses premiers pas dans ce disneyland avec sexe, sang et alcool. William n’est pas seul, il est accompagné de son très riche beau-frère Logan (Ben Barnes), un sale gamin gâté qui saute sur tout ce qui bouge, une bouteille de whisky à la main. Les deux jouvenceaux ne sont pas là pour la gaudriole mais pour affaire ; la compagnie de papa, beau-papa compte acheter des parts du parc. William est un jeune homme réservé, doux, fragile, attachant et paumé, rôle que son physique sert admirablement bien. Il va rencontrer et tomber amoureux de Dolores Abernathy (Evan Rachel Wood), une hôtesse (ainsi que sont nommés les androïdes). En parallèle, on suit les aventures de Maeve Millay (Thandie Newton), une mère maquerelle au port de reine, une hôtesse aussi, dotée de certaines facultés supplémentaires à celles accordées à la majorité des androïdes. Son personnage est certainement le plus attachant et le plus complexe. Chez les dirigeants du parc, on trouve Anthony Hopkins alias Dr. Robert Ford, l’un des deux fondateurs, le second s’est suicidé avant l’ouverture du parc. Dans la coulisse s’activent, entre autres, Therea Cullen (Sidse Babett Knudsen) et Bernard Lowe (Jeffrey Right). Ce monde de l’ombre est traversé de luttes de pouvoir, est régulièrement bouleversé par les lubies du grand maître. Rien de glorieux dans les ateliers où l’on rafistolent les hôtes butés par jeu par les clients ; on se les tape en passant, comme un petit air de nécrophilie. Miam-miam.

" Nous sommes notre propre piège ", sur ces mots se termine la saison une et, accessoirement sur un retournement de situation spectaculaire, typique de la marque « Bad Robot », un indice tout de même : réfléchissez au temps de la narration. Tout, du reste, est affaire de narration. Les hôtes développent leur conscience sur la base d’une petite histoire se rapportant à leur première implication dans une mise-en-scène. Effacez leur mémoire à chaque réaffectation mais donnez-leur la faculté de rêver et ils se mettront à être hantés par leurs vieux démons, leur prime personnalité. Et si nous n’étions que des machines, les jouets d’un petit récit formateur inculqué par …les parents, l’école, la société, les mythes, la télévision, les groupe djihadistes, les luttes politiques ?! A suivre. Voir la prophétie de la saison 2.