… allez, bonne année 2016, elle ne sera pas pire que 2015.
Il ne s’agit pas de se faire à l’idée, ni de cette cornichonnerie de
« résilience » pour psypsy gentil de magazines à grand tirage. Il est
question d’humilité, loin des rodomontades politiciennes et artisteuses. Je
sais de quoi je parle, je participe tant à la vie politique locale qu’à la vie
artistique romande. Néanmoins, j’essaie d’être en phase, concret, sincère dans
mes activités et ne surtout pas sombrer dans un dogme ou l’autre, me justifier,
avoir raison .... J’ai tant d’exemples de petits juges ès morale sur les
réseaux. J’ai bataillé avec des gauchos-bobos des beaux quartiers qui
s’émeuvent et se trompent de discours, des laïcards obtus, beaucoup de laïcards
obtus, de cette vilaine race intellectuelle qui ne sait pas croire et tente d’imposer
par sa raison dévoyée sa sécheresse de cœur. La bienpensance et la coolitude sont
les pires maux de l’époque, ils renvoient directement au péché d’orgueil.
Je reviens d’un bref séjour à Constance, histoire de faire
des courses et fréquenter cette bonne ville, marcher dans ses rues, prendre une
tasse de thé au Rosengarten, dîner dans l’un des restaurants du centre, etc. Il
y a tant dans cet etc., tant mieux, car pour le reste, il a fallu composer avec
une foule de « casques à boulons », leurs mauvaises manières, leurs
mioches mal-élevés, et ce qu’ils peuvent parler fort, dans la rue, les cafés,
les magasins ! Je trouve bien du mérite à mes Constançois. Mon etc. s’est
surtout illustré par la fréquentation des nombreuses et très belles églises de
la ville. J’ai même eu la chance d’assister à une messe, la chapelle aménagée
dans la sacristie de Sankt Stefan. J’avais déjà eu ce privilège il y a quelques
années de cela. J’espérais pouvoir réitérer cette expérience, ce moment d’intimité,
l’atmosphère précieuse de ce lieu, l’autel, son retable sculpté, représentation
mariale, les grandes armoires montées sur des corps de buffet, quatre, qui
rythment la salle et ne laissent rien échapper des trésors que gardent des
serrures baroques.
J’ai retrouvé avec joie ce lieu public réservé et
chaleureux. Nous fêtions les Saints Innocents, ces enfants victimes d’Hérode.
Il n’y a pas eu d’homélie, ce n’est pas de mises pour les vêpres ; le
prêtre s’est toutefois permis une réflexion libre en introduction, évocation des
enfants migrants morts en mer. Je ne nie pas être venu à Constance pour y
« faire de bonnes affaires » mais la horde d’acheteurs de mes
compatriotes, ceux-là même qui parlent si fort et étalent leur sabir avec
suffisance sont-ils jamais entrés dans une église de Constance ? La ville
passe pour une gentille bourgade commerçante, point. Toute l’Allemagne n’est-elle
pas devenue le terrain de jeu favori des Suisses ? Berlin et ses folles
nuits en point d’orgue …
« Aimez-vous les uns les autres, mes petits enfants »
répétait sans relâche saint Jean dans la béatitude du grand âge. Voilà un
commandement qu’applique le moins chrétien des Berlinois, l’un de ces bons gars
qui composent la foule anonyme de la capitale allemande. Un type qui travaille
pour vivre, qui aime les week-ends prolongés à la belle saison pour lézarder
dans un « Biergarten » avec les copains. C’est peut-être aussi une de
ces filles de Berlin ex-est, avec leurs colorations capillaires charbonneuses
et leurs fringues gothico-folkloriques avec une tentative sexy. Ces filles-là
vont au pub, avec les copines, font la fête les unes chez les autres, dans des
sous-locations squatteuses puis finissent au bort du terrain de foot quand leurs
« mecs » jouent le dimanche après-midi. Ceux-là savent faire la part
des choses avec les « Prominenten » ; ils les admirent un peu,
ont bien de la curiosité mais rien de plus. Ils regardent ces élites comme des
poissons rares à l’aquarium et puis s’en retournent à leurs petites affaires. Ça les fait marrer quand ils
lisent un article sur « les folles nuits berlinoises », des hangars
pouilleux dans les tréfonds de Neukölln, pensent-ils, de la boîte à touristes
ou des ces lieux pour les « möchte gern », pire que le touriste, du
touriste qui a pris racine !
2016 sera, comme l’a été 1524 ou 1893. Et les faiseurs
continueront à faire du bruit, à occuper le terrain, et les modes passeront. Peut-être
que les « leaders d’opinion » jetteront leur dévolu sur d’autres
destinations, d’autres activités sportives, que la jupe rallongera, et les
couleurs de la prochaine saison ? Qu’importe, on continuera de célébrer la
messe en semaine, la chapelle aménagée dans la sacristie, Sankt Stefan, pour
moins d’une dizaine de fidèles. Et Berlin ne sera peut-être plus « capitale
des nuits européennes », ça ne fera pas le beurre des dealers de coke mais
la ville s’en fiche pas mal, car elle est bien autre chose. « Ouvrez les
yeux, mes petits enfants … », dirait aujourd’hui saint Jean « … et
vous vous aimerez les uns les autres ».
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