Interlude. J’en ai le droit. Je suis l’auteur et blablabla …
Je l’ai déjà écrit dans « Escales », je m’en souviens, suis pas
encore gâteux. Villa Noailles, et tout serait dit, l’été, la vue sur Hyères, le
souvenir de Marie-Laure, décédée en 1970, l’année de ma naissance.
Accessoirement, j’ai 46 ans aujoud’hui. Le lieu est simplement beau, le luxe de
l’évidence mais un malaise diffus, la France tout alentour peut-être ? la
vanité des visiteurs ? Je leur ai damé le pion, j’ai moi-même fait selfies
et autoportraits placés illico sur les réseaux sociaux parce que je me suis
offert un forfait roaming 4G pour les vacances. Ni Cy., ni ses parents ne m’ont
accompagné, On n’allait pas laisser le chien seul. Tant mieux. J’aime la visite
solitaire des lieux de culture. Qu’ont fait les Noailles durant la guerre ?
me demandé-je. La seconde, il s’entend ; le second volet de la Guerre
mondiale et ça n’est pas, à mon avis, encore terminé. Ce n’est pas là l’origine
de mon trouble. J’ai tant aimé la France, sa culture, Mitterrand, etc. L’impression
d’avoir été trahi … on s’est bien foutu de nous ! Je n’en suis pas encore
à l’abhorration, un dégoût toutefois, vous reprendrez bien un peu de dessert ?
Burp. Il y a quelque chose de pourri au royaume de France, peut-être son
anti-germanisme primaire et passé, son universalisme passé … son passé ?!
En matière de politique et /ou de
société, on considère mes propos comme émanant de la bouche du dernier des
débiles, on fait mine de ne pas m’entendre dans le fil de la conversation, je
ne suis pas assez ceci ou cela, consensuel-mou du genou, couille-molle
hypocrite, faux-cul flagorneur, courtisan en somme. J’ai eu adhéré au grand
bazar paneuropéen, ça m’a vite passé, comme la mitterrandie. Depuis, j’ai un
petit peu creusé la chose et de manière critique, l’histoire en indépendant,
inculte à ses débuts. Bref, l’Europe Unie : non ! Le Saint-Empire dans
sa dernière forme, l’Empire austro-hongrois : oui et virez-moi la perfide
Albion qui s’est exclue d’elle-même du bazar, et la France peut sortir ;
elle n’a aucun intérêt dans le Saint-Empire, elle peut y avoir une place d’allié
privilégié mais son centralisme cocoricotant, son économie d’État ne sont pas
adaptés à une collaboration sincère avec la nouvelle couronne des Césars, ou
son avatar paneuropéen. Comment ce pays, à l’origine du démantèlement
scandaleux de l’Autriche-Hongrie, pourrait se soumettre à l’évidence d’un
nouvel empire. Elle porte la responsabilité du diktat de Versailles. Sans
parler de sa coupable laïcité qui laisse la porte ouverte à une sorte de probabilisme
religieux duquel n’émerge que la voix de celui qui gueule le plus fort. Sans le
démantèlement de l’Autriche-Hongrie, il n’y eût pas eu de Seconde Guerre
mondiale, ni de guerre des Balkans. Je ne lis pas notre réalité politique et
sociale sur les trente, quarante dernières années, je la déchiffre dans le
dégagement d’un profond champ narratif.
On s’est
fourvoyé ! Quand je dis « on », je pense « eux », les
baby-boomers, ceux qui nous ont tout bien bouffé nos perspectives d’avenir.
Tant pis, j’assume pour eux, leur inculture, leur avidité, leur paresse et j’en
passe. Surtout leur courte-visée et leur nature jouisseuse, l’orgueil des
nantis, leur impiété aussi. Ah ! La villa Noailles, ses jardins, j’observe
Hyères en contrebas ; on passe me prendre. Le grand soleil du Sud exalte le
parfum des fleurs et enlumine l’horizon. Il faut se concentrer pour percevoir
ces odieux clapiers à lapins concentrationnaires, du logement de pauvres,
surtout du logement de méprisés, alors que la ville est si belle. Comment ne
pas échapper à l’humiliation par la voie de la violence ? J’ai grandi dans
une telle horreur, ma mère y vit encore. Avec la gentrification des quartiers
prolos morgiens, ça a presque l’air élégant. On aurait pu faire mieux,
tellement mieux pour guère plus cher. Tasser de la populace dans un clapier de
pauvres me semble la marque ultime du dédain, surtout lorsque le politique vous
antiphone les psaumes de la sainte laïcité républicaine. « Tous égaux mais
vous êtes de la merde » semblent proclamer crânement les barres d’immeubles
à la lisière de la ville historique de Hyères. Si l’on avait été injuste au nom
de principes non-démocratiques, ça passerait mieux , style : voyez
les Noailles, leur belle villa avant-gardiste, etc., c’est normal, ils étaient
nobles, riches et catholiques, les trois à la fois … et pas vous !
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