mardi, mai 08, 2018

De la densification et autres errements


La densification, le mot est lâché, d’un sobre aspect pour une réalité qui rime avec chantiers perpétuels, nuisances, bouchons et perte d’identité. Le sujet est éminemment politique mais fait globalement consensus dans les partis majoritaires. Pour nos autorités, il s’agit de l’œuf de Colomb ou de la poule aux œufs d’or : plus d’habitants, plus de rentrées fiscales, plus de consommation, plus d’immobilier, etc. Et la qualité de vie ? l’âme de la ville ? Victimes co-latérales, « il ne faut pas être passéistes » et c’est reparti pour le couplet des lendemains qui chantent, à tue-tête, circulez, il n’y a rien à voir, les esprits chagrins n’ont qu’à retourner à leurs albums d’images Belle Epoque. 

Concrètement, à Morges, la densification signifie le double chantier du quartier de la Gare, le complexe sis à la place de l’ex-Fonderie Neeser, le tout prochain chantier de La Prairie-L’Eglantine, le futur hôtel de la Blancherie, et deux ou trois autres interventions de moindre ampleur mais parfois bien plus dommageable sur le tissu historique de la ville et la circulation. Les autorités ont une explication, « évolution en escalier », Morges serait du genre belle endormie entre deux crises de croissances aigües.

Encore plus concrètement, le quartier des anciennes Halles, qui devrait porter le nom de quartier des Cheminots est un bon projet. Il s’agit d’une friche urbaine propre à accueillir du logement proche du centre. L’îlot Sud présente d’autres problèmes : destruction de la maison Richard, construction d’une tour disproportionnée par rapport au tissu urbain avoisinant, à savoir le bourg historique de Morges et, surtout, un calendrier de construction aberrant ! On ne lance pas deux chantiers aussi proches en même temps dans une zone aussi sensible au niveau circulation que la gare ! Et quand tout sera fini, ça continue, avec la reconstruction d’une gare-centre commercial.

En dehors des questions de nuisance durant les chantiers (on en a pris pour cinq ans fermes, sans parler des prochains grands projets qui risquent de démarrer durant ce laps de temps), il y a la future circulation à travers Morges et la perte irrémédiable d’identité. Le principal risque réside dans une disneylandisation du bourg historique, le déplacement de la plus grande partie des activités économiques vers le quartier des Halles et ses très, très, très nombreuses surfaces commerciales. Les arcades de la vieille ville courent le double risque de la désertification ou de la récupération par des grandes enseignes du prêt-à-consommer alimentaire.

Dans la pierre, le béton armé en l’occurrence, le problème se situe au niveau du choix de l’agencement urbanistique, on n’étend pas la surface habitable d’une ville en y jetant pêle-mêle des plots par-ci, par-là, il faut étirer le tissu existant entre autres en passant à un ordre de construction continu, histoire de former rues, avenues et boulevards, intégrer l’existant à ce qui sera. On a manqué une belle occasion de faire du projet de l’Eglantine une véritable extension à la ville, sortir de l’entassement de constructions disparates par l’aménagement d’une place, unité de style, dialogue avec les maisons historiques de La Prairie et de l’Eglantine.

Pour terminer, permettez-moi de tordre le cou à ce faux bon calcul : plus d’habitants (classe moyenne supérieure si possible) signifie plus de rentrées fiscales et plus de consommation sur place. Ces nouveaux Morgiens vont tout de même coûter en infrastructure, en services publics, places en crèches, écoles, voirie, soins, etc. Et vont-ils considérer leur nouvelle résidence comme un lieu où vivre ou juste dormir, après avoir fait le minimum syndical de courses chez un discounter allemand qui a annoncé son arrivée prochaine dans le quartier des Halles ? J’espère sincèrement me tromper et voir jaillir de cette nouvelle expansion une créativité architecturale propice à l’enracinement de ces nouveaux Morgiens qui enrichiront pratiquement et métaphoriquement notre terreau.

mercredi, avril 11, 2018

De trois choses l’une : retour de Cologne, Ueli Maurer, Alexandre Astier (Kaamelott)



Cela fait bien deux semaines que je réfléchis à un billet à propos de notre dernière Assemblée des délégués à Klosters, évoquer le discours d’Ueli Maurer, le discours d’un chef puis la rediffusion de Kaamelott, livre VI m’en a distrait, envie d’écrire à nouveau quelque chose à propos du génialissime Alexandre Astier et, finalement, Cologne, cinq jours, une respiration, le Wallraffs Museum, le Dom, les 12 basiliques romanes qui ceinturent la ville.

De retour de Cologne, six heures de tain porte à porte, largement le temps de rédiger ce billet, parmi le panorama de la vallée du Rhin, ses châteaux, ses légendes, l’Allemagne de toujours, celle que personne n’a mis ni ne mettra à genoux, une certaine idée de la civilisation occidentale qui rayonne loin à l’aronde. Cologne, donc, second voyage, pas envie de me faire marcher dessus dans un aéroport de brousse (Cointrin/Schönefeld) pour avoir l’immense plaisir de devoir quasi me mettre à poil afin d’accéder à l’immense honneur de voyager plié en 26 dans une bétaillère volante d’une compagnie plus que trop orange. Et trouver des hordes de touristes à Berlin … Il faut dire que, entre les obligations de ma présidence et de mon emploi, je me suis préoccupé trop tardivement d’un billet dans une vraie compagnie, là où on dit bonjour au monsieur et où on a la décence d’offrir une tasse de thé ou un verre de vin au voyageur.

Cologne, donc, une garnison romaine, devenue vraie cité selon la volonté de l’impératrice Agrippine qui y vit le jour, le lieu du martyr de sainte Ursule puis la ville franque, la fondation de la Cathédrale, le diocèse dirigé par saint Kunibert, les basiliques romanes, un Moyen Age brillant, une bonne ville commerçante, l’occupation française sous Napoléon puis la destruction par les « chevaliers blancs de la démocratie », l’esprit revanchard des anglo-américains ; les naïfs États-Uniens s’étant laissé embobiner par la perfide Albion ont « détruit leurs murs mais pas leurs cœurs » et encore moins l’âme de la ville. Le travail de reconstruction a été admirable, tenant de la restitution historique, de la réinterprétation et de la construction libre, une patte fifties’ dans ce dernier cas, un vieil avant-gardisme élégant qui laisse la part belle à l’antique dans un dialogue créatif, voir l’exemple de l’Hôtel de Ville. Où que l’on soit, domine la silhouette du Dom, une figure bienveillante au-dessus des quais et son atmosphère balnéaire, un perpétuel air de vacances ou de foire dans l’hyper-centre, la Hoch Strasse, succession de grandes enseignes, boulimie consommatrice écœurante mais la cité très catholique appelle, rappelle ses filles et ses garçons – si souvent effrontés – dans ses églises. Quelle que soit l’heure ou la paroisse, on trouve toujours des Colonois sur un banc, une prière en passant, une respiration dans l’attente de la prochaine messe.

Rien d’exotique, Cologne a des airs morgiens, le délire bétonnesque des autorités de la ville lémanique en moins. A Cologne, tout comme à Morges, on aime les salons de thé, l’antiquaille et le dormir tranquille. Néanmoins, on connaît la valeur du passé, on en prend soin, le soubassement de cette bonne vie, chaque pierre préservée représente une victoire sur les forces du néant, le mal quel que soit son déguisement, certainement un effet de la présence de Notre très Sainte Mère l’Eglise. Et comme souvent dans les centres catholiques, on rencontre un milieu universitaire et un milieu gay épanouis. Je suis passé d’une basilique à l’autre chapelle, Mittagsgebet à St-Martin, messe du deuxième dimanche de Pâques à la cathédrale, vénération des reliques de saint Kunibert et de sainte Ursule, présence de la sainte dans l’église du même nom, littéralement la « petite ourse » en latin, Bärlin pourrait-on dire en allemand , une certaine ville à laquelle je suis attaché et mon animal totem.
Fin mars, les Grisons, Klosters, assemblée des délégués de l’UDC. L’occasion était plaisante d’aller jouer à Thomas Mann (référence à son roman Zauberberg dont l’action se déroule à Davos, tout à côté). Nous y sommes allés pour le week-end avec Cy. et les petits chiens. Personnellement, l’alpage me laisse de marbre … de granit, enfin de glace. Cette manie d’aller se briser des membres et d’attraper la mort au-delà de mille mètres m’est incompréhensible. Je suis persuadé que l’on envoyait les malades en altitude pour les achever et non pour les soigner. L’assemblée valait largement le déplacement, il était question de l’élection de la direction du parti, du départ de certains et surtout de la prestation d’un chef, Ueli Maurer, Ulrich de son vrai prénom, comme le personnage du grand roman de Musil, quelques traits de caractère en commun avec ce dernier. Le Conseiller fédéral Maurer aime observer, écouter, comprendre les autres, une attitude dynamique aussi, c’est d’un pas élastique qu’il est monté à la tribune, plaisantant sur le fait qu’il avait besoin d’une petite estrade afin d’être à la bonne hauteur derrière le pupitre. Je n’avais jusqu’alors aucune opinion particulière quant à lui, quelques vagues préventions nourries par la presse. Il a énoncé un discours drôle, érudit et sensible, un petit triptyque oratoire d’un gros quart d’heure dans lequel il a évoqué la qualité de l’eau, en métaphore de la qualité de nos institutions démocratiques, qualité qui n’a cessé de croître en un siècle, puis ce fut l’évocation d’un tube alpestre en dialecte, « Ewige Liebe », gros succès dans les charts allemands. Ueli Maurer illustrait par là l’amour inconditionnel des Suisses pour leur démocratie directe. Il a conclu par la légitimité de nos institutions politiques, légitimité fondée sur la qualité du système (première partie) et l’attachement de la population (deuxième partie), CQFD. De plus, le Conseiller fédéral Maurer s’est attaché à la seule référence historique légitime quant à la Nation suisse : la Constitution de 1848 ! Combien d’autres se seraient perdus dans les brumes légendaires un rien vaseuses de la pseudo-Suisse de 1291, de la résistance à l’étranger, le méchant Habsbourg, une dynastie qui a régné sur le plus grand empire au monde de 1273 à 1918, une dynastie … suisse. Habsbourg est un village d’Argovie et le berceau de la famille du même nom. Le clou du discours, une phrase, presque anodine à force de bon sens : « … n’ayons pas peur de nous ouvrir aux bonnes idées qu’elles viennent de gauche ou de droite, et de les soutenir ». Je vous l’ai dit, le discours d’un chef !

« Kaamelott, Livre VI », après la gaudriole, la gaudriole grinçante, la tragi-comédie, la tentative de suicide du roi Arthur, sa quasi agonie et le récit ultime qu’il livre à propos de sa vie, un flash-back qui vient éclairer avec tendresse et justesse l’épopée du roi de Bretagne. Que dire de la prestation, de l’intelligence du jeu d’Alexandre Astier. Un jour prochain, je vais lui adresser une lettre ouverte pour lui dire toute mon admiration. Il est un peu le grand frère que j’aurais aimé avoir, l’ami idéal, le complice dont j’aimerais parfois recueillir l’avis. Rien ne sonne faux dans sa saga, surtout pas la musique, de lui. J’ai déjà dû l’écrire. J’ai aussi loué le glissement épisode court/divertissement vers épisode long/émotion. A chaque fois que je « tombe » sur le Livre V ou le Livre VI, je ne peux m’empêcher de regarder encore et encore alors que je connais chacune des répliques. Et le récit pénètre plus profond, le sens fondamental de l’œuvre s’impose à moi. Arthur, le Graal, la Table Ronde, le royaume de Logres … une métaphore de notre vie, avec ses aspirations, ses manquements, une fin, inéluctable, un échec ? Nous sommes tous Arthur, nous avons tous été choisis par « les dieux » afin de retirer l’épée du rocher de notre existence, d’en prendre le pouvoir, de l’unifier, de lui donner un but. Combien de fois allons-nous nous trahir, pire, trahir nos idéaux, compromission, fatigue, lâcheté … Reste la foi, dans notre propre histoire, des principes ou un Messie, l’amour. Ça n’excuse rien. Les dernière paroles de la série : Arthur sera de nouveau un héros. Relever la tête, une évidence. Plus encore pour le croyant ou le politique, ou le croyant en politique. Un jour, le bon candidat triomphera, la bonne idée l’emportera sur les petits calculs et l’électoralisme. Les menteurs seront confondus. Un jour, les vrais fautifs seront désignés, un jour … Et, pour terminer, la confidence de l’empereur romain au centurion Arturus (Astier souscrit en partie à l’option romaine de l’origine d’Arthur, option soutenue par certains philologues), plus qu’un mot d’ordre, quasi une profession de foi politique . «  Des bons, des mauvais, des pleines cagettes il y en a mais une fois de temps en temps il en sort un, exceptionnel. Un héros, une légende, il y en a presque jamais, mais tu sais ce qu’ils ont tous en commun, tu sais ce que c’est leur pouvoir secret, ils ne se battent que pour  la dignité des faibles."

vendredi, mars 16, 2018

Enquête en abattoir suisse - Moudon


Je vais tenter d’être bref, je ne veux pas diluer ma colère ni cacher sous les mots ma honte, honte d’être le témoin de la torture, de la terreur d’un être sensible et innocent. La première réaction, le premier mouvement intérieur, un certain agacement devant cette image, pourquoi ce journal, le vôtre m’impose cette photo atroce. Votre rédaction fait de moi un témoin, quasi un complice puisque je ne pourrais jamais venir en aide à cet animal, ce veau terrorisé, prostré dans un angle de la pièce, une salle d’abattage carrelée jusqu’au plafond, faïence blanche, clinique, pour un nettoyage complet, une hygiène parfaite après … après, quand on aura équarri, emporté des bouts de viande qui, quelques instants auparavant, étaient encore un être vivant, un animal dont le QI et, surtout, le QI émotionnel sont égaux, voire supérieurs à ceux d’un chien.

Vous aurez compris que je fais référence à votre article du vendredi 16 mars sur l’abattoir de Moudon, sa pratique institutionnalisée de la maltraitance animale, article illustré de ce cliché terrible, trois veaux, l’un abattu, gisant dans son sang, un autre, au premier plan, assis ou accroupi, le dernier dans le coin supérieur droit du cliché, acculé, j’ai rapidement tourné la page, image insoutenable, à peine entrevue. Je pourrais me frapper, me griffer, me battre et hurler dans la rue, j’aurais voulu être dans cette pièce, cette salle et laisser libre cours à ma colère, la laisser fondre sur les criminels, ceux-là mêmes que l’on  devrait … Je n’y étais pas et mon impuissance s’est retournée ce soir contre une catelle de la salle de bain, fendue, enfoncée, j’ai mal, le tranchant de la main, j’aurai un bleu demain matin, ça tape mais ça fait moins mal que la photo, moins mal que la terreur d’un animal cerné par l’odeur du sang et la certitude de  son supplice prochain.

Je suis historien, j’ai toujours en stock une image, de quoi illustrer une situation, ce à quoi nous pouvons tous être confrontés. En l’occurrence, je comprends – toute proportion gardée – la honte de ces femmes, ces hommes, la population endimanchée d’Ottstedt am Berge ou d’un autre village voisin de Buchenwald, population forcée par l’état major américain à visiter le camp, à voir, à sentir l’horreur, concevoir ce qu’ils avaient méticuleusement tenté d’ignorer depuis 1937. Longtemps, j’ai essayé de regarder ailleurs, nier la souffrance animale, ce n’est pas moi qui tue ces bêtes et maintenant qu’elles sont mortes, ce serait dommage de gâcher la viande. Cela fait une bonne année que je ne mange plus la chaire de mammifères ou d’ovipares terrestres et, ce soir, je m’aperçois qu’il ne me suffit plus de m’abstenir. Il faut entrer en résistance contre la souffrance animale. Merci à la rédaction du 24H pour avoir confronté ses lecteurs à l’horreur de cet abattoir, ce lieu atroce, les raclures qui y travaillent. Ils ne s’en tireront pas comme ça, il y aura des suites et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir de citoyen pour que les sanctions soient exemplaires.


mercredi, février 28, 2018

Billag, No Billag, No No Billag


Personne ne peut détester la télé de son enfance. Je me souviens du générique d’ouverture des programmes, l’air le plus célèbre du « Devin du village » de Jean-Jacques Rousseau. Je me souviens aussi du « Village englouti », du « Renard à l’anneau d’or », des séries maison, jamais rediffusées. Je me souviens aussi de la face de carême de Catherine Wahli et de son hystérie catastrophiste qu’un capitaine de la CGN a calmé de suite en empoignant un banc en bois suivi du commentaire «  Je vous le fous à l’eau, ça flotte et vous n’aurez qu’à vous y accrocher jusqu’à ce qu’arrive les secours. On n’est pas au milieu de l’Atlantique. » Mythique. Ça vaut bien une année de redevance. Personne ne veut la mort de la RTS ou TSR ou de la TV romande, de la télévision suisse par extension. Par contre, tout le monde veut la peau de Billag, une bande de gougnafiers qui allaient fliquer dans les couloirs des bâtiments des quartiers populaires, à l’affût d’un téléspectateur qui aurait échappé au racket. Ces gens sont à la limite de la malhonnêteté, lançant des poursuites pour emmerder et ne faisant même pas main levée en cas d’opposition. Et les frais ? Pour la pomme de tous ceux qui paient leur redevance. Si l’on en retranche tous les truqueurs parasites de Zürich, Genève, Bâle, Lausanne, Olten, etc. qui prétendent n’être qu’en résidence secondaire et retourner dans leur cambrousse natale tous les week-ends, ça fait un gros manque à gagner. En attendant, les prolos qui ne peuvent prétendre d’une adresse à Niederbipp ou Sambrancher l’ont dans l’os et bien profond au vue des montants exorbitants exigés par Billag. L’idée de voir cette association malfaisante écrasée d’un vote vengeur est trop jouissive pour dire non à No Billag.

Plus sérieusement, j’en veux aux chambres et au Conseil Fédéral de n’avoir proposé aucune contre-initiative. L’occasion était belle pourtant, un parfait timing pour présenter un financement de la télévision suisse via l’impôt fédéral direct sur lequel on se prononce le 4 mars de même, un impôt juste, un impôt qui épargne les plus modestes. De plus, on nous chante les vertus de la télévision nationale, ferment de la cohésion nécessaire y compris à ceux qui ne regardent jamais la télévision nationale suisse. Donc, la télévision est une nécessité au même titre que les autoroutes et le réseau ferroviaire. Donc, on peut la financer via l’impôt, une majoration d’un point suffirait.

Partons dans l’hypothèse d’une télévision sans publicité et à moindre coup. Je réponds : méthode Arte. Une chaîne unique, en quatre langues, traductions simultanées dans les émissions-débats en direct, doublage pour tout le reste. Disons que l’initiative passe, la Confédération ne peut plus financer la télévision … Elle n’a qu’à financer des sociétés de productions fondées pour chacune des grandes émissions de débats ou de divertissement. Nous pourrions intensifier des collaborations avec d’autres télévisions nationales, et pourquoi ne pas initier une version 3Sat (télévisions allemande, autrichienne et suisse) avec la France et la Belgique (même si ce dernier pays n’est pas limitrophe). Les pistes ne manquent pas. Et pour financer cette vaste réforme dans un premier temps ? On vend les studios de Zürich, Berne et Genève pour partir s’installer à … Soleure ou Bienne ? ou Granges nord ?

Quant à la radio, une chaîne d’information quadrilingue du genre de ce que fait France Info, une rédaction issue de toute la Suisse et des programmes traduits. Les chaînes musicales à thèmes retirées du réseau DAB pour les placer sur le net, réception sur abonnement, le bouquet pour 20.- par an. Et ma chère Espace 2 en version quadrilingue, elle doit avoir son pendant dans les trois autres zones linguistiques, financement via des sociétés de productions ou, directemenet, par l’impôt.

Votez oui, votez non, votez selon vos convictions, néanmoins le débat ne sera pas clôt passé le 4 mars.

mercredi, février 21, 2018

" Dernier vol au départ de Tegel", genèse d'un roman

Il en reste deux ou trois chapitres sur ce blog, comme un teaser, appâter le chaland, témoigner publiquement du texte. J’avais commencé à écrire « Dernier vol au départ de Tegel » suite à l’abandon subit d’un projet littéraire ; on m’avait signifié par SMS que le roman quasi signé, agendé, ne serait pas publié, que c’était trop de travail et qu’il n’était pas assez « bankable » en filigrane. Pas grave. Ce roman refusé s’intitule « Canicule Parano », il a trouvé un autre éditeur, il existe depuis quelques années et j’en suis très fier. Entre l’abandon de ce projet et sa reprise, histoire d’exister malgré tout en tant qu’auteur, de partager avec des lecteurs, j’ai commencé à publier en feuilleton le manuscrit sur lequel je travaillais, une petite idée que j’ai poursuivie de Lausanne à Berlin. C’était un rendez-vous hebdomadaire, un rite, trouver une illustration en rapport, presque un jeu, et découvrir au fil du récit tout une galerie de personnages. Je ne suis pas allé les chercher très loin, j’ai juste appris à les connaître. En ce temps-là, on annonçait encore la fermeture de l’aéroport de Tegel dans un délai de six mois, nous habitions encore à Lausanne avec Cy. et je lisais du Edvard von Keyserling.
 
Le texte a connu une seconde vie en ligne… Au tout début, il avait été évoqué une publication dans l’espace abonnés et pas dans l’antichambre-débarras-entrepôt des blogs des amis et soutiens du nouveau média. Je ne pense pas y avoir rencontré beaucoup de lecteurs. « Dernier vol … » y vivait en attendant de trouver un éditeur, une place en librairie et dans les bibliothèques. Je ne vous ai pas refilé une vieillerie, le manuscrit a été retravaillé, amélioré, question de format. Et à chaque relecture, j’ai redécouvert les vertus de mon onzième titre, sa voix singulière et l’utilité du récit. Il entre dans mon cycle berlinois, la ville en contrepoint de la Suisse et de ses raideurs. Robert, Eldrid, Ditmar, Friedhelm, Magda et les autres, mes personnages ont fini par sortir des pages. Je les ai peut-être révélés par mon récit mais ils ont leur propre existence, ils sont vivants, ils sont même devenus des amis. Je me suis battu pour leur assurer la possibilité que vous les rencontriez. Ils ont beaucoup à vous donner, ce sont des personnes bien, parfois embarrassées d’elles-mêmes, parfois maladroites mais jamais amères.
 
« Dernier vol … » est le roman des familles recomposées, des tribus patchwork et de la réconciliation avec les origines, le terreau natal ou celui dans lequel ont poussé les générations précédentes ; il est question de l’unité de l’individu. Le récit commence par les craintes de Robert, l’ombre de la maladie… C’est la Réunification qui l’a appelé en Allemagne et il a adopté ce pays à moins qu’il ne fût un Allemand qui s’ignore ? Qui sommes-nous ? La somme des gênes qui nous ont été légués ? la somme de nos expériences multipliées par nos sentiments le tout divisé par nos souvenirs ? ou une combinatoire entre hasards et possibilités ? Suivez Robert, il a quelque chose à vous apprendre.
 
« Dernier vol au départ de Tegel », éditions Mythraz, 22.-, ISBN 978-2-8399-2173-2, disponible dans toutes les librairies depuis le 15 février dernier.

mercredi, février 14, 2018

Intervention à propos du "Livre sur les quais".

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, chers collègues,
 
Je suis descendu de mon perchoir afin de vous faire part d’une ou deux réflexions propres à éclairer votre vote.
 
70'000.- voire même 100'000 francs pour un événement qui porte loin à l’aronde le nom de Morges, ce n’est pas cher payé. Dans cette même fourchette de prix, nous ne pourrions pas nous offrir une campagne de promotion touristique aussi efficace ni aussi prestigieuse. Il serait regrettable de mettre en péril une manifestation aux retombées positives et il faut effectivement opter pour une professionnalisation de son organisation. Voilà la raison pour laquelle il a été fait appel à « Grand Chelem Event SA ». Ce nouvel intervenant n’est pas une organisation de bienfaisance mais une société anonyme, une entreprise à but lucratif. Elle a commencé par éponger les dettes du « Livre sur les quais » et nous l’en remercions. Il est naturel qu’elle compte rentrer dans ses frais le plus rapidement possible et dégager un bénéfice par la suite. Elle s’est du reste déjà fait payer ses services d’un professionnalisme indiscutable. Ce même professionnalisme lui a dicté d’introduire un «pass » d’entrée payant lors de l’édition de 2017.
 
Que la commune subventionne « Le livre sur les quais » à hauteur de 70'000.- ou de 100'000 francs, il n’en demeure pas moins que les acteurs centraux de cette manifestation restent négligés. Des visiteurs sont venus pour les écouter, pour les entendre s’exprimer sur tel ou tel sujet, ces visiteurs ont même payé 15.- francs pour cela l’année dernière et les auteurs n’ont rien touché ! Hormis, une minorité qui a eu les honneurs de la salle Belle Epoque, des croisières ou des petits-déjeuners au Beau-Rivage Palace. Tant mieux pour eux ; ils sont au moins rémunérés pour leur travail. D’autres auteurs ont parfois la chance d’être salariés ou largement défrayés par leur maison d’édition, de ces grandes maisons au solide budget promotionnel. Ce n’est  malheureusement pas dans les moyens de nos maisons romandes, même les plus prestigieuses, en dépit du soutien très actif du canton de Vaud et des communes vaudoises. Vous me direz que tout ce qui touche aux auteurs est du domaine de la direction artistique du « Livre sur les quais ». Effectivement, cette instance, de sa propre volonté ou sur proposition des maisons d’éditions, délivre ses invitations. C’est à la fois un honneur et un devoir pour un auteur romand de répondre présent, du moins c’était un honneur. Depuis l’entrée de Grand Chelem Event SA dans la danse, comme un parfum de duplicité s’est mis à flotter sur les quais. Grand Chelem Event SA aurait donc à gérer, aussi, la rémunération, même symbolique, des auteurs renommés ou non.
 
Je me permets encore de vous rappeler qu’être auteur est une activité professionnelle tout comme être un élu de l’exécutif morgien, un employé de commerce au Centre patronal vaudois, un employé de commerce de détail à la Coop ou un agriculteur. Et encore plus sûrement que dans cette dernière profession, l’auteur ne vit pas du fruit de son labeur. En quoi consiste son travail ? L’auteur rédige des textes ou construit son œuvre, il soumet son travail à une ou plusieurs maisons d’édition. Parfois, rarement, il répond à une commande, et pour cela touche un à-valoir, une somme forfaitaire correspondant à une avance sur ses droits d’auteurs. Les droits d’auteurs varient entre 10 et 15% du prix de vente selon le contrat type proposé par les maisons d’éditions suisses. On parle de 8% en Allemagne. On considère qu’une œuvre romande vendue à 2000 exemplaires est un rare succès. La plupart des auteurs romands connaissent des ventes de 400 à 500 exemplaires. Si l’on fixe le prix moyen d’un volume de littérature romande à 25.- , je vous laisse faire les comptes. L’auteur travaille encore avec l’éditeur à l’ajustement de son texte, parfois donne son avis sur le graphisme de la couverture. Après publication, il accepte la charge de la promotion, à savoir des séances de dédicaces et, parfois, des interviews dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision/chaîne Youtube, etc. Ces interventions à caractère publicitaire sont soit courtes, soit peu impliquantes. De plus, les extraits de son ouvrage qui seront lus à ce moment-là sont rémunérés et les droits perçus par l’organisation professionnelle Pro-Litteris. Le travail de l’auteur s’arrête ici. Si ce dernier est invité dans une école ou dans une manifestation à caractère gratuit, il accepte occasionnellement d’intervenir gracieusement. S’il s’agit d’une institution universitaire, il sera rémunéré, quitte à ne toucher qu’un centaine d’euros. L’auteur doit être rémunéré dès qu’il assure le show, qu’il s’agisse d’une conférence, d’une table ronde, d’un « parloir », « confessionnal » ou autre « speed dating » selon les appellations propres au Livre sur les Quais. Si modeste soit la rémunération, c’est une question de respect, respect dont témoignerait une manifestation locale à l’attention de la forte délégation romande. L’association professionnelle des Autrices et Auteurs de Suisse, faitière des écrivains de ce pays milite de même pour une rétribution de toute activité sortant du cadre de la promotion.
 
En résumé et pour conclure, Mesdames, Messieurs, chers collègues, si vous votez une augmentation de la subvention communale à la manifestation du Livre sur les Quais, ce n’est pas cher payé aux vue des retombées promotionnelles pour notre ville mais n’oubliez pas que pas une miette de cet appétissant gâteau ne reviendra aux auteurs, les principaux acteurs de cet événement. Merci de votre attention.

mercredi, janvier 31, 2018

Le quai sous les livres

Depuis 2010, lors du dernier week-end d’août se tient le « Livre sur les quais », le salon qui réunit auteurs et lecteurs dans un cadre exceptionnel. Peut-on parler de patrimoine immatériel comme dans le cas du jumelage Morges-Vertou ? Huit éditions ont suffi à rendre la rencontre incontournable. Elle fait partie du paysage de la rentrée. Les questions qui se posent aujourd’hui : comment pérenniser l’événement, comment le renouveler sans perdre la ferveur des débuts ?

Pratiquement, Morges a gagné une fantastique renommée à travers « Le livre sur les quais ». Jamais nous n’aurions eu les moyens de payer une campagne de promotion comparable à la publicité que nous offre notre salon littéraire. A ce propos, une commission du Conseil Communal réfléchit à l’opportunité d’octroyer un nouveau subventionnement extraordinaire de 100'000.- Entre le plaisir de la population, les retombées en matière de tourisme et d’image, ce ne serait pas cher payé.

Personne n’ignore les difficultés que la manifestation a traversée ni le risque de la voir disparaître. Aujourd’hui, une société dans l’événementiel est venue remettre à flots l’association du « Livre sur les quais ». Evidemment, cette société ne l’a pas fait par philanthropie ; elle s’attend à dégager si ce n’était sur l’édition 2017 du moins dans un délai raisonnable, elle s’attend donc à faire du bénéfice. Cette année, léger faux pas, elle a demandé un prix d’entrée à celles et ceux qui souhaitaient assister à une table ronde, un débat. Ce n’est pas dans l’esprit de la manifestation, du reste la  fréquentation en a souffert. En 2018, l’événement devrait retrouver son caractère complètement gratuit.

Le patrimoine immatériel peut disparaître du jour au lendemain pour cause de désintérêt, pour raison financière mais aussi par rapport à l’image véhiculée. Le livre, la littérature ont et auront toujours une image positive. Les grands noms drainent la foule qui, parfois, s’attarde devant les ouvrages d’auteurs moins connus. « Le livre sur les quais » est à la croisée des chemins. Soit il devient un événement institutionnel qui rapporte, où l’on défraie les auteurs, on paie le personnel d’accueil et les subventions servent à garantir la gratuité au public ; soit il reste un événement de qualité, à dimension humaine, où l’accueil est assuré par des bénévoles, la fréquentation reste gratuite et les subventions  serviraient à payer la prestation de la société d’events et le défraiement de tous les auteurs ayant participé à une table ronde, un débat, etc., histoire que ces derniers ne soient pas les dindons de la farce.


Article paru dans le bulletin 76 de l'Association de Sauvegarde de Morges

dimanche, janvier 21, 2018

"Barbara, la vraie vie" de Jean-François Kervéan

Je ne suis pas « barbarophile », je ne suis pas particulièrement versé dans la chanson à texte, je suis encore moins rive gauche ou droite, ou … je les confonds et je m’en fous. La gloriole gauloirisante de l’après-guerre me laisse de marbre, je ne peux m’empêcher de penser aux foules pétainistes et collaborationnistes. La mentalité en cul de sac des années 50, 60. La chanson, oui, pourquoi pas, de la variétoche, Cloclo, Dalida bien sûr, Annie Cordy, Carlos, Joe Dassin, le Big Bazar de Michel Fugain, du popu, de la paillette et de la gaudriole pour prolo, je retrouve mon jus. Donc Barbara, la grande dame brune. Jusqu’à son surnom éveille chez moi une certaine suspicion. Ma mère nourrissait contre l’artiste des préventions, quasi les mêmes que pour Jeanne Moreau. Ce n’est pas que je n’aime pas Barbara. J’ai quelques souvenirs de chansons bêlées par la dame dans le grand âge, le fameux hymne pour bar lesbien, et le reste de chansons à clefs pour des serrures qui m’indiffèrent. De plus, « Barbara » est le prénom d’une pouffe de ma connaissance, pas une mauvaise fille, une pouffe de l’entourage de mon ex’, mon Dieu, quelle période. Je n’avais pas 30 ans et j’étais pourtant loin du bonheur.

Bon, avec un livre, même s’il porte le titre de « Barbara, la vraie vie », pas besoin de l’écouter et la biographie est signée Jean-François Kervéan. J’ai eu le plaisir d’offrir un verre de vin au monsieur à la maison lors d’une édition du festival « Le Livre sur les Quais » ; Christophe Girard me l’avait présenté. Nous nous sommes échangés nos volumes respectifs du moment et j’ai découvert un grand auteur, une manière d’appréhender la matière littéraire qui me plaît, avec sincérité, sans toile peinte derrière laquelle planquer la personne de l’auteur. Authenticité, donc, et une plume déliée, un style souple, de l’originalité mais rien de forcé, de bonnes trouvailles plutôt, une véritable élégance. Evidemment, j’eusse préféré qu’il m’envoyât une biographie de Julien Green, de Truffaut ou de Montserrat Caballé mais la dédicace est si charmante, elle m’interdit de sortir l’une de mes excuses bidons, « ça n’est jamais arrivé », « on me l’a emprunté et je ne l’ai pas encore revu », « il est passé par la fenêtre ouverte du train dans un cahot ».  En plus, le bouquin est épais, il va encore me traîner aussi longtemps que le Onfray, écrit à l’arrache et d’un antichristianisme qui confine à la connerie, qui encombre une chaise depuis bientôt cinq mois en compagnie d’« Un Président ne devrait pas dire ça » et, sous la chaise, une tripotée de trucs romands illisibles. Kervéan a le mérite d’être toujours parfaitement lisible, et j’ai promis un billet ; l’auteur manque de publicité selon moi. Ce sont toujours les mêmes vantards du marigot littéraro-parigo-parisien qui l’ont ouverte, occupent le champ médiatique et ne laissent pas tant de place aux autres. Je vais tout de même corriger le tir auprès de la petite douzaine d’improbables lecteurs qui jetteront une œil sur ces lignes.

Vous ne devinerez jamais quoi ?! Comme on le dit par ici, j’ai été déçu en bien ! Jean-François Kervéan donne/re-donne une voix à la chanteuse à la rose, brosse un portrait vivant de la chanteuse de minuit, et s’entrecroisent les témoignages de ceux qui fréquentèrent la dame brune. Kervéan paie de sa personne, il n’a pas choisi de pondre une biographie de l’artiste parce que l’on célèbre les 20 ans de sa disparition. Il a cherché à aller au-delà d’une émotion, un concert à Pantin, en 1981, sous un chapiteau, les promesses de la mitterrandie et tout ça. Je n’ai pas envie de casser l’ambiance mais on est bien revenu de l’euphorie de cette époque, comme disait grand-maman « les belles paroles, ça rend les fous joyeux ». Bref, Kervéan avait 19 ans, à Paris, on promettait de changer le monder, réinventer la société. A son âge et à sa place, j’aurais peut-être aimé Barbara et j’aurais eu envie de raconter sa vie au plus proche de l’émotion qu’elle m’offrit lors de ce concert, à Pantin. Attention, ce n’est pas une hagiographie pour fans qui nous est proposée mais une enquête au cours de laquelle Monique Serf cherche sa voie, cherche à exprimer, à évacuer cet orage d’émotions qui parfois l’étouffe. Elle ne veut pas finir comme sa mère, elle est royale, elle veut un destin, son royaume, une couronne. Elle veut être libre, aimer librement, se réchauffer auprès de tous les hommes dont elle aurait envie.

Après le cul de sac des années 50, 60, Kervéan nous déroule la « success story » d’une diva de la chanson dont la seule vraie histoire d’amour c’était lui, son public. Françoise Sagan est aussi invitée à ressusciter, nous raconter avec drôlerie et un cathare du fumeur les hauts et les bas d’une amitié avec Barbara. Après avoir refermé le livre, je comprenais mieux les préventions de maman tout en les trouvant sans fondement. J’avais surtout envie de réécouter « Il pleut sur Nantes » ou « Göttingen ». 

dimanche, décembre 31, 2017

Meilleurs voeux express


Un quart d’heure pour vous souhaiter tout le meilleur pour la nouvelle année à venir. Je ne suis pas très porté sur les pratiques de la joie institutionnalisée, quasi obligatoire. J’ai échappé à quelques prises d’otage noëlliennes, je n’ai fait qu’UN Noël, chez ma sœur, avec Cy, ma mère, les chiens, neveu, nièce, petites-nièces et beau-frère. Sympathique, efficace.

Donc, pour en revenir à la raison de ce billet : tous mes vœux pour la nouvelle année, que 2018, bla-bla-bla-bla (veuillez placer ici le vœu que vous souhaiter réaliser). Vous comprendrez que le chapitre du passage d’une année à l’autre m’enthousiasme autant que la fête familialo-commerciale de Noël. Toutefois, je vous souhaite à tous, famille, quelques amis, mes bons collègues de gloubiboulga (enseignants de culture générale), à ceux de l’expographie, à tous mes nouveaux camarades de jeu en soin et santé communautaire, à mes élèves, aux membres du Conseil Communal morgien, à la muni morgienne (après un voyage épique à Vertou, j’ai eu l’occasion de mieux les connaître), au bureau du Conseil Communal, à ma famille politique UDC bricolo où l’on est nettement moins raide de la nuque que l’on n’imagine, à vous, mes lecteurs, que vous me connaissiez par ce blog ou quelque autre écrit, à vous tous, bonne année 2018. Le mot d’ordre : soyez fidèles à votre liberté de croire ! Vous avez 365 jours pour développer. Vous remarquerez le léger paradoxe de la confrontation des items « fidèles », « liberté » et « croire ». On frise le double oxymore. A vous de voir. Retour des copies au 31 décembre 2018, 23h59 dernier délai.


Je vous demanderai à tous d’avoir un souhait pour 2018, de tous penser à l’une de mes collègues, une personne admirable, sympathique pour qui j’ai respect et, même affection ; cette personne attaque la nouvelle année par un combat contre la maladie. Croyez aux forces de l’esprit, au miracle de la prière. Essayez et associez-vous à ma propre prière, que ma collègue traverse l’épreuve de la maladie et s’en remette. Je vous tiendrai au courant et ce sera notre victoire en 2018  

lundi, décembre 04, 2017

Lettre ouverte à l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud


Festivité du schisme luthérien aux portes de Notre Dame de Lausanne
A l’occasion des cinq cents ans du schisme luthérien, tu as fêté cet anniversaire en tenant des stands ici ou là au marché. Je t’y ai rencontrée et ai échangé quelques paroles avec des tes représentants, une femme entre-autre, soit femme de pasteur, soit pasteur ou pastrice, je ne sais pas exactement quel titre tu donnes à tes ministres du culte de sexe féminin. En quelques paroles, le ton est monté. La dame encaissait assez mal la réalité historique qui a mené à ta naissance, à savoir que tu étais l’Eglise de l’occupant bernois, que cet occupant s’est surtout servi de toi à des fins de domination politique et de contrôle social. Tu as fait ta place dans le Pays de Vaud car l’ours de Berne avait interdit la pratique de la foi catholique en dépit du profond et fidèle attachement des Vaudois pour Notre Sainte Mère l’Eglise, celle de Rome, celle qui a construit ce pays, qui a planté les vignes au Lavaux. La dame (pastrice, épouse de pasteur ou fidèle enthousiaste) a encore eu le mauvais goût de ressortir le fameux … fumeux et poussiéreux récit de la Dispute de Lausanne. Une dispute ? un procès stalinien plutôt. Notre sainte Mère l’Eglise catholique romaine et apostolique s’était refusé à participer à cette pantalonnade. Farel et Calvin accompagné de Pierre Viret sont allés quérir un obscur moinillon inculte pour le soumettre à leurs trucs et astuces de sophistes lettrés … Ce bon Pierre Viret était surtout la caution locale de cette comédie grotesque. Sais-tu, chère Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, pourquoi le prédicateur français Farel traînait par chez nous ? Non ?! Il avait été engagé, salarié par Berne pour aller répandre la bonne parole protestante à Neuchâtel et dans le Pays de Vaud. Il s’agissait d’exciter les bourgeois à rejeter les autorités ecclésiastiques catholiques afin de se mettre leurs biens dans la poche et déstabiliser au passage le pouvoir  politique du duc de Savoie, notre bon maître du Pays de Vaud. Quant à Calvin … Il est arrivé à Genève une peu par hasard, appelé par Farel avant d’en être chassé avec ce dernier pour des histoires de pain azyme, célébration de l’eucharistie. Je n’ai malheureusement pas remis la main sur la source qui laisse sous-entendre d’autres raisons au renvoi de Calvin. Il reviendra pour le malheur de Genève. Le reste de sa vie sectaire, les condamnations au bûcher ou à l’estrapade qu’il exigea à plusieurs reprises ne rendent pas le calvinisme très engageant …

La dispute de Lausanne, par F. Bocion, selon le récit de la légende officielle
Pour en revenir à la « Dispute », le moinillon se fit embrouiller en moins de deux et Berne déclara qu’il avait ainsi été prouvé que le protestantisme avait raison sur Notre sainte Mère l’Eglise. Depuis quand la vérité mystique d’une religion, la sincérité de l’attachement d’un peuple à sa foi se prouvent sur la base des conclusions d’une dissertation publique ? L’Amour de Dieu, la Communion, la communauté des chrétiens catholiques ne se réduisent pas à une joute verbale. Le site jean-calvin.org expose du reste à la va-vite cet épisode, et d’une manière si caricaturale que j’en ai honte pour toi. Pour revenir à ta servante, la dadame pasteurisant ou épouse de pasteur, le ton est encore légèrement monté lorsque je lui ai exposé que, nous autres catholiques vaudois, membres de la communauté religieuse majoritaire dans ce canton, aimerions bien retrouver une partie de nos lieux de culte historique (la cathédrale Notre Dame de Lausanne, l’Eglise Saint-François, l’église abbatiale de Payerne ou de Romainmôtier), que nous cultivons un sens historique et que, après la réforme tridentine et Vatican II, nous pourrions ainsi boucler la boucle. Nous avons admis nos erreurs. Il ne s’agit pas de te chasser des tes lieux de culte, il s’agit de partager, de revenir dans ces lieux saints du catholicisme vaudois que, souvent, tu as pillé et dénaturé au nom de tes convictions iconoclastes. La dadame était alors hors d’elle, m’assurant que ce genre de décision ne m’appartenait pas, ni à elle, mais à l’autorité politique. « Je suis un petit peu l’autorité politique et je compte interpeler Mme la conseillère d’Etat Béatrice Métraux à ce propos. » La dadame est restée sans voix et a fait mine de ne plus me voir. Le pasteur avec qui j’avais aussi échangé, un homme de foi, un serviteur sur qui tu peux compter, a tenté de détendre l’atmosphère par des propos œcuméniques avant d’entendre, sincèrement, ma demande qui est la demande de tous les catholiques vaudois. Rendez-nous au moins l’accès à notre cathédrale, nous pouvons sans autre la partager comme nous partageons déjà la chapelle Saint-André, une construction récente des hauts de Lausanne où sont célébrés tant la messe que le culte.

Chère Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, je peux bien te le dire, je ne t’aime pas. Néanmoins, je te respecte. Je pourrai me battre pour assurer ta pérennité en terre vaudoise. Depuis quelques années, la Constitution vaudoise te force à partager le gâteau de l’impôt ecclésiastique avec nous autres, ceux que tu appelais il y a encore un demi-siècle les « papistes ». Je ne t’aime pas mais j’en suis triste. J’aimerais t’aimer si seulement tu pouvais admettre tes origines discutables, si tu assumais la part d’arbitraire, de totalitarisme qui a mené à ta naissance ; quand regarderas-tu enfin en face et sans faux-fuyant ton histoire. C’est un catholique qui te le dit. Regarde Notre … Ma très sainte Mère l’Eglise catholique romaine qui, depuis Vatican II, a décidé d’assumer TOUTE son histoire et même d’amener de la lumière sur les zones les plus sombres de son existence. J’ai été très touché quand tu as cloué le bec de tes fidèles évangéliques homophobes en adoptant la pratique d’une bénédiction devant Dieu des couples de même sexe. Je t’ai aimé un peu ce jour-là. J’ai été très fier que tu sois vaudoise.

Au fait, je n’ai pas fui tes rangs, je ne t’ai pas abandonnée. Tu n’as simplement pas fait ton travail. Mes parents, ma famille, tous sont protestants. Une date avait été arrêtée pour mon baptême ; j’étais un enfant de quelques mois. Il a fallu repousser, j’étais malade. En vingt ans, jamais tu ne t’es inquiétée à mon propos, jamais tu n’es revenue me parler de ce baptême manqué. Tu as envoyé, quand j’avais dans les neuf-dix ans, un pasteur à face de carême dans mon école, dans ma classe. Il n’a fait que marteler aux gamins que nous étions qu’il ne fallait pas prier Dieu « pour avoir de bonnes notes ou pour avoir de jolis cadeaux à Noël ». Déjà que Dieu, on ne pouvait pas le voir mais si, en plus, il ne sert à rien de sympa, autant le balancer aux objets encombrants même s’il n’est pas là tout en étant partout !!! Ton incurie, ta maladresse m’ont éloigné de Dieu jusqu’à près de 20 ans. J’aurais pu mourir 100 fois hors du baptême. Si tu crois encore en tes sacrements, tu comprendras le péril auquel tu m’as exposé. Comme tu peux t’en apercevoir, je ne suis pas encore mort et j’ai eu le bonheur d’être baptisé. J’y vois la marque de la volonté divine. Tu as négligé tes devoirs et c’est l’Eglise de Rome qui m’a accueilli. Elle n’est pas venue me chercher ; après un épisode de révélation, je me suis mis à rôder autour du tabernacle, je recherchais la présence de Notre Seigneur et je l’ai trouvée. J’ai connu alors une vérité mystique indicible si éloignée de la stérilité de tes temples souvent aussi accueillant qu’un hall de gare. Je sais, là ou deux ou trois sont réunis en Son Nom, Il est présent, pas besoin d’avoir des temples ruisselants de dorures, chargés d’images et de vitraux, c’est contraire à tes principes. Sur les bancs de tes lieux de culte, je n’ai jamais rencontré personne, au mieux j’y ai trouvé le sommeil.

Chère église évangélique réformée du canton de Vaud, tu excuseras le ton très franc voire même provocateur de ma lettre. J’ai décidé de te parler sans ménagement dans l’espoir de, peut-être, m’entendre enfin avec toi. Je ne rejoindrai jamais tes rangs, je ne reviendrai pas sur ma confirmation. Du reste, si j’avais été baptisé dans ton culte, je ne t’aurais pas quittée. Peut-être serais-je même devenu pasteur. Je viens témoigner de l’attente de mes coreligionnaires, à savoir laisse-nous à nouveau célébrer les mystères de notre foi dans cette cathédrale que nous avons construite, dans ces églises, ces chapelles dans lesquelles nous avons affermi notre foi. Nous pouvons partager; ces lieux sont devenus aussi les vôtres. Une messe par an à la cathédrale, c’est bien trop peu. Laisse-nous y donner une messe par semaine, le samedi en milieu d’après-midi, lorsque ça ne dérange pas le calendrier des cultes ou en semaine, pourquoi pas, le jeudi par exemple, n’importe quand nous ira mais, par pitié, assume ton histoire et ne nous prive pas de la nôtre en nous fermant la porte de nos église ancestrales. 


lundi, novembre 06, 2017

Retour de Budapest et à propos de la consultation de mon blog


J’eusse aimé … mais pas le temps, pas le temps entre la présidence du Conseil Communal et toujours quelques projets littéraires. Donc, sous l’impulsion de l’association des employés de l’établissement où « j’évangélise », j’ai visité la capitale hongroise. Je n’ai pas vu mes collègues, léger problème d’organisation, on ne change pas une équipe qui gagne surtout quand elle perd … Bref, j’ai découvert Budapest, versant touristique, difficile d’aller au-delà, quelques ouvertures toutefois, lorsqu’on dépasse la barrière de la langue. La ville a retrouvé l’éclat d’une capitale d’empire, le cosmopolitisme K und K de l’universalité en mode germanique, cette vision du monde capable d’intégrer au-delà de son groupe culturel. Quoiqu’en l’occurrence … Beaucoup de touristes, beaucoup de sécurité, pas de mendiants, pas un seul dealer, quelques SDF, âgés et locaux. Je peux imaginer toutes les détresses que cache cette situation quasi idyllique mais le flâneur y trouve son compte. J’ai déambulé dans cette ville qui m’est étrangère comme il y a trente ans dans Lausanne. Il est vrai que je n’ai pas visité la banlieue. Atterri samedi après-midi, envolé le mardi suivant en début de matinée. Dans l’intervalle, j’ai sillonné la Váci utca, hybride de la rue de Bourg, de Saint-Denis et du faubourg Saint-Honoré, à la fois chic, pute et touristique qui débouche sur la Vörösmarty tér, belle place bornée par une institution : le salon de thé Gerbaud, établissement de tradition fondé en 1858, fournisseur officiel de maisons royales. Le décor n’a pas changé, ni les gâteaux, ni l’atmosphère. Budapest a grandi sitôt devenue la capitale du royaume hongrois et, parallèlement, une villégiature pour la cour, la bonne société autrichienne. On continue, du reste, de vous servir en allemand au Café Gerbaud alors que l’anglais a tout supplanté ailleurs.

La bulle touristique budapestoise a donc imposé l’anglais comme une garantie d’émancipation de la Hongrie nouvelle, maîtresse de son destin, quasi triomphante sous la férule de son guide Viktor Orbán et, surtout, indépendante de Bruxelles ! De l’autre côté, le « viktator » fait la chasse aux institutions étrangères installées sur sol hongrois. Comment se glisser de l’autre côté du rideau ? Effleurer la réalité budapestoise outre les échanges standards avec serveurs, vendeurs, chauffeurs de taxi et hôtesse d’accueil ? Trois séquences. La première, messe dominicale à la basilique Saint-Etienne, fête de Notre Dame de Hongrie. De vieux habitués aux premiers rangs, la nef est pleine, une foule fervente, belle participation, communion dans la foi, l’histoire et l’identité nationale, toujours douloureuse après l’occupation ottomane et son martyr consécutif, la partition du territoire post-diktat de Versailles, l’entrée dans l’Axe en 1940 (totalement assumée et paradoxalement problématique) et pour finir l’abandon à la dictature stalinienne. La chute du mur et l’intégration européenne représentaient une libération, Bruxelles est conçue comme une tentative de domination supplémentaire. Et encore de l’anglais, une traduction de l’homélie, les Hongrois sont conscients de la difficulté et de la rareté de leur langue. Deuxième séquence, une conversation de bistrot avec un autochtone voulant s’informer de la provenance de mon sac et l’échange s’est poursuivi sur des considérations sociales. Mon interlocuteur est issu de la minorité roumaine, il fait une formation d’assistant dentaire. Il me dit que la vie est chère mais la ville est belle, sa fréquentation est douce. Pas un mot quant aux discriminations auxquelles cette frange de la population hongroise est en bute. Nous parlons encore des nombreuses églises de la ville, mon assistant dentaire est catholique, pratiquant, il me l’a dit, il porte une croix et une médaille autour du cou. Troisième séquence. En redescendant de la colline de Buda, envie de m’arrêter dîner dans un restaurant végétarien de quartier. Il faut que je retire de l’argent liquide, une banque m’ouvre son guichet électronique à côté, un espace criard et trop éclairé, la porte ne répond pas à ma postcard, une femme derrière moi me baragouine quelque chose en anglais, je pense à une gentille siphonnée, SDF selon la denture, l’absence de denture et les sacs plastiques superposés. Un client qui sort me tient cette fichue porte, la femme me suit. Elle cherche certainement un abri pour la nuit. Elle me demande quelle langue je parle, elle pratique le français, à un très bon niveau, une langue émaillée de quelques expressions maladroites. J’attends sa demande, une obole, j’ai un billet de 500 forints en poche, un peu moins de deux francs suisses, le distributeur de la banque ne m’a gratifié que de très grosses coupures. La conversation avance. Toujours pas de demande, cette femme me raconte qu’elle était enseignante, je veux bien la croire. A part les dents, les sacs et un trou dans la manche de son manteau, elle présente un aspect normal, presque coquet. Elle parle poésie, me demande mon adresse, pour m’écrire, toujours aucune demande d’argent. J’ai l’impression de tourner une scène du « Rideau déchiré » et la comtesse Kuchinska de demander une adresse, voudrait-elle d’un répondant afin de pouvoir quitter le pays ? Légère honte, je suis pris au dépourvu, je donne l’une de mes anciennes adresses lausannoises, j’accepte la sienne, une sous-location apparemment, dans un village de la banlieue éloignée. Je lui tends le billet de 500 forints avec une pièce de 200, elle me demande pourquoi ce geste ? Je lui rétorque que je suis moi-même enseignant, que je sais les retraites extrêmement maigres dans les pays de l’ex-bloc soviétique, c’est un geste de solidarité entre gens de la même profession, je lui désigne le trou sur sa manche et lui dis avoir deviné que sa situation ne doit pas être facile tous les jours. Nous échangeons quelques propos sur la politique hongroise, elle baisse la voix et me glisse « Orbán est un malade mental ». Les Hongrois ne parlent pas de politique, en tout cas pas avec des étrangers, très peu de slogans dans la rue. Du reste, il n’y a quasi pas de tags, pas d’affichage sauvage, uniquement la retape officielle pour des élections futures en format international sur les grands boulevards d’accès, sinon rien. La bulle.

Budapest m’a profondément touché, la ville est incontestablement belle, je l’ai un peu « cartographiée », je suis allé de-ci de-là, multipliant les moyens de transports et cette barrière de la langue, à l’oral mais aussi pour comprendre ce qu’indique les enseignes, les panneaux. Je sais que j’y reviendrai, non pas pour ses « ruin bars » ou pour aller trempatouiller dans de l’eau tiède avec des obèses russes et des chinois aux conceptions hygiéniques exotiques, je me baigne soit lorsque j’ai chaud ou que je suis sale. Si j’ai froid, je me mets sous la couette avec quelques chiens en guise de bouillotte et l’affaire et faite. Non, je reviendrai à Budapest car, sur le pont Margit, sous les derniers rayons du soleil, la ville parlait, elle raconte ses collines, ses quartiers, son histoire, sa grandeur même si elle y croit bien moins que tous les dirigeants politiques qui se sont succédés dans ses palais. Elle est une étape, un relais, près à être réactivé un jour prochain et je compte en être témoin.


Second point que j’avais envie d’aborder dans ce billet – j’eusse pu en écrire un second mais par économie de temps, je vous fais un combo – second point donc, la fréquentation de mon blog. Si vous-même êtes contributeur d’une publication en ligne, vous savez que dans la coulisse, vous pouvez obtenir toute sorte de renseignements statistiques, entre autres l’origine nationale de vos lecteurs. Bizarrement, la consultation du « Monde de Frevall » a explosé outre-Atlantique dès l’élection de Donald Trump à la présidence ?! Ce n’est peut-être qu’un hasard mais j’imagine les p’tits gars de la NSA, l’un des préposés au groupe de surveillance en français tombant sur ma prose et s’en entichant, une petite fiche de signalement afin de satisfaire sa curiosité de lecteur tout à son aise. Peut-être qu’il s’agissait d’une mission de renseignement en vue du voyage de POTUS en Europe ? Dès l’arrivée de l’intéressé sur le vieux continent, le nombre des consultations chute drastiquement et mon blog retourne dans sa confidentialité originelle. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Figurez-vous que, depuis août, la fréquentation remonte grâce à mes visiteurs … russes ! On peut donc légitimement imaginer que les aléas de la politique morgienne soient connus du FBI, de la CIA et du FSB (nouvel avatar du KGB). 

mardi, octobre 17, 2017

"Léo et Louis" d'Alain Primatesta

Il est de ces romans, légers en apparence, qui se prolongent par un parfum subtil sitôt la dernière page tournée. Il s’agit en général de récits brefs, une histoire en passant, une histoire, celle du garçon d’à côté, de sa mère ou de son père … Quoique, avec « Léo et Louis » d’Alain Primatesta, les pères n’ont de loin pas le premier rôle.

Rome, une mère célibataire, son fils grand ado, une lettre, un courrier, un faire-part, on annonce le décès d’une femme, la femme d’un homme qui aurait pu, qui aurait dû être  l’époux d’une autre. L’ado, curieux, pose quelques questions, interroge et le voile sur un secret vieux de dix-huit ans se déchire. Robert Laprat, l’expéditeur du faire-part, est le père de Léo. Cette prime révélation va pousser notre jeune héros dans une sorte de billard existentiel. Il n’est pas le joueur, il est la bille, frappée par une autre bille ; il rebondit contre la bande et frappe une troisième bille qui disparaît dans une poche. Plus prosaïquement, Léo décide de partir à la rencontre de ce père inconnu, ce Robert en totale rupture et commence un périple ferroviaire italien doublé d’un second récit en échos, mise-en-abîme, un roman trouvé coincé sous un siège.

Primatesta nous promène avec délice dans cette Italie post-félinienne, parmi les aléas de la Ferrovia Statale, et l’auteur s’y connaît, c’est un grand spécialiste de la chose ferroviaire ! Il nous raconte Milan, la Stazione Centrale, le chic lombard, l’opulence, l’exubérance et la retenue de la grande ville. Il le fait dans une langue claire, une belle écriture blanche, le détail parlant, une délicatesse d’autant plus adéquate que le récit prend alors un virage, une rencontre, le jeune Léo se découvre et le lecteur alléché le découvre par la même occasion. Il n’est pas question de sensualité en vrac, déballage de nichons plus ou moins flétris ou concours de calibres, avec tout ce que l’on n’aimerait pas savoir de la pratique des boîtes à cul … Primatesta nous offre de l’érotisme, du vrai, pur et dur (prenez-le comme vous voudrez), de l’allusif encore plus électrique que dans « Les Amitiés particulières », de ce cochonnet de Peyrefitte. Il faut dire que l’époque n’est plus la même et qu’il n’est pas question de décapsulage tarifé ou de qui fait l’homme, qui fait la femme ?

Comme annoncé plus haut, le récit central fait échos à une aventure sentimentale qui, elle, se serait déroulée au début du XXème siècle, dans l’arrière-pays niçois. On croirait lire un roman de Germaine Acremant (Ces dames aux chapeaux verts) ou de Jean de la Brète (Mon oncle et mon curé), cette bonne littérature populaire de la fin du XIXème et du début du XXème, pleine d’humour, de situations piquantes, de bon sens et d’une certaine morale. Léo lit les aventures de Louis et, peut-être, un lecteur de « Léo et Louis » se sentira personnellement interpelé, reconnaîtra le motif … ou la figure pour reprendre la métaphore billardesque précédemment filée. Bref, avec « Léo et Louis », Primatesta ne cherche pas à éblouir par quelque effet, c’est un bon artisan, un excellent conteur qui, au passage, nous en apprend pas mal sur l’histoire du transport public. De belles scènes, de jolis panoramas, des personnages crédibles, des situations touchantes : ne reste plus qu’à adapter « Léo et Louis » au petit écran, une jolie mini série de 5-6 épisodes pour la prochaine saga de l’été.



lundi, septembre 11, 2017

Première séance sous ma présidence.

J’ai apperemment raté une grande carrière d’humoriste … Première séance du Conseil Communal sous ma présidence, 28 pages de fil rouge, tout le déroulement de la soirée selon … selon ce que j’en connais depuis les deux ans (ou un rien moins, il me semble que je suis entré au Conseil Communal novembre 2015), donc selon ce que j’en connais, ce que j’en ai appris au cours d’une année de vice-présidence, ce que l’on m’en a dit et les explications que j’ai reçues. J’ai aussi longuement consulté les notes de mes prédécesseurs, sur Dropbox. J’ai reçu les codes de cette mémoire dans le « nuage » avec un pin’s aux couleurs de Morges et une pince à cravate armoriée de même, les prérogatives du président ! Et il y a eu la séance du bureau du Conseil, le mardi de la semaine précédente, l’occasion de servir du thé aux membres de ce cénacle au service du bon déroulement de l’institution présidentielle.

Je commence par les salutations alambiquées, je poursuis par le panégyrique de mon prédécesseur, les divers du bureau et, bing, ça commence. Un importun conteste le fait que je soutienne une pétition contre la fermeture d’un bureau de poste excentré. Bon, bon, je fais voter, le Conseil me soutient, jusqu’ici ça va, comme le disait l’homme qui s’était jeté du haut du vingtième à chaque étage le séparant du sol. Ça se corse avec une motion transformée en  postulat et, surtout, le vote du Conseil sur la chose. On ne peut pas simplement lancer à la cantonade « Etes-vous d’accord de faire comme on vient de dire ? » Que nenni, Il faut refuser pour accepter la décision selon une formule précise. La dite formule est surtout parlante aux vieux routiers qui, en général, se tiennent sur les premiers rangs de chaque groupe, histoire de donner l’exemple au reste de la troupe.

A ma décharge, je n’étais pas le seul dans le jus ! La scène était cocasse même de ma place, et pendant que chacun discutait le bout de gras, j’avais le temps de la réflexion. J’ai tout de même tout fait tout bien sur LE point important de cette onzième séance de la législature (quoique j’aie un doute, onzième ou douzième séance ?). Et pour le reste … J’ai fait face, avec le plus de naturel possible, et humour. Du coup, les Conseillers sont repartis de bonne humeur, plutôt détendus. J’ai inauguré le Conseil interactif. Chacun se prononce sur les décisions, soit, mais avec moi chacun a pu discuter de la forme, plongeant dans le règlement, proposant son interprétation. Pour l’occasion, j’avais sorti l’image de saint Expedit, le saint que l’on prie pour que les choses aillent vite et, effectivement, à 22h15, la séance était bouclée. Je vais peut-être rajouter sainte Rita pour la 12ème (ou 13ème ) séance de la législature, la sainte patronne des causes impossibles et désespérées.

Je n’ai pas eu de mauvais retours, finalement. On s’est bien diverti et pas même à mes dépens. Je ne vais pas réitérer le même numéro lors de ma prochaine prestation. Je reverrai volontiers la mise-en-scène mais ça n’est hélas pas possible, quel ennui. On pourrait faire un entre-acte, thé, café, biscuits et laisser de côté les commissions « bout de tuyau » ?! Oh, je pourrai toujours faire une proposition pour l’entre-acte dès la fin de ma présidence, une interpellation ? Non, pas assez contraignante, je glisserai une motion et, selon les conclusions de la commission, hop, je la transformerai en postulat.


vendredi, août 11, 2017

L'honneur des plus faibles (3ème extrait de "Credo")

Hier soir encore, je regardais un épisode de « Maigret » intitulé « Le témoin récalcitrant ». Il y avait Paris, sous la pluie, l’inspecteur, sa pipe et son pardessus ; il y avait la musique de la ville, le chant des pneus sur l’asphalte mouillé. L’histoire était sordide, affaire de gros sous, de paraître et de bonne famille. Maigret a pris un blanc sec, un cassoulet en plat du jour, quelques reproches d’un juge d’instruction, un monsieur qui dîne en ville et, en échange, il a donné de la voix, dans la finesse, le tact et beaucoup de commisération, quasi de la tendresse. J’ai toujours trouvé mes modèles chez des enquêteurs, parfois de super-enquêteurs, Steed, Poirot et Maigret. Ce dernier s’impose à moi à postériori ; il diffère du fait de son humilité, des ses manières communes et de sa non-élégance. Il est au-delà. Bruno Kremer le fait toujours avancer d’un pas égal et pesant, quelque chose de terrien et de confiant. Maigret ne rentre pas dans le moule ce qui ne fait pas avancer sa carrière. Ça ne le touche pas plus que tant. De même, il n’est pas attaché à la vérité de façon névrotique. Il résout des situations plutôt que de traquer le coupable. Et toujours la toute petite musique du monde tel qu’il tourne pour les négligés, les pauvres, les demi-déclassés. Le vrai luxe tient dans un lit profond, nombreux oreillers, une couche matrimoniale en faux Louis XV avec le sommeil du juste qui va de pair. Maigret, si moche soit le monde et discutable la vie de son auteur, nous parle de douceur, un tout petit geste, des riens tels qu’apporter des cigarettes à un détenu, retourner pour rien auprès d’un témoin, le laisser épancher sa peine, se soucier des canaris d’un défunt ou, pour Madame Maigret, donner un petit rien à un père divorcé qu’il pourra offrir à sa fille. Nous avons besoin de douceur, de ces gestes qui ne sauvent pas mais apaisent et accordent le pardon, comme l’invitation à sommeiller dans une couche céleste, le grand repos et tant pis pour ce qui n’est pas achevé, pour ce qu’il faut faire, sortir de l’urgence par une caresse, la main compatissante et invisible qui absout tout et couche dans le même lit de tendresse le lion et l’agneau, la victime et l’assassin, le condamné et le bourreau. « Ils ont brisé leurs glaives en charrue », traduction des plus libres et de mon cru (j’ai très peu fait de latin), voilà qui ouvre de belles perspectives mais « ils ont déchiré leur orgueil en une couche », ils ont réduit en petits morceaux, en charpie la précieuse étoffe de leur orgueil pour en bourrer le matelas, l’édredon et l’oreiller d’un lit idéal, le repos des pauvres, des boiteux, des esseulés compose le véritable mot d’ordre auquel notre cœur doit s’attacher.


Paradoxalement, Berlin m’a offert la bonhommie de Maigret. Paris, l’occupée, la libérée, la vainqueur  n’a jamais pu offrir ne serait-ce qu’un peu de soulagement. Le triomphe, si maigre soit-il, interdit ce genre de charité. Berlin l’humiliée, la ravagée, la divisée a, dès la réunification, tourné son attention vers les « petits », les plus faibles, soigner leur honneur piétiné, offrir enfin le repos que n’osaient plus espérer les cœurs fatigués.

mardi, août 01, 2017

Discours du 1er août, célébration officielle Morges 2017

Monsieur le syndic, Mesdames et Messieurs les municipaux, chers collègues du Conseil, Mesdames et Messieurs de Morges ou d’ailleurs

Cette année, le conseil communal a élu un historien à sa présidence, permettez-moi donc de revenir sur deux ou trois éléments historiques constitutifs de notre fête nationale. Premier scoop, le 1er août n’a été déclaré fête nationale qu’à partir du jubilé de 1891, et ce jubilé n’a pas connu le même retentissement que notre récent 700ème anniversaire de la Confédération. Soit, trois représentants de Uri, Schwytz et Unterwald ont fait un serment au nom de leur Etat respectif mais la portée du dit serment n’était que défensive. On est encore loin d’une Constitution en ce 1er août 1291. On ne sait même pas si les trois intéressés ont signé un pacte. Celui que vous pouvez voir aux Archives des chartes fédérales est, selon certains historiens, une réplique, postérieure, un joli document qui fait sérieux parce que nos trois Suisses, en cette fin de XIIIème siècle, ne se doutaient pas que leur union allait faire florès. De la confédération des trois, aux huit, aux treize cantons – notre patrie s’est construite comme l’Europe Unie – cette proto-Suisse s’est fait une place mais on reste très loin d’un État organisé par une Constitution. Jusqu’au XVIIIème siècle, l’indépendance de ce qui n’est pas encore vraiment un pays est garantie par le roi de France. Il lui arrive d’arbitrer les conflits entre les confédérés et leurs voisins. Lorsque Berne dévore la pacifique Savoie et occupe le territoire vaudois, nous prive de nos droits civiques, interdit la pratique de notre folklore et nous impose une morale et une foi qui ne sont pas les nôtres, la couronne de France va venir à la rescousse de notre malheureux souverain, le duc de Savoie, et lui obtenir la restitution du Pays d’Annemasse, du Genevois, du Pays de Gex et d’un partie du Chablais. A propos de la France, c’est même une figure politique majeure de son histoire, le cardinal de Richelieu, qui aurait inventé notre nom français : les Suisses. Il était lassé de s’écorcher la bouche à dire les « Schwitz » pour parler de la garde du même nom.

Jusqu’en 1798, on est encore assez loin d’un État de droit garanti par une Constitution ! En cette fin de XVIIIème agité, lorsqu’on éternue à Paris, c’est une tempête à l’autre bout de l’Europe. Et c’est ici qu’intervient notre grand patriote, je pense à Frédéric-César de la Harpe. Il va galvaniser les Vaudois – et il en faut de l’énergie et de la volonté pour galvaniser un tel peuple ! – il va mener ses concitoyens à la révolution. Il agit depuis la Cour de Russie où il occupe la charge de précepteur du futur tzar Alexandre Ier. Après un bref retour dans la République de Genève voisine, il sera appelé à rencontrer directement Bonaparte dont il avait l’oreille, la sympathie et le soutien. Laharpe va réussir à nous faire libérer de l’occupation bernoise. Il n’est pas seul dans ce canton, il est appuyé par son fidèle ami morgien Henri Monod, et par d’autres révolutionnaires, Peter Ochs à Bâle entre autres. Ensemble, ils vont tous tenter l’expérience de la République helvétique, avec une Constitution qui, de loin, ne plaît pas à tous. Il n’y a pas de démocratie possible lorsqu’on impose un système, si parfait soit-il. L’adhésion du peuple à ses propres autorités est nécessaire. C’est pourquoi Bonaparte apporta l’Acte de Médiation à la Suisse après l’échec d’un Etat centralisé, il inventa notre fédéralisme !

Coup de théâtre en 1815, la puissance tutélaire s’effondre définitivement. Napoléon est envoyé à Sainte-Hélène et le Congrès de Vienne décide d’agglomérer les cantons suisses à la Confédération germanique, de céder le  Valais et Genève à la dynastie des Bourbons rétablie sur le trône de France et de restaurer l’autorité d’occupation bernoise sur ses anciens Etats vassaux. Par bonheur, le grand Laharpe gagna pour la seconde fois l’indépendance de notre canton en faisant intervenir son influent élève, le tzar Alexandre Ier. Alexandre exigea donc que le Congrès déclare la Suisse une, neutre et indivisible dans sa forme proto-fédérale et garantisse de même l’indépendance des cantons entre eux. Berne reçut en dédommagement les territoires francophones de l’ancien évêché de Bâle pour le malheur des Jurassien. Et on accommoda l’Acte de médiation pour en faire le pacte fédéral.

Retrouvons à présent cette Suisse des premiers temps, Uri, Schwyz, Unterwald devenu depuis lors Obwald et Nidwald, soutenus par Lucerne, Zoug, Valais et Fribourg. Tous ces cantons ont pour point commun le fait d’être catholiques et ruraux. Ils ne se sentent pas garantis dans leur intégrité territoriale. Ils ont peur de Zürich, Berne ou Genève. Ils concluent alors un pacte secret, une ligue d’exception, une Sonderbund. Ils mettent en place des milices défensives et vont chercher appui auprès des puissances étrangères dont, ironie du sort, l’empire autrichien, celui-là même contre lequel ils s’étaient rebellés en août 1291. Et comme tout secret finit toujours par être éventé, la diète fédérale (l’exécutif suprême à l’époque), somma les intéressés de dissoudre leur ligue, ce qu’ils refusèrent et ce fut la guerre civile, la guerre du Sonderbund menée avec tact et efficacité du 3 au 29 novmbre 1847 par le général Dufour. Sitôt la victoire remportée, il imposa l’idée d’un véritable Etat nation, de notre Etat fédéral. On se dota enfin de notre première vraie constitution dès 1848, et d’une capitale à Berne, d’un tribunal fédéral à Lausanne et d’une école polytechnique à Zürich.

On est alors assez près de l’idée que l’on se fait aujourd’hui de notre Suisse. On vante les mérites de chacun, on construit un palais fédéral recouvert de fresques allégoriques et mythologiques, on va se chercher des origines communes. On ne se raconte pas des histoires mais une histoire, presque vraie, pas moins fausse que celle de nos grands voisins. On tâtonne un peu, Guillaume Tell est de la partie, nos trois Suisses aussi, Winkelried, on susurre même pour faire plaisir aux romands le nom de la reine Berthe mais elle est trop catholique, et c’est une femme. On préfère la figure tutélaire de vrais hommes, et on a une bien belle Constitution que l’on rénove en 1874, et on finit même par remettre en avant le fameux pacte du 1 août 1291, on décide que ce sera le 1er même si le texte du pacte ne fait référence qu’à « début août » et tous les voisins ont leur fête nationale, pourquoi pas nous ? et ça fera bientôt six cent ans que ce pacte a été conclu, si ce n’est pas une bonne raison pour instituer nous aussi notre fête nationale !

Mesdames, Messieurs, chers concitoyennes et concitoyens, ne soyons pas embarrassés par l’aspect artificiel de nos célébrations, regardons plutôt la très longue route de 1291 vers 1848, vers cette première Constitution dont nous sommes tous les filles et les fils. Soyons fiers du chemin parcouru sans pour autant être oublieux de l’histoire, l’authentique, celle que l’on n’ose pas trop évoquer de peur de fâcher un canton voisin, ou quelque personnage historique à l’aura intouchable. Oui, Zürich cherchait à travers la seconde guerre de Kappel à imposer sa domination économique plus que sa vision du protestantisme. Oui, Berne a occupé et exploité notre canton durant plus de 250 ans, entre autres sous un fallacieux prétexte religieux. Oui, la révérée Germaine de Staël n’était pas une amie de la révolution vaudoise, à laquelle elle s’est opposée, entre autres par peur de perdre son important patrimoine. Tout cela est vrai quoique pas très agréable à entendre. Nous n’en sommes pas moins restés unis. Au-delà des inimitiés, des discordes, de la méfiance, nous sommes un pays, solide, prospère, pas encore au sommet de nos capacités démocratiques. Il a fallu attendre 1971  pour que l’on accorde enfin le droit de vote fédéral aux femmes et vingt ans plus tard en Appenzell Rhodes-Intérieures.


Mesdames, Messieurs, chers collègues du conseil afin que nous continuions tous à progresser sur les voies de la démocratie, je vais vous demander d’associer toutes celles et ceux qui ont fait notre pays, quelques soient leurs origines, culture, langue, confession. A titre d’exemple,  je vous soumets les noms d’Auguste Piccard, Frédéric-César Laharpe, Bonne de Berry, Amédée VIII, saint Nicolas de Flue, Jeanne Hersch, Rudolf Steiner, Karl Gustav Jung, Robert Walser, Louise Ruedin, Guillaume-Henri Dufour, Léna Boegli ou Félix Vallotton. Ils ont tous et tant d’anonymes, fait la Suisse. A chaque premier août, nous pouvons les associer à nos festivités. Ne nous cachons pas la vérité, il reste encore beaucoup à faire. Nous n’avons pas encore réalisé une complète égalité homme-femme, nous n’avons pas encore un vrai congé parental, il reste encore à accorder le mariage aux personnes de même sexe et sauver nos retraites par le revenu de base inconditionnel, sans parler de la condition animale. Tout cela sera pour demain. Aujourd’hui fêtons dignement la patrie, Vive la Suisse, vive le Pays de Vaud. 

Frédéric Vallotton
président du Conseil Communal 
Morges