Festivité du schisme luthérien aux portes de Notre Dame de Lausanne |
A l’occasion
des cinq cents ans du schisme luthérien, tu as fêté cet anniversaire en tenant
des stands ici ou là au marché. Je t’y ai rencontrée et ai échangé quelques
paroles avec des tes représentants, une femme entre-autre, soit femme de
pasteur, soit pasteur ou pastrice, je ne sais pas exactement quel titre tu
donnes à tes ministres du culte de sexe féminin. En quelques paroles, le ton
est monté. La dame encaissait assez mal la réalité historique qui a mené à ta
naissance, à savoir que tu étais l’Eglise de l’occupant bernois, que cet
occupant s’est surtout servi de toi à des fins de domination politique et de
contrôle social. Tu as fait ta place dans le Pays de Vaud car l’ours de Berne
avait interdit la pratique de la foi catholique en dépit du profond et fidèle
attachement des Vaudois pour Notre Sainte Mère l’Eglise, celle de Rome, celle
qui a construit ce pays, qui a planté les vignes au Lavaux. La dame (pastrice,
épouse de pasteur ou fidèle enthousiaste) a encore eu le mauvais goût de
ressortir le fameux … fumeux et poussiéreux récit de la Dispute de Lausanne.
Une dispute ? un procès stalinien plutôt. Notre sainte Mère l’Eglise
catholique romaine et apostolique s’était refusé à participer à cette
pantalonnade. Farel et Calvin accompagné de Pierre Viret sont allés quérir un
obscur moinillon inculte pour le soumettre à leurs trucs et astuces de
sophistes lettrés … Ce bon Pierre Viret était surtout la caution locale de
cette comédie grotesque. Sais-tu, chère Eglise évangélique réformée du canton
de Vaud, pourquoi le prédicateur français Farel traînait par chez nous ?
Non ?! Il avait été engagé, salarié par Berne pour aller répandre la bonne
parole protestante à Neuchâtel et dans le Pays de Vaud. Il s’agissait d’exciter
les bourgeois à rejeter les autorités ecclésiastiques catholiques afin de se
mettre leurs biens dans la poche et déstabiliser au passage le pouvoir politique du duc de Savoie, notre bon maître
du Pays de Vaud. Quant à Calvin … Il est arrivé à Genève une peu par hasard,
appelé par Farel avant d’en être chassé avec ce dernier pour des histoires de pain
azyme, célébration de l’eucharistie. Je n’ai malheureusement pas remis la main
sur la source qui laisse sous-entendre d’autres raisons au renvoi de Calvin. Il
reviendra pour le malheur de Genève. Le reste de sa vie sectaire, les
condamnations au bûcher ou à l’estrapade qu’il exigea à plusieurs reprises ne
rendent pas le calvinisme très engageant …
La dispute de Lausanne, par F. Bocion, selon le récit de la légende officielle |
Pour en
revenir à la « Dispute », le moinillon se fit embrouiller en moins de
deux et Berne déclara qu’il avait ainsi été prouvé que le protestantisme avait
raison sur Notre sainte Mère l’Eglise. Depuis quand la vérité mystique d’une
religion, la sincérité de l’attachement d’un peuple à sa foi se prouvent sur la
base des conclusions d’une dissertation publique ? L’Amour de Dieu, la
Communion, la communauté des chrétiens catholiques ne se réduisent pas à une
joute verbale. Le site jean-calvin.org expose du reste à la va-vite cet
épisode, et d’une manière si caricaturale que j’en ai honte pour toi. Pour
revenir à ta servante, la dadame pasteurisant ou épouse de pasteur, le ton est
encore légèrement monté lorsque je lui ai exposé que, nous autres catholiques
vaudois, membres de la communauté religieuse majoritaire dans ce canton,
aimerions bien retrouver une partie de nos lieux de culte historique (la
cathédrale Notre Dame de Lausanne, l’Eglise Saint-François, l’église abbatiale
de Payerne ou de Romainmôtier), que nous cultivons un sens historique et que,
après la réforme tridentine et Vatican II, nous pourrions ainsi boucler la
boucle. Nous avons admis nos erreurs. Il ne s’agit pas de te chasser des tes
lieux de culte, il s’agit de partager, de revenir dans ces lieux saints du
catholicisme vaudois que, souvent, tu as pillé et dénaturé au nom de tes
convictions iconoclastes. La dadame était alors hors d’elle, m’assurant que ce
genre de décision ne m’appartenait pas, ni à elle, mais à l’autorité politique.
« Je suis un petit peu l’autorité politique et je compte interpeler
Mme la conseillère d’Etat Béatrice Métraux à ce propos. » La dadame est
restée sans voix et a fait mine de ne plus me voir. Le pasteur avec qui j’avais
aussi échangé, un homme de foi, un serviteur sur qui tu peux compter, a tenté
de détendre l’atmosphère par des propos œcuméniques avant d’entendre,
sincèrement, ma demande qui est la demande de tous les catholiques vaudois.
Rendez-nous au moins l’accès à notre cathédrale, nous pouvons sans autre la
partager comme nous partageons déjà la chapelle Saint-André, une construction
récente des hauts de Lausanne où sont célébrés tant la messe que le culte.
Chère
Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, je peux bien te le dire, je ne t’aime
pas. Néanmoins, je te respecte. Je pourrai me battre pour assurer ta pérennité
en terre vaudoise. Depuis quelques années, la Constitution vaudoise te force à
partager le gâteau de l’impôt ecclésiastique avec nous autres, ceux que tu
appelais il y a encore un demi-siècle les « papistes ». Je ne t’aime
pas mais j’en suis triste. J’aimerais t’aimer si seulement tu pouvais admettre tes
origines discutables, si tu assumais la part d’arbitraire, de totalitarisme qui
a mené à ta naissance ; quand regarderas-tu enfin en face et sans
faux-fuyant ton histoire. C’est un catholique qui te le dit. Regarde Notre … Ma
très sainte Mère l’Eglise catholique romaine qui, depuis Vatican II, a décidé d’assumer
TOUTE son histoire et même d’amener de la lumière sur les zones les plus
sombres de son existence. J’ai été très touché quand tu as cloué le bec de tes
fidèles évangéliques homophobes en adoptant la pratique d’une bénédiction
devant Dieu des couples de même sexe. Je t’ai aimé un peu ce jour-là. J’ai été
très fier que tu sois vaudoise.
Au fait, je
n’ai pas fui tes rangs, je ne t’ai pas abandonnée. Tu n’as simplement pas fait
ton travail. Mes parents, ma famille, tous sont protestants. Une date avait été
arrêtée pour mon baptême ; j’étais un enfant de quelques mois. Il a fallu
repousser, j’étais malade. En vingt ans, jamais tu ne t’es inquiétée à mon
propos, jamais tu n’es revenue me parler de ce baptême manqué. Tu as envoyé,
quand j’avais dans les neuf-dix ans, un pasteur à face de carême dans mon
école, dans ma classe. Il n’a fait que marteler aux gamins que nous étions qu’il
ne fallait pas prier Dieu « pour avoir de bonnes notes ou pour avoir de
jolis cadeaux à Noël ». Déjà que Dieu, on ne pouvait pas le voir mais si,
en plus, il ne sert à rien de sympa, autant le balancer aux objets encombrants
même s’il n’est pas là tout en étant partout !!! Ton incurie, ta
maladresse m’ont éloigné de Dieu jusqu’à près de 20 ans. J’aurais pu mourir 100
fois hors du baptême. Si tu crois encore en tes sacrements, tu comprendras le
péril auquel tu m’as exposé. Comme tu peux t’en apercevoir, je ne suis pas
encore mort et j’ai eu le bonheur d’être baptisé. J’y vois la marque de la
volonté divine. Tu as négligé tes devoirs et c’est l’Eglise de Rome qui m’a
accueilli. Elle n’est pas venue me chercher ; après un épisode de
révélation, je me suis mis à rôder autour du tabernacle, je recherchais la
présence de Notre Seigneur et je l’ai trouvée. J’ai connu alors une vérité
mystique indicible si éloignée de la stérilité de tes temples souvent aussi
accueillant qu’un hall de gare. Je sais, là ou deux ou trois sont réunis en Son
Nom, Il est présent, pas besoin d’avoir des temples ruisselants de dorures,
chargés d’images et de vitraux, c’est contraire à tes principes. Sur les bancs
de tes lieux de culte, je n’ai jamais rencontré personne, au mieux j’y ai trouvé
le sommeil.
Chère
église évangélique réformée du canton de Vaud, tu excuseras le ton très franc
voire même provocateur de ma lettre. J’ai décidé de te parler sans ménagement
dans l’espoir de, peut-être, m’entendre enfin avec toi. Je ne rejoindrai jamais
tes rangs, je ne reviendrai pas sur ma confirmation. Du reste, si j’avais été
baptisé dans ton culte, je ne t’aurais pas quittée. Peut-être serais-je même
devenu pasteur. Je viens témoigner de l’attente de mes coreligionnaires, à
savoir laisse-nous à nouveau célébrer les mystères de notre foi dans cette
cathédrale que nous avons construite, dans ces églises, ces chapelles dans
lesquelles nous avons affermi notre foi. Nous pouvons partager; ces lieux sont
devenus aussi les vôtres. Une messe par an à la cathédrale, c’est bien trop
peu. Laisse-nous y donner une messe par semaine, le samedi en milieu d’après-midi,
lorsque ça ne dérange pas le calendrier des cultes ou en semaine, pourquoi pas,
le jeudi par exemple, n’importe quand nous ira mais, par pitié, assume ton
histoire et ne nous prive pas de la nôtre en nous fermant la porte de nos
église ancestrales.
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