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mercredi, février 14, 2018

Intervention à propos du "Livre sur les quais".

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, chers collègues,
 
Je suis descendu de mon perchoir afin de vous faire part d’une ou deux réflexions propres à éclairer votre vote.
 
70'000.- voire même 100'000 francs pour un événement qui porte loin à l’aronde le nom de Morges, ce n’est pas cher payé. Dans cette même fourchette de prix, nous ne pourrions pas nous offrir une campagne de promotion touristique aussi efficace ni aussi prestigieuse. Il serait regrettable de mettre en péril une manifestation aux retombées positives et il faut effectivement opter pour une professionnalisation de son organisation. Voilà la raison pour laquelle il a été fait appel à « Grand Chelem Event SA ». Ce nouvel intervenant n’est pas une organisation de bienfaisance mais une société anonyme, une entreprise à but lucratif. Elle a commencé par éponger les dettes du « Livre sur les quais » et nous l’en remercions. Il est naturel qu’elle compte rentrer dans ses frais le plus rapidement possible et dégager un bénéfice par la suite. Elle s’est du reste déjà fait payer ses services d’un professionnalisme indiscutable. Ce même professionnalisme lui a dicté d’introduire un «pass » d’entrée payant lors de l’édition de 2017.
 
Que la commune subventionne « Le livre sur les quais » à hauteur de 70'000.- ou de 100'000 francs, il n’en demeure pas moins que les acteurs centraux de cette manifestation restent négligés. Des visiteurs sont venus pour les écouter, pour les entendre s’exprimer sur tel ou tel sujet, ces visiteurs ont même payé 15.- francs pour cela l’année dernière et les auteurs n’ont rien touché ! Hormis, une minorité qui a eu les honneurs de la salle Belle Epoque, des croisières ou des petits-déjeuners au Beau-Rivage Palace. Tant mieux pour eux ; ils sont au moins rémunérés pour leur travail. D’autres auteurs ont parfois la chance d’être salariés ou largement défrayés par leur maison d’édition, de ces grandes maisons au solide budget promotionnel. Ce n’est  malheureusement pas dans les moyens de nos maisons romandes, même les plus prestigieuses, en dépit du soutien très actif du canton de Vaud et des communes vaudoises. Vous me direz que tout ce qui touche aux auteurs est du domaine de la direction artistique du « Livre sur les quais ». Effectivement, cette instance, de sa propre volonté ou sur proposition des maisons d’éditions, délivre ses invitations. C’est à la fois un honneur et un devoir pour un auteur romand de répondre présent, du moins c’était un honneur. Depuis l’entrée de Grand Chelem Event SA dans la danse, comme un parfum de duplicité s’est mis à flotter sur les quais. Grand Chelem Event SA aurait donc à gérer, aussi, la rémunération, même symbolique, des auteurs renommés ou non.
 
Je me permets encore de vous rappeler qu’être auteur est une activité professionnelle tout comme être un élu de l’exécutif morgien, un employé de commerce au Centre patronal vaudois, un employé de commerce de détail à la Coop ou un agriculteur. Et encore plus sûrement que dans cette dernière profession, l’auteur ne vit pas du fruit de son labeur. En quoi consiste son travail ? L’auteur rédige des textes ou construit son œuvre, il soumet son travail à une ou plusieurs maisons d’édition. Parfois, rarement, il répond à une commande, et pour cela touche un à-valoir, une somme forfaitaire correspondant à une avance sur ses droits d’auteurs. Les droits d’auteurs varient entre 10 et 15% du prix de vente selon le contrat type proposé par les maisons d’éditions suisses. On parle de 8% en Allemagne. On considère qu’une œuvre romande vendue à 2000 exemplaires est un rare succès. La plupart des auteurs romands connaissent des ventes de 400 à 500 exemplaires. Si l’on fixe le prix moyen d’un volume de littérature romande à 25.- , je vous laisse faire les comptes. L’auteur travaille encore avec l’éditeur à l’ajustement de son texte, parfois donne son avis sur le graphisme de la couverture. Après publication, il accepte la charge de la promotion, à savoir des séances de dédicaces et, parfois, des interviews dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision/chaîne Youtube, etc. Ces interventions à caractère publicitaire sont soit courtes, soit peu impliquantes. De plus, les extraits de son ouvrage qui seront lus à ce moment-là sont rémunérés et les droits perçus par l’organisation professionnelle Pro-Litteris. Le travail de l’auteur s’arrête ici. Si ce dernier est invité dans une école ou dans une manifestation à caractère gratuit, il accepte occasionnellement d’intervenir gracieusement. S’il s’agit d’une institution universitaire, il sera rémunéré, quitte à ne toucher qu’un centaine d’euros. L’auteur doit être rémunéré dès qu’il assure le show, qu’il s’agisse d’une conférence, d’une table ronde, d’un « parloir », « confessionnal » ou autre « speed dating » selon les appellations propres au Livre sur les Quais. Si modeste soit la rémunération, c’est une question de respect, respect dont témoignerait une manifestation locale à l’attention de la forte délégation romande. L’association professionnelle des Autrices et Auteurs de Suisse, faitière des écrivains de ce pays milite de même pour une rétribution de toute activité sortant du cadre de la promotion.
 
En résumé et pour conclure, Mesdames, Messieurs, chers collègues, si vous votez une augmentation de la subvention communale à la manifestation du Livre sur les Quais, ce n’est pas cher payé aux vue des retombées promotionnelles pour notre ville mais n’oubliez pas que pas une miette de cet appétissant gâteau ne reviendra aux auteurs, les principaux acteurs de cet événement. Merci de votre attention.

lundi, septembre 11, 2017

Première séance sous ma présidence.

J’ai apperemment raté une grande carrière d’humoriste … Première séance du Conseil Communal sous ma présidence, 28 pages de fil rouge, tout le déroulement de la soirée selon … selon ce que j’en connais depuis les deux ans (ou un rien moins, il me semble que je suis entré au Conseil Communal novembre 2015), donc selon ce que j’en connais, ce que j’en ai appris au cours d’une année de vice-présidence, ce que l’on m’en a dit et les explications que j’ai reçues. J’ai aussi longuement consulté les notes de mes prédécesseurs, sur Dropbox. J’ai reçu les codes de cette mémoire dans le « nuage » avec un pin’s aux couleurs de Morges et une pince à cravate armoriée de même, les prérogatives du président ! Et il y a eu la séance du bureau du Conseil, le mardi de la semaine précédente, l’occasion de servir du thé aux membres de ce cénacle au service du bon déroulement de l’institution présidentielle.

Je commence par les salutations alambiquées, je poursuis par le panégyrique de mon prédécesseur, les divers du bureau et, bing, ça commence. Un importun conteste le fait que je soutienne une pétition contre la fermeture d’un bureau de poste excentré. Bon, bon, je fais voter, le Conseil me soutient, jusqu’ici ça va, comme le disait l’homme qui s’était jeté du haut du vingtième à chaque étage le séparant du sol. Ça se corse avec une motion transformée en  postulat et, surtout, le vote du Conseil sur la chose. On ne peut pas simplement lancer à la cantonade « Etes-vous d’accord de faire comme on vient de dire ? » Que nenni, Il faut refuser pour accepter la décision selon une formule précise. La dite formule est surtout parlante aux vieux routiers qui, en général, se tiennent sur les premiers rangs de chaque groupe, histoire de donner l’exemple au reste de la troupe.

A ma décharge, je n’étais pas le seul dans le jus ! La scène était cocasse même de ma place, et pendant que chacun discutait le bout de gras, j’avais le temps de la réflexion. J’ai tout de même tout fait tout bien sur LE point important de cette onzième séance de la législature (quoique j’aie un doute, onzième ou douzième séance ?). Et pour le reste … J’ai fait face, avec le plus de naturel possible, et humour. Du coup, les Conseillers sont repartis de bonne humeur, plutôt détendus. J’ai inauguré le Conseil interactif. Chacun se prononce sur les décisions, soit, mais avec moi chacun a pu discuter de la forme, plongeant dans le règlement, proposant son interprétation. Pour l’occasion, j’avais sorti l’image de saint Expedit, le saint que l’on prie pour que les choses aillent vite et, effectivement, à 22h15, la séance était bouclée. Je vais peut-être rajouter sainte Rita pour la 12ème (ou 13ème ) séance de la législature, la sainte patronne des causes impossibles et désespérées.

Je n’ai pas eu de mauvais retours, finalement. On s’est bien diverti et pas même à mes dépens. Je ne vais pas réitérer le même numéro lors de ma prochaine prestation. Je reverrai volontiers la mise-en-scène mais ça n’est hélas pas possible, quel ennui. On pourrait faire un entre-acte, thé, café, biscuits et laisser de côté les commissions « bout de tuyau » ?! Oh, je pourrai toujours faire une proposition pour l’entre-acte dès la fin de ma présidence, une interpellation ? Non, pas assez contraignante, je glisserai une motion et, selon les conclusions de la commission, hop, je la transformerai en postulat.