lundi, mai 13, 2024

Dura lex, sed lex


Dura lex, sed lex mais vous me permettrez toutefois cette légère mise-au-point. Les événements m’ont rappelé que j’étais encore, un peu, un personnage public, ex-élu communal, ex-membre de l’UDC et encore écrivain même si mon ancienne appartenance politique et mon opposition publique aux mesures de la période covid ont fait de moi un auteur « qui sent le gaz ».

Peut-être aurez-vous vu passer la nouvelle ? la condamnation du président de l’UDC yverdonnoise, Christophe Loperetti, à une peine avec sursis pour faux dans les titres ! Il n’a pas usurpé une couronne ducale ou princière, il a juste été accusé d’avoir fait commerce de faux pass sanitaires émis en France. On lui prête près de cinquante « clients », ce qu’il dément … Pas le nombre de bénéficiaires mais la finalité. Il a agi dans une volonté de résistance à des mesures discriminatoires. Il a du reste fait appel, la justice suivra son cours et, personnellement, je crois à ses motivations.

Quel est donc le rapport avec moi ? Comme il l’est relaté dans les dernières lignes  d’un article du 24H : « La longue liste de clients comprend notamment l’écrivain et enseignant Frédéric Vallotton, ex-membre de l’UDC. Entendu lundi, il a nié une quelconque commande et son fournisseur parle d’un cadeau ». Globalement, les autres prévenus dont la presse cite les noms sont tous des élus, des politiques, des personnages publics. Les bénéficiaires des services de Christophe Loperetti du genre de Monsieur et Madame tout le monde restent, quant à eux, dans l’anonymat. Je ne vois dans le procédé, sous prétexte d’informer, qu’une volonté de « se faire mousser » avec l’évocation de lointaines demi-gloires locales, à moins qu’il ne s’agisse de nuire à un courant politique ? et pas même un bref encart pour un mot d’explication des intéressés. Le procédé est un peu frais.

Puisque je suis traité en « personnage public » - quel honneur ! – je vais donc publiquement me défendre. Je ne reviendrais pas sur les motivations de mon opposition à toutes les mesures coercitives mises en place de mars 2020 à février 2022 sous le prétexte d’une épidémie. Nous, les opposants, avions raison sur quasi tout, je vous renvoie à la divulgation des covid files suisses, 1600 pages de PV de l’OFSP durant la période covid analysées et compilées par l’excellent journal L’Impertinent (https://www.limpertinentmedia.com/post/voici-ce-que-revelent-les-covid-files-suisses#:~:text=L'Impertinent%20s'est%20pench%C3%A9,ce%20que%20nous%20avons%20d%C3%A9couvert. )

Plus prosaïquement, il faut que je vous parle de ma santé médiocre, souffreteuse, entre Proust et la Dame aux Camélias même si je n’ai pas le physique du rôle ; je m’en étais déjà ouvert dans « Credo ». Rajoutez à cela des allergies médicamenteuses et la menace de l’apparition d’un cancer quelconque, menace surtout crainte par le corps médical – mes parents et quasi tout le monde dans ma famille étant mort de cela, il n’en fallait pas plus pour justifier d’une dispense médicale des injections à ARN messager. Je n’avais donc aucune utilité d’un faux pass durant la période dite 3G (geimpft, genesen, getestet ou, en français, vacciné, guéri, testé), période courant du 13 septembre au 20 décembre 2021. Comme je l’ai prouvé à la justice vaudoise, j’ai réalisé toutes les 48 heures un test PCR, test remboursé par la Confédération et mon assurance maladie, test qui me servait moins à fréquenter des lieux publics qu’à prouver noir sur blanc, au cas où on viendrait à m’en accuser, que je n’avais rien transmis à personne ! Rappelez-vous le discours extrêmement menaçant et stigmatisant qui était employé alors contre les individus qui refusaient l’injection génique à ARN messager. Ma quarantaine d’Ausweis temporaires m’a permis d’aller voir le dernier James Bond (Mourir peut attendre), de prendre une ou deux fois un café. Ce régime de ségrégation m’a profondément choqué et je n’en suis pas encore remis. Bref, durant la période 2G (geimpft, genesen, vacciné, guéri), du 20 décembre 2021 au 17 février 2022, j’ai continué à me faire tester, deux fois par semaine à peu près, afin d’assister aux réunions d’un cercle philosophique. Pour la messe, depuis la période 3G, il y avait des célébrations réservées aux non-injectés auxquelles il fallait préalablement s’inscrire. Durant les vacances d’hiver, début janvier, afin de retrouver quelques jours de vie normale, je me suis rendu à Cracovie. Test PCR à l’aller et test PCR au retour, deux preuves de plus de mon respect scrupuleux de la loi versées à mon dossier judiciaire. La Pologne, en dépit de sa réputation d’Etat d’une démocratie discutable, n’a jamais imposé de pass dit sanitaire à sa population et à ses visiteurs et a parfaitement respecté la dispense du port du masque. J’y ai vu des touristes italiens, allemands et britanniques, tous non-injectés, pleurer de joie et d’émotion en prenant place au restaurant. Le délire covidique m’aura au moins permis de découvrir la Pologne et les Polonais ; je leur suis devenu attaché et voyage volontiers à travers ce pays très catholique.

Le 26 janvier 2022, à l’occasion d’un nouveau test PCR – le lendemain avait lieu une réunion du cercle philosophique, la nouvelle est tombée :  j’étais positif ! (un peu enrhumé, en effet). Dès le 5 février 2022, je disposais donc d’un pass de guérison d’une durée de six mois ! Après la fin des mesures, je me suis encore à deux ou trois reprises soumis à un test PCR ; j’avais quelques symptômes et tenais encore à éviter les soupçons de mise en danger de la vie d’autrui. En novembre 2022, j’ai à nouveau été testé positif, pile la veille de la journée porte-ouverte de l’établissement où j’enseigne. J’ai prévenu ma hiérarchie et ai demandé ce qu’il me fallait faire ? 5 jours ou 10 jours d’arrêt ? On m’a répondu que, si je me sentais bien, je devais venir !? Ce que j’ai fait, je me sentais bien effectivement. J’avais réalisé ce test parce qu’un proche avait été testé positif. Fort de ce précédent, je ne me suis plus jamais refait tester.

Depuis courant 2022, depuis ma première audition, j’ai toujours admis avoir reçu  en octobre ou novembre 2021 un pass via Telegram ou Whatsapp d’un contact qui m’était inconnu ; j’ai pris la chose pour un gag puis pour un cadeau, voire même un cadeau empoisonné, dans tous les cas un cadeau inutile. Depuis courant 2022, depuis ma première audition, je ne fais que répéter que je n’ai ni commandé, ni payé, ni utilisé ce pass. Depuis courant 2022, depuis ma première audition, le ministère public ne fait que me questionner sur deux preuves dites à charge, à savoir une copie de ma carte d’identité (une version périmée établie en septembre 2011), copie ayant donc servi entre autres à diverses demandes officielles en ligne, location de vacances à l’étranger, inscription à l’UDC section suisse, section vaudoise, section morgienne et, seconde preuve, une note dans le smartphone de M. Loperetti indiquant « Vallotton » suivi de « 400 », parmi d’autres noms. Depuis courant 2022, depuis ma première audition, le ministère public ne fait que me demander des explications sur ces deux « preuves ». A croire que le ministère public n’a toujours pas enregistré que je passais des tests tous les 2 jours durant la périodes 3G puis près de deux tests par semaine durant la période 2G, documents à l’appui. Et pas la moindre preuve du dit ministère public d’une éventuelle utilisation frauduleuse de ma part de ce faux pass ! Je connaissais soit M. Loperetti via l’UDC, il m’était arrivé d’échanger avec lui et à propos de mon opposition aux mesures. Le ministère public a subodoré je ne sais trop quel lien entre M. Loperetti et moi-même. Si j’étais célibataire, j’oserais glisser un « si seulement » ; M. Loperetti n’est pas le genre d’homme qu’on laisserait dormir dans la baignoire … Mais bref, revenons-en aux faits et, lors de mon procès, j’ai enfin eu des éclaircissements. Sur demande de mon avocat, M. Loperetti est venu témoigner. Il avait reçu une demande groupée via un réseau social ou par courriel, pour plusieurs pass. Dans le message figurait mon nom et la copie de ma carte d’identité. M. Loperetti m’a envoyé de manière tout aussi discrète le fameux pass et a décidé de me l’offrir. Par discrétion toujours, il ne s’est jamais manifesté par la suite. La mention 400 indiquait une « note de comptabilité », à savoir le prix du pass auprès de l’émetteur français. M. Loperetti connaissait mon numéro de téléphone par le biais de connaissances communes au sein de l’UDC. De toute manière, mon numéro n’est pas un secret d’Etat, tous mes élèves, par exemple, peuvent le trouver et s’en servir.

Christophe Loperetti et moi-même nous sommes brièvement entretenus ce mercredi 1er mai en fin d’après-midi ; il tenait à me prévenir de l’article du 24H, article alors disponible en ligne et à paraître le lendemain en version papier. Il s’est dit choqué du fait que mon nom apparaisse ainsi, il y voyait de la malveillance gratuite.

J’ai été jugé coupable et sur le conseil de Me W., mon avocat, j’ai fait appel. Dura lex sed lex, soit, mais je reste présumé innocent. Cette affaire me coûte de l’énergie, de l’argent et du souci. Je pourrais sombrer dans la nonchalance, payer les frais de justice et voir s’écouler tranquillement le sursis, deux ans, le temps d’un deuil ! Je pourrais me laisser aller à penser que la peine n’est que de 60 jours amende.  Il est toutefois hors de question que je me fasse salir le casier judiciaire pour un soupçon d’utilisation frauduleuse d’un pass discriminatoire et anticonstitutionnel. Je ne parle pas de ma réputation, elle est faite, à tort comme toutes les mauvaises réputations qui riment avec opinions divergentes. Je me souviens du harcèlement homophobe que j’avais subi dans un poste de l’éducation obligatoire, dans un petit village de la Côte vaudoise. Je constate que l’objet a changé mais le harcèlement perdure ! Que n’ai-je entendu sur les réseaux ou dans mon dos au plus fort de la période covid ; je ne peux toutefois croire que le ministère public persiste dans son verdict pour un délit d’opinion. Je ne veux pas le croire.

Comme le disait le grand Jacques, les emmerdes, ça vole en escadrille et, en sus des déconvenues judiciaires, je dois faire face à quelques aléas de santé. Je vous l’ai dit, j’ai une santé prousto-damo-caméliesque, pas de quoi toutefois faire chauffer les nécrologies, à moins que je ne me fasse écraser par un piano à queue en sortant de chez moi. Cela permettrait peut-être au 24H d’évoquer ma dernière publication, Credo, chez l’Age d’Homme. Le grand quotidien vaudois l’a raté à sa sortie en juin 2022 ; apparemment la rédaction préfère me voir dans sa chronique judiciaire plutôt que dans ses pages culturelles.

dimanche, décembre 31, 2023


Bonne année 2024 à toutes, tous et aux autres, quel que soit le genre dans lequel vous vous reconnaissiez. Pour bien commencer l'année, voici une proposition de lecture afin d'aller au-delà de la souffrance propre au délire général de mars 2020 à mai 2022, voire début 2023.

"C'est fini, il faut passer à autre chose et blablabla" dit-on au café du commerce, disent nos autorités et les mer ... pardon, les médias. Mais la colère contre les collabos aux p'tits pieds, les seconds couteaux émoussés  au service des "génies" du great reset - terme qui me renvoie à l'expression bébête de dadames ébahies devant un bébé lui enjoignant de "faire risette" - cette colère ne s'est pas magiquement envolées avec la fin des mesures et il faudra bien en faire quelque chose ! Et que dire du deuil, deuil des amis, de connaissances plus ou moins proches, de figures publiques, parties "en live », que dire encore du deuil de la confiance en nos autorités politiques, morales, médiatiques, médicales et religieuses: toutes sont tombées très bas.


Le temps et les non-dits n'arrangeront rien à la situation, un retour sur les « événements » est nécessaire. A défaut d'un grand procès au cours duquel je me ferai un plaisir de personnellement traîner par la peau du cul un nombre certains de nuisibles pour leurs propos, mensonges, violences psychologiques, institutionnelles et, même, physiques, il y a un travail personnel à mener et l'ouvrage ci-dessus en est un outil.

 Allez, bonne année à tous, même à ceux à qui un petit examen de conscience s’avère de première nécessité.

 

lundi, novembre 21, 2022

 


Il faudrait que je donne des nouvelles, dire que tout va bien, finalement, outre la colère, le dégoût, le mépris … Je ne citerai pas de noms, à peine quelques circonstances : le collaborationnisme des bistrotiers, des espaces culturels, des autorités de la bonne ville que nous avons quittée. La résistance d’une poignée aussi. Vous me direz que notre nouveau séjour rural a certainement été touché par les mêmes maux, la même petitesse, le même délire nasitaire. Soit. Nous n’y étions pas. Ce village est une page blanche, une sorte d’armistice. En attendant. Godot ? la vérité ? le grand soir ? la résurrection des boutons de guêtres comme le disait grand-maman ? En attendant que les salauds, demi-salauds, demi-sel et autres seconds couteaux soient traînés devant les tribunaux. En attendant un timide « nous nous excusons », « nous avons eu tort » et, peut-être, reprendre là où on en était resté. En attendant, les promenades le regard courant sur les crêtes du Jura, le silence de la nuit, les étoiles, l’odeur de l’air, autant de remèdes dans ce qui ressemble à une convalescence. Même les tableaux ont l’air plus heureux aux murs de la ferme Bally ; nous louons des comble chez le paysan poète. Selon le trajet de la balade avec les chiens, je passe trouver le défunt homme au cimetière, j’ai trouvé sa tombe, qu’il partage avec sa soeur et son épouse.

dimanche, mai 29, 2022

Credo : le retour !

 


La nouvelle est tombée, mine de rien, mardi matin, un message sur msn, un vocal, pas possible de l’écouter, j’étais en réunion. Puis j’ai oublié. Jusqu’à mon retour à la maison, ma table de travail dans la bibliothèque, un petit chien sur le canapé, l’autre sur le balcon, mille trucs à faire, normal, vie décousue … ou plutôt vie aux rythmes décousus depuis … depuis vous savez quoi, ce que l’on nomme pudiquement « la crise ». Entre la promenade des chiens et se préparer à déjeuner, j’écoute le vocal, il est suivi d’un nom et d’un n° de téléphone, recevoir mes exemplaires. J’ai de la peine à croire le message que j’entends. Je sais que les deux dernières années ont été très compliquées, pour les éditeurs aussi.

 Andonia en personne m’annonce donc que « mon livre est arrivé », qu’elle le trouve très beau et qu’elle espère que je serai content du résultat ! Le dossier de presse est en cours, le distributeur va prendre le relai, mais pas d’inquiétude, ceux qui veulent commander le texte directement auprès de l’Age d’Homme peuvent le faire dès maintenant. C’est une joie subite et violente qui déferle en moi, un barrage a cédé, je pense immédiatement à ma mère, décédée en août dernier qui ne le verra pas et qui l’attendait.

 J’en avais parlé dans ce blog en juillet 2019, préparant déjà le terrain pour la sortie en novembre 2019. Quelques retards dans la mise-en-forme, recherche d’une couverture et tout le tralala, l’affaire de 4 mois mais mars 2020 puis tout le reste. « Tout le reste ». Je le lis à voix haute alors que je le tape à nouveau. J’aimerais en dire tant plus et, à la fois, je crois qu’il n’est pas possible d’être plus concret. Je travaille sur ce « tout le reste » que nous sommes nombreux à ne pas vouloir juste planquer comme une chaussette sale sous le canapé. J’y travaille en ce moment à très petites touches parce qu’on ne tient pas un cactus à pleine main. Durant deux ans, j’ai été très occupé, façon « territoire occupé ». Je m’étais fait à l’idée : Credo serait un texte pris dans les limbes de notre temps.

 A présent, tout peut arriver, je m’en fous : je suis publié à l’Age d’Homme ! Je suis un auteur publié à l’Age d’Homme avec un ouvrage dont la couverture est de la main même de l’héritière Dimitrijevic, mon nom sera inscrit dans le catalogue de l’Age d’Homme parmi celui de grands auteurs. Je viens de rentrer par le mérite de mon talent dans un club et tant pis si je n’y occupe qu’un tabouret. Je sais que mes autres éditeurs ne le prendront pas mal, je pense tout particulièrement à Stéphane Bovon et à Olivier Morattel. Je ne hiérarchise pas les maisons d’édition mais l’Age d’Homme, son histoire !  … et mes rêves adolescents. J’avais envoyé l’un de mes tout premiers manuscrits à l’Age d’Homme. J’avais 16 ans.

 Credo devait être, à l’époque, mon dernier opus autofictif. C’est râpé. Il y a Construction dont je vous reparlerai et …et bien dansez maintenant sur lequel je travaille en ce moment. Le pitch de Credo était simple, j’explique mes convictions d’alors, cette époque d’avant, quand j’étais élu politique, membre du conseil de paroisse et pesco-végétarien. Je ne vais pas vous refaire un Credo bis, autant vous le dire de suite : je ne me suis pas représenté au Conseil Communal, j’ai démissionné de l’UDC, j’ai quitté le Conseil de paroisse et j’ai recommencé à manger de la viande. Pourquoi ? Dans l’ordre d’énumération, 1. les décisions politiques conformistes prises durant « la crise » ont profondément heurté mes convictions civiques, 2. la direction de l’UDC a soit compris les risques que « la crise » ont fait peser sur notre Constitution mais les petits élus locaux n’ont pour la grande majorité pensé qu’à leur cul, leur réélection et les dernières alliances électorales ont ruiné le peu de confiance que j’avais encore dans ce parti, 3. notre très Sainte Mère l’Eglise est aussi mal dirigée urbi et orbi que la politique suisse traditionnelle, 4. mon organisme grandi et nourri à la protéine animale durant près de cinquante ans a eu du mal à soutenir un régime qui ne lui était pas naturel, surtout parmi la colère et le désarroi d’alors.

 Mais il n’y a pas que ça dans Credo, il y a la petite musique de notre très chère fin de XXème siècle, un petit coup de nostalgie pour faire bonne mesure, un trait de vitriol contre notre grand voisin à l’Ouest, le renouvellement de mon attachement indéfectible pour la double couronne austro-hongroise, de la vacherie chantournée, de la peinture, du cinéma, Berlin et Barcelone, un zeste de middle-life-crisis. C’est chou tout ça, le fameux « tout ça » d’avant « tout le reste ». J’adorerai traverser à nouveau les problèmes que j’avais alors. Credo ou la chronique de comme nous étions beaux et heureux en ces temps révolus.  

lundi, mars 07, 2022

Espoir politique, campagne 2022 et retour sur la "crise"

Le masque à plus de 20 cm de distance ne sert à rien, le confinement n’a sauvé personne, bien au contraire ; le pass nasitaire … sanitaire est anticonstitutionnel ; la balance bénéfices-risques du vaccin anti-covid (toujours en phase d’essai) penche de plus en plus du mauvais côté mais tout cela n’est pas le sujet de ce billet. C’est un sujet de réflexion sur lequel tout citoyen devrait cogiter, encore et encore.

Il y a peu, j’ai démissionné de l’UDC. Je garde encore toute mon affection et mon estime à cette famille politique et je comprends aussi que la pratique de la politique nécessite parfois de passer outre l’une ou l’autre de nos convictions personnelles. Toutefois, j’ai estimé que je ne pouvais plus transiger avec le respect de notre Constitution et des droits fondamentaux encore garantis jusqu’à il y a peu à chaque citoyen suisse. L’UDC a milité pour le non au durcissement à la loi Covid, sujet passé en votation le 28 novembre 2021. J’ai eu l’occasion de constater la tiédeur de certains élus UDC dans cette campagne cruciale et à des fins électoralistes (éviter d’être associés à des « agités », prochaine campagne électorale cantonale 2022, simple désintérêt pour le sujet …) Soit.

Je ne peux toutefois plus adhérer à l’UDC Vaud depuis son alliance électorale avec le PLR. Comment peut-on faire alliance avec un parti qui a chanté les louanges de la vaccination quasi forcée et de la coercition sous prétexte d’une épidémie qui n’a de loin pas causé l’hécatombe imaginée (prévue ? voulue ? souhaitée ?) Je suis de tout cœur avec celles et ceux qui ont perdu un proche, un ami, un parent du fait de cette maladie ou de toute virose de saison, ou d’une infection nosocomiale, d’une maladie dégénérative, auto-immune, orpheline. J’ai perdu ma mère en août dernier. Elle avait 82 ans. Cancer. La mort de tout être est un scandale, toujours, mais il est un âge à partir duquel le scandale est moins criant.

J’aurais aimé céder à la colère dans ce billet, « renvoyer son paquet », selon l’expression de Mauriac, au collabo’ lambda, au chiard qui craint pour sa pauvre petite peau – sans intérêt serai-je tenté d’ajouter – au capo’ à la petite semaine, tous ces moins que riens, ces tyrans aux petits pieds dont le pouvoir et les convictions ont été rendues caduques dans la nuit du 16 au 17 février, fin de toutes les mesures, ou presque ; la moitié des utilisateurs des transports publics, y compris les contrôleurs CFF, ne le portent que vaguement sur le menton. Les masques ont disparu aussi vite que les portraits de Pétain fin 44. Ici aussi, je peux comprendre le confort du conformisme, le manque de curiosité, de culture et la découverte choquante que l’on est mortel. Je me rappelle que ça avait été un coup dur pour moi. J’avais alors 9 ans. Plutôt que de céder à la colère, je préfère dire merci. J’ai eu de la chance. La chance de constater que tous mes amis et parents ont été fermement opposés à toutes les mesures aberrantes prises de mars 2020 à février 2022. J’ai pu compter sur leur soutien et j’ai encore eu la chance de rencontrer de nouvelles personnes, des amis à présents, d’en retrouver d’anciens et de relever que nous avions tous été nourris de beaux principes, de raison et d’humanité.


Nous ne sommes plus seuls ! Les citoyens soucieux de préserver la démocratie suisse ne sont plus seuls. Nous pouvons compter sur des associations professionnelles, des ONG, des réseaux et de nouveaux partis. Je pense au « Virus des libertés », « Ré-info Covid », « Choix vaccinal », « Collectif romand des éducateurs et enseignants » et, bien sûr, « Les amis de la Constitution » ! Tout n’est pas gagné. Les mesures ne sont que « suspendues » et la confiance dans nos autorités politiques est sérieusement entamée. Nous ne devons donc pas manquer de jouer la carte  électorale. HelvEthica, tout nouveau parti issu de la phalange politique des « Amis de la Constition » s’offre un galop d’essai dans cette campagne vaudoise 2022. Il n’y va pas seul mais avec « Droits et Liberté » et « Evolution Suisse » sous la bannière « Alliance des Libertés ». Ils sont trois à faire campagne pour le Conseil d’Etat : Lynn Dardenne (Droits et liberté), Olivier Pahud (Evolution Suisse) et Patrick de Sepibus (HelvEthica). J’ai eu l’occasion d’échanger avec chacun et chacune. Ils ont un programme : revenir aux fondamentaux, la Constitution, la voix du peuple et deux ou trois propositions pragmatiques, en matière de logement par exemple. Et surtout la volonté de laisser au citoyen la liberté de mener la vie qu’il a envie de mener.

Ils sont donc trois, ça laisse de la place pour y rajouter d’autres candidats en qui vous avez confiance … encore. Personnellement, même si j’ai quitté le parti, je vais tout de même aussi donner ma voix à Michaël Buffat. Je le connais, depuis plusieurs années, j’ai même soutenu sa candidature lors de l’assemblée des délégués vaudois de l’UDC. Et je sais qu’il pourrait travailler au bien du canton de Vaud en bonne intelligence avec les candidats de l’Alliance des Libertés.  

dimanche, janvier 30, 2022

Spencer, de Pablo Larrain

Un biopic de plus ? de trop ? sur feu la très/trop médiatique princesse de Galles. Rien de très engageant, quoique l'affiche, cette silhouette affaissée et gracieuse à la fois, presque une position d'oraison, introspection méditative ou, plus prosaïquement, la génuflexion  d'une boulimique-anorexique devant la cuvette des chiottes. Question mythe, ça défrise le fidèle quoique l’image reste belle. Et ce sous-titre : une fable tirée d’une tragédie.

Pablo Larraín, le réalisateur, m’était inconnu, de nom du moins ; il avait déjà signé l’excellent Jackie, un autre biopic consacré à Jacqueline Kennedy née Bouvier, ex-première dame et veuve de. Le film était agréable, adroit. Sans plus. Il señor Larraín a surtout donné dans des récits sud-américano-chiliens qui, je vous l’avoue, me touchent assez peu, voire pas du tout. Avec Spencer, il entre parmi les grands, entre une photographie impeccable – un petit rien de The others – et une BO jazzy-néo-classique signée Jonny Greenwood.

Le récit commence une veille de Noël. Diana en cabriolet Porsche décapoté fonce à travers une sublime campagne britannique. La princesse de Galles est perdue. Scène surréaliste lorsqu’elle débarque au « Dutch Café » pour demander sa route. Elle doit rejoindre le reste de la famille royale à Sandringham, la résidence royale dans laquelle la reine et toute la firme se doivent de passer Noël. L’épisode se déroule en 1991.

Sandringham House a tout du palais de conte britannique : fascinant, mystérieux, un peu inquiétant, fastueux et hors du temps. Comme dans les contes, ce palais est un piège. La fantasque Diana en proie à une profonde dépression essaie tant bien que mal de faire face pour ses enfants. Elle n’a qu’une seule amie dans la place, une habilleuse qui entretient un amour secret pour sa maîtresse. Une saloperie de petit caporal très service-service à la solde de la reine lui colle le train et tente de la cadrer, pour son bien !

Diana détestait Sandringham. Elle était pourtant née et avait passé son enfance tout près de là, à Park House, maison en ruine en ce Noël 1991. Durant son séjour, elle trouve du reste l’énergie et la volonté de s’évader, retourner dans ce chez-elle abandonné, menaçant ruine, comme une métaphore de sa vie de génitrice de descendance royale au service de la firme. Et le roquet service-service sur ses talons, la gueule pleine de discours sur l’honneur etc. dont la très libre Diana n’a que faire. Quand on n’écoute que l’amour et qu’on ne connaît que la liberté …

La fable que Larraín nous a brodée est d’une esthétique vraiment impeccable, ce qui vient même renforcer la sensation d’oppression, et la musique ! le très élégant, ingénieux et jazzy Greenwood nous interdit de décoller du drame. La vie pourrait être si belle, pourtant, sans l’étiquette, les mensonges, le devoir d’obéissance aveugle à une autorité qui, finalement, méprise tout ce qui n’est pas de son sang, qui marche avec majesté – croit-elle – sur la gueule de ses larbins.

Spencer est peut-être un biopic mais aussi une métaphore de notre situation de petites marionnettes citoyennes à qui l’on demande d’obéir et de se soumettre à des exercices humiliants pour le bien de tous !? Soit, Diana n’était pas une sainte. Le marketing a très bien su rattraper l’image de la vieille, de son aîné, de la maîtresse de toujours de ce dernier. Les cabinets de conseil faits pour ça ont très bien su replâtrer la légende de la firme royale, jusqu’à quand ? Et Larraìn fait de chaque spectateur une princesse malheureuse mais irréductible à la fin. Délivrés, libérés, nous pouvons quitter la salle persuadés que nous serons les seuls capables de rompre nos chaînes.


mardi, juillet 27, 2021

"La lumière des Césars", en librairie dès à présent.

 


Pour changer, je ne vous ai pas « offert » un opus autofictif. Pour une fois, je suis allé chercher plus loin, au pays des songes et de la vérité fabuleuse, cette autre réalité qui brille obscurément dans l’angle mort. Peut-être ne me suis-je jamais tant livré ; connaissez-vous le code ? Prenez et lisez, vous jugerez sur pièce.

Le récit est duel, ici et ailleurs mais où se trouve l’« ailleurs » ? Une galaxie ? une dimension ? un songe ? l’orientation d’une narration ? Il y a Steeve et Steve, genre le revers et l’avers d’une même pièce ; il y a aussi Alpha et Oméga. Deux états différents, allez savoir lequel est le bon ? Alpha, c’est ici-bas. Oméga n’est pas mieux mais dans un autre genre. Steeve y accède en prenant les commandes de Steve, quasi de la possession vaudou. En Oméga, la vie est tellement plus « Mitteleuropa », un univers hybride entre un opus de la série des Sissi et un épisode d’Hercule Poirot avec David Suchet dans la peau du détective belge. Ce n’est pas Art Déco mais Wiener Werk ou Secession. Voilà pour le décor.

L’intrigue ? Y a-t-il une intrigue ? Où court donc Steeve ? après la proie ou l’ombre ? Sait-il seulement ce qui lui arrive ? Il est ballotté d’une conspiration à l’autre, d’un système de valeur à la résolution d’un problème fantastique. Il est le héros qui ne connaît même pas les tenants et les aboutissants de la tragédie à laquelle il est sensé participer. Il n’est sûr que d’une chose : il est né en Alpha, son corps est coincé en Alpha mais il appartient à Oméga. Serait-il le jouet d’une instance malveillante ou l’instrument d’une sorte de … remise à zéro ?

« La lumière des Césars » est un texte que je porte depuis de longues années. Le hasard et des contretemps indépendants de la volonté de mon éditeur ont voulu qu’il sorte maintenant, en pleine non-guerre entre la liberté, la démocratie, toute notre bonne vie en style fin XXème et des puissants qui n’existent pas même s’ils existent mais ce  n’est pas du tout ce que l’on croit. Ma dernière publication est tout de même mieux ficelée. Les faits y sont tout aussi nébuleux mais il y a de l’action, une enquête policière, une révélation, un coup de théâtre, un retournement et un bref épilogue métaphorique, pour vous préparer à la suite.

Je porte donc ce récit depuis si longtemps que je n’arrive pas encore à me faire à l’idée qu’il existe, en un peu moins de 300 pages, avec sa couverture néo Art Déco, la deuxième et la troisième de couverture et leurs abattants illustrés, de la main de l’éditeur, deux scènes de rue en miroir, Alpha-Oméga. J’ai relu les épreuves, à plusieurs reprises, chasser la coquille, le contre-sens, l’approximation. Je n’arrive pas à lire le livre, les mots se dérobent, il ne m’appartient déjà plus.

Je souhaite que Steeve vous emmène aussi loin qu’il m’a déjà emmené, vers ces ailleurs en merveilles assourdies, un magasin de décours ou la coulisse de l’inconscient collectif ? A moins qu’Oméga n’existe vraiment, j’en aurai rendu compte par hasard, par inspiration ou par divination ?


« La lumière des Césars », éd. Hélice Hélas, 290 p., 24.-

lundi, juin 21, 2021

Anonymous - Chapitre 3

Dans le sommeil, on n’a pas besoin d’être cohérent, d’être « discursif », on peut être soi et un autre … soi. Saloperie de soma. Et rien que le nom me dit quelque chose. Mon frère s’est endormi, à côté de moi, le poids de son corps, la présence magnétique de sa personne, je la ressens intuitivement, et au-delà du sommeil, là où je redeviens un type de quarante ans, avec toute sorte de désirs que je ne comprends pas clairement. Je suis dans des maisons, des villages d’alpage, dans des téléphériques aux cabines larges comme une chambre, dans des stations de métro, auprès de personnes, de garçons, leurs visages si proches. Et le type de quarante ans que je suis n’est pas emprunté. Je ne suis pas emprunté. Je suis heureux, qui ne le serait pas, après avoir retrouvé ses seize ans, et quelle adolescence ! « Attendez, je vous montre, et j’arrive à faire ça – et une pirouette, souple élégante. En vérité, je vous le dis, avec l’âge, nous ne perdons pas nos possibilités physiques, nous perdons le mode d’emploi, comme la communication avec nos pieds, nos jambes, nos bras ! On se laisse déposséder de soi. « Il y a un brun qui sourit, un grand type de vingt ans, j’ai fait mon numéro, ça marche, une main amicale sur son épaule. C’est vraiment cool, belle soirée. Je refuse un verre, un minimum de sérieux, tout de même. Finalement, le brun me rattrape, me propose une bière, j’accepte. Il me parle de rêves, de l’impression qu’ils laissent au réveil. Je n’ai pas de position « théologique » sur le sujet, je m’aperçois, pour moi, que quelque chose m’échappe. Il y a le gamin de seize ans que j’étais la nuit passée mais j’ai l’impression qu’il y en a un autre, une homme un peu plus vieux, quelqu’un de proche, alourdi de secrets ou de révélations foireuses. Je n’aurai pas dû prendre de bière, ça ne me convient pas, je manque d’entraînement … Je me verrai bien donner la Communion à la bière !? Je perds un peu le fil. Le brun me demande si ça va ? « Tout va très bien, merci ». J’invente une histoire de sermon sur lequel je travaille. Le mec se marre. Il avait, un peu, oublié que j’étais le curé de la paroisse. J’aime son sourire, j’aime tous les sourires, mais j’aime particulièrement le sien. Il deviendra un homme magnifique, j’en suis sûr, pas un de ces vantards qui roulent des mécaniques et prennent du ventre sitôt coincés dans une histoire. Les gens se trompent lorsqu’ils imaginent la religion triste. Dieu aime la beauté, comme le diable, mais il l’aime sans apprêts, sans mise-en-scène. Le Christ était beau, je le sais. Robin se détourne après m’avoir offert à nouveau un sourire. C’est  tellement cliché : le curé et une jeune mec, tellement facile à mésinterpréter, et les potes de Robin de lui crier « alors ? t’as fini de jouer à Batman … » Rires. Un peu facile mais je souris aussi. Personne ne le voit ; je file à grands pas et laisse la villa Sarasin derrière moi. Je m’esquive par le parc, je vais slalomer à travers les rues calmes du Petit-Saconnex, la jolie banlieue mixte  et, miracle, heureuse. J’espère revoir Robin à la messe. Peut-être sera-t-il frappé par les mêmes choses que moi, le rapport au disciple préféré, le plus jeune, le plus colérique, le plus beau. « Femme, cet homme sera désormais ton fils » ; « … désormais cette femme sera ta mère » ; « … je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri … ». Ça saute aux yeux pourtant ! Il y a encore ces histoires de sang, de filiation mystérieuse, de communauté de garçons, et Marie-Madeleine, et Lazare qu’Il aimait.  Ce n’est pourtant pas ce que l’on croit. Je sais qu’Il attend, sous le dôme de la chapelle, sous la rosace en étoile, Il attend des garçons comme Robin, de beaux garçons capables de convertir les foules, des garçons capables de séduire les femmes et de comprendre leur désir, des mères qui transmettront leur amour du Christ à leurs enfants. Je n’aurai pas dû prendre cette bière, c’est là que je me dis que je ne suis pas seul, l’autre type plus vieux, émerveillé et inquiet … éveillé et inquiet serait plus juste. Ce n’est pas Toi, Seigneur, ce n’est pas l’autre, c’est un homme qui vient bien avant moi, un homme qui a besoin de moi ! Ses prières sont venues jusqu’à moi ?! Il y a la légèreté d’une après-midi d’été autour de lui, et de la musique, Chopin … Schönberg voire Debussy. Il n’est pas très éloigné du gamin de seize ans, le danseur que j’ai trouvé en moi à mon éveil … Hé, voilà exactement le genre de choses qui plairaient à la presse poubelle : «  Le prêtre s’est réveillé avec un gamin de seize an en lui ! » Je suis un Deus joculator, un saltimbanque, un dominicain et je viens à toi mon Aimé, je vais m’arrêter un instant sur ce banc, quelques minutes, derrière Ta maison, le parc où parfois, dans la pénombre, si près de Toi, s’étreignent de jeunes couples, quelques soupirs étouffés, froissement de vêtements. Je n’aurais vraiment pas dû prendre cette bière, certainement un mauvais coup des gamins, je n’étais pas visé mais Robin, il m’a passé son verre, il n’y avait pas encore touché, MDMA, ou un truc du genre. Je vais commencer par dormir un peu, juste cinq …

lundi, février 08, 2021

Anonymous - Chapitre 2

 

J’ai peut-être pris un coup ? A faire le con comme ça, j’ai sauté et me suis ramassé. Je me suis tapé la tête et suis devenu partiellement amnésique ? Je demande à Anubis, le chien, Lou’. Il me regarde de coin. Je vais garder ça pour moi. Ma mère a encore insisté, à table, et m’a tendu un comprimé, ne pas oublier de le prendre, Changical, le soma. Ça me dit quelque chose ce mot ?! J’ai déjà entendu ça quelque part. Je recommence à danser, des pas contraints, quelques figures esquissées, tout est pourtant si clair sous les mots, évident. Lou’ danse avec moi. La fenêtre est ouverte, la rue calme, « étonnement », pourquoi voudrais-je dire « étonnement » ?  Ça ressemble à l’une de ces belles soirées comme dans les films … oui, les films, des vieux trucs où l’on chante, on danse, des « musicals ». Je ne veux pas, ne dois pas sortir, pas maintenant. Je le sais comme le reste, un petit frère, un frère du moins. Je débarrasse la table, chaque chose trouve sa place, naturellement. Je remplis le lave-vaisselle et tourne les talons vers ma chambre, comme le font tous les gamins de seize ans. Je partage ma chambre avec mon frère, un grand frère finalement, par l’âge, la taille peut-être mais je sais que, avec maman, on s’inquiète beaucoup … Je ne me rappelle pas ce que j’ai mangé, j’ai des problèmes de mémoires ? mon problème d’amnésie traumatique ? Je n’ai pas beaucoup  mangé, il n’y avait pas grand’chose sur la table ; il y a quelque chose de contraint, partout, autour. Pour mon frère, soit, c’est un petit frère lorsque je suis le mec de 40 ans. Il occupe le lit de droite, une affiche à la tête du lit, de la propagande politique, un truc du genre « Travail, Patrie, Famille » ou « franc, fort, fier, fidèle », ça se voit dans les drapeaux, le regard droit des jeunes gens, les uniformes. C’est un projet séduisant et simpliste mais moi je veux danser, même le ventre vide. Lou’ est monté tout naturellement sur mon lit, au-dessus, un poster aussi, Barichnikov attrapé lors d’un bond phénoménal. Danser n’est pas interdit ; la prouesse physique reste appréciée mais … il y a un mais, le monde est trop triste pour accepter la jubilation, la libération des corps, le dépassement physique. J’attends le retour de mon frère parce qu’il doit me conduire à mon cours, une petite association, un hangar en banlieue, une salle de danse improvisée, le système D semble être devenu la règle, à part pour tout ce qui touche le parti unique. En banlieue, il y a aussi le centre Changical, un lieu de réunion et de divertissement pour les membres du parti, les aspirants et tous ceux qui pourraient douter, qui ont peine à s’adapter. Mon frère sait conduire et il utilise la voiture que notre père a laissée. Est-il mort ou nous a-t-il abandonnés ? Mystère. Son évocation est le tabou familial ultime. Ne pas faire de peine à notre mère. Je sais que j’ai compris des choses … crois les avoir comprises mais quoi ? En préparant mon sac, je sens passer une inquiétude fugace, un truc que je n’ai pas réussi à attraper. Ç’a à voir avec le sac ou approchant. Je ne sais pas quoi, rien d’irrémédiable, je reste préoccupé. Et mon frère est un sale con ? Je vais monter dans « sa » voiture, je dors à côté de lui, je fais tout à la maison, je lui obéis pourquoi ? contre quoi ? Les questions ne mènent à rien, je vais attendre qu’il soit devant moi, je verrai bien. Je ne veux pas l’inquiéter, lui non plus, rapport à mon problème de cervelet, et le mec de quarante ans qui attend derrière la cloison, à peine une couche de méninges entre ma conscience et lui.

 

La véritable aventure n’est pas là, elle se tient dans … les heures, leur plénitude, leur succession, quelles que soient les circonstances. Même ici, à seize ans ou plus, ça tient à des riens, le jeu de la lumière dans le séjour, le bruit de la porte d’entrée, des clefs que l’on dépose sur un meuble. Mon frère se tient debout, Lou’ court vers lui mais ce ne sont que des détails, la vie banale, la vérité est ailleurs, c’est une affaire de temps et d’équilibre, c’est le regard clair et quelque chose de plus que …, la physionomie de mon frère, un mec de trois-quatre ans mon aîné, stable sur ses jambes que je sais puissantes, infatigables, et ce quelque chose de sûr qu’il affecte, une pose mais je ne lui en veux pas, jamais. C’est peut-être le soma qui me rend aussi « présent au monde ». Je sais que c’est une impression que je porte sur moi, comme un parfum, à chaque fois que je sors du cinéma. Mon frère m’attrape par l’épaule, « grouille » ; la main est aussi puissante que les jambes. Il n’y a rien chez lui que je voudrais ignorer. Et pourtant … Nous ne parlons pas dans la voiture. J’ai un sac à mes pieds, je l’ai rempli sans trop savoir, mes mains en savent autant que mes pieds, et le reste de ce corps aussi. On ne roule pas longtemps ; Jimmy, mon frère, me dit qu’il hésite à les rejoindre, à devenir membre des jeunesses du parti. Il ne me demande pas mon avis, il en parle comme s’il voulait me convaincre. Je voudrais, à l’instant, être l’homme de quarante ans que je ne suis pas, je voudrais être il y a quelques heures de cela, dans la forêt avec le chien. Je n’ai rien perdu du bien-être de cet instant, c’est une affaire de plénitude mais que sait-on de la « plénitude » à 16 ans. Je sais que ça m’arrive en fin de répétition, quand je projette dans une pirouette fouettée ou un grand jeté ma sueur avec mes membres et que l’espace semble m’obéir. Cela dure le temps d’un saut. Dans la forêt, c’était plus long, plus diffus, plus « sensuel » peut-être. Encore un effet du soma, faire oublier les difficultés de la pénurie générale, « une tenue impeccable : la meilleure  réponse aux restrictions » proclame une « publicité » collée à même le mur d’un hangar derrière moi, et c’est vrai, tout est propret, quasi pas de poubelles. « Je passe te chercher après ton entraînement » m’a lancé mon frère, le hangar est un studio de danse, je salue mécaniquement des garçons, des filles alors que j’entre dans le bâtiment. Une lumière rosée se répand derrière le complexe de divertissement, un multiplexe Changical , une enseigne en néons de couleur, une enseigne d’une police de caractère rétro. J’observe la vue depuis une fenêtre du vestiaire, j’observe comme si je ne voyais pas vraiment, j’observe comme si on me racontait la vue. « Je ne suis pas moi ?! » à peine susurré, et la crainte d’avoir été entendu. Ce soir, on répète « Come, gentle night », une création du directeur de notre troupe. On pourra peut-être le jouer à côté, à l’occasion de la grande soirée des « Mérites du sport ». Arthus, le directeur, dit que ça ne vaut pas la scène d’un opéra. Il semble gêné de ces quelques mots, il enchaîne sur mon solo, je vis ! je suis le vent dans les hautes herbes, je suis l’émotion qui éclate en petites bulles dans la gorge, je suis un interprète de seize ans et je vaux les danseurs de vingt, vingt-cinq ans qui m’entourent sur scène. Arthus sourit mais il est à la fois triste ; je pourrais être lui quand j’ai quarante ans, quand je suis l’autre, celui qui fait de moi un gamin génial et je termine mon solo, j’ai mal, un truc dedans qui me fait me plier en deux plus encore que l’essoufflement. J’ai envie de trucs bizarres, alcool fort et fumée, et j’ai déjà entendu ça ailleurs : soma. Ça me rappelle … ? et je bute sur un souvenir effacé, il y a aussi la promenade en voiture, je descends sur une place, de la circulation, un grand magasin d’alimentation asiatique, en gros et détail, trois étages … Je suis sûr que c’est cette merde que l’on est obligé de prendre.

samedi, janvier 30, 2021

Anonymous - Chapitre 1


Le texte qui va suivre dans ce billet et les prochains a été écrit en 2017-2018. Sa rédaction s'est imposée à moi un matin, après m'être réveillé d'un rêve long et dense. Je n'imaginais absolument pas ce que pourrait être 2020 ni les années qui suivront.

Je suis un homme dans la quarantaine, plutôt heureux avec lui-même, dans l’instant, exact. Je m’apprête à rentrer chez moi. J’ai profité du beau pour sortir le chien, un vallon en proche périphérie, une modeste rivière et la luxuriance d’une végétation de sous-bois. J’en ai pour dix minutes avant de rentrer. J’ai une main dans la poche. De l’autre, je tiens la laisse, le chien est détaché, il court devant moi, il furète dans les grandes herbes. J’entends clairement le flux de l’onde. Je porte un pantalon beige, des baskets de toile. Je n’ai pas un très grand chien, 20 cm au garrot, 40 de long, un terrier couleur feu, de grandes oreilles de fennecs. Je suis bien, je me sens bien, détendu, heureux en dépit de … Un petit problème, du genre la tapisserie qui décolle …Je sens le rythme, un groove qui me caresse l’intérieur, une façon d’être au monde. Pour en revenir au problème … j’attache le chien, nous arrivons au début d’une rue, j’attrape la moitié de mon reflet dans une glace, une épaule, bien dessinée sous l’étoffe d’une chemise à carreaux, genre écossais, du bleu, du vert, un filet rouge, je ne cherche pas plus loin, il y a peut-être un problème avec mon reflet ; il y a un problème, c’est certain.

 C’est fou ce que j’étais bien au bord de la rivière, le soleil, le silence et cette bonne odeur que je sens sur mes doigts, le parfum même du soleil. J’aurais dû rester encore mais je devais rentrer. Pourquoi au fait ? J’appelle le chien, « Lou’ », il lève l’oreille, me rejoins, je l’attache, « C’est cool … » quoi exactement ? Je connais le nom de mon chien ?! On se rapproche du problème mais ça n’en est pas un, je le sens, au fond de moi, tête ou ventre, je sais que je suis habitué, abonné à ce genre de truc, et j’ai passé un bel après-midi. Le soleil se reflète sur les vitrines, un rien aveuglant, j’adore ce type de « décors », il n’y a pas mieux pour commencer à se raconter des histoires ; avec les quelques heures au bord de la rivière, ça fait déjà une amorce, ou un prologue, pourquoi s’embarrasser avec un problème ! Quel problème ? Lou’ trottine devant moi, durant 2-3 minutes, il a l’air de connaître le chemin, ça en fait un , au moins … d’où le problème. Je sais que je ne souffre pas de trouble de la mémoire ou d’histoires d’Alzheimer … Je n’arriverai toutefois pas à dire ce que je faisais exactement au bord d’une rivière, cet aprèm’, et quelle rivière ? quelle ville ? Lou’ me regarde ; je ne perçois pas le message de son regard. En fait, je ne sais absolument pas ce que faisais avant la balade au bord de la rivière. Je suis un homme dans la quarantaine qui n’ose subitement plus regarder ses mains ou toucher son visage … Mes pas me guident, je suis dans une logique, je ne suis ni inquiet, ni perdu … je ne sais pas qui je suis au juste. Il y a l’homme de quarante ans, il y a quelqu’un d’autre encore. Je profite d’une vitrine pour me regarder, franchement, et découvrir que je suis un gamin, de 16 ou 17 ans, ou à peine plus. Lou’ revient vers moi, me gratte la jambe, s’arc-boute, c’est … plaisant cette « jeunesse ». J’ai vraiment fait une belle promenade. Je dois être un type dans la quarantaine et le corps d’un grand ado, pas de quoi s’énerver. Je ne suis pas forcément pour de bon le quadra que je sentais être, pas plus que le presqu’adulte qui avance en dansant avec son chien, un truc que ces pieds-là savent faire. Je sais qu’il n’y a pas que de la joie et de l’insouciance autour de moi. Ce n’est pas une « visite » d’agrément que je suis venu faire, quelque chose de plus fondamental quoiqu’il faille se méfier des grands mots, les jappements de Lou’ sont bien plus clairs. Il pense qu’il est heureux … il pense : « Je suis heureux ». Je suis « un » et le bonheur tient dans la réalité de cette lumière, ce soleil, ne pas se laisser démultiplier dans les replis du récit. Je sais même … faire la roue. Je suis génial comme gamin ! J’ai même dû apprendre quelques tours au chien. Je ne suis pourtant pas forain. Je vais être en retard, presser le pas. Finalement, j’avais raison, il n’y a pas de problème, pas en ce qui me concerne. Au tournant de la rue, les constructions prennent de la hauteur, je laisse derrière moi les bâtiments de deux étages et commerces au rez. Il y a des affiches au bord du trottoir, des trucs de propagande hygiéniste, genre « brossez-vous les dents » mais il est question de comprimés, je rappelle à nouveau Lou’ près de moi, plus envie de faire la roue mais je me sens toujours aussi bien. Les cachetons placardés en format international, ce doit être un trip légal, voire même obligatoire selon ce qui est écrit sur une pancarte, un bus, mes pieds sont montés, des instructions, « ne pas resquiller, réservé aux somatés » et la petite pilule en illustration. Je m’assois, toujours aussi « high », je dois être bien chargé et voilà pourquoi je me prends pour un quadra alors que je suis ado. Normalement, je ne devrais pas être capable d’élaborer une pensée rationnelle, je sais que j’ai déjà consommé des psychotropes illégaux et ça ne m’a pas fait cet effet. Il doit y avoir un troisième, quelque part entre le gamin et le quadra. Moi peut-être ? « Moi, cet inconnu ? », la philo à deux balles pour supermarché.

 Le bus poursuit sa course, Lou’ dresse l’oreille, mes jambes savent que je descends sous peu. Je me tourne vers un type, échanger quelques mots, je ne sais pas exactement qui il est … consciemment … je sais que je le connais, Lou’ lui renifle la jambe, le regarde avec confiance. Ma bouche articule des banalités, il me parle d’une course au « Leisure Center », y trouver un soma d’un arôme original. « Il faut que j’en parle à la maison, peut-être que ma mère … » J’ai dit « ma mère » ?! Se soumettre à l’arbitraire de l’autorité familiale, les lubies maternelles, pitié. Je sais que je ne suis pas un type de quarante ans ou plus et encore moins un ado. « Je » est, je suis. Mes pieds, mes jambes, Lou’, le type et moi descendons du bus. Je salue le type qui poursuit tout droit, je tourne dans une ruelle, pousse la porte d’un locatif standard, plutôt propret, avec des plantes dans le hall, « pour faire joli ». Le chien me précède dans l’escalier, j’entre dans un vrai petit appart’ familial séjour-cuisine-salle à manger d’un seul tenant, ouvert, très propret, très « famille heureuse », joli et à hurler de banalité. Si j’étais vraiment un gamin de 16 ans, je n’aurais pas le tiers du vocabulaire nécessaire, rendre cette banalité. Je suis apparemment « l’homme de la maison », famille monoparentale, banalité encore, un plus jeune frère … ou une sœur, beaucoup de compréhension, de complicité et le panier du chien. Je suis peut-être un mec de quarante ans à l’intérieur pour remplacer le père, absent ? mort ? Peut-être. La contrainte omniprésente, doucereuse sous le moelleux de la normalité. Il était l’heure de rentrer pour manger, tôt, 18h, ma … mère reprend le travail plus tard. Elle ne doit pas être caissière dans une supérette de nuit, non, quelque chose de plus sophistiqué et altruiste, je l’imagine bossant dans un hôpital, elle n’est pas médecin, la décoration de l’appartement ne serait pas d’un aussi mauvais goût gentillet. J’ai tout de même la place de rebondir en sauts, atteindre l’extrémité de la pièce, la joie de Lou’ couché là dans son panier. Mes pieds, mes jambes, mes bras, mon corps tout entier me rappellent que je suis … danseur ! Je veux être danseur, le rire d’une mère, le repas, vite ! Vivre, m’exprimer, et encore mieux, merci Changical. J’arrive à faire des trucs déments dans ce petit séjour, je sens fougue, révolte, humiliation et espoir remonter de mes membres vers la tête. Je m’entraîne, dur, pas d’académie officielle, mes pieds savent où se trouve le gymnase, j’irait plus tard, dîner d’abord, ma mère est pressée. Lou’ s’est lové au fond de son panier.


vendredi, juillet 10, 2020

Complément au billet quant à la tartufferie du masque ou « entrer en résistance »


Analyse de la situation et rhétorique
Alain B., conseiller fédéral, a dit en substance : « nous n’avons aucune preuve de la propagation du virus dans les transports publics toutefois, dans les pays voisins, il existe l’obligation du  port du masque dans ces mêmes transports, nous décidons donc de l’imposer aussi », il a encore dit : « nous avions fortement prescrit le port du masque [dans les transports publics] mais personne ne le portait, il a bien fallu passer par l’obligation ». Simonetta S., conseillère fédérale a dit : « le masque protège aussi un peu celui qui le porte » puis « ce n’est pas si désagréable de le porter », elle a encore dit : « on s’y habitue » ! Soit. L’historien que je suis ne peut s’empêcher de rappeler que ce genre d’arguments circulaient dans la France occupée à propos du port de l’étoile de David. De plus, non, Mme S., le masque, s’il n’est pas filtrant, ne protège qu’autrui à une distance maximum de 20cm, au-delà, vous pouvez imposer le port du panier à salade sur la tête, ça aura le même effet. Je vous rappelle, Madame, que le  virus du SARS-CoV2 mesure en moyenne 100 nanomètres, soit mille fois plus petit que le diamètre d’un cheveu[1]… Quant à Alain B., petite analyse syntaxique de ses propos, version décodée, il justifie l’imposition du port de la couche-culotte faciale non pas sur des constatations ou des chiffres, des analyses objectives ou la manifestation de clusters mais juste parce que la mesure a déjà cours en France, en Allemagne (ou elle est suivie comme présentée dans un précédent billet de mon blog[2]), en Italie et partout où l’expérience de contrôle et de sinisation des foules a cours. De plus, le pompon, le Conseil fédéral, n’assumant pas complètement son statut de pouvoir exécutif suprême, espérait se défausser avec une simple « prescription », genre « vous êtes obligés mais ça ne vient pas de nous, vous le faites gracieusement … ». On serait en droit d’en conclure un manque de génitoire rédhibitoire de la part du susmentionné Conseil mais je n’irai pas jusque là.

Début en fanfare … timide
Cela fait donc 4 jours que la couche-culotte faciale est obligatoire dans les transports publics suisses et 2 jours qu’elle est obligatoire dans les commerces vaudois et jurassiens accueillant plus de 10 personnes à la fois. Je m’étonne que le Jura ait cédé à cet hystégiénisme  (hystérie + hygiénisme, mot valise !). Que les autorités vaudoises marchent comme un seul homme dans la lutte contre la pseudémie et tout le canton à leur suite ne m’étonne pas, ce petit genre fayot premier de la classe qui s’imagine se la jouer plus suisse-allemand que les Suisses-Allemands ne date pas d’hier. En l’occurrence, la Suisse allemande garde la tête froide, n’est pas prête de se ch… dans le crâne et, consécutivement, ne voit pas l’utilité à la couche-culotte faciale. Et que voit-on dans les trains, les bus, les métros, observations personnelles et donc parcellaires de la situation dans un périmètre d’une vingtaine de kilomètres autour de la capitale vaudoise, que voit-on ? alors que la retape moralo-bienveillante est à son comble, pas encore émoussée par la routine et l’ennui, mais que voit-on ? Un 15% de réfractaires sans masque ou le masque ostensiblement sous le nez. Et pas de rappel à l’ordre de la part de ceux qui font « juste » qui, honteusement masqués, se plongent dans la consultation de leur smartphone. Par-ci, par-là, quelques signes de connivence et d’encouragement entre les réfractaires. Ça fait chaud au cœur, tout n’est pas encore complètement perdu. La presse d’Etat évoque quant à elle le refus du masque comme un sentiment mal placé de supériorité de la part d’une frange de la population peu éduquée manquant du civisme le plus élémentaire !!! Etude sociologique à l’appui, gribouillée à l’arrache, on se croirait revenu aux grandes heures de la Pravda.

vu dans un couloir de la gare de Morges
Une situation
Lundi, votre serviteur se rend à la clinique de la Source non pas pour s’inquiéter d’une infection au conarobidule et se faire tester tout tremblant d’inquiétude, nan, juste une échographie en vue de ma lipoaspiration de septembre. J’entre donc d’un pas décidé dans l’établissement médical où on m’impose la couche-culotte faciale – gracieusement offerte – que je dispose n’importe comment sans que le préposé garde-chiourme sanitaire n’en dise rien. Sitôt franchi le sas d’entrée, je retire le couche faciale de chirurgien et la glisse dans une poche, c’est pour une amie qui refuse d’en acheter et a besoin de deux ou trois pièces pour faire « genre » dans les grandes surfaces vaudoises. Par plaisanterie, j’avais déjà accroché au rétroviseur intérieur de sa voiture un masque usagé qui était passé d’un fond de sac à l’autre. Et bien l’objet a été réquisitionné par son fils, qui ne compte pas plus que sa mère dépenser de l’argent pour la chose. Du coup, je conserve les masques à peine utilisé dont elle pourrait avoir besoin. Je réajuste un masque en tissu léger et respirant, porté sous le nez, histoire de tester les réactions. Je tends le bon de soin à une première réceptionniste qui me dit que c’est un étage plus bas. Pas un mot sur mon port particulier de la couche faciale. Deuxième réception, je suis au bon endroit, pas plus de réaction de la secrétaire médicale, pas plus de la part de l’infirmière qui m’appelle et me dit de me déshabiller dans une cabine. Toujours rien alors qu’elle m’installe sur la table d’auscultation. Arrive la radiologue, je trifouille mon masque, pas évident avec la moustache, elle me demande si la chose me gêne, je réponds par l’affirmative, elle me fait, enfin, remarquer que ça ne se  porte pas comme ça. Je rétorque que je suis asthmatique et que j’ai les bronches en accordéon ce matin. La praticienne s’excuse immédiatement, m’assure qu’il n’y a pas de problème et embraie sur la pratique italienne où le masque est obligatoire partout, mais vraiment partout, avec mesure de la température à l’entrée des commerces, des restaurants (j’ai failli demander si la mesure était « anale », me suis réfréné). Elle poursuit par un « on aurait dû faire comme ça en Suisse, ça repart ». Et, là, c’est moi qui repart pour démonter les arguments approximatifs serinés par la presse d’Etat, « normal que l’on ait plus de cas positifs depuis le 23 juin, depuis que les tests sont  pris en charge par l’assurance maladie de base, on en fait jusqu’à 10 fois plus, pas étonnant que la courbe du nombre de cas positifs évolue avec celle des tests effectués ». « Oui mais ça repart en Suisse ! » gémit la praticienne. « Non, les hôpitaux sont vides ! le nombre de cas positifs/faux positifs augmente soit mais il n’y a quasi plus d’hospitalisation (3 hospitalisations le 7 juillet et rien depuis deux jours) et le dernier décès prétendument causé par la covid-19 remonte au 30 juin. » La dame ne se démonte toutefois pas, elle attaque sous un autre angle, « vous avez été malade de la covid ? » Ce à quoi je réponds que je n’en sais rien, peut-être, j’ai été malade, genre refroidissement sans fièvre avec les bronches détrempées. J’ajoute que mon voisin avait été testé positif, qu’il a passé tout son temps de confinement, 10 jours en mai, sur sa terrasse à bronzer. La praticienne « il a eu de la chance, je connais des personnes qui ont été très gravement malades ». « Oui, comme cela arrive avec la grippe ! » Après cette dernière passe d’arme à fleurets mouchetés, la praticienne a changé de sujet, vite terminer, vite me voir partir. L’échange a duré 5 minutes, même moins,  au cours duquel, alors que je ne suis pas médecin, j’ai répondu par les arguments massue de la statistique suisse. A ce propos, je vous glisse une source non-négligeable de renseignements statistiques tout à fait sérieuse et vérifiée ace024.com[3], travail de compilation de données réalisée par Peter Bishop, vraisemblablement un pseudo mais l’homme – ou la femme – sait de quoi il/elle parle.

Résistance
La toile est une source vive d’informations négligées volontairement ou non par les médias mainstream. Il y a l’excellent Silvano Trotta, vieux routier de l’analyse, grand compilateur d’informations devant l’Eternel. Sur sa chaîne YouTube[4] défilent des scientifiques reconnus, des politiciens, des hommes de loi, des savants qui expliquent, expliquent et expliquent pourquoi il ne faut pas céder au « virus de la peur ». Il y a aussi cet appel d’un groupe de scientifiques et de médecins allemands dénonçant l’escroquerie de la pseudémie et s’insurgeant contre les mesures prises par les Etats. Cela commence par une petite vidéo[5] puis les Medical Professionals and Scientists for Health, Freedom and Democracy[6] exposent leur projet en enjoignant des médecins, des chercheurs et des professionnels de la santé d’autres pays à fonder le même type d’association. Il y a du plus léger, sur les réseaux sociaux, avec des petits malins exposant les mille stratégies afin de résister à la couche-culottite faciale. Il suffit, par exemple, de se promener avec une bouteille d’eau durant tout son trajet et de faire mine de boire ou, plus simple, d’avoir un petit mouchoir et, au cas où apparaitrait intempestivement un contrôleur, vous soufflez dans votre petit mouchoir « ben quoi ? vous arrivez à vous moucher avec un masque ? ». Pour les longs trajets ferroviaires, préférez le wagon restaurant où, consommation oblige, vous ne porterez pas de masque[7]. Il y a aussi des appels à la grève sociale. En quoi consiste ce mouvement ? Il s’agit d’un retrait de toute activité sociale non professionnelle. Plus précisément, cela peut prendre la forme d’une suspension de vos activités au sein d’une association, ne plus participer à des manifestations publiques, ne plus consommer les médias d’Etat ou la presse mainstream, n’en suivre que les fils d’actualités, suspendre même ses activités politiques et, à chaque fois, ne pas chercher à esquiver par de vagues prétextes mais expliquer clairement votre geste comme la manifestation de votre désapprobation de la politique menée par la Confédération, le canton et même la commune dans laquelle vous résidez. Il faut être clair, sobre et simple. Sans animosité ni véhémence. Vous pouvez encore doubler cette action en boycottant les commerces qui vous imposent le port de la couche-culotte faciale, et si vous avez un certain attachement pour ce commerce, expliquez au gérant votre position et réclamez de lui l’abandon de cette mesure ou de relayer auprès des autorités compétentes le mécontentement de certains consommateurs et la baisse inévitable du chiffre d’affaires. Dans les cantons de Vaud et Jura, où la couche-culotte faciale est obligatoire dans les commerces pouvant recevoir plus de dix clients à la fois, vous pouvez vous adressez à la chambre de commerce et d’industrie ou, même, au conseiller d’Etat en charge du commerce[8]. Comment continuer à manger et se vêtir durant ce « blocus », vous avez les petites enseignes, la vente directe auprès des producteurs, les marchés bihebdomadaires, les cantons voisins tant qu’on y impose pas la couche faciale et si ça venait à se faire, menacez d’aller faire vos courses en France voisine ou sur le net. Surtout, communiquez sur votre « grève sociale », il s’agit de témoigner de votre désaccord et de répondre à la limitation de vos libertés fondamentales, même si votre démarche n’aboutit qu’à des résultats symboliques Agir pour ne plus subir. Toujours plus loin dans votre protestation, vous pouvez suspendre vos acomptes mensuels auprès de la commission d’impôt et expliquer le pourquoi de cette suspension auprès des autorités concernées. De toute manière, vous ne risquez rien, pas même des intérêts de retard, vous avez jusqu’à fin décembre pour verser la somme demandée pour l’année en cours. Petit conseil, versez tout de même tous vos acomptes sur un compte spécialement dévolu à cet effet, histoire de ne pas être pris de cours. On pourrait pousser cette logique encore plus loin en versant les impôts sur le revenu et la fortune sur un compte bloqué après réception de votre décompte final. Vous témoigneriez, là encore, de votre opposition aux mesures liberticides qui ont encore cours du fait de cette pseudémie. A relever que cette posture tient du pot de terre contre le pot de fer et vous n’aurez pas le dessus. Avec un chouia de tapage médiatique, vous pourriez bien emm… vos autorités cantonales mais il faudra bien payer ! La réussite dépend du nombre de citoyens-contribuables prêts à se lancer. Imaginez que la moitié des ménages refusent d’obtempérer, l’Etat devra céder… Sur un plan politique, vous pourriez aussi sanctionner tous les élus - dont je fais partie - qui, d'une manière ou  d'une autre, ont collaboré au rapt de vos, de nos libertés fondamentales en biffant leurs noms lors des prochaines élections (communales, cantonales, fédérales). Préférez-leur des candidats tout neufs et virez les autres. Au passage, je vous présente mes excuses pour n'avoir pas suffisamment défendu nos droits dans mon mandat de conseiller communal.

Et plus personnellement …
Trois objectifs : 1.passer le permis de conduire et acheter une voiture, 2.faire une liposuccion en septembre et 3.suivre un cours de méditation transcendantale fin août. Je résume : être libre et se libérer (contrainte, gras, pusillanimité, horaires de train, etc.) Je vous dirai laquelle des trois mesures sera la plus spectaculaire. Quant à la littérature, on me promet, on m’assure que je serai publié en novembre et au printemps, pour un essai autofictif et un roman à caractère uchronique, deux projets cumulant près de 5 ans de retard à eux deux, on va dire la faute à pas de chance. En tout cas, promis, plus un mot sur le conarovirus et ses effets annexes. Après avoir rendu mon tablier du conseil de paroisse et de l’Association de sauvegarde de Morges, je me tâte quant à la politique aussi. S’apercevoir que l’on n’est qu’un micro-pion sur un échiquier géant au service de … pantins, bof. Je me demande s’il n’y aurait pas mieux ou plus créatif à faire. A voir. A suivre.




[4] Un bref exemple de ses « émissions », l’évocation de l’étude de 10 scientifiques italiens qui clament que l’épidémie est finie https://www.youtube.com/watch?v=m2_tWmJOso0
[7] Pour ne pas attirer d’éventuels ennuis à ces contributeurs de Facebook, je tairai leur nom.
[8] Le DEIS dans le canton de Vaud