dimanche, mai 15, 2011

B ... Barcelone ... Besançon




Petit retour sur mon séjour à Barcelone, sur mes véritables motivations dans ce voyage. J'y suis retourné pour Mauri, le restaurant-salon de thé au coin de la ramblas de Catalunya et carrer de Provença, fondé en 1929. J'y suis allé déjeuné, sous ses plafonds peints et ses boiseries Art Nouveau, j'y ai retrouvé ses pâtisseries tout aussi chantournées. J'ai pris le menu, avec entrée, plat et dessert, et le vin de la maison dont on vous apporte une bouteille. Le prix est le même que l'on boive un, deux, trois, quatre verres ... Et la boutique Muji n'était pas loin, y racheter l'un de ces petits calepins au format d'un passeport. Je suis aussi allé revoir quelques bonnes toiles des mes "impressionnistes" catalans, Rusiñol et Casas au MNAC. Finalement, je ne m'échape pas de mon univers de vieille fille ...
Je ne sors pas de mes villes en B. non plus. Le week-end passé, nous sommes allés à Besançon avec Cy, la belle architecture de Vauban, exactement l'atmosphère de "bonne ville" que j'affectionne tant. Un bon musée des Beaux-Arts et de l'archéologie, la messe à Saint-Pierre et nous avons même trouvé un établissement gay, très province, avec un jeune serveur court vêtu qui se dandinait sur le bar.
Je ne voyage pas par goût de l'exotisme, je collectionne des épisodes de ma vie idéale et surannée, une existence protégée par le rempart des bons auteurs. J'emmènerai du Crevel et du Thomas Mann lors de mon prochain séjour berlinois.

mercredi, avril 27, 2011

Les trop riches heures de Barcelone



Quelques jours à Barcelone, ville que je connais bien et que j'apprécie ... appréciais. L'insolente santé économique de la communauté autonome de Catalogne parmi une Espagne exsangue a refermé Barça sur un certain complexe de supériorité. La grande cité, sainte capitale de la culture catalane, n'a plus qu'elle-même comme modèle. Elle en devient idiote et commence à sentir moralement le moisi. Le musée d'Art contemporain n'offre plus que deux de ses trois étages à la visite, dont l'un est consacré aux collections (d'artistes locaux) que possède l'institution. Et les autorités municipales ont quasi éradiqué tous les signes restant de la guerre civile. Des chantiers chic et sans fin ceinturent la ville qui n'en finit pas de s'alourdir de frisottis architecturaux réhabilités selon une esthétique ripolino-disneyique. C'est tout juste si l'on a pas forcé les vieilles gagneuses de Raval de subir lifting et liposuccion.


Le touriste est contraint au rôle de crétin de touriste que l'on fait poireauter devant le tas de nouilles trop cuites de la Sagrada Familia ... Heureusement, il reste de vrais gens, ceux qui n'ont jamais fréquenté le musée d'Art contemporain ni ne prennent la pose sur la plage artificielle de San Sebastian, de ceux qui assistent à la messe de San Augustin ou qui épluchent des légumes devant leur porte, parmi les rues basses de la Barcelonette.

samedi, avril 23, 2011

Vendredi Saint



Célébration du Vendredi Saint à l'abbaye de Saint-Maurice où je reçus la confirmation dans la chapelle des Martyrs il y a une quinzaine d'années. J'y suis allé avec Cy. puis nous avons dîné à Martigny. Etonnant Valais si proche et pourtant ... étranger. La place centrale de Martigny ne ressemble à aucune place vaudoise, ni bernoise, fribourgeoise ou neuchâteloise. L'architecture, l'urbanisme, une certaine saveur de l'air marquent une différence notable. Jusqu'à une caissière qui devisait avec un client en patois ! Ce n'est ni plus, ni moins, c'est autre, dépaysant.

J'ai passé le dimanche des Rameaux à Bâle, j'y ai ressenti moins "d'exotisme". Nos cartes, nos frontières et autres délimitations se mettent à mentir ou répondent à des logiques obsolètes. Je n'en reviens toujours pas d'un voyage à Vienne sans avoir à aucun moment produit une pièce d'identité officielle ! Inutile d'ajouter que je me sens moins "autre" à Vienne ou Bâle qu'à Martigny.

Pâques nous apportera-t-il la promesse d'une moins grande distance avec le Ciel ?! Du moment que j'avance d'ici à la fin des vacances dans "Un après-midi d'été couvert", ce roman sur le thème de la déréliction me pèse, il m'use et réveille plus d'un abandon en moi.

vendredi, avril 15, 2011

Hôtel Balmoral


Non, je n'ai pas quitté le navire ! que mes lecteurs de C., petit village vaudois où vécut Mme de S. se rassurent et les autres aussi. Je n'ai pas le don d'ubiquité et me suis retrouvé dès début mars dans les cartons. J'ai déménagé. Berlin ? Bordeaux ? Barcelone ? Zürich ? non, je suis juste passé du quartier de Prélaz à sous-gare. Moi qui n'ai de cesse d'aller nuit après nuit en songe d'un hôtel à l'autre, je me suis installé à l'hôtel Balmoral, à l'ex-hôtel Balmoral, un bel édifice du début du XXème siècle reconvertit en immeuble d'habitation.

Ce n'était pas qu'un déménagement; j'ai tourné une page. J'ai produit tant de textes aux Clochetons, tant de récits ... Le lieu était épuisé. La dernière fois que j'y suis passé, état des lieux manqué, le propriétaire s'est fait excuser, il y avait un air de piano qui descendait dans la cage d'escaliers, des exercices relativement adroits, une variation passant du classique au jazzy. J'ai observé avec étonnement les murs, nus, les pièces vides, sordides à la limite, devenues si étroites. J'étais incapable de reconnaître mon ancien logement.

A l'hôtel Balmoral, j'occupe la moitié du dernier étage de l'aile gauche, trois fenêtres en façade et une sur le côté. Un cabinet, une chambre, un immense séjour - la cuisine en dépendance - et la salle de bain au bout d'un large couloir, une véritable antichambre carrelée avec goût. J'ai la vue plein ouest, une rangée de bâtiments Art Déco tardifs en vis-à-vis. La nuit, pas un bruit, à part la sonnerie bien timbrée de l'horloge tous les quarts d'heure qui roule sous les trois mètres de plafond stuqué.

mardi, mars 01, 2011

Je suis venu vous dire ...

Je reviens, non en bloggeur capricieux en manque de reconnaissance mais en auteur responsable, prêt à assumer le regard qu'il porte sur la cité et ceux que l'on y rencontre. François Mauriac, Julien Green et Thomas Mann n'ont pas fait autrement. Mes lecteurs comprendront le parallèle, mes détracteurs ... Oh! je ne suis pas encore assez installé pour en avoir.

Il se trouve que je passe mes vacances à Lausanne; je traverse la ville, je lis la presse, scrute les façades comme un touriste. Je cherche les correspondances de transport public, essaie de débusquer une rue ou l'autre; l'exercice est amusant. De plus, j'ai mille courses à faire, qui m'entraînent de Prilly à Lutry, et jusque dans l'improbable chemin du Trabandan. Aujourd'hui, j'ai traversé des perspectives, des avenues, des boulevards au charme discret, au prestige encore plus discret. C'est une vie qui s'y déploie et dont j'avais oublié l'expression si particulière, comme une vieille connaissance qui n'a pas si mal tourné. Je n'ai pas si mal vieilli non plus. Reprendre là où on en était resté.


Je suis resté interdit par le traitement accordé, dans la presse, à un événement tragi-comique, les coups de feu gratuit d'un homme sur une représentante de la police par simple détestation. Le tireur a, soit, un problème mais, plus globalement, notre société a un problème ! Comment la force publique en est arrivée à être détestée au point qu'un quidam, de sang froid, cherche à blesser l'un de ses membres. Je m'interroge parmi l'étrange lumière de ce jour, de brume, d'or et d'argent. Je m'interroge dans la séduction de ce printemps à venir.

vendredi, décembre 31, 2010

5-4-3-2-1 Ignition

Bilan 2010, exercice classique dont les chefs d'Etat se sortent avec plus ou moins de bonheur, d'Adolf Oggi et son sapin à Jacques Chirac et son horloge à voeux ... Allons-y, cher lecteur, pour ce passage en revue de l'année écoulée. Je vais procéder de manière thématique plutôt que chronologique.

Commençons par les voyages, d'un week-end ou plus. J'ai bien passé cinq ou six semaines à Berlin ... mais ce n'est pas du voyage, j'y suis chez moi. Dans ma chère Allemagne, j'ai renforcé mon attachement au Bodenseekreis. Avec Cy, nous avons séjourné à Constance, Friedrichshafen, Saint-Gall, Bregenz. Cette région à cheval sur trois frontières est pleine de charme. On y mène une vie plaisante, discrète, confortable et aimable. Nous avons poussé un peu plus loin à Stuttgart, une belle cité commerciale, sa gare monumentale d'un style un rien fasciste, la grande avenue bordée de commerces, le château, son petit parc, le Kunstmuseum et cette bonne vie opulente qui s'offre à chaque terrasse, dans chaque café, dans les rues, les places. Je suis aussi allé "redécouvrir" Münich en solitaire (j'y suis passé il y a plus de quinze ans), la ville de l'adolescence de Thomas Mann, de ses premiers succès. On y trouve de beaux cafés. Je retiens particulièrement le Hermann, à l'étage, en face de l'hôtel de ville, et le Puck, près de la neue Pinakothek. J'ai aussi découvert Malte avec Cy, un pauvre caillou recouvert de vieilles briques où l'on fait payer les catholiques pour visiter les églises. Le tourisme fait vivre l'île et la tuera certainement ... Autre destination touristique, la côte dalmate en Croatie. Je garde depuis que nous y sommes allés quelques impressions, quelques images de Hvar, sur l'île du même nom, et le fabuleux palais de Dioclétien à Split, les quais, la villa Mestrovic. Nous avons encore passé quelques jours à Lyon et Zürich.
En matière d'art, j'ai fort goûté une belle exposition Vallotton au salon du livre de Genève, particulièrement un "Paysage, soleil couchant" de 1919, un horizon de feu, d'or, de turquoise, de rose, beauté indescriptible de la mélancolie du couchant, arbres et bosquets, et les promesses de l'enfance. Beau à pleurer. Il y a aussi ma visite de la Neue Pinakothek, pas envie de citer une toile en particulier. Tout comme le Staatmuseum de Stuttgart. De belles institutions.

Question littérature, 2010 sera l'année de ma rencontre avec Julien Green, Léviathan, Adrienne Mesurat, son journal ... Quel choc ! J'ai lu Adrienne en pleine canicule berlinoise et j'en suis resté frappé, interdit. J'ai terminé l'année sur la lecture des Buddenbrook, un nouveau choc. J'ai approfondi ma relation à François Mauriac, Un Adolescent d'autrefois, Le Baiser aux lépreux et une bonne biographie que je n'ai pas terminée.
Quant à ma "production", j'ai fait publier Les Âmes galantes en mai et, fin novembre, les Mémoires d'un révolutionnaire. J'ai surtout mis la dernière main à La nouvelle Fuite à Varennes. J'attends les propositions de correction de mon éditeur. J'ai aussi achevé la rédaction de deux brefs textes qui m'ont beaucoup tenu à coeur, Slideshow (impubliable car fondamentalement scandaleux et amoral) et Tous les Etats de la mélancolie bourgeoise, un petit essai pertinent un rien fielleux.

Je n'ai manqué qu'une ou deux messes dominicales mais aucun des grands rendez-vous liturgiques de l'année. Je suis allé d'un paroisse à l'autre, toujours dans le regret de ce que j'avais connu à Saint-Joseph. En 2012, je compte me rapprocher de la paroisse Saint-André, y retrouver l'abbé Pittet.

Un dernier mot, de cinéma; il y a eu la révélation esthétique et artistique d'un Single man de Tom Ford. Je n'entrerais pas dans le détail, je vous laisse regarder dans les billets de cette année. Un coup de projecteur sur Io sono l'amore, de Luca Guadagnino, une tragédie wagnérienne dans un Milan post-mussolinien. Tilda Swinton y est sublime.

Et quant à ce blog ? Stop ou encore ? Mon éditeur et les journalistes me forcent la main. On m'a collé une étiquette de blogueur. Je voulais mettre un terme à cette aventure; vais-je revenir sur ma décision ?

jeudi, décembre 30, 2010

6. "Le Nom des gens"


Un film, un film français, une friandise, un bonbon acidulé, une perle, un petit rien d'une élégance incongrue de Michel Leclerc. Il m'est souvenu ma période française, quand je n'avais d'yeux que pour Paris et le "miracle mitterrandien". C'était il y a longtemps ... C'était quand j'avais vingt ans. Tout le monde était persuadé que les matins clairs commenceraient à se lever sur la Ville Lumière, sur la France.

"Le Nom des gens" donne envie de voter socialiste, de croire au modèle républicain, au joyeux métissage black-blanc-beur autour d'un coup de rouge. Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) est une jeune fille délurée, touchante et désinhibée. Un peu folle ... Arthur Martin (Jacques Gamblin) est son parfait contraire et comme tout le monde le sait, les contraires s'attirent. Le scénario est un habile prétexte à une galerie de portraits et une collection de situations cocasses. Bahia nue dans le métro - elle a oublié de passer un vêtement - reluquée par un musulman traditionaliste (ça, aussi, se voit à la tenue). Bahia ne trouve qu'à lui répondre "bon, ben ça suffit, t'as jamais vu une femme à poil ?".

En gros, "les origines, on s'en fout" et quelque soit le tragique du parcours de chacun, ce n'est pas une raison pour se faire la tête, la guerre, se détester. Il y aura toujours une table à laquelle s'asseoir, un repas à partager, une bouteille à ouvrir ... La belle fraternité ! que je n'ai jamais rencontrée ni au POP (j'ai été membre de ce parti), ni dans le milieu gay (j'ai aussi fréquenté cette chapelle-là) mais que je retrouve à chaque fois que je fréquente "notre sainte mère l'Eglise" ! La messe est bien le seul instant, le seul lieu (la manifestation spatio-temporelle de la communauté catholique) où l'on ne m'a pas fait sentir que j'étais soit trop ceci, soit pas assez cela !

P.S. Avec Cy, mon homme, nous avons assisté à une très belle veillée de Noël à Saint-André.

vendredi, décembre 17, 2010

7. Tony, Thomas, Christian et les autres


Tony, Thomas, Christian et les autres ... Buddenbrook évidemment ! En ce momement, en ce temps de l'Avent, je partage mon temps de loisir entre la promotion des "Mémoires d'un révolutionnaire", la lecture du Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Livre des nombres, Deutéronome) et les Buddenbrook, effets du hasard. Ce sont deux lectures que j'ai longtemps repoussées. Les deux sont "impressionnantes". L'Ancien Testament brille de l'éclat baroque d'un or ancien et les Buddenbrook, un récit familial d'un veine quasi biblique, quelle peinture édifiante et sensible !

Je retrouve à travers le personnage du sénateur Thomas Buddenbrook toute la démission d'une nature insatisfaite et hésitante, un trait contre lequel je passe beaucoup de temps à me défendre, tout comme le sus-désigné personnage. Il y a aussi la notion du masque ... Au risque de déplaire et de me faire chapitrer par quelque autorité, je préfère paraître toujours au plus près de moi. Je pourrais encore évoquer l'hypersensibilité de Christian, la dignité de Tony, ses à prioris enfantins et sa patience face aux contradictions de la vie. Je suis les Buddenbrook.

J'ai coutume de dire en interview que j'aurais aimé jouer les Thomas Mann mais que, ne provenant pas d'un milieu suffisamment bourgeois, je me suis rabattu sur Thomas Bernahrd ! Derrière le bon mot, je conserve toutefois la nostalgie de cette bonne vie allemande qui m'attire tant et m'appelle depuis ma rencontre avec Berlin.

dimanche, décembre 05, 2010

8. Chez les Buddenbrook

Enfant, je me rappelle avoir été fasciné par une série télévisée, l'histoire d'une famille allemande au XIXème siècle. Je n'entrais pas encore dans les méandres et les enjeux du récit mais j'en gardai une sorte de connaissance intuitive, une collection d'impressions, de sensations très prenantes. Adolescent, mon père m'emmenait parfois en voiture au collège de l'Elysée - j'ai fait la "primsup" puis une année de "rac" au collège de l'Elysée. Nous passions devant un bon bâtiment très "dix-neuvième-siéclard" que je surnommais la "Buddenbrookshaus" ...

Lorsque, simultanément à Berlin, je connus Thomas Mann, il me souvint la fameuse série télé. Je ne fis pas immédiatement le lien; je ne connaissais rien de l'oeuvre de l'intéressé. Depuis, j'ai lu du Heinrich, du Klaus, des biographies, du Golo, du Erika et, enfin, du Thomas ! Les Buddenbrook, déclin d'une famille. Ce récit n'a rien de monstrueux, le genre de pavé-pensum que l'on traîne des mois durant. Je suis entré dans le récit comme je suivrais mes histoires de famille (élargie). C'est avec un certain effroi que je découvre que des principes bourgeois surannés guident encore tant les moeurs contemporaines. Je ne parle pas de tempérance, de retenue, de bonne vie mais de ce souci panique du "qu'en dira-t-on". Le couple est le lieu de la réalisation sociale et de l'accession à un certain niveau matériel, y compris le couple gay ... surtout le couple gay ! Aujourd'hui, Antonie Buddenbrook serait un jeune homme passant d'un mauvais pacs à l'autre.

vendredi, novembre 26, 2010

9. Laharpe, héros méconnu

Laharpe ou l'histoire d'un homme insoumis, insurgé, un peu orgueilleux et parfois de mauvaise foi ... Laharpe ou le héros méconnu. J'ai passé ses "pantoufles" et ai rédigé ses confessions en "je", un constat de fin de vie qu'il aurait rédigé fin 1837, début 1838. Je laisse le soin à mes lecteurs de se faire une idée, lire les "Mémoires d'un révolutionnaire". Ils peuvent aller glâner des informations sur le site et la page "facebook" des éditions Morattel.
Le travail de promotion a cela d'étrange qu'il faut se remettre en phase avec le texte, un texte "accouché", le travail serait terminé. Je relis l'un ou l'autre passage des "Mémoires ..." et me surprend à le ... découvrir. Le texte est sorti de moi, il vit sa vie et je le lis comme je lirai n'importe quel texte qui ne serait pas de moi. Les "Mémoires ..." ont été relus, corrigés, mis en forme et imprimé, tant d'autres les ont portés; à présent, ils sont aux lecteurs.

Agréable interview vendredi matin, sur Couleur 3, menée par Catherine Fattebert. Les trottoirs de la Sallaz étaient encore un peu enneigés, une belle lumière rase, un temps d'Avent ... Le rendez-vous n'avait rien d'inquiétant. Je me suis demandé si je percevais le paysage différemment, à présent que je le perçois avec les yeux d'un auteur "reconnu". Mes précédentes sorties ont toutes été si discrètes que j'avais à peine l'impression à mes propres yeux d'être écrivain !

jeudi, novembre 18, 2010

10. Potiche et autres nids à poussière


On n'en finit pas de vivre avec son passé ... L'autre jour, je suis allé voir "Potiche", le dernier film de François Ozon, avec Catherine Deneuve. Je suis allé le voir pour la grande Catherine, un peu trop étroitement sanglée dans sa gaine, le souffle court, la réplique parfois hésitante, grand paquebot du cinéma français ... une légende toujours sur le point de prendre l'eau de partout mais ça flotte encore.

J'y ai retrouvé une esthétique, un charme propre à mon enfance, le chic du skaï crème, les couleurs acidulées et un ton, une vision du monde qui confine à la non-vision ... Ah ! le charme d'antan, quand on pouvait cloper, forniquer et polluer sans arrière-pensée. On jouait à la vie en laissant l'avenir régler les vrais problèmes.

Je vous écris - évidemment - planté derrière la télévision. Et je regarde une émission sur la pop et les stars des années quatre-vingts, du "cheni" fluo qui a aussi mal vieilli que ma madone de plastic phosphorescent achetée par correspondance chez Védia, mon premier objet de piété ! De la bimbloterie à laquelle je ... nous restons tous attachés. On ne peut tout de même jeter de pareilles choses, ce serait se couper un bout de l'âme.

D'une certaine manière, les "Mémoires d'un révolutionnaire", les confessions de mon Laharpe tiennent du même fétichisme passéiste, le kitsch en moins. La promotion de mon dernier roman a déjà commencé, vernissage le 23 novembre de 18h30 à 21h30 au café le Sycomore à Lausanne, 31 rue de l'Ale. Olivier Morattel est un éditeur très actif et efficace. Il vient de la finance, il sait vendre "le produit" et j'aime cela. Il a ma totale confiance. Petit rappel de la teneur de mon dernier roman dans mon prochain billet.

vendredi, octobre 29, 2010

11. On ne change pas ...


... une équipe qui gagne surtout quand elle perd ! Je vais donc encore parler de Berlin - où je me trouve - je vais encore évoquer Mauriac, Green, Thomas Mann et Bernhard et mon catholicisme, je vais "tirer" un message de plus afin d'honorer ma promesse comme un époux honore son épouse après vingt ans d'épousailles et de routine. Je baille ... non, je ne suis pas fatigué, je m'ennuie, voici un mot que lâchait Lucien Guitry lorsqu'il baillait en public. Je le sortais aux aspirantes infirmières dont j'avais la charge, des élèves d'une école de soins infirmiers (une école privée et pathétique dont la direction est frappée d'alcoolisme) mais les demoiselles manquaient d'humour et ont répété au seul membre non-alcoolisé de la direction que je m'ennuyais. C'était une dame qui ne supportait les hommes qu'émasculés et/ou alcooliques ... ça laisse songeur et qui, de nos jours, connaît encore Lucien Guitry. Bref. Je peux me perdre rêveusement dans la contemplation de la vue (voir illustration) que m'offre la vaste baie vitrée de l'appartement que j'ai loué pour ce séjour, un grand appartement décoré avec goût dans lequel je flotte au-dessus de la ville qui s'offre à moi sur près de trois-cents degrés.

A propos de Mauriac, mea culpa, il me semble que j'avais insinué une légère vacherie quant à l'origine de son succès, ce dernier coïncidant avec son mariage; l'élue était une demoiselle Lafon, demoiselle dont le père aurait été un auteur reconnu et primé en ce temps. J'avais pourtant lu la chose. En fait, le beau-père de Mauriac était banquier et le Lafon auteur et primé était gay, aussi peu assumé que Mauriac dont il était un ami proche (ne me demandez rien quant au niveau de proximité).

Autre vacherie. J'ai, dans un essai intitulé "Tous les états de la Mélancolie bourgeoise", taillé quelques costumes à L.B., cinéaste romand reconnu. Il s'était complaisamment étalé dans une sorte d'article hommage à un grand auteur romand fraîchement décédé dans lequel il alignait mensonge sur cliché. J'ai lu dimanche dernier une chronique de sa main et ai hurlé de rire. Cet homme a du talent et je sais l'apprécier. Qu'on se le dise et le répète lorsque mon essai sortira.

Pour le reste, ça attendra demain, je suis fatigué pour l'instant...

samedi, août 28, 2010

12. De la pudeur selon Mauriac


François Mauriac avait une pratique de la pudeur ... à la limite de l'hypocrisie. Il était gay, passionnément attaché à la perfection de la jeunesse, à la beauté masculine. Il passa sa propre jeunesse à papillonner autour de Cocteau et de Lucien Daudet. Toutefois, il ne se départit jamais de sa foi catholique ... Jean-Luc Barré, dans le premier volet de la biographie qu'il lui consacre, expose avec habileté la double influence qui régit l'intimité de l'auteur.


Je n'arrivais pas, jusqu'à il y a peu, à me faire une "religion" à propos de la discrétion mauriacienne. L'a-t-il fait ou pas ? Je pense que oui, une fois au moins oui, preuve à l'appui. Aurait-il dû assumer ? Oui, trois fois oui et qu'importe si une tripotée de vieilles filles racornies de partout en eussent fait une attaque. Nous avons tous le devoir d'assumer ce que nous sommes et encore plus particulièrement lorsque nous faisons partie de la grande famille des intellectuels. Julien Green ne renia rien de sa jeunesse et n'en perdit pas pour autant la foi. Le Seigneur nous aime tel qu'il nous fit : libres et très différents les uns des autres.


Après une récente conversation avec une connaissance, je compris la délicate position du Mauriac privé face au Mauriac public, l'auteur reconnu. Cette connaissance, que je n'avais pas revu depuis avant les vacances s'enquit de ce que j'avais fait ces derniers temps, mes voyages, etc. A brûle-pourpoint, il me lança "je viens de me taper une jeunette de vingt-deux ans sur la plage d'Epesses" et de rendre précisément compte de sa rencontre, avec tous les détails. Nous n'étions pas au chapitre des confidences égrillardes. Je subis poliment ce récit et repensai à Mauriac, le discret Mauriac qui tenait la jeunesse, la beauté, l'attirance sexuelle en trop haute estime pour les salir par des allusions grossières qui n'auraient eu, pour seul but, que de vaniteusement faire valoir son auteur. Pour preuve, le séducteur dut tout de même s'enquérir de l'âge de son gibier ...




vendredi, juillet 09, 2010

13. Emma, Julien, Adrienne et les autres

Vous ai-je déjà parlé des bruits de la nuit alors que, à Morges, dans un quartier périphérique de Morges, un quartier populaire, à la lisière de villages cossus, dans mon lit, la fenêtre grande ouverte sur les parfums et les sons de cette campagne alentour je lisais "Madame Bovary" et le "Rouge et le noir". C'était l'été, j'avais ... quatorze ou quinze ans et je lisais en me forçant un peu ces "grands" romans. Quelques beaux passages mais, particulièrement avec "Madame Bovary", une compréhension intuitive de l'ennui et de la pusillanimité de cette femme. Julien, à l'époque, me parlait bien plus ! Que de fois, alors que je tentais de séduire maladroitement un garçon, je pratiquai sur un mode Sorel. "quand l'heure pleine sonnera, je lui prendrai la main".

Jamais je ne fus un bon "chasseur". Soit l'on plaît, soit l'on ne plaît pas ... et pour ce genre de choses, les finasseries ne sont pas de mises, on sait très bien de quelle façon ça se finira. J'aurais quarante ans le 20 juillet et, de mon adolescence, je ne retiens pas quelques boulimies sensuelles ou d'inoubliables "foirées", je garde le souvenir exact d'Emma, de Julien, il me souvient un été avec la vaste saga de Dumas (de son nègre plutôt), de "Joseph Balsamo" au "Collier de la reine". Je me souviens aussi du premier roman que j'écrivis, un roman historique ! qui, de dépit, finit à la poubelle. J'avais écrit ce texte pour les 700 ans de la commune de Morges. Je livrai un manuscrit, le jury lui préféra et de loin de jolis travaux besogneux. On ne me remercia pas même de l'effort.

Ce soir, je suis à Berlin, Schöneberg, quartier gay. Il n'est pas tard pour Berlin mais j'ai préféré profiter du calme exceptionnel de mon logement, un "obergeschoss" au-dessus d'un bordel où des filles qui ne savent pas marcher avec des talons trop hauts ramènent le client racolé dans la rue. J'entends la rumeur de conversations lointaines, la circulation comme le flux d'une rivière, le vrombissement des bus, "Ersatzverkehr", les U-Bahn s'arrêtent tout de même trois-quatre heures durant la nuit. Je perçois aussi de jeunes gens turcs et la scansion saccadée de leur allemand, ils sortent peut-être du bordel. Je retrouve avant tout la nuit et ses miracles, une nuit pareille à celles que je connaissais à quatorze-quinze ans. Il y a un roman posé près de moi, un texte que je dévore dans les transports, à la plage, au parc, au lit, "Adrienne Mesurat" de Julien Green. Tout le poids de l'ennui et de l'enfermement se retrouve chez cette jeune fille, une vie à passer à côté de la vie ...

Je me persuadai longtemp d'être passé à côté de la vie, je ne vis sincèrement pas passer les vingt-cinq dernières années. Il y a bien ce corps plus aussi fringant que je le souhaiterais, son usure, ses paresses alors que je serais libre de faire la tournée de tous les pince-fesses gay du coin, et il y en a mais le charme discret de la littérature et cette nuit, à mille kilomètres et plus de vingt ans de celles que je connus à Morges, cette nuit me retient, lire encore quelques pages d' "Adrienne Mesurat".

dimanche, juin 06, 2010

14. Carrie et moi


Je n'ai jamais cessé de balancer entre Carrie Bradschaw et ... Thomas Bernhard ! Cela tient d'un grand écart magistral. Rajoutez à cela mon catholicisme, mes "difficultés" à vivre simplement une relation de couple, quelques fantômes dans le placard, la crise de la quarantaine et les facéties de Cy; je tiens là le strory-board le plus "branque" d'un improbable épisode de Sex and the City joué sous exta. J'avais prévu un autre petit billet charmant sous le chiffre 14, un mot à propos de ma Pentecôte, à Münich, Thomas Mann, ma chère Allemagne wilhelminienne et deux ou trois considérations moroses de fond mais je sors à peine du cinéma avec Cy (pour ceux qui tomberaient sur ce blog par hasard, Cy est un garçon, mon compagnon depuis bientôt trois ans et, oui, je suis gay).

Nous avons passé un formidable moment avec Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, Sex and the City 2, des histoires, une histoire belle comme la vie et je me suis souvenu pourquoi j'avais déjà traversé tant de crises avec Cy, pourquoi cela valait la peine, et je me suis aussi souvenu que, lorsque j'ai commencé ce blog, j'avais un voeu, très simple et très compliqué à la fois. Je voulais d'un mari ... un garçon qui m'aimerait. Cet après-midi, j'ai pu me dire ce que j'ai su dès le premier instant : c'est lui, c'est Cy et qu'importe si parfois il ne me comprend pas, je ne suis pas toujours facile à suivre. Je ne vais pas devenir un auteur sirupeux enrubanné de rose bonbon, je ne vais pas quitter mon "réalisme désabusé" mais je vais tâcher de me souvenir à chaque fois que je serai trop acerbe de cette après-midi au cinéma.

Encore deux mots de ce film, son intelligence, la qualité de sa photographie, des images belles comme une relation idéale, un mariage gay de conte de fée, une promenade sur la plage dans une atmosphère à la Shérazade, juste retrouver un peu du plaisir que j'avais à vous écrire depuis mon vieil appartement, la fenêtre ouverte à la belle saison, le bruissement de la nuit, ou depuis mon lit, de lourds flocons s'écrasant sous le faisceau orangé des réverbères de l'avenue de Morges en hiver ...


P.S. Le précédent billet n°14 deviendra le billet n°13 et sera posté fin juin, ce sera notre Pentecôte différée.

vendredi, avril 09, 2010

15. Impressions berlinoises


A Berlin, je ne suis pas en vacances, je mène ma vie ... berlinoise, faite de courses à travers la ville, de visites à des oeuvres; j'entretiens un commerce amical avec les oeuvres d'art de ma connaissance, je vais trouver les Carus et les Friedrich de l'Alte nationale Galerie, ou l' "Amour als Sieger" du Caravage à la Gemälde Galerie, les Otto Müller du Musée Die Brücke, les Nolde de la Neue nationale Galerie. Il y a aussi Ch., Li. et la mère de cette dernière. Il y a les bistrots, les salons de thé où j'ai mes habitudes en dépit des changements perpétuels. Je me suis surpris, l'autre soir, à cheminer sur un trottoir de luxe dans cette ville, un trottoir parfaitement terrassé, avec la bordure de petits pavés, les pavés plus larges pour le bas-côté où se garent les voitures, et les plaques de béton moulé pour le revêtement central, un carrelage parfaitement ajusté. Tout ce luxe, derrière les voies de trains et de S, à trois cents mètres de l'Ostbahnhof. Un lieu que j'ai connu autrefois dépourvu d'éclairages, au sol criblé d'ornières vaseuses et, partout, des ruines post-industrielles. Aujourd'hui, on y trouve LA BOITE de Berlin, le Berghain, un lieu qui a perdu son âme alors que les rues qui l'avoisinent se sont couvertes de réverbères high-tech et de mégastores du jardinage, du bricolage et de la mangeaille.

Je décolle dans quelques heures. Je rentre satisfait. J'ai passé ma dernière soirée avec Berlin - jusqu'à mon prochain séjour - au cinéma, l'Odeon sur la Hauptstrasse. Je suis allé voir "A single Man" de Tom Ford avec Colin Firth et Julianne Moore. J'ai failli manquer ce film si mal vendu en Suisse et en France. A aucun moment, je n'ai entendu dire que le principal protagoniste était gay, qu'il vivait le deuil de son ami. J'étais persuadé d'avoir affaire à une bluette académique. Je n'irai pas jusqu'à parler d'une conspiration du silence ... Toutefois, je constate que j'ai vu ce film à Berlin, tout comme j'ai vu "Lourdes" de Jessica Hausner avec Sylvie Testud. Silence radio dans les salles romandes. La religion poserait-elle autant de problème que l'homosexualité ? Sous des dehors de tolérance bonnasse, ne se cacherait-il pas une volonté de nivellement des particularismes et différences ? Cette tolérance n'est que le fruit blet d'une impéritie crasse.

Je pars dans quelques heures, j'emporte le souvenir de la visite au Neues Museum, le nouvel ancien musée égyptien que l'on a remis à peu près en état dans un goût et une mise-en-scène dignes des trottoirs d'un luxe inutile aux abord du Berghain ... L'endroit est si chic, qu'il faut acheter son billet à l'avance et pénétrer le saint des saints à une heure dite. Il y a deux ou trois beaux effets pour un ensemble assez peu intéressant. On en vient presque à regretter son précédent état et les bombes alliées. Qu'importe, Berlin se situe à un autre niveau. Son snobisme muséal lui passera aussi vite que la nouveauté de la chose.





dimanche, mars 28, 2010

16. Endlich zu Hause


Le dimanche des Rameaux n'est pas très festif à Berlin. On annonce les souffrances du Christ, on s'appesantit sur sa mort prochaine, sur le déchirement des derniers instants et on oublie son entrée triomphale dans Jérusalem et La Promesse dont il est porteur ! Je me souviens d'un dimanche des Rameaux à Barcelone lumineux, d'une procession et de la messe donnée à une foule enthousiaste sur le parvis de San Augustin. Les catholiques berlinois se roulent dans un victimisme hors de propos, incompréhensible ... En fait, ils pratiquent la foi hors les églises, quelles qu'elles soient. "Ni Dieu, ni Maître" pourrait être peint en lettres capitales sur tous les panneaux annonçant l'arrivée à Berlin.

samedi, février 27, 2010

17. Temps de carême


Dans l'attente du printemps - quoique je ne sois pas un fétichiste de la belle saison et de ses débordements obligatoires - il nous est donné un temps de carême, un moment de repli, ou plutôt de retour à soi avant le miracle pascal. Je vis ce temps dans la compagnie de Mauriac et de son "Adolescent d'autrefois", une envie subite après ma longue parenthèse littéraire germanique, près d'une année en compagnie de Thomas Bernhard. Je retrouve la morale scrupuleuse de Mauriac le catholique, dont la personnalité est tout enroulée autour d'un secret "inavouable". Je retrouve un Paris qui n'existe plus et une région bordelaise toujours aussi bien élevée, fière et discrète. En compagnie de Mauriac, j'attends Pâques et Berlin, j'y passerai le dimanche des Rameaux, et le Vendredi Saint. La veillée pascale aura lieu en Suisse, je ne manque jamais le dîner de Noël et de Pâques chez ma mère en compagnie de ma soeur, mon neveu, ma nièce et, peut-être, Si. si son horaire le lui permet.

L'édition d'un "Adolescent d'autrefois" que je me suis procurée - une édition de poche - est augmentée d'un appareil critique, ça sent la lecture studieuse et le programme de bac. Toutefois, le propos y est intelligent. J'ai même parcouru un bio-bibliographie express dans laquelle j'ai appris l'existence des "blocs-notes" de Mauriac. Je savais qu'il avait publié des textes personnels, de la réflexion sur l'actualité et l'époque mais cet intitulé de "Bloc-notes" m'a frappé, cinq volumes, du blog avant l'heure ! Mauriac tiendrait-il un blog s'il était vivant aujourd'hui ? Ce n'est pas improbable. Jean-Louis Kuffer tient lui-même un blog sagace et érudit. Je m'interroge sur les moyens de diffusion de la "chose" littéraire. Madame de Sévigné fut sacrée autrice du fait de sa correspondance. Du vieux ragot mondain, un travail surfait selon mon avis; on y apprend ... rien et tout à propos de M. de Truc, Mme de Bidule, la princesse de Chose ... Un pensum ! On aurait mieux fait de laisser son caractère privé à cette ennuyeuse correspondance. Le trois-quarts des blogs ne sont pas plus intéressants et nettement moins bien écrit !

Question diffusion de mon travail, j'ai donné une interview sur Espace 2, "Entre les lignes", une série d'émissions consacrée à un numéro du journal littéraire "Le Persil", un numéro portant sur le "Tiers participant" ou comment les autres interviennent dans le texte. Évidemment, mes "collègues" auteurs ont rendu des hommages en long, en large et en travers à Pierre, Jacques ou Jean; quant à moi, j'ai expliqué à quel point l'autre, en général, "me les brise". Pour les besoins de l'émission, un acteur a lu mon texte et j'ai répondu à quelques questions par la suite. Au cas où cela vous dirait, vous pouvez écouter mon intervention et la lecture du texte sous le lien donné au début de ce message, en date du 8 février, cliquez le petit logo juste à côté de la date et vous me trouverez entre la minute 15 et la minute 30.

samedi, janvier 09, 2010

18. Coco Chanel et Igor Stravinsky


La liaison est présumée, elle reste dans le cadre du vraisemblable, Coco Chanel et Igor Stravinsky, un film, la peinture d'une époque, le premier quart du XXème, des images d'un graphisme parfait, d'une élégance léchée et la musique, le ballet, le service impérieux de l'art, une Anna Mouglalis dans la peau de Coco encore plus Chanel que Gabriel ... Stravinsky n'a pas eu peur d'affronter la nouveauté radicale à laquelle son talent l'a ouvert, pareil pour Chanel; le réalisateur Jan Kounen s'inspirant d'un roman de Chris Greenhalgh a merveilleusement rendu cette époque contradictoire, séduisante et inique, le glissement d'un monde de traditions vers ... autre chose. L'oeuvre est esthétiquement aboutie, froide comme la réussite et attirante comme un garçon inaccessible. J'ai, le temps d'une séance, retrouvé ce cinéma d'atmosphère qui n'a guère plus court aujourd'hui.


Sitôt sorti de la salle, j'ai tout de suite voulu écrire un billet. Accessoirement, cela fait plus de cinq jours que je repousse le moment de vous parler. La semaine dernière, Avatar avait suscité mon enthousiasme, voire même mon ravissement; j'avais pensé en dire quelque chose et, finalement, la nécessité m'en a passé. Je n'ai pas envie de surfer sur la vague d'un engouement général quand bien même il est légitime. Je ne suis pas fait pour ça. Mon travail d'auteur m'entraîne ailleurs ... ailleurs que sur un blog ! Je suis donc venu vous dire que je vais m'en aller, que "Le Monde de Frevall" ne va pas durer pour la simple raison que je n'en vois plus l'intérêt. Je suis quelque peu mieux établi dans ma "carrière" d'auteur. Soit, je suis peu publié, encore moins lu mais, dans les deux cas, je le suis, tout de même.


J'ai adoré vous écrire, vous parler de ce que j'aime, vous faire partager mes préoccupations et mes "coups de coeur". Avec vous, j'ai fait face aux critiques, à la tentative de censure ... A présent, mon blog est un pauvre îlot perdu dans la toile, il représente toujours un investissement de ma part (temps, effort) mais sa forme n'est de loin pas à la hauteur de son contenu. Vanité ?! oui, peut-être mais mon travail d'auteur mérite un certain cadre et du respect. Je ne suis pas programmateur, je ne vais pas transformer mon blog en un sapin de Noël internautique, avec plein de gadgets qui lui assureraient un minimum de visibilité.


Nous n'allons pas nous quitter comme ça ... Je vais encore tenir ce blog jusqu'au 31 décembre 2010. J'ai décidé de vous offrir dix-huit articles pour cette année, encore dix-sept, le dernier au 1er décembre 2010. Et, pour 2011, vous retrouverez peut-être ma plume sur la toile, ou non ... A moins que vous ne retrouviez mes billets internautiques dans un florilège publié ?! Je ne sais pas, pas encore. Encore tous mes voeux pour cette nouvelle année.

dimanche, décembre 27, 2009

Du bonheur de la blanchisserie


Tout va très bien chez Mme de W. qui vécut à V., une bonne ville de la Riviera vaudoise. Tout va si bien que c'est à se demander pourquoi tout le monde court dans tous les sens à Lausanne et dans le reste du canton ?Pourquoi ne suivent-ils pas l'exemple de V. où l'on vaque à la prospérité de son ménage et où l'on n'a pas perdu le sens commun et des usages ! A Lausanne, sur la Côte et dans le reste du pays, on aime tellement s'inventer des histoires; ça passe le temps, ça vous remplit une vie mine de rien et ça vous évite de cerner le coeur du problème ... Un problème qui n'est pas le mien, chacun se débrouille avec ses valises de linge sale. Personnellement, j'ai opté pour une machine à laver personnelle, un "outil" domestique qui me vaut d'être encore dans l'enseignement ! Je m'explique. A l'époque quand j'achetai la chose - d'occasion et pour la somme alors colossale de 400,- - je venais d'emménager dans le quartier de Prélaz, mon vieil appartement, le deux-pièces-cuisine qui ressemble à un garni des années Quarante. J'étais en pleine (dé)formation pédagogique dans une institution qui sévit aujourd'hui encore. On m'y disait bien des choses, et des pires, à tel point que je faillis raccrocher ! J'avais un stage pédagogique rémunéré doublé d'un remplacement dans un gymnase (un lycée pour mes lecteurs non-suisses) et une machine à laver et un déménagement à payer. Je ne fis donc pas la fine bouche et persévérai dans la voie dans laquelle j'étais engagé. Ma carrière enseignante doit ses débuts au hasard et son affermissement par la jouissance d'une machine à laver à demeure ! A noter que cette carrière aujourd'hui se poursuit parce que l'enseignement me réussit autant qu'à mes élèves !

Récemment, voyant de l'eau près de la fameuse machine, d'un âge aujourd'hui canonique, je me réjouis à l'idée d'une fuite ! L'exacte excuse que j'attends impatiemment afin de courir acheter une nouvelle machine à laver qui massacrera moins mes chemises ! Fausse alerte, ce n'était que Cy. qui, une fois de plus, avait répandu de l'eau un peu partout lors de sa douche ... Je vais donc garder ma championne toute catégorie du froissage intégral. Il ne s'agit que d'un menu désagrément, l'affaire de deux minutes de plus par chemise au repassage, cela reste sans commune mesure avec le calvaire de ceux qui se traînent des ballots de linge cradingue, soit qu'ils ne peuvent pas le laver ou qu'ils ne savent pas comment le laver... La métaphore est à méditer jusqu'au 31 minuit, histoire de prendre de vraies bonnes résolutions. Quant à moi, je repasse en regardant la télévision, je prends donc pour 2010 la résolution de ne regarder que des séries qui me plaisent , et l'économie d'une nouvelle machine financera l'achat de DVD ! Voyez, depuis que j'officie chez Mme de W. qui vécut à V., bonne ville de la Riviera vaudoise, tout va plutôt bien !

lundi, décembre 07, 2009

"Mère et fille" et autres considérations


Il y a Catherine, l'immense Catherine, Mlle Deneuve, la femme mystérieuse, lointaine, distante, froide et intrigante ... Ses mimiques, sa présence et, étonnement, mon enfance, mon adolescence profondément francophile. Nous sommes allés voir "Mère et fille", le dernier film de Deneuve dimanche après-midi, joli récit au rythme lent, des effets si propres au cinéma français, exposition de vies mélancoliques et bourgeoises, problématiques si délicieusement décalées. A croire que la France n'est faite que de médecins, de commerçants bien installés, de résidences d'une douzaine de pièces minimum, une sorte de projection idéale et chabrolienne d'une société qui n'existe guère plus que mon enfance ou mon adolescence. L'histoire s'étage sur trois générations de femmes, la grand-mère est évoquée par la petite-fille; Mari-José Croze est parfaite dans le rôle de la revenante fifties', la coiffure, le décor, tout est d'un soin parfait ... et passéiste.


Je pense avoir perdu ma francophilie avec un certain goût pour la mélancolie, un goût doucereux, un penchant pour les atermoiements rebrodés, les non-intrigues charmantes. J'en ai fini avec ma période française, difficile toutefois d'en quitter les facilités réconfortantes, de la bimbeloterie mélancolique, des effets éventés ... "Mère et fille" n'est ni pire ni mieux que "Les Herbes folles", un si joli savoir-faire et si peu à raconter, des histoires surannées pour rester poli. Et comment vais-je faire sans ce délicieux petit genre éculé, une forme de "vraie vie" pour vieille fille que j'affectionnais tant !

jeudi, novembre 26, 2009

A défaut de Berlin




A défaut de Berlin, j'ai passé une après-midi à Berne, un samedi ensoleillé dans la capitale, une promenade en surplomb de l'Aar, les coupoles du palais fédéral desquelles des corneilles se jettent dans le vide et planent en larges cercles. Je pense aux corbeau de Wotan. Je pousse jusqu'à l'esplanade de la cathédrale. Berne, sa vieille ville, une cité tout droite sortie d'un livre de légendes, des légendes auxquelles il faut se livrer, comme les corneilles au vide, pas si vide, la masse de l'air et nous planons sur des siècles d'histoire. Il suffit de la connaître pour ne pas tomber.


Ma promenade avait un but, la rétrospective Giovanni Giacometti, le père d'Alberto, un peintre qui a fait partie de la mouvance Die Brücke. Cet homme au talent reconnu, formé dans la Munich de la Sécession, est rentré dans son village natal, on a acheté son séjour contre une forte somme ! Stampa, les Grisons, un bon mariag et où est passée la liberté berlinoise des autres membres de Dies Brücke ?! Giacometti a soigné son image d'artiste officiel et n'a pas sacrifié son talent. A part quelques toiles convenues ... Quel secret a nourri ce talent ? L'évidence de nudités pures sous un soleil de légende crève la toile.

dimanche, novembre 15, 2009

1989-2012



J'y étais ! Non, je n'étais pas à Berlin le 9 novembre 1989 comme tous les "winners" de la planète, il me souvient à peine ce que je faisais à 19 ans, le mur, Berlin, le bloc de l'est, etc., ne me parlaient absolument pas alors. J'étais à la projection de 2012, vendredi passé, la séance de 13h15. En soirée, le film fait salle comble, c'est un événement, le film de Blaireau avec un B majuscule. Je suis très bon public pour ce chose, j'adore le cinéma populaire, la cuisine sans chichi et tout ce qui permet d'aller droit au but. Je réserve - d'une manière très germanique - ma finesse de sens et d'esprit aux Beaux Arts, à la musique de Wagner, à la porcelaine de qualité et aux fleurs, et ma foi à l'Eglise catholique romaine apostolique et universelle. "Le reste n'est que garniture", chantilly foireuse, crème grassouillette dans lesquelles je plonge parfois avec délice quand l'envie m'en prend. 2012 en fait partie. Et quel spectacle, mes amis, de la catastrophe eschatologique et moralisante à deux balles, la tabula rasa en dolby stereo et tout et tout. Le fameux calendrier Maya, un vieux buzz de la toile qui adore claironner complot et fins du monde à chaque tournant de page ... Ca plaît aux blaireaux.
Ah, ça ne vaut pas ma chère Berlin où l'on assume pleinement d'aimer le pire et le meilleur tout ensemble, où l'on écrit avec tant d'aisance, où l'on vit, avec simplicité, pareil chez Mme de W. Dans la bonne ville vaudoise de V., on aime aussi les arts avec mesure, la nouveauté sans excès. Accessoirement, j'y étais ce samedi, la "journée porte ouverte" de l'établissement dans lequel j'enseigne. Emotion, je présentais la nouvelle mouture du journal de l'école, nouveau graphisme, tirage augmenté, nouvel imprimeur : un franc succès, aussi mouvementé et plein d'effets que 2012. Je le répète, un succès ! Le journal est accrocheur comme un "blockbuster", nettement moins moralisateur et bien plus subtile que le genre. Même si l'on m'avait fait des reproches au sujet de "mon petit journal", je persisterais et signerais deux fois sous le titre de rédacteur en chef.




lundi, octobre 26, 2009

La vraie vie ...


A Berlin, je mène ma vie berlinoise, quelques courses, des visites à Ch. et à Lb., le U-bahn, le S-bahn et les bus, et cet art de vivre un peu décousu, chic et désuet. Cela tient moins du voyage géographique que d’un voyage dans le temps, éprouver la manière dont il ne s’écoule quasi pas sous le ciel plombé de cette capitale en perpétuelle reconstruction. Les filles danoises bruyantes à la table voisine sont parties, les « möchte gern » sont la rançon du bonheur à la mode willhelminienne : de grands boulevards, de grands cafés, de vastes musées, des magasins sans fond et l’impossibilité des mouvements de foule. Les rues sont trop larges, la ville trop étendue, il n’y a guère que dans le S-bahn que l’on se presse, et encore … On a tout dit sur ce séjour d’agrément, cette ville-parc d’attraction pour adultes, sur la « facilité » de ses filles et de ses garçons. Ce qui m’y attire, m’y appelle fidèlement depuis plus de cinq est de tout autre nature : à Berlin plus qu’ailleurs il est permis de mener, à très peu de frais déjà, cette bonne vie bourgeoise totalement obsolète, faite de rendez-vous avec la ville, ses bonnes adresses, ses expositions, ses soldes, etc. Il me faut de plus en plus de temps pour retrouver le bon tempo, sortir de ma bulle et entrer en relation avec l’époque elle-même. Surtout, à Berlin, j’ai le droit de ne pas savoir …

lundi, octobre 19, 2009

Travail versus vacances


"Et vous êtes parti durant ces vacances ?" Oui, Berlin, évidemment ! Et pourquoi donc ? Pour mettre un point final à "La nouvelle Fuite à Varennes", pour réfléchir à la suite, une envie, quelque chose à partir de Fauré, le charme légèrement mélancolique de cet art musical éminement bourgeois. J'ai besoin de Berlin pour ... travailler ! J'ai même mis la dernière main à un projet dans le cadre d'un festival, on verra ce que ça donne, et il m'est aussi venu l'idée d'une couverture pour "Les Âmes galantes", à paraître à la fin décembre. Je vais utiliser une "boule de neige", un objet ramené de Barcelone, un petit air Art Déco tardif, tout ce qu'il faut afin d'évoquer l'univers d'Aglaé, l'héroïne de ce texte.

Heureusement que les vacances ne durent que deux semaines, et retourner à V., bonne ville de la Riviera vaudoise où vécut Mme de W., où tout se passe au mieux. Entre la nouvelle formule du journal de l'école (dont je suis le rédacteur en chef) et la journée portes-ouvertes, la rentrée sera aussi "reposante" que Berlin. D'autant plus que mes collègues sont, en sus de leurs activités enseignantes, extrêmement prolixes et créatifs. Il m'a fallu courir voir le musée Baur, son impressionnante collection de porcelaine chinoise et, ce qui m'y a amené, un bon sujet d'article, une exposition à laquelle a participé le responsable de la section céramique Jacques Kaufmann. Le travail est à la mesure de l'homme : subtil et évident, généreux et complexe. Et s'il n'y avait que l'école supérieure de céramique ! Difficile de suivre tout le monde en photographie. J'ai eu le plaisir de découvrir un peu du très discret Daniel Baudraz, de voir avec ses yeux, de ressentir l'importance du détail, une mini rétrospective dans une galerie de V.

Et pour revenir au numéro spécial du journal, coïncidence non fortuite entre la journée portes-ouvertes et la nouvelle formule de "mon canard", il n'est de loin pas bouclé. On va encore me voir courir d'un étage à l'autre, à la recherche de l'un ou l'autre de mes rédacteurs oublieux, d'une photos, d'un renseignement ou d'une clef USB que j'aurai encore laisséée à l'un des nombreux postes informatiques de l'école. Je vous le dis, la rentrée, quasiment des vacances !

dimanche, octobre 11, 2009

Il m'appelait mon cousin


Il m'appelait "mon cousin" lorsque nous nous rencontrions dans les couloirs du gymnase de la Cité où j'étais élève; il me donnait toujours du "mon cousin" en ville, chez Manuel, par exemple, où très obligeamment il retirait ses affaires, des cahiers qu'il avait étalés autour de lui, sur la table et les sièges. La mère de Jacques Chessex était une Vallotton !


Jamais, je n'ai osé lui soumettre la lecture de l'un ou l'autre de mes romans publiés, je le regrette. L'aura du grand auteur m'impressionnai trop et, pourtant, l'homme était d'un abord aisé. Je crois que je ne lui ai jamais présenté mon travail par pusillanimité, et aussi parce que je ne partageais pas son goût du "beau sexe". Je comptais lui apporter personnellement "Les Mémoires d'un révolutionnaire" sitôt la chose publiée, l'affaire d'une année. Les aventures de Laharpe sortiront sans le brillant patronage d'un autre grand vaudois.


Christophe Gallaz a eu un mot pertinent quoiqu'acidulé à propos du grand Jacques, un mot qui tombait juste, une mise en balance du projet littéraire chessexien, de la critique cinglante du pays de Vaud qui s'y lit et de l'amour de l'auteur pour ce pays, de son désir de puissance ... Rapport à méditer ...

lundi, septembre 14, 2009

Wagner versus Viard


La puissance évocatrice de Wagner est capable d’emporter la banalité la plus ancrée, la rouille du jour après jour, le vrai danger, le plaisir pépère, l’ennemi des vrais sentiments, de la dignité authentique. Il y a folie à aimer cette musique, à rechercher l’excitation particulière des sens qu’elle induit, il y a tout autant folie à comprendre, entrer dans les vues philosophiques nietzschéennes. Après le Demian de Hesse, je me suis mis à la lecture de Nietzsche, son « Gai savoir ».
18h, un direct pour Genève, un transport étonnement confortable parmi la fin d’une après-midi dorée, une après-midi guettée par l’ennui, la foule, l’absence à soi … Incidemment, j’ai appris il y a peu que, par ma famille maternelle, j’étais issu de gens extrêmement durs entre eux, avec eux-mêmes et plus encore avec les autres. Il faut être un roc dans la presse des cohortes molles qui nous entravent et grouillent en files aveugles. Ces « cloportes », nature inhérente à leur masse anonyme, épuisent et salissent tout esprit vif, vivant et le vident. Je me rappelle à peine d’une invraisemblable fresque, « Les derniers jours du Monde », une sorte de chute sentimentale du Walhalla, avec un wanderer éperdu d’amour et pleinement vivant jusqu’à son dernier souffle.
Je voulais surtout parler de Karine Viard, de toutes ses heureuses apparitions cinématographiques, de ce qui me semble être son grand début, « Haut les cœurs », auquel j’ai repensé dès le début des « Derniers jours du Monde ». Son jeu, son naturel sont capables de s’adapter à tout scénario, une femme complète qui, mine de rien, m’accompagne depuis plus de dix ans

lundi, août 31, 2009

Vous en reprendrez bien un peu ...


Au fait, "La Dignité" est sortie, mon fameux/fumeux essai autofictif est en vente, distribué entre autres chez Basta, Payot et La Fnac. Mon agent travaille à la promotion de ce texte "atypique". Je suis soulagé de voir cette aventure aboutie, de savoir le texte prêt à vivre sa vie auprès de lecteurs. J'ai, soit, la crainte d'une publication confidentielle, je n'ai pas de public cible et quelques solides inimitiés. Je regrette de ne pas avoir produit ce texte en allemand, de ne pas connaître suffisamment cette langue. Un jour, j'irai offrir une traduction de "Die Würde" à Berlin à qui je dois ma dignité personnelle, je sais que j'y trouverai un public, de l'enthousiasme, de l'intérêt.

Vous reprendrez bien un peu d'arsenic ? Parce que "La Dignité" a son prix, ce n'est pas de la bonbonnaille doucereuse. Achetez donc votre exemplaire, tout le monde est servi, je crois, mais j'ai écrit pire, ou meilleur, encore plus près de la catastrophe l'humour en moins. Ma prochaine publication permettra de faire une pause, "Les Âmes galantes" sortiront aux Editions Baudelaire, à Lyon, d'ici quelques mois. Et cette galanterie, je l'offrirai à Lausanne, la Lausanne que j'ai aimée il y a plus de quinze ans.

samedi, août 08, 2009

François, Thomas et le mariage ...


François Mauriac, le grand auteur, le grand moraliste, était gay ; j’ai appris cela à Berlin, un entrefilet du Monde, un numéro acheté dans une gare du S. La nouvelle ne m’a pas surpris pour les raisons que l’on peut imaginer. Mauriac et Thomas Mann sont mes pairs en littérature, qu’il s’agisse de la figure sociale de l’auteur ou de la vocation de l’œuvre, cet art du témoignage, le récit d’un certain monde, de l’idéal bourgeois cultivé, libéral et, en filigrane, tolérant. Mes deux figures littéraires tutélaires sont des gays refoulés ! Ils ont tous deux assis leur vie sur un effort de volonté extrême, ils n’ont pas menti mais se sont appliqués à se rendre « conforme » à leur idéal. L’exercice de volonté me parle particulièrement. Mauriac et Mann eussent-ils assumé leur inclination s’ils avaient quarante ans aujourd’hui ? Quel impact l’époque eût-elle eu sur leur idéal existentiel ? J’assume ou je n’assume pas ? Qu’y a-t-il à assumer, au fait ?

Petit retour sur image. Lorsqu’un individu refoule sa sexualité, on le gratifie immédiatement de notre compassion, « tout ce qu’il manque », on relève aussi la qualité de l’effort avant de glisser sur son hypocrisie, sa lâcheté sociale et blablabla. Nos deux auteurs avaient – apparemment – un goût certain pour les jeunes hommes. Aujourd’hui, je le dis à brûle-pourpoint, ils batailleraient dans leur vie afin de ne pas céder à la captation amoureuse pédé, le pacs et tutti quanti, le modèle foireux de la proto-famille beurk, avec conjoint qui fait la gueule, vaisselle d’avant-hier, chaussettes sales sous plumard etc. Ah, le joli tableau de la médiocrité homosexuelle bobo, bien intégrée, tout comme il faut, la seule homosexualité acceptable, n’est-ce pas Messieurs-Dames de C., petit bled vaudois qui craint et où vécut Mme de S, une grosse nymphomane réactionnaire du XVIIIème, autrice à ses heures … Je m’emporte, le propos n’est pas là.

Il est question de la force de caractère de l’auteur face aux vicissitudes de son existence, de la réunion des conditions cadre minimum afin de produire l’œuvre. Mes pairs en littérature – dont je partage l’orientation politique, la détermination et le goût des jeunes gens bien faits – ont lutté pied à pied pour un idéal de vie, aidé en cela par leur entourage, leur famille … leurs épouses ! Des saintes, des femmes admirables, bien loin de cette horrible virago d’Elise Jouhandeau qui n’a fait qu’empoisonner l’existence de son trop délicat époux. « Quand on est en couple … », je vous laisse imaginer tout le reste, toute la force de culpabilisation, la presse normative, quels que soient vos goûts sexuels. A moins de faire du roman pour dadames qui s’ennuient l’après-midi, écrire est une position peu enviable, un sacerdoce, cela signigie être le perpétuel franc-tireur ( je ne pense pas à Philippe Djian qui, du point de vue de son alcoolisme mondain et de son absence de syntaxe est tout à fait dans la norme). Mauriac et Mann tinrent le rôle, et avec élégance.

dimanche, avril 05, 2009

Palmsonntag


Dimanche des Rameaux, Palmsonntag, dimanche berlinois, retransmission de la messe en direct de Rome sur le canal du Bayerischer Rundfunk; je suis perché sur une estrade, un aménagement mi-design, mi-bricolo pour appartement de vacances. Hier soir, à la descente de l'avion, j'ai traversé les longs couloirs malcommodes de Schönefeld, suis passé à travers l'ancien poste de douane ... Les accords bilatéraux sont effectifs, je n'ai présenté ma carte d'identité qu'à l'enregistrement, puis à l'embarquement : Berlin est entrée dans la large banlieue romande. Je ne sais que penser de ce "grosse europäische Mischung". J'ai l'impression de participer à l'une de ces stupides émissions de décoration où des architectes maladroits viennent vous casser toutes les cloisons "pour agrandir l'espace ..." Au final, vous vous retrouvez dans un hangar, les chiottes au milieu du salon (pour la lumière ! ben voyons) et un faux-plafond criblé de spots.


Je repense au mot d'un pasteur, un auteur si discret que j'ai oublié son nom, un veveysan ... Bref, cet homme écrivait "ne soyons pas trop pressés de combler le fossé de nos divergences" à propos du rapport protestants-catholiques. Je pense pareillement quant à nos "divergences" nationales et, si petit soit l'appartement, j'aime y voir des pièces à l'usage clairement défini, des pièces pourvues de portes à ouvrir ou fermer selon la circonstance. Je ne crois pas au gloubi-boulga universaliste, garantie de confusion tant morale que politique et, surtout, synonyme d'appauvrissement.

Palmsonntag, je vais aller suivre la messe à Sankt Ludwig, du côté de Wilmersdorf, avec Christine. Libussa a d'autres obligations aujourd'hui. Il faut que je passe faire des courses, les magasins sont exceptionnellement ouverts aujourd'hui de 13 à 18h. Hier soir, je n'ai quasi rien trouvé dans le Spätkauf d'à côté ... Ce séjour berlinois n'est pas une fuite. Jusqu'à présent, je n'ai fait que m'y réfugier. Ce séjour fait partie de ma relation à cette ville, une relation nécessaire et entretenue quand bien même on ne la comprendrait pas. Non, je ne vais pas à Berlin pour "du sexe facile", comme des proches peuvent le penser ... J'y passe du temps parce que Berlin, et vous n'aurez qu'à lire "La Dignité" (chez Castagniééé) pour entrer dans mes raisons.

mercredi, mars 18, 2009

Une après-midi zürichoise


Zürich, mon cher Sprüngli, le lac et toute cette bonne vie à laquelle j’aspire. Je me suis offert une après-midi de vacances. Cy. travaille j’ai quartier libre. Et l’occasion était trop belle, cela faisait bien quatre mois que je n’étais pas passé prendre le thé Bahnhofstrasse, quatre mois sans cette subtile atmosphère de réussite discrète : Zürich sauvée de tout, immuable et polie.
Ce matin, j’ai remis la dernière version corrigée de « La Dignité » à mon éditeur, cette après-midi, je suis allé faire avancer l’intrigue de « La nouvelle Fuite à Varennes » au fond du canapé au premier, le Museum Bellerive, une exposition consacrée à Hermann Obrist. Le trajet peut sembler bien long pour une petite après-midi dans ma ville suisse idéale mais la liberté est incomptable, un quart d’heure aurait pu suffire afin de répondre à son appel. J’ai même réussi à régler quelque affaire embrouillée et boucler la prochaine édition du CEPV-Presse (le dernier organe de presse dont j’ai la charge) chemin faisant.
Il fait doux, une lumière caressante, Jane, mon agent littéraire, me promet un printemps fructueux et de riches récoltes à la fin de l’été. Puisse-t-elle dire vrai. J’aimerais tellement voir l’un ou l’autre de mes romans traduits en allemand, me rapprocher de la sorte de Zürich et, surtout, Berlin.
Avant de monter dans le train, détour par une épicerie fine de la gare ; comble du chic : les cagettes de salades, de feuilles comestibles et autres légumes délicats bénéficient, afin d’assurer leur fraîcheur, d’un système de brumification intégré à l’étal.

dimanche, mars 08, 2009

Jouer au zèbre


J'aspire à être une sorte de Thomas Mann romand, j'agis avec la misanthropie d'un Thomas Bernahrd et j'ai la sensibilité niaise d'une "Carrie Bradschaw". Pathétique ... D'autant plus que, en tant qu'auteur gay, je ne suis pas crédible ! Pensez donc ! je n'ai jamais "tiré de coke" avec quelque huile culturelle romande. On ne m'a même jamais surpris ivre mort par les rues de Lausanne ... Quant à mes références : Thomas Mann, ok, ça doit passer mais où peut se trouver un lecteur qui connaisse Thomas Bernhard et "Sex and the city".

"La Dignité" va sortir dans la plus grande indifférence; on trouvera cela trop vulgaire, trop intellectuel, trop naïf, trop ceci, cela et patati et j'en passe et des meilleurs et puis merde, je vous conchie tous, mortels ! Selon ma définition de l'Auteur, oui, avec la majuscule, la liberté d'esprit est à l'origine du talent. Tirer de la coke, faire la noce, faire carrière consécutivement à des faveurs sexuelles accordées à des gens influents, attraper toutes les MST en cours et se repentir à l'approche de la quarantaine est d'une banalité crasse. Avec mes cochons en peluche, on est bien au-dessus de cela.
J'ai choisi un bout de zèbre pour la couverture : 1. c'est très tendance déco, 2. le zèbre est un animal que l'on a toujours considéré comme parfaitement idiot parce qu'il ne se laisse pas domestiquer. On a beau lui apprendre toute sorte de tours qu'il comprend et exécute avec succès, vient toujours le moment quand il rue et envoie tout promener. Je vais donc continuer à jouer ... au zèbre !

vendredi, mars 06, 2009

De la dignité et autres matières littéraires


Dernière ligne droite dans la publication de "La Dignité", chez Castagniééé, énième lecture, chasse aux coquilles, erreurs de syntaxe, etc. Je suis surtout frappé par la mièvrerie de mon propos ... par sa naïveté plutôt. Cela n'est pas un problème lié à la qualité littéraire intrinsèque de la "La Dignité" mais ... j'ai grandi ! Depuis ma rencontre avec Berlin, mes préoccupations sont devenues moins "épidermiques", je pense travailler plus en profondeur. Le triptique de "La Dignité" rend compte avec exactitude d'une période passée, une sorte de période héroïque et d'attente adolescente. Il est aussi question de l'intérêt des blogs, intérêt dont je ne suis plus convaincu aujourd'hui. Plus de la même manière. J'ai l'impression d'y voir un jeu de dupe ou une mauvaise "retape" publicitaire.

Quant à y exposer des opinions, merci bien, je préfère les réserver à mon oeuvre papier et, peut-être, leur donner par la suite un échos dans le blog. Depuis "l'affaire", je suis quelque peu échaudé et mon enthousiasme "internautique" a bien été entamé. Je ne regrette rien, pas une ligne de ce que j'ai écrit jusqu'à présent. J'estime avoir répondu à une sorte de devoir citoyen en prenant la parole, en critiquant l'un ou l'autre point de l'actualité médiatique mais le blog n'est pas le bon lieu. Que je le veuille ou non, je me trouve lié à l'institution étatique cantonale et mon travail d'essayiste risque toujours d'être "mal pris" lorsque présenté en ligne.

Depuis "La Dignité", je persévère dans ma découverte de la littérature germanique; en ce moment, je dévore l'oeuvre de Thomas Bernhard, je goûte à la sensibilité douleureuse de cet auteur dont je partage pour bonne part la sensibilité. Je vois des parallèles entre sa condamnation de l'Etat autrichien et ma critique du canton ... C'est un auteur au verbe hypnotique, sinistre et brûlant de vérité. On touche à cette matière si précieuse : l'authenticité. J'espère y atteindre dans ce sur quoi je travaille.

mercredi, décembre 24, 2008

Tous mes voeux


Mais que m'arrive-t-il ?! Où sont passés mes fameux coups de gueule, une certaine mauvaise foi comme de la joaillerie de grand luxe, ciselée, limite vulgus mais "so chic" ! Non, je ne suis pas pasteur; je préfère le genre prélat impudique dans la soie et le velours pourpre. Et je suis catholique. Imaginez ! Si j'étais protestant, sans la possibilité de passer par la "washing-up machine" du confessionnal, les quintaux de "péchés" qu'il me faudrait traîner ! Le catholicisme est à la foi ce que la valise trolley est à la bagagerie : la façon la plus commode de se trimballer en transit.

J'ai raté cette année toutes les occasions de m'exprimer sur de "grands sujets" locaux : musée des Beaux-Arts, élection au Conseil Fédéral, lynchage politique, néo-coming-out de Stéphane Lambiel, etc. Rien, pas un mot, pas le moindre petit bout de ragot, pas même une ligne sur le mono-look souriant du nouveau Mister Suisse romande ... Je suis devenu fréquentable ... Ce doit être un effet de mon activité professionnelle ... euh, je veux dire de mon activité salariée - que je remplis à merveille même si je me considère avant tout comme un auteur.

On va dire que le séjour chez Mme de W., dans la petite ville vaudoise de V. me réussit mieux que mon séjour à ... me réussit mieux. Je ne vais pas même épingler mes collègues ou mon administration de tutelle. Je suis l'auteur-enseignant-rédacteur-en-chef-président-de-l'association-vaudoise-des-écrivains qui envoie publications et compliments dans tous les cabinets qui comptent dans le canton. Allez, encore une année à ce régime-là et je deviens une huile. Ai-je envie de cela ? Puis-je me poser sincèrement et publiquement cette question ? Euh ... on va légèrement recadrer l'énoncé : aimé-je (oui, l'inversion sujet-verbe du premier groupe à la première personne du singulier nécessite pour des raisons de prononciation cet accent aigu) donc aimé-je le salaire qui accompagnerait des fonctions huileuses, onctueuses, grassement payées !!! Oui ! De plus, je jouis d'un talent de communicateur et de pédagogue certain. Passez-moi le dossier du musée, je m'en vais vous vendre le truc en deux-quatre-sept, et appelez-moi le petit Stéphane, faut que je renégocie son rapport à la presse. Ah, dans la foulée, prenez-moi rendez-vous avec la section radicale vaudoise, on va rénover le grand vieux parti. Et joyeux Noël, et bonne année.

mardi, décembre 23, 2008

"Sanctus" sol invictus


Nous touchons à cette saison qui n'en est pas une, cette saison que je nomme "été paradoxal". Jusqu'aux tourterelles se croient arrivées aux beaux jours, et chantent encore mieux que dans les mélèzes de mon enfance, le chemin de Préllionnaz, la chaleur de juillet ... Il y a cette lumière incomparable d'une fin décembre ensoleillée; une avant, avant-promesse printanière ... On n'invente jamais aussi bien son temps qu'en se le rappelant, qu'en le commémorant sur le canevas du cycle des saisons. "Sol invictus" n'est pas très loin, le solstice d'hiver suivi de la calme victoire du dieu des troupes romaines, l'hégémonie irrépressible de l'état de droit, des vertus urbaines, du commerce florissant.

Je me souviens de tous mes Noëls d'impie, je me souviens du vide et de l'ennui qui les entouraient parmi la guirlandes et les boules de mauvais goûts, je me souviens aussi de l'espoir que portait la prochaine arrivée d'une année nouvelle. Je ne commémorais pas encore. Il était plutôt question de survivre, de trouver du sens entre des sentiments confus et des impressions encore plus confuses. Sans parler des questions matérielles ... L'indigence et le mauvais goût de la guirlande électrique ne menacent plus ce Noël.

Le déplacement du père P., maladroitement remplacé par deux ecclésiastiques peu amènes, me prive de la veillée dans ma paroisse. Je veux vivre cet instant primordial et symbolique de ma foi catholique dans un lieu qui fait sens, et je le ferai à Saint-François-de-Sales, ma paroisse genevoise d'élection. Je pourrai commémorer "l'été paradoxal", les tourterelles de mon enfance, mes attentes, mes espoirs passés, mon attachement à Genève, mon attachement à la personne historique de saint François de Sales; je dînerai même en compagnie de Ch., venue de Berlin comme chaque année. Nous vivrons alors le début de cette hégémonie irrépressible, le triomphe de la lumière sur l'obscurité, le symbole ancien de nos victoires modestes et si précieuses depuis qu'une promesse mystique les soutient.

samedi, novembre 29, 2008

Ceci n'est pas un adieu


Je n'ai pas donné de nouvelles, je ne voulais pas encore vous jeter ma mauvaise humeur à la face. La paresse faisant, le temps est simplement passé, et les projets avec ... La Dignité, essai autofictif a bénéficié d'une relecture attentive, de corrections, de l'adjonction d'un appareil critique. Dans la foulée, je me suis adjoint les services d'un agent, et j'ai rédigé un récit, un éclaircissement, une sorte de suite à La Dignité. Je suis allé au fond de moi-même et de mon ressentiment ... un cri ?! Journal de la Haine et autres douleurs m'a permis une formidable plongée qui ne me laisse que des questions et de la fatigue.

Au cas où vous vous poseriez la question, je suis à Berlin. Je n'y suis pas physiquement, je ferme les yeux et je suis dans le restaurant turc de la Maassenstrasse, à Nollendorf, ou chez Dussmann ou le long de la Spree, près de l'arrêt Bellevue du S, je vais prendre un café dans un tea-room de l'autre côté du pont. Et il y a les instants de bravoures, ces moments scandaleux qui n'appartiennent qu'à Berlin et permettent l'exercice de la liberté aux hommes qui l'assument. Je n'entrerait pas dans le détail, vous ne comprendriez pas, je le sais.


Il est tard, suffisamment tard pour se faire des confidences et, "comme au bon vieux temps", alors que je vous écris, j'écoute Accuradio.com, classical crossover. Je ne fais pas mon grand retour dans ces pages ... Je vais certainement m'y faire plus rare encore. Je vous laisse revenir sur les précédents messages, sur l'exacte saveur dont j'ai voulu les emplir. Ce n'est ni une démission, ni une abdication. La Dignité est sur le point de sortir. Les projets littéraires vont bon train et il y a les autres vies, celles dont je ne sais ni quoi faire, ni quoi penser : la professionnelle et la sentimentale. Pour n'importe qui d'autres, elles iraient parfaitement bien mais, si vous êtes l'un de mes lecteurs réguliers, vous devez savoir que je ne réagit pas de façon commune ... Allez, mais allez, ce ne sont pas les derniers mots que je vous adresse.

mercredi, septembre 03, 2008

Du côté de chez Mme W.


Je suis en vitrine du McCafé, la bonne ville vaudoise de V. où vécut Madame de W. J’observe le défilé dense et calme des voitures sur l’avenue de la gare, je pense à Berlin, un autre McCafé du côté du Görlitzer Park, la morsure vive de l’humiliation et le soulagement de me sentir protégé par la nuit berlinoise … J’y retourne sous peu, cinq jours en octobre, juste le temps de me dire que je suis tout de même libre, à peine embarrassé par quelques masques de circonstance, à porter selon …

Je sors de la lecture d’une revue littéraire, un hors-série qui a traîné dans le secrétaire Tudor, le séjour de mon vieil appartement, depuis une bonne année avant que je me décide à entreprendre sa lecture. « Les Ecritures du moi » : autobiographie, mémoires, autofiction et tous les genres apparentés, une petite mise-au-point sur ma propre pratique littéraire et sur le blog, aussi, que j’ai tenté de dépersonnaliser, de faire paraître plus « institutionnel », de quoi me le rendre étranger et sans intérêt. J’y ai bien bravement poussé la réflexion sur tout et rien, pris position mais qu’importe, les journaux sont remplis de toutes les positions que vous voudrez.

Le « je » n’est pas à prohiber tant qu’il est l’expression d’une authenticité, d’un geste sincère : la volonté de le donner à voir, de l’offrir au monde sous une forme travaillée et artistique. Je prêche pour ma chapelle, évidemment, je pense à ce « je » d’auteur, de la détresse discrète et suicidaire de Virginia Woolf à la lutte acharnée d’un Thomas Bernhard contre l’obstacle des autres. Et Guibert, évidemment, parce qu’il brille du sombre éclat d’un fétiche mensonger, mon adolescence bercée – bernée – par les promesses exorbitantes de l’universalisme mitterrandien. Il faut que j’achète « Le Froid » de Th. Bernhard, je vais passer dans la bonne libraire de V.


Je retrouve ce lieu, un ton, le blog comme l’exilé retrouve sa maison après … après ! On parlera de « fâcheux événements » et la maison est toujours là, le salon du rez presque pareil, une lampe est tombée, il manque deux ou trois choses, il faudra changer les rideaux. J’y trouve une joie discrète et du regret, à la fois ; on n’a de cesse de se référer à sa mythologie personnelle, d’y revenir et de la surimprimer à l’instant.