Christian Bale : chauve et gras |
Au mauvais goût des tenues, à la morale défaillante des
protagonistes, à leur absence d’hygiène de vie, de sens du ridicule et de toute
décence répond la lumière dorée et pleine de promesses d’une merveilleuse
époque quand on savait ce qu’était une « belle bagnole », une tenue
sexy et une élégance masculine sophistiquée. « American Bluff »
raconte cette époque quand une réussite éclatante était à la portée de chacun,
qu’importent les petits accommodements avec la loi. Le scénario repose sur le
motif de l’arnaqueur arnaqué qui arnaque en retour car il n’est pas le plus
malhonnête de l’histoire … Histoire qui serait en partie vraie. Qu’importe.
Qu’importe de savoir si le réalisateur David O. Russell nous
développe un récit véridique aux arguties pointues et aux contorsions scénaristiques
moyennement crédibles, les vertus de ce film résident dans son « historicité »
décomplexée. C’est un conte en vestons à carreaux géants et décolletés
vertigineux. La grande vedette de cette production : Michael Wilkinson, le
costumier qui impose le ton et donne la réplique aux acteurs. En gros, Irving
(Christian Bale), ventripotent faiseur à moumoute, lors d’une piscine party, séduit Sidney (Amy
Adams), provinciale montée à New York et prête à tout. Irivng dévoile toutes
ses petites arnaques à la belle qui va lui donner la réplique. Petit couac,
Irving est marié à une cruche extravertie et névrosée (Rosalyn/Jennifer
Lawrence). L’embrouille fait un tour de plus avec l’intervention de Richie
DiMaso (Bradley Cooper) pseudo candidat à l’arnaque et agent du FBI aux dents
longues. Quiproquos et rebondissements à tous les étages, c’est Feydeau version
rêve américain.
Spectacle assuré, beau moment de cinéma, la machine à remonter
le temps nous renvoie la durée d’une séance à cette époque quand la justice et
l’honnêteté n’avaient pas encore le tranchant péremptoire de notre temps
procédurier et affuté comme un scalpel de chirurgien esthétique. Le bonheur
rimait (pouvait rimer) alors avec clopes, kilos en trop et angine de poitrine.