La liste, l'original dressé par les bureaux de Herr Schindler |
« La Liste
de Schindler », un film choisi au hasard d’un placard, tuer le temps, fêtes obligent, la tradition pour les apprentis de ne rien faire durant leur
dernier jour de cours avant Noël … parce que c’est Noël. Je ne cède qu’en
partie à cette tradition, toutes mes classes ont un test durant cette fameuse
semaine et s’il reste du temps, soit, je leur montre un film. Et pourquoi pas
« La Liste de Schindler ». Le sujet n’est pas très festif je l’avoue.
De plus, je n’apprécie pas particulièrement Spielberg que je juge trop
« faiseur », trop bateleur.
Il ne faut pas
très longtemps au spectateur pour plonger dans l’horreur concentrationnaire du
ghetto de Varsovie. Les impressions sont vives, effrayantes, marquantes,
l’efficacité hollywoodienne au service de la plus inconcevable inhumanité, des
images crues, des situations authentiques, le crime gratuit et pratiqué comme
un art subtile, comme une chasse à cour humaine ou comme un sacerdoce sanglant,
un service efficace, l’horreur de l’horreur froidement organisée,
contingentée, réglée. Difficile de ne pas se projeter dans l’un ou l’autre des
micro-scénarios, de ne pas vivre les enjeux psychologiques extraordinairement
intriqués de chacune de ces saynètes. L’exemple de l’officier SS apparemment enrhumé
qui, parmi des prisonnières, désigne celle qui sera sa bonne. Elle s’approche
de lui et il lui demande de rester où elle est ; il ne voudrait pas lui
passer son rhume. Le même officier fait froidement exécuter une prisonnière
ingénieure de formation qui supervisait la construction d’un stalag pour les
prisonniers. Les fondations ont été mal
coulées, elle demande à ce que le travail soit recommencé. Mise en cause de la
hiérarchie. Inacceptable. L’officier exige tout de même que le travail soit
recommencé après l’exécution de l’ingénieure.
La projection a
cessé après trois quarts d’heure, la fin du cours avait sonné. Les élèves
semblaient « sous le coup », horrifiés et fascinés à la fois, curieux
du comportement de Schindler, de sa dualité. Quelques heures plus tard, je
prenais l’avion, Berlin évidemment, pour quelques jours. Difficile voire
inimaginable de faire le lien entre MA Berlin et ce qu’elle put être en 40, à
l’époque du IIIème Reich triomphant. Je l’ai trouvée, comme à chaque fois en
cette période de l’année, extraordinairement calme, presque assoupie dans un
coma … thérapeutique. Le jour tombe si vite, c’est une ville de conte que l’on
traverse dans un demi-jour mélancolique. Les mille vies de Berlin comme les
deux visages de Schindler.
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