Effet miroir entre Guillaume et sa mère |
Extrait de « Musique dans la Karl Johan Strasse »,
autofiction en cours de rédaction.
« […] Ce midi, je suis allé voir Les Garçons et Guillaume, à table ! »,
le récit baroque d’un coming-out hétéro, du Mauriac inversé et drolatique, une
famille de grands bourgeois, une mère
quelque peu inaccessible, un garçon trop sensible, méprise. Ce film est aussi
inconfortable et essentiel qu’une séance d’analyse. Toutes ces anecdotes
contées par Guillaume Gallienne, le protagoniste narrateur, sur le ton de l’autofiction
badine m’ont néanmoins profondément mis mal à l’aise, je n’ai pourtant jamais
vécu les situations décrites. Les mille malheurs et petites humiliations qui
suscitent l’hilarité du spectateur – elles sont là pour ça – m’ont plongé dans
une gêne telle que je n’ai pu que détourner la tête de l’écran à de nombreuses
reprises. Et l’on pleure d’émotion à la libération de Guillaume, une scène
éblouissante alors qu’il se défait de toutes ses peurs, cristallisées dans
celle des chevaux et, sur l’ouverture de Tanhäuser, dépassant ses angoisses, se
laisse porter par sa monture, les bras écartés, les pieds hors des étriers, en
équilibre et en confiance. Je suis sorti de la salle, de cette projection quasi
privée, nous étions trois spectateurs, à la fois ébranlé, touché et réconforté,
confiant dans l’utilité de l’autofiction, dans les vertus consolantes et
éducatives du genre. Je me suis demandé quelle vieille peur je pouvais traîner,
au plaisir de m’en libérer, connaître la même exaltation. »
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