Lecture fleuve
d’un millier de pages en format « poche », bottin de poche ;
« La Montagne magique » impose son rythme, lent, sénatorial, hors le
temps comme le sont les personnages. Après une courte montée, Hans Castorp –
quel nom ridicule – le personnage principal, est accueilli au sanatorium
international du Berghof de Davos par Joachim, son cousin, qui l’introduit aux
subtilités du rite. Succession des repas, copieux, cinq fois par jour, cure de
repos, mesure de la température, de l’acclimatation en somme. La durée de
lecture fait partie du jeu … d’acclimatation aussi.
« La
Montagne magique » (1912-24) exige un grand crédit de la part du
lecteur ; l’auteur à sa publication n’était pas encore Prix Nobel de
littérature (1929), il jouissait toutefois de la considération suscitée par
l’immense succès des « Buddenbrook ». Il est alors le narrateur de la
jeune nation allemande, un rapporteur
mesuré, au-dessus de la mêlée. « La Montagne magique » peut
être regardée comme une sorte de « débriefing » de la Grande Guerre.
Pourquoi se lancer dans une telle lecture aujourd’hui ? curiosité
encyclopédique ? intérêt historiographique ? fétichisme vis-à-vis du
grand Thomas ?
Le lecteur
lambda abandonne à mi-course, là où je me trouve actuellement. Je poursuis par
empathie pour Hans Castorp, pour la psychologie extrêmement travaillée des
personnages, des individualités qui, après plus de deux mois de lecture, me
sont devenus des amis. Il y a aussi la richesse du filigrane ; la critique
du milieu médical, il suffit d’être en visite dans un sanatorium pour être
déclaré malade ; la critique de la théorie des races, les Occidentaux
versus les Orientaux, les « Byzantins », les « Perses ». Et
je reste dans l’impatience d’aboutir à
ce point où Thomas Mann veut m’amener. Rendez-vous est pris d’ici quelques
semaines pour un compte-rendu complet de lecture.
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