« La grande Bellezza » de Paolo Sorrentino ou la jeunesse
du regard en dépit de l’âge, de la subtile faillite des corps, l’élite romaine,
le crépuscule de la dolce vita, une
certaine indignité aussi. Le scénario est simple : un journaliste mondain,
auteur à succès d’un unique roman, fête ses soixante-cinq ans et perçoit la
vacuité de son monde, l’inutilité de son milieu, son indécence aussi. Le
constat est douloureux comme la dernière bouchée d’un chocolat au massepain.
Film de « vieux », les plus jeunes ont la trentaine bien tassée sur l’écran, pas moins dans la salle. Deuil de nos soleils de vingt ans, le temps a filé et, pourtant, le chant du merle au lever, la fraîcheur du matin et l’innocence du regard n’ont pas changé. Il est des choses comme frappées d’éternité dans la ville éternelle, cette Rome à laquelle nous ne pouvons que revenir sans cesse.
"La grande Bellezza" est servie par une bande son exceptionnelle (signée Lele Marchitelli) et une photographie léchée sans être maniériste. Une belle lumière estivale éclabousse le spectateur tout au long des 2h20 d’un conte moral, une sorte de réinterprétation et conclusion du « Roma » de Fellini. Quarante ans d’intervalle entre les deux films (1972-2013), quasi mon âge … Impression d’avoir 65 ans sans avoir pourtant épuisé mes soleils de vingt ans.
Terminer sur un mot, une scène fantastique, une religieuse de plus de cent ans façon « mère Teresa », missionnaire en Afrique, de passage au Saint-Siège. Après une énième soirée mondaine dont elle était l’invitée d’honneur, une terrasse, les toits de Rome et la « sainte » de s’expliquer sur son régime alimentaire, quarante grammes de racines par jour et rien d’autre, « car les racines c’est l’essentiel ». Racines dont je ne cesse de témoigner à chacun de mes livres, particulièrement dans « Tous les Etats de la mélancolie bourgeoise ». Venez « vernir » ce texte avec moi ce jeudi 30 mai dès 18h00, au café Le Sycomore, 31 rue de l’Ale à Lausanne. Peut-être aurez-vous vu « La grande Bellezza », nous pourrons en parler.
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