Vallotton et moi
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Coucher de soleil à Grâce, par Félix Vallotton |
Vu, peu avant qu’elle ne ferme ses portes, l’exposition Vallotton-Katz
au musée des Beaux-Arts. Dialogue surprenant entre les deux artistes qui ne se
connaissaient pas, deux artistes dont les œuvres sont distantes de plus de
soixante-dix ans. Katz naît en 1927, Félix est mort en 1925. Le plus jeune ne
s’est jamais réclamé de son aîné, il le connaissait à peine de nom. Il a
pleinement fait connaissance de l’œuvre de Vallotton à l’occasion de la double
exposition lausannoise.
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Sunset, d'Alex Katz |
Les deux artistes dépassent toute forme de classement, ne sont attachés
à aucune école, ou si peu. Ils partagent un regard aigu sur le monde qui les
entoure, un regard qui fait d’eux des solitaires, des hommes en retrait, la
petite musique de la mélancolie qui m’est si familière. Chez Katz, cette
mélancolie a la douceur d’une arrière saison américaine, lumière atlantique, un
quelque chose à la Hoper. Vallotton
a moins de souffle, sa douceur est souffreteuse, retenue et porte sur mille
petites choses domestiques. Vallotton aime la grande ville, son anonymat, sa vie
intellectuelle mais il a besoin de la paix d’un certain nombre de campagnes
choisies, de villégiatures de vieille fille. Il a laissé un journal, interprété
de manière très conventionnelle par des « experts » qui ne veulent
pas lire entre les lignes.
Vallotton est des plus pudiques quant à son intériorité, ses sentiments.
Aujourd’hui, il serait transparent car
incapable de vomir ses états d’âme sur un plateau télévisée ou dans la presse « people ».
Sa pusillanimité ne ferait pas recette. Je m’interroge quant à mon illustre
cousin, je le comprends sans la moindre parole et, surtout, sans le moindre
commentaire autorisé. J’ai très envie de documenter son parisianisme, laisser
parler la sensibilité de l’homme, entendre ce que je crois percevoir dans ses
toiles, une biographie de Vallotton par Vallotton.
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