Participé à une performance, Littera ex-machina, des
musiciens, entre acid jazz et Schönberg, de l’inspiration et la feuille blanche,
sur une machine à écrire. Il ne reste plus qu’à taper puis lire le texte ou le
faire lire par l’un ou l’autre des organisateurs. Le résultat de l’expérience
suit, textes produits au débotté.
L’interpellation
Berlin, sur du vieux matos, et pour la seconde fois, étrange
sensation, retour ou quoi d’autre ? Là où la mécanique retrouve une forme …
une sorte de lyrisme sauvage et naturel, un mouvement répétitif et … répétitif.
Comment commencer ? Pas moyen de revenir en arrière, narrer, retranscrire,
raconter comme une trace indélébile.
Tout aurait pu commencer comme
ça, en pure mine de rien, la petite musique de la banalité. Comment ça allait
déjà ? Il fallait suivre son idée, la transcrire dans un code pratique,
paraît-il, puis la facture de la chose, du quasi fait main, avec des menus
incidents et des « ding », en fin de course. Ça fait penser à du
Sagan, ne manque plus que le cabriolet pour conduire pieds nus et boire, trop
boire. Tant pis pour les coquilles, il n’y a plus qu’à les assumer, il restera
toujours des preuves. Le bruit, le martèlement industrieux évoque pourtant une
société performante et cadrée. Le joli mythe de « tout roule comme il
faut ». Il suffira de regarder au fond de la corbeille, trouver la preuve,
toutes les grandes énigmes se résolvent par la poubelle.
Berlin su du vieux matos, ou Bordeaux, Barcelone, Bienne, de préférence une ville en B, c’est ainsi, l’une des règle du mythe. Tant pis aussi pour les villes en L, M ou P, Berlin comme jamais, sous les gravats des projections imaginaires et fantasmatiques. C’est toujours mieux sur du vieux matos.
La galeriste
Second flush, avec style, c’est quasi du velours, le thé de
qualité a beaucoup d’accointance avec le très bon vin. Pour reprendre le fil du
récit, ça devait se passer en 81, après l’élection de Mitterrand, ce devait
être un soir d’été, une soirée odorante, pleine du cri des martinets et encore
plus pleine de promesses. Il s’appelait Steeve, et elle n’avait pas de nom. Il
faisait doux, une haleine quasi humaine soufflait sur la ville et ses faubourgs,
il fumait au balcon. C’est si bon de fumer ; elle ne fumait pas, les
filles de bonne famille, les filles qui ont le souci de leur éducation ne
fument pas. Elles lisent « Adrienne Mesurat » avec un effroi contenu.
Mitterrand était-il lecteur de Julien Green ? Il avait sûrement dû lire « Chaque
Homme dans sa nuit ». Pour revenir à cette soirée de 81, l’été et pourquoi
pas l’amour ?
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