Il a lu un
joli volume, verbe mesuré, de belles images, la force d’un récit biblique, « La
seconde mort de Lazare ». Il l’a trouvé chez le mec gazeux … l’auteur …
chez lui, l’envoi d’un éditeur. Ça l’a touché, profondément touché. Il est
lui-même, une sorte de Lazare, pareil et si différent dans ce supplément de vie
qu’il reconnaît peu à peu comme la sienne. Peut-être qu’Alpha-Oméga, l’Agence,
et tout le reste n’est que fumisterie. A ce tarif-là, le « soleil vert »,
c’est de la chaire humaine ! Trouver une porte à Berlin ?! une porte
vers une autre dimension, façon « Stargate » ; Steeve aimerait
en rire. Il devrait demander discrètement à son entourage s’il n’a pas un peu
changé, genre « j’ai pris le puck ». Les tableaux qui parlent, les
objets vivant, un petit monde façon « Alice au pays des merveille »,
tout cela s’est calmé, comme lissé, disparu. Il ne se rappelle plus exactement
quand cela a commencé, peut-être lors de la vision de presse de « Matrix »,
ils avaient juste manqué la scène initiale Follow
the white rabbit, comme le signal qu’un hypnotiseur donne au début de son
numéro. Du coup, il n’est jamais sorti de son état modifié de conscience, vingt
ans ou plus à côté de ses pompes, une prouesse ! Il a aussi vu, au Delphi
Lux, un nouveau cinéma, dans un nouveau bâtiment, derrière la gare de Zoo, il a
donc vu un film façon « Alice au pays de Berlin », une histoire de « merveilles »
résilientes dans laquelle une jeune femme court après une horloge qui permet de
remonter le temps (choix retardé de Wheeler ?!). Il est donc venu à Berlin
soit : 1. pour accepter cet épilogue cinématographique qui tendrait à lui
prouver que la vie de Steeve est aussi belle que n’importe quelle autre et qu’il
n’a pas à « sauver » l’univers mais à vivre son bonheur … 2. pour
rejeter cette conclusion foireuse mise en scène façon « Fabuleux destin d’Amélie
Poulain » choucrouteuse et, de ce fait, errer quasi à poil, au bord de la
folie, dans un monde hostile et incohérent. Il aurait dû aller voir le
documentaire sur la numérisation des œuvres d’art, le buste de Néfertiti en
affiche. Il aurait eu des réponses, des indices, le mystère des pyramides, un
peuple disparu, la grande loge, société secrète, l’Agence, etc. A la place, il
est allé voir une bluette dans une salle remplie de bonnes femmes soit gâteuses
soit assoupies.
A-t-il
seulement envie de courir après le fantôme d’Akhenaton ? jouer les Indiana
Jones flapi quoiqu’il ne soit pas physiquement en pire état qu’Harrison Ford à
présent. Tant qu’une momie ne vient pas lui taper sur l’épaule, il en reste à
son état d’auteur mineur, la petite cinquantaine, sans sexualité particulière,
un léger délire derrière lui. Il ne finira pas comme Maurice Leblanc qui se
barricadait dans sa chambre à coucher de peur d’être assassiné par son
personnage, Arsène Lupin. Il est con, l’autre ! Tout le monde sait parfaitement
que Lupin ne tue pas ; au pire, il séduit. Et Steeve de s’imaginer faire
un pas de deux en robe fourreau avec Georges Descrières. Il retrouve des
souvenirs d’enfance, l’enfance de l’autre, le mec gazeux, l’auteur, lui-même
donc, des souvenirs d’enfant sage, derrière la télé, maman coud à la machine
sur la table derrière, dans l’espace salle à manger. Il sait que cet autre qu’il
est à présent a aimé le personnage de Lupin, son aisance à être, son humour,
son baroque et le fait de faire tourner les moralisateurs en bourrique. « Passer
à travers … » : les règles, les interdits, les lois de la physique,
les tabous, le ridicule et quelques autres décors peints. Il serait à ses
propres yeux un Lazare et que va-t-il faire de ce temps de rab ? Tout d’abord
cesser de regarder le monde avec des yeux de merlans frits puis se mettre au
travail, être le personnage qui écrit la vie de l’auteur. Il est LA porte, à
Berlin, dans sa bonne ville, dans la « Grande » ville voisine, à Tel
Aviv ou Lyon. Partout. Il n’est pas question de remonter le temps mais de le
réinterpréter, de relever les indices. Il est question de sens, de retour de
sens (commun, propre ou figuré, qu’importe). L’histoire est la trame du temps.
Sans récit, tout fout le camp ou rien n’advient.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire