S’il y
croit, encore, ça a du sens. On ne « débarque » pas comme ça en
Israël par hasard, ou le hasard des amies de l’ami qui adoooorent Tel Aviv et
ses plages, les bomecs, etc. S’il y croit donc … Steve a mis la main sur le
manuscrit, le récit de ce qu’il croit percevoir comme la vie qu’il avait
auparavant, du temps d’Alpha-Oméga. Tout y est ; il l’a lu. En cachette.
Dans la garde-robe de sa chambre, là où il a trouvé le texte parmi d’autres
papiers. S’il y croit encore… Ça s’intitule « La lumière des Césars ». On y parle de Julia,
de sa mère, de Friedhelm, de l’empereur, de …
de tout. Le petit Lou’ l’a rejoint durant sa lecture, l’air désolé,
s’est accroupi entre ses jambes. Steeve se tenait en tailleur, sur le sol, sur un
tapis noué main, un afghan. Puis le voyage en Israël, les questions de la
préposée israélienne à l’immigration attachée à l’aéroport de Kloten, puis
maintenant. Démobilisé. Dans la peau non pas d’un flic retraité ou je ne sais
trop quoi mais d’un auteur qui a raconté sa vie. Il raconte même le « mec
gazeux », lui, l’autre, l’auteur, c'est-à-dire lui maintenant. On lui a
replié l’univers, en deux, quatre, huit ou plus encore ce qui expliquerait
peut-être le poids de la canicule actuelle. Il est peut-être arrivé la même chose
à Ulrich avec Robert Musil. Steve serait-il allé regarder là où il ne fallait
pas et aurait figé un champ de possibles merveilleux dans le plus miteux des
scénarios ?! Israël est une …, comment dire, une aberration géopolitique,
à la fois ceci et son contraire. Les bases de cette nation lui interdisent tout
avenir et sa perpétuation gomme son origine spécifique. Israël ou le pli dans
la moquette. Vous avez beau le piétiner, l’aplatir, le pli disparaît là, sous
vos pieds, pour réapparaître à l’autre bout de la pièce. Israël, du reste, ne
semblait pas exister en Oméga, à moins qu’il ne fût dans l’angle aveugle du
regard de l’auteur ? Steeve se fait la tête de l’homme affairé, qu’on le
laisse en paix le temps qu’il ait compris sa nouvelle logique de vie, épluché
les agendas, mené son enquête puis il filera à Berlin. Pour peu qu’il ne se
trompe pas, le séjour à Berlin est déjà prévu, vols et logement réservés. Il
voyagera seul. Sa conjugalité semble être aussi une chose compliquée et/ou
confuse. Il y a aussi un « truc » avec « L’homme au
cigare », la grande toile accrochée sans cadre au-dessus de la porte de
son cabinet. Steeve doit trouver le moyen d’entrer en relation … faire parler
la balise, à moins qu’il ne s’agisse de l’expression de son trouble schizoïde.
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