Vous reprendrez bien un peu d’autofiction ? Rebelote
cette année avec un récit de voyages quelque peu plus riant que « Journal
de la haine et autres douleurs », ma publication morattelienne de l’année
dernière. Vous y retrouverez mes marottes, mes goûts de vieille fille, ma
langue de vipère. Au cours de ces « Escales », nous allons prendre le
thé, médire un peu, visiter des expositions de peinture et vous aurez l’immense
plaisir de m’entendre me plaindre des masses, de la mauvaise éducation des
foules, de l’artificialité de la jeunesse, de la cuisine française, italienne,
etc. Vous aurez droit à votre ration de germanophilie avec énumération des
merveilleux mérites de ma chère Allemagne. Et comme si cela ne suffisait
pas, je vous ferai – en bonne ménagère – la visite in-té-grale de notre logis,
à Cy., Lou’(notre chien) et moi. Le moindre bibelot vous y sera détaillé, les
habitudes de la maison, le voisinage, la vue, et tous les buts de promenades de
Morges et environs.
Dans « Escales », vous ne trouverez ni turlute
sauvage, ni méga-teuf, ni name-droping prestigieux, tirage de coke, suspens
insupportable, voiture rouge qui fait vroum, success story ou intrigue
policière. Et en plus, je vais vous assommer avec des expressions consacrées totalement
tombées en désuétude, un vocabulaire vieilli qui vous forcera à jouer du
dictionnaire, sans parler des douze-mille-cinq-cent-soixante-quinze
(soixante-quinze, oui, et pas septante-cinq, et je suis un pur produit vaudois,
d’une souche remontant à 1491, première citation de mes ancêtres de Veley dans
le cartulaire de Romainmôtier, ils étaient au service de Notre sainte Mère
l’Eglise, et je dis soixante-quinze), bref des très, très, très nombreuses
références culturelles qui me sont régulièrement contestées par de vieux peigne-culs
soixante-huitards hugolâtres.
Mais pourquoi acheter « Escales » ?! Vous ne
serez pas plus beau, plus séduisant, plus intelligent, plus prompt à rencontrer
le succès après sa lecture. Toutefois, vous serez peut-être
« affranchi » ; peut-être aurais-je réussi à vous glisser dans
une poche ce qui m’a été offert messe après messe, un peu de cette confiance,
de cette paix qui découlent de la Foi. Je ne chercherai ni à vous convaincre,
encore moins à vous convertir : juste vous raconter ma boussole, un petit
accessoire bien commode lorsqu’on ne cesse d’aller de ci, de là. Et je vous
livre mes secrets de maquignon, de quelle manière je vous soupèse une pétasse –
homme ou femme, le terme est épicène, n’en déplaise à certaines féministes,
comment contrer le bestiau, se payer sa fiole pour de vrai ou symboliquement,
comment contrer sa délétère influence et rester libre. Etre libre !
2 commentaires:
"Et en plus, je vais vous assommer avec des expressions consacrées totalement tombées en désuétude [...] douze-mille-cinq-cent-soixante-quinze..."
... entre désuétude et modernité quand même: apparemment, vous êtes un peu adepte de la "nouvelle orthographe recommandée", qui met des traits d'union partout dans les adjectifs numéraux cardinaux! ;-)
Je me réjouis de découvrir ce nouvel opus de votre plume.
oui, sur ce point-là, je n'ai jamais réussi à retenir la règle "classique" ;-)
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