"Musique ..." est un projet, un essai autofictif entamé en septembre de l'année dernière qui a pour point de départ la toile de Munch, présentée dans les collections du Kunsthaus de Zürich.
Madonna et Rosanna dans "Recherche Suzanne désespérément" |
J’avais oublié la vulgarité de la mise-en-scène bohême du
clip « Into the groove », Madonna, 1985. La chanteuse affecte cette
aisance à vivre si humiliante pour les adolescents réservés, ceux que l’on n’a
pas pris la peine de rendre indépendants et forts. La madone truque un peu en
vocalisant un ton trop bas, masquer son absence de voix. Elle joue d’un joli
look négligé-chiffon, dépareillé pop décomplexé comme si complexe – donc
complexion – était forcément synonyme de coincé. La chanson a été écrite pour le film « Recherche
Suzanne désespérément », une bluette inspirée avec Rosanna Arquette en
co-vedette. L’anticonformisme vanté par la chanson, le clip, le film,
Madonna : du pipeau ; pire, un mensonge ! Si l’on veut durer,
au-delà d’une adolescence solaire, il faut se donner une ligne, se soumettre à
une logique et à son usure par la même occasion. Il faut creuser son sillon
dans le « champs social », et le creuser bien droit. A moins que la
fortune ne vous ait placé au-dessus de ça … et encore ! Mon histoire
passionnelle avec un gamin sublime, toute l’énergie que j’ai pu mettre dans
cette relation n’ont pas suffi à maintenir l’objet de mon amour dans la haute
orbite à laquelle il aspirait. Je n’étais peut-être pas assez
« cool » pour lui, pas assez « anticonformiste », j’étais
toujours en butte à ses reproches, à son inconduite à mon égard. Je l’ai
quitté. Quelques années plus tard, notre rupture n’en était pas la cause
directe, il s’est suicidé. Mon parrain, Daniel Zufferey, s’est aussi suicidé.
C’était pourtant un auteur publié, reconnu ; il exerçait le journalisme en
dilettante et n’avait pas à s’inquiéter de son avenir matériel. Pas même
séropositif et plutôt pas mal dans le genre « petit prince »,
yeux bleus, teint diaphane, il était excellent pianiste … et anticonformiste,
tout comme la clientèle des cafés lausannois en vue, de ces établissements qui
eussent été punk en 85 et qui, donc, sont bobo design aujourd’hui. Toutefois,
ces anticonformistes-là ont trouvé l’antidote à leur futur suicide : ils
ont fait des enfants et traînent cette progéniture en bas âge comme un trophée
dans les cafés à la mode. Ils ont régénéré le conformisme de leurs parents,
grands-parents. Peut-être étaient-ils aussi punk en 85 ? Ils ne doivent
certainement pas être frappés par la vulgarité de la mise-en-scène du clip
« Into the groove » et voire avouent avec gourmandise leur
« fanitude » adolescente pour Madonna ?!
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