Hier, en compagnie d’une amie, nous avons suivi une
visite guidée du futur grand aéroport de Berlin, un scandale tellement immense
que nul ne peut le dénoncer ouvertement. Les plans ont été bâclés,
l’implantation est catastrophique, à cinq cents mètres de Schönefeld,
l’ouverture annoncée a été repoussée cinq à six fois, des dizaines
d’entreprises ont dû être dédommagées, un hôtel de bonne catégorie ouvert
devant cette aberration aéroportuaire a dû fermer ses portes après être restés
ouverts quelques semaines. Toute l’affaire fleure bon le copinage et les
arrangements douteux. Le très gay et très médiatique maire de Berlin y a laissé
son immense crédit politique. On parle déjà de son successeur à la tête de la
capitale allemande aux prochaines élections.
Schönefeld n’était pas un cadeau. Aéroport de brousse desservi par une ligne de S poussive, il est aussi peu accueillant qu’une base militaire soviétique de l’époque stalinienne. Toutes le tentatives pour désenclaver ce lieu se sont soldées par un échec aussi cuisant que discret. Les « Schönefeld express » au départ de Zoo tous les quarts d’heure ont disparu au profit de correspondances compliquées dont la prévisions nécessitent tant la boussole, le sextant que la boule de cristal de Madame Soleil. Finalement, l’usager fréquent s’est rabattu sur le U7, terminus à Rudow, banlieue mi-moche où il trouve deux ou trois lignes de bus totalement inadaptées au transport de passagers avec bagage qui le mèneront au terminal DDResque de Schönefeld ! Pas un siège où s’asseoir, des sanitaires dignes du goulag et, droit en face, les fières nouvelles constructions de BER dans lesquelles on a totalement négligé le système anti-incendie, salopé le câblage électrique, raté la ventilation ! Lorsqu’on s’est aperçu de la bévue, il était déjà trop tard … Aujourd’hui personne n’ose avancer une date plus ou moins probable d’ouverture, deux ans de retard déjà, des dizaines de lignes aériennes annulées faute de place à Tegel et Schönefeld, sans parler de la fermeture scandaleuse de Tempelhof, présenté durant une campagne d’affichage agressive au bon peuple comme un aéroport de « sales riches ». Un référendum déclaré illégal avait toutefois demandé le maintien de son exploitation.
BER, donc, une bretelle d’autoroute qui ne sert à rien, une gare souterraine de six voies, quelques œuvres d’art magistrales jetées çà et là dans le terminal désert et tout le monde sait pertinemment que la solution la moins coûteuse consisterait dans l’abandon des bâtiments défectueux, la reconstruction plus loin de nouveaux édifices avec sprinklers et système électrique agréé. On nous a expliqué que les travaux se faisaient « peu à peu », dans le texte, les équipes d’ouvriers travailleraient 24h sur 24, 7 jours sur 7 mais, durant notre visite, nous n’avons pas entendu un seul coup de marteau. Nous n’avons vu que des ouvriers tout frais, tout propre en train de prendre des pauses clopes ou traversant des couloirs sans aucun outil à la main. Le clou, alors que la guide nous faisait son laïus au milieu du hall d’embarquement, deux « ouvriers » semblaient travailler en contrebas, sans outil évidemment, l’un palpait un mur, l’autre lui passait des traverses afin de terminer la construction de leur échafaudage mobile. Le temps de faire quelques photos, de suivre quelque peu les élucubrations de la guide, je me retourne et mes ouvriers de compète ont disparu, avec leur échafaudage à roulettes ?! Par la suite, nous n’avons jamais croisés que des travailleurs venant en sens inverse, que tout le monde les voie. Des figurants !
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