En un mot comme en cent : et m ...
La moitié de mon précédent billet s'est envolé suite à une erreur de manipulation (de ma part). Je ne suis pas avare de ma plume; l'angoisse de la page blanche, je ne connais pas. Parfois la paresse de prendre la parole, de produire cette parole, de la tisser, la rebroder ... Une soie précieuse et commune, paradoxe ... un peu de moi, de mon souffle et d'autres choses. J'aurais pu écrire de gentils romans pour dames qui ne savent pas quoi faire l'après-midi, avec des héroïnes pseudo-historiques et des dialogues miteux. Cela aurait été mauvais, assurément, se serait vendu et aurait plu aux suppôts moscovites, rapport à l'oeil (de Moscou, voir les billets du 1er au 12 décembre). Je souhaitais du reste à ces braves gens une bonne et heureuse année 2007, certainement meilleure que 2006 s'ils continuent à me lire. Ils auront un peu de distraction au bureau. J'avais aussi une pensée pour ma tripotée de vacataires, mes "époux" successifs depuis ces trois dernières années (dont je ne citerai pas le nom par discrétion) et mes amants (dont je ne citerai pas le nom parce que ça serait trop long); j'avais une dédicace spéciale pour l'un d'entre eux à qui je proposais des taosts Hawaï (pain de mie, moutarde Thomy, jambon carré, fromage carré, ananas en boîte, cerise au milieu, vingt minutes au four) puis les douze coups de minuit sur la place de la cathédrale, la voir s'embraser de feux rougeoyants et finir le champagne en tête à tête. Le monsieur a dû être refroidi par le billet dans lequel je me disais marié à mon oeuvre ou par la composition du menu ...
J'ai passé Nouvel An avec Yohann, chez l'une de ses amies et je suis rentré vers deux heures, trottoirs mouillés, une nuit fraîche juste assez agréable pour rentrer d'un pas mesuré, la première promenade de l'année. J'ai exactement retrouvé cette atmosphère pleine, savoureuse et banale à la fois; quelque chose de très photogénique, un rien poétique, à peine inspiré comme si "la bonne vie" allait de soi. Il y a bientôt vingt ans, j'ai fait le choix de croire à cette vie-là. J'aurais pu céder au sordide et à la panique, j'avais ... le choix. J'aurais pu "bovaryser" ou "guibertiser" (voir le décadentisme d'Hervé Guibert). J’ai préféré le battement discret d’une horloge dans le séjour, le service aimable des établissements de qualité, « la bonne vie » donc, ses codes et ses clichés que je revisite depuis. J’ai par là-même fait le choix de l’autofiction. Au fil de ma plume, j’ai appris à donner le change, à être riche de ma dignité et d’une certaine adresse, j’ai appris l’élégance dans la durée au mépris de la mode et des agités … Je vais vous épargner le laïus de la lutte contre les forces du néant, de la création artistique comme planche de salut, etc. Et pourtant … Je peux vous raconter un crépuscule venteux, des cieux d’or et de colère, le parfum de Christine resté accroché aux coussins du canapé, un photophore décoré de dentelle, le verbe cinglant et chantourné de Charles-Albert Cingria, le ruban luisant du bitume détrempé sous un horizon bas, la route qui vous appelle et commence juste en bas, la porte de service sur la rue Recordon. 3 janvier et envie de courir à travers l’année, à la recherche de Dieu sait quoi, à collectionner des riens et toujours l’espoir de rencontrer le bon, le « prince charmant », un billet de loterie gagnant … De l’appétit en tout cas, allez, « Garçon, la suite ! »
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