La tentation du silence ... Quoique, au collège de C., village où vécut Madame de S., on s'est fait à l'idée de compter parmi les enseignants un homme de lettres, avec tout ce que cela sous-entend (d'embarras). Il y a aussi la tentation du départ ... Pas d'inquiétude, je ne pense pas à un départ à caractère définitif, avec dernier voyage et dernière demeure. Le suicide reste toutefois une possibilité dans la vie de l'homme de raison, une dernière carte, un peu bravache, un dernier coup d'éclat grinçant. Je pense plus prosaïquement au Canada, à ma chère Berlin, Barcelone, Zürich, Zoug ? Euh, oui, pourquoi pas ... De toute manière j'arrive à me sentir chez moi partout, et même au collège de C. où j'avais une heure à tuer hier. J'ai failli me mettre à la ponte de ce billet depuis l'un des ordinateurs de la salle des maîtres. Cela m'aurait bien fait rire mais je ne connais toujours pas mon code d'accès que l'on me répète régulièrement et que j'oublie tout aussi régulièrement.
Il est midi, je suis encore installé dans mon lit, les voilages bleus de la large baie du balcon à ma droite et le ciel, derrière, de la même nuance un peu délavée, toujours le même chaos de toits, un tas de baraques sur la trop splendide toile de fond des Alpes lorsque l'horizon se dégage. Je suis très attaché à cette confrontation, à ce dialogue de sourd entre un urbanisme en roue libre et une nature d'une beauté forcément indicible. J'ai grandi dans du béton pré-mal-fabriqué seventie's, je ne peux qu'avoir de la tendresse devant de telles constructions et beaucoup de méfiances face à l'inaccessibilité de paysages de cartes postales. Dans le village de C., étalé tout autour du château de Madame de S., on cultive le pittoresque du coup d'oeil; réverbères, pavés, plate-bandes, nouveaux quartiers : tout a été mûrement pensé et, même si ce n'est pas du meilleur goût, cela reste toujours joli (et propre en ordre comme il se doit). Il y a une sorte de pacte tacite entre les autorités, la population et le cadre. Les choses, les gens, les éléments sont liés comme de vieux époux qui ne s'aiment plus mais s'aiment bien ... Parmi ce délicat équilibre, il est clair que le moindre écart tient du scandale ...
La tentation du silence ... la tentation du départ ... la musique des toutes petites choses, un rayon de soleil, le petit vase d'opaline turquoise offert par Jacques, une ombre sur le tapis, des fumerolles qui s'échappent nerveusement d'une étroite cheminée, quelques moineaux sur la balustrade. Il y aurait tant plus à dire et c'est déjà beaucoup ... Deux galets sur la commode grise, ramassés sur la plage de Barcelone ... Un nouveau roman en vue, la dernière main à "La Dignité" dont la publicité est déjà faite, je dois faire un saut à Paris, l'émigration attendra la fin de l'année scolaire, j'ai une classe de joyeux cancres à éveiller aux mystères de la littérature, les faire grandir un peu, et Rome en février, Lyon, Zürich, Bruxelles peut-être, Berlin évidemment, Barcelone à Pâques, élargir l'horizon depuis le préau du collège de C., village où vécut cette chère Germaine.
1 commentaire:
Samedi 23, spleen d'antand, splenn d'autand que voilà le 24 poindre son bec. La lecture d'un roman en ligne, qui n'est pas encore un bestseller mais qui ne saurait l'être un jour, détends. Que voilà poindre une ligne pour ajouter un commentaire ! On peut écrire ? On peut communiquer ? Diantre ! Que d'excitation ! Mais que de complications : "On peut choisir certaines balises HTML"... ??? Quid ? C'est français, ça le HTML... Ou est frevall pour guider la main comme il peut guider un samedi mausade ? A moins qu'il n'est déjà rejoint Germaine à Berlin... c'est ce qu'on peut lui souhaiter pour l'Année à Venir. Tous mes Voeux frevall pour 2007 ! Voyages, découvertes, récits, émotions...voilà ce qu'un moineau voyageur souhaite à l'Auteur. Histoire d'avoir plein d'aventures à découvrir sur ce blog ! A quand l'adaptation télévisuelle ?
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