Démobilisé, je suis démobilisé ... Il pleut à verse, j'aime ce bruit, le passage des voitures, je suis installé dans mon lit, il y a un nouveau cochon en peluche à côté de moi. J'ai plaisir à me raconter la petite histoire du "tout va bien, rien n'a changé, tout est normal". Je me dis qu'il y a toujours une bonne série à la télé et le débit rapide de Joël Collado dans le bulletin météo sur France Info. Je ne suis pas tombé de ... la dernière pluie, je sais bien que je me raconte une histoire, que les signes s'accumulent et qu'il ne sera bientôt plus possible de se leurrer. En fait de démobilisation, il s'agit plutôt d'une permission. Et je suis prêt à repartir sur le front, mener ma troupe, ne pas lâcher notre position.
Hier, au retour de C., petit village où vécut Mme de S., le collège où j'officie, j'ai eu une fort belle conversation avec l'un de mes collègues, à propos de la tentation du désespoir, des forces du néant et de la fragile volonté de continuer. Nous avons parlé de Julien Green, il faut que je me procure le journal de cet auteur, encore un récit en "je", une expérience de chair et de sang condensée dans un dialogue entre soi et soi, et Dieu aussi.
A propos du collège de C., j'y parais désormais cravaté ! Je n'ai pas adopté cet accessoire vestimentaire par coquetterie, encore que ... Non, il est question de témoigner de mon adhésion volontaire à ma fonction, il s'agit aussi d'un signe d'alliance avec mes élèves et ça m'est une croix de fer symbolique, méritée pour hauts faits d'armes dans la guerre menée contre la censure et la répression de la liberté d'expression. Et la cravate n'a-t-elle pas été inventée afin de reconnaître les soldats d'une même armée parmi la confusion du champs de bataille !
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