La campagne
vient de commencer, un premier, un second marché, chez moi, à Morges, une
distribution de pommes un lundi matin, tôt, 6h30-7h30 à la gare, avec le
candidat Nicolet et un petit flyer glissé sur FB, trois fois riens, mon
portrait suivi du logo de … l’UDC-Vaud !
Pour faire
simple, je rappelle à la foule en délire que l’UDC est le premier parti de
Suisse et que, donc, si je suis facho, je fais partie d’une majorité de fachos.
Quel plaisir de faire, pour une fois, partie de la majorité !
Habituellement, je suis un croyant dans un océan d’impiété, un catholique pratiquant
au milieu de foules hérétiques, un végétarien sans cesse en bute à la majorité
carniste et un gay, assumé, casé, très pépère dans notre mode de vie avec
Piou-Piou et le chien, notre Lou’, dans une société hétérocentriste.
Laissez-moi juste trente secondes pour jouir du très rare bonheur de faire
partie d’une majorité. Rhaaaaaa.
Plus
sérieusement, la sus-mentionnée majorité, plus précisément l’extrait que nous
représentons sur le district de Morges est composé … de gens, d’individus, ni
bas-plafond, ni extrémistes ni, forcément, agriculteurs. Soit, il y en a, il s’agit
du corps de métier le mieux représenté dans notre groupe mais notre canton
n’est-il pas entré dans l’ère industrielle grâce à son agriculture ? Herr
Dr. Nestlé n’a-t-il pas lancé le premier grand programme industriel du canton
du fait même de sa production laitière ? Sans vaches, pas de lait
condensé. A la section, nous donnons donc dans la viti-, l’agri- et la culture !
et deux ou trois autres bricoles.
Un quart d’agriculteurs,
deux œnologues, un caviste, un entrepreneur indépendant, un chef d’entreprise,
un représentant en produits phytosanitaires, un paysagiste, un retraité, un
mécanicien sur machines agricoles, un enseignant spécialisé, un enseignant du
post-obligatoire, une libraire et un auteur : ce qui nous fait un total de
17 ! Avec la liste n°2 UDC-district de Morges, on vous propose 17 casquettes
pour 16 candidats. Qui dit mieux ? Et encore, je n’ai pas fait la liste
des attributions politiques, on va du conseiller communal au député en passant
par la syndicature. On manque peut-être de dames mais nous ne sommes pas du genre
à remplir artificiellement une liste d’une moitié de candidates prétextes.
Question diversité, on est pas mal, on compte tout de même un Hongrois. Vous me
direz qu’il y en a qui se targuent de présenter une Uruguayenne à l’exécutif.
Pas mal, mais attendez que je sois candidat au National, l’UDC-PAI Vaud pourra
se vanter de présenter un péquin qui a lu les 2000 pages de « L’Homme sans
qualité » de Robert Musil. Combien de partis sont aussi lettrés ?
Je tiens à
relever que je n’ai aucune ambition politique, je m’arrêterai au Conseil
Fédéral où j’irai faire avec Piou-Piou la tournée des pays homophobes,
présentant à des rangées de dignitaires apoplectiques mon homme, le chien sous
le bras. Ça fera jazzer mais c’est le but, et je leur ferai la morale, sur deux ou
trois autres points encore : antisémitisme, misogynie, violence contre les
populations autochtones. J’aurai le droit, je m’en fous de ma cotte de
popularité ; quand on ferraille en politique sous les couleurs de l’UDC,
la susmentionnée cotte ne dépasse en général pas le deuxième sous-sol. D’ici
là, si je suis recalé au scrutin du 30 avril, je n’en ferai pas une maladie.
Sur la base de certaines données, j’ai calculé que j’avais à peu près 7,2% de
chance d’être élu. Deux sortants sur trois se représentent, le climat est
propice à l’obtention d’un quatrième siège, donc deux sièges hypothétiques pour
14 candidats, une chance sur 7 qu’il faut encore modaliser rapport à certains
candidats nettement plus en vue que moi. La dame de la liste par exemple, l’exécutif
vaudois enrôlerait là une excellente recrue. Avec moi, il ne gagnerait que des
surnoms piquants pour une grande partie de ses 150 députés.
Comme me le
disait l’une des élues morgiennes du parti typiquement morgien que j’ai quitté :
« Tu n’as aucune chance ! ». Merci. Je le sais déjà. On ne se
lance pas dans une campagne au législatif pour sa propre pomme. On le fait pour
le groupe, je le fais pour ce groupe qui, n’en déplaise aux détracteurs de l’UDC,
ne trouve strictement rien à redire à mon mode de vie, ni à la couleur de mes
chaussettes, ni au fait que je suis sans cesse obligé de leur quémander le
transport (n’ayant pas de voiture et il faut toujours qu’on se réunisse au
diable-vaux-vert, ce qui n’est pas pour me déplaire, la campagne vaudoise, le
pied du Jura sont si beaux). Bref, ce sont de bonnes gens, sincèrement, et j’espère
en faire entrer un maximum dans notre parlement cantonal. Accessoirement, je ne
suis pas contre le fait d’y entrer moi-même.
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