Mais qui, par pitié, fera fermer et interdire les
abattoirs ?! Quel gouvernement et/ou instances morales, religieuses fera
interdire le génocide de milliers d’êtres sensibles dans des conditions de
violence et d’inhumanité que nous croyions disparues depuis la libération des
camps de la mort ?
Il
y a une année de cela, comme vous le savez si nous sommes amis sur les réseaux
sociaux, un petit chien est entré dans ma vie ; avec Cy. nous avons
accueilli un petit être adorable, intelligent et capable de sentiments variés.
Il s’appelle Lou’. Dans les faits, ses papiers indiquent Lôo. Nous n’avons pas
changé son nom, il y répondait et nous ne nous sentions pas le droit de le
débaptiser. A ce propos, ayant toujours de l’eau bénite à la maison, j’ai procédé
au baptême de notre Lou’. Cela n’est pas très orthodoxe ni même catholique
mais, dans l’absolu, chacun peut donner le baptême. Je lui ai donc donné – au nom
du Père, du Fils et du saint Esprit – le
prénom de Louis, en référence à saint Louis, Lou’ en est la contraction même si
parfois je l’appelle Wolfi. Mon geste tient en partie de la plaisanterie
anodine … Quoique… Profondément, j’ai
toujours considéré les êtres animaux comme des amis, des individus sincères,
des alliés, des témoins muets de la gloire du Très Haut. Leur affection
indéfectible est certainement la meilleure image de l’amour de Dieu pour les
hommes.
J’ai
été fumeur, j’ai été carniste. Autant je ne regrette aucune cigarette fumée -
je garde tout de même de beaux souvenirs de cette relation destructrice, autant
chaque bouchée de mammifères et d’ovipares terrestres avalée me pose problème,
pèse sur ma conscience et fait de moi si ce n’est un assassin du moins un
complice d’assassinat. Le « je ne savais pas » ne représente qu’une vague
circonstance atténuante. Dès l’âge de raison, je pouvais faire le lien entre la
chaire baignant dans le gras de sauce à la mode française que je trouvais dans
mon assiette et l’être assassiné qui l’avait fournie. Aujourd’hui, je
sais ; aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus détourner le regard ;
aujourd’hui, j’assume ma culpabilité et ai décidé de m’amender.
Heureux
les végétariens, végétaliens, véganes qui n’aimaient pas la viande. Combien
sont-ils à nous raconter leur martyr, enfant, lorsqu’on les forçait à manger de
la VIANDE ! Personnellement, j’ai toujours été un omnivore, un omni
omnivore, goûtant, essayant, mangeant de tout. Légumes bizarres, préparations
improbables, abats étranges, tout, avec une prédilection pour la bonne
charcuterie vaudoise, le saucisson, la saucisse aux choux, au foie, les petits
pâtés savoureux, le boutefas et le salami tessinois, la viande séchée des
Grisons, la coppa, etc. Je ne regrette pas de ne plus en manger mais je
conserverai ma vie durant une nostalgie de ces délices particuliers et
barbares. J’aimais beaucoup les émincés, celui de porc, et la chasse, la
volaille. La viande rouge, les steaks, romsteaks, aiguillettes, entrecôtes et
autres passaient plus difficilement. J’aimais la viande rouge quasi incinérée.
Les végétariens, végétaliens et autres véganes qui n’aimaient pas la viande n’ont
donc que peu de mérite. Même si la qualité d’un choix moral ne repose pas sur
une méritocratie ou ne donne pas droits à de bons points. Les susmentionnés
désignés pourraient faire preuve de plus de compréhension vis-à-vis de leurs
nouveaux amis carnistes repentis qui, toutefois, mangent encore qui du poisson,
des laitages, des œufs. En dépit de tout ce que l’on dit un changement de
régime, de comportement aussi radical est difficile à mettre en œuvre, à vivre
tous les jours. Pas impossible mais difficile.
Je
me perds dans les étiquettes. Quand j’étais enfant, il y avait les
végétariens ; c’étaient des gens qui ne mangeaient pas de viande mais du
poisson, des œufs, des laitages. A l’époque, ces « hurluberlus »
semblaient réaliser un incroyable tour de force tellement il y avait de la
viande dans tout, partout. Aujourd’hui, l’intégrisme et la bienpensance
véganienne ne leur jetterait qu’une vague étiquette de flexiste à la tête.
Allez donc trouver votre dose de protéines quand les cantines, les restaurants,
le commerce de détails ne savent toujours pas ce qu’est une légumineuses et ne
savent rien vous proposer de préparé, prêt à manger, composé de tofu, des
fruits à coques, d’humus, etc. Pour les ploucs carnistes – le pendant du
serré-du-cul végane – un sandwich végétarien c’est une feuille de salade entre
deux tranches de pain ! Merci l’équilibre.
Je
me fous des étiquettes. Elles sont réductrices et contradictoires. Je suis
catholique, gay, membre de l’UDC (N.D.R. parti populiste suisse pour mes
lecteurs non-suisses) … Mises bout à bout, ces étiquettes n’ont aucun sens. Je
suis gay, question de nature, comme j’ai les yeux bruns, même si je me suis
entendu dire par un merdeux d’élève sous l’influence perpétuelle du THC que
« c’était dans la tête » ! Je suis catholique suite à un épisode
de révélation suivi du choix de mon
baptême et de la confirmation ; j’ai rejoint les rangs de l’UDC un
peu par boutade, fanfaronnade et parce que dans le canton de Vaud, c’est un
parti minoritaire avant tout motivé par le bon sens (combien ça coûte ? à
quoi ça sert ?). C’est dans cette même logique que j’ai abandonné la
viande. Connaissez-vous la théorie des cercles ?
L’anti-spécisme
est fondé sur cette théorie de l’ouverture aux cercles suivants. Soi (le
premier cercle), les parents et le conjoint, la famille, les proches, amis,
connaissances, la ville, la région, le pays, la zone culturelle, le continent,
les autres continents, la Création … Les animaux – êtres sensibles non-humains – interpénètrent
ces cercles de manière plus ou moins importante. Afin de justifier d’une
différence de traitement radicale, ils sont classés dans l’ordre des animaux de
compagnie ou des animaux d’élevage, de bouche, à fourrure, etc. Ces cercles,
dans les premières civilisations organisées, ne s’adressaient qu’aux hommes,
évidemment. Les femmes en étaient exclues, et je ne parle pas même des
esclaves. Le tabou de l’anthropophagie entrave aujourd’hui encore l’archéologie
et l’anthropologie ; bouffer l’autre était vraisemblablement plus répandu
qu’on ne l’imagine. On parle de rites … de pratiques guerrières … Il s’agit juste
de manger de la chair. Remarquez, si vous avez ce penchant pervers, qui vous
dit que votre semblable ne va pas vous mettre à son menu un de ces
quatre ? Bon, on va éviter de manger les gens de sa tribu, les hommes
libres s’entend, puis les prisonniers de guerre, les vaincus du village voisin,
les esclaves ; bref, on a évité de manger des individus humains. De nos
jours, dans la civilisation occidentale carniste, il est hors de question de
manger du chat, du chien, du cheval pour certains, du cochon d’Inde pour d’autres.
A propos d’Inde, les vaches ayant un statut sacré, hors de question d’y
consommer du bœuf et, en Chine, on mange de tout, mais vraiment de tout, on
raconte même qu’on y mangerait des fœtus.
Notre
civilisation occidentale judéo-chrétienne s’est bâtie sur de solides fondations
de violence et d’obscurantisme (dont les « Lumières » ne sont pas
exemptes). On revient de très loin. Chronologie express : Rome, la république
puis l’empire, est un Etat de droit depuis 450 av. JC ; au XVIIIème siècle,
l’empereur Léopold décida que tous les citoyens juifs de ses Etats jouiraient
des mêmes droits que les chrétiens ; la France interdit enfin l’esclavagisme
en 1848, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III ;
le droit de vote au niveau fédéral fut accordé aux femmes suisses en 1971 ;
en ce début de XXIème siècle, après l’horreur génocidaires nazie et
stalinienne, l’opinion publique prend enfin conscience du droit à la vie et au
respect des êtres sensibles non-humains. Il y a encore du travail, ne nous
cachons pas la vérité, toutefois les choses changent, par bonheur.
Pratiquement,
comment vivé-je cette conversation végéto-végano-végétatruc ? Sous l’ironie
de vieux cons, l’incompréhension de mes proches, la hauteur des véganes ultras.
L’un d’eux, l’une plus exactement, sympathique au demeurant, je la rencontre
souvent lors de la promenade du Lou’, mon Louis, la dame sort aussi deux petits
chiens. Je lui explique ma conviction du respect de la vie animale, je ne mange
plus de viande, des œufs tout de même, pas de lait, du poisson parfois … « Mais
vous n’êtes pas végétariens, vous n’êtes rien ! » Hors l’église point
de salut, la jeune dadame excuse tout de même ce « rien », du fait de
mon grand âge (elle doit avoir 25-28 ans mal conservés). « Il est plus
facile pour des gens jeunes de changer de régime », poursuit-elle. J’abonde
dans son sens, « surtout que pour des jeunes gens comme vous, avant d’adopter
une alimentation végane, vous avez surtout été habitués à manger n’importe quoi,
de la junkfood, des produits industriels, on quitte bien plus facilement ce
type d’alimentation. » Et toc, bécasse, cela s’appelle la réponse de la
bergère au berger.
Pratiquement,
donc, je ne mange plus de viande de mammifères, ni de volaille ou de n’importe
quel oiseau, du poisson parfois, même si les poissons sont aussi des êtres
sensibles, je ne me suis pas encore ouvert à leur cercle. Je mange des œufs issus
de coopératives, des volailles élevées en plein air qui finissent assurément
assassinées lorsqu’elles ne sont plus assez productives ... Et les produits
laitiers ? Le lait ? berk mais difficile d’échapper au fromage, d’autant
plus lorsqu’on a arrêté le saucisson mais je ne supporte plus l’assassinat des
veaux ni la manière dont ils sont retirés à leurs mères. Je limite,
drastiquement, il est vraiment urgent que je m’achète des livres de cuisine végane.
Je n’arrêterai jamais le miel, produit par les ruches communales ou ma « Heilpraktikerin »
berlinoise ou n’importe quel producteur non industriel. Et le cuir ? La
laine ? La soie ? Je ne vais pas jeter mes sacs en cuir, j’en prends
soin, ils ont été produits avec la peau d’êtres sensibles, si je me
débarrassais de tous mes accessoires en cuir, ces êtres seraient mort deux fois.
Quant à les vendre d’occasion ou les donner, leur repreneur n’en ferait
peut-être pas grand cas. Autant les conserver. Et les chaussures ? comment
être élégant sans de belles chaussures en cuir ? Je viens de faire l’acquisition
de ma première paire « végane », faite d’une sorte de caoutchouc bleu
filigrané, semelles en gomme. J’ai encore – beaucoup – de stock et le temps de
voir venir, de trouver … chaussure à mon pied. Cela fait longtemps que je ne
crois plus au 100% pure laine vierge. La rayonne, la viscose (fibres de bois),
le polyester, le coton, l’acrylique, l’élasthanne, le chanvre, le lin, la
sparte, le raphia, les céramides, le pet (laine polaire), tous les mélanges
sont possibles pour toutes les textures et tous les usages. La laine n’est
souvent maintenue en proportion négligeable qu’à des fins marketing.
J’ai
arrêté de fumer le 1er novembre 2001, suite à une grosse bronchite
de trop. Mon médecin avait noté cette date, « vous serez heureux de vous
en rappeler dans dix ans ». C’était le 3 ou le 4 et je me suis dit que,
jamais plus, je n’arriverais à écrire. Je fumais partout et à tout propos. La
cigarette était la compagne de mes petits et grands heurs. Il ne se passe pas
un jour sans que je constate à quel point l’exploitation animale et la violence
qui en découle est présente dans nos moindres habitudes, toutes celles dont il
faudra se défaire. La tâche paraît aussi impossible que, pour le fumeur, de
renoncer à la première clope avec le café matinal, autant arrêter le café !
Avant-hier encore, je me suis demandé de quoi était composée exactement l’encre
de ma plume ? s’il me faudrait passer au crayon ? et si c’est animal,
existe-t-il un moyen de prélever cette encre sans faire de mal ? Non,
évidemment, l’exploitation reste de l’exploitation. Les textes bibliques ne m’offrent
pas de réponse, il n’est question dans l’Ancien Testament que d’étripage de
bovidés et d’ovins pour les livrer « en holocauste » à Yahvé. Vous me
direz qu’on y génocidifie gaillardement le Philistin et les Égyptiens premiers
nés de même. Accessoirement, dans la brocante du Deutéronome, on y condamne à
mort celui qui porte un vêtement fait de deux textiles différents (laine et lin
par exemple). Il y a, heureusement, le Nouveau Testament qui renouvelle l’Alliance
sans appel au meurtre, sans razzia, sans sacrifice. Il y a l’Aimé, le Très Doux
qui chasse les marchands (de bêtes sacrificielles entre autres) du Temple, qui
cueille des figues, glane du blé avec les apôtres, mange un poisson grillé avec
eux encore après sa résurrection. Ni oiseaux, ni mammifères à son menu et on ne
sait pas si les sandales étaient en cuir ou en sparte ? Et sa tunique ?
ou le saint Suaire ? du lin, blanc, virginal, assurément. Il ne manque que
l’exégèse anti-carniste des Évangiles. Le pape François a récemment
consolé une petite fille suite à la mort de son chien (ou son chat ? son
canari ?), lui assurant que le petit être aimé était à présent au paradis.
A chaque fois que je croise le corps inerte d’un oiseau défunt, d’un petit
rongeur, chat victime de la circulation, hérisson, autres, j’ai une prière à saint François, qu’il
accueille l’âme de cet être au paradis des animaux. J’assure aussi les maîtres
éplorés d’animaux décédés de l’intercession du saint d’Assise qui prêchait aux oiseaux. Au même chapitre, on trouve saint Antoine de Padoue qui, lui, s'adressait aux poissons … Je crois que je vais aussi arrêter d'en manger.
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