Retour sur une rénovation réussie au cœur de Morges.
Là où se signale un authentique travail d’architecte, mieux qu’une
réhabilitation, une révélation.
Une
citadelle ? un cloître ? une maison forte ? Une construction
simple, sans artifices, ornement, effets verre-acier, etc. Le bâtiment des n° 1 et 3 de
la rue Saint-Louis, dans sa version réactualisée ne souffre que d’un
défaut : il n’a pas de nom. Ce n’est pas un édifice construit ex-nihilo,
il est le résultat de la mue adroite et élégante du bâtiment
« Bataillard ». Dans sa forme première, ce locatif du centre ville
était l’exemple parfait du niveau 0 architectural. Façades jaunasses au crépi,
de trop nombreuses petites fenêtres garnies de volets bruns, un immeuble qui
n’aurait pas même valu le prix de sa démolition. A force, on ne le voyait plus,
il était devenu une verrue sèche – pas même purulente – au coin des rues
Charpentier et Saint-Louis. Un truc moche.
Lorsque l’on vit
quelque agitation autour de la chose, plus d’un Morgien bénit le bienfaiteur
qui prenait à sa charge la démolition de ce manifeste de la médiocrité
architecturale : que nenni ! On ne démolissait pas, on rénovait, et
avec quel talent ! ARCK Architecture SA, sur une base aussi indidgente, a
réussi le tour de force d’une réhabilitation élégante. Le bâtiment a gagné un
penthouse, signalé par un bandeau anthracite de la largeur de l’étage. L’existence de la terrasse est révélée par des escaliers
métalliques en vis côté square des Charpentiers. Ce dernier étage a la
particularité d’avoir été entièrement réalisé en bois. Il jouit de plus d’une
plus grande hauteur sous plafond que les étages inférieurs. Côté rue des
Charpentiers, il porte un oriel carré ; les fenêtres de ce dernier niveau
reprennent le rythme des façades sans pour autant reproduire la disposition
disgracieuse des fenêtres d’origine. Les magiciens de chez ARCK auraient
peut-être aimé les ordonner différemment mais il eût fallu revoir tout
l’aménagement intérieur. Toutefois, afin d’atténuer l’effet
« casemate » et tromper l’œil du passant, donner du caractère à une
façade qui n’en avait aucun, chaque meurtrière … chaque fenêtre, pardon, a été
pourvue d’un volet métallique rouge ! Effet garanti sur la façade blanche.
La présence d’un
bâtiment dans le tissu urbain implique bien plus qu’une façade quelconque à tel
ou tel numéro d’une rue. Il s’inscrit dans un ensemble, il apporte sa voix à un
dialogue renouvelé, promenade urbaine, déambulation. La « citadelle
Bataillard » (j’opte pour ce surnom) « dépasse » ici ou là,
signale sa présence et enrichit le point de vue par les effets du talent d’ARCK
Architecture SA.
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