jeudi, septembre 03, 2015

"La nouvelle fuite à Varennes", roman

On parle si souvent de roman de la maturité ou de texte coup de poing ou … que sais-je. « La nouvelle fuite à Varennes » est si loin de ce genre de qualificatif ; elle connaîtra certainement  peu de presse car c’est un roman honteux. Pensez donc, de l’édition « participative » ! Cela veut dire que j’ai payé le papier et l’encre, que j’ai fourni la couverture, une œuvre que Jacques Bonnard a spécialement réalisée pour l’occasion. Le livre existe, sous l’isbn 979-10-203-0678-4 ; il est référencé et même distribué par Hachette, pour pas cher, 16,50 euros en France, je ne sais pas pour combien en Suisse. Avec ce titre, et un autre publié il y a bien des années, j’existe sur Amazon et, peut-être, même à la FNAC des Halles, Paris.

L’histoire n’est pas facile, pas vendeuse, trendy, bandante, main stream. Je m’en f… Je raconte le récit de la névrose quotidienne des laborieux romands, secteur tertiaire, l’administration genevoise en particulier. Mon héros, une héroïne, une femme anonyme de plus de cinquante ans, célibataire, sans histoire, sans famille, banale. Ni violée, ni assassine, ni vamp, ni philosophe à temps partiel entre les rayons d’une supérette, ni salope divine faisant des trucs pas possibles avec de la courgette bio et locale. C’est une femme qui a sa culture pour elle. Et de la décence. De la dignité. J’ai passé beaucoup de temps à l’observer, de loin, ne pas interférer dans sa vie, ne rien déranger, le monde est déjà bien assez bordélique. J’ai pu prendre la mesure de sa détermination.

Il n’y a pas que cette femme, il y a « la grande Adélaïde », l’aïeule parfaite, la femme de toutes les situations, passées à travers deux guerres, de Vienne à Zürich, via Berlin et pas mal de souffrances, dominées. Adélaïde, une sorte d’ « Angélique marquise des anges » k und k. Elle, je l’envie, j’envie sa résolution mais je lui préfère une certaine femme de plus de cinquante ans, en jupe écossaise. Je l’ai filée à travers Genève, je l’ai suivie jusqu’à Constance, puis Berlin, elle m’a même traîné à Dresde. Elle m’a appris à regarder … vivre la peinture, communier avec la toile, vivre l’émotion de l’artiste. Je ne connais pas son nom. Nous n’avons pas été présentés … mais elle fait partie de ma vie.

Je vous la raconte un peu, depuis le salon d’été et je me souviens de ses premiers pas à travers mon manuscrit. J’écoute ce que j’écoutais alors, Casserol Band, Under sailor, le batteur du groupe était l’un de mes élèves. Je pourrais vous remplir cinq billets à propos de cette musique, confidentielle, tant de talent, un rien de naïveté, pas vraiment le son qui encombre les ondes. Je pourrais vous raconter un retour de Constance en train, Cy. endormi contre moi, c’était une belle journée d’hiver glaciale et transparente ; je pourrais vous raconter les mois passés à rédiger ce texte, le bonheur à sentir grandir cette réalité, ce petit morceau du monde et les rebuffades, les camouflets, la petite histoire d’un texte que j’ai fini par porter et en accoucher seul. Je ne connais même pas le nom de mon héroïne, je n’ai jamais osé l’aborder, ne pas troubler cette femme tout en mine de rien et pourtant ! Elle m’est presque devenue une parente selon le schéma improbable des familles croisées, recomposées.


Je la revois, sereine, heureuse, quelques amies autour d’elle, une réception à la Villa Mon-Repos, au milieu du parc ; les extras lui font du plat en dépit de ses cinquante ans et plus. Elle y répond avec ce qu’il faut de coquetterie. Elle est vraiment heureuse. Elle a su surmonter toutes les « contradictions de la vie » comme son aïeule par alliance, la grande Adélaïde.

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