« À
plat » de Jean Chauma, un petit roman noir qui « trucule » à la
manière d’un film de Zidi ou de dialogues d’Audiard. Tout serait dit mais l’auteur
nous raconte aussi une banlieue, les tours, des punks à pétards dans l’escalier,
Louisette et ses trois filles, la grosse Marcelle, un boudin mais la reine des
pipes !
Evidemment, Chauma ne dresse pas le portrait d’un monde très
« ganz raffiniert », on n’est pas dans le seizième arrondissement. On
n’est pas non plus dans les romans noirs et prétendument « rock’n’roll »
ou des pervers habillé en Gucci découpent en lanières des fillettes hurlant de
douleurs et de terreurs avec un scalpel design. Avec Jean, on donne dans un
genre un peu plus «jambon-beurre », tout en rondeur, en sympathie, en
authenticité. Pas de vapeur d’alcool, de drepou, de noirceur brumeuse mais la
beauté des choses les plus simples. On se retrouve dans la France que l’on
pouvait aimer, encore, la France franchouille et sympa qui regarde Jacques
Martin à la télé le dimanche midi, un pays de gens évidents qui se débrouillent
pour avancer, un jour après l’autre ; de vraies personnes qui bataillent
avec eux-mêmes, leur triste horizon et les quelques opportunités que la vie
peut leur offrir, même s’il faut souvent se servir soi-même.
Jean Chauma est un peintre, un peintre de genre ; ni
petit ni mauvais, le genre, sincèrement attachant. Chaque personnage brille de son
éclat propre, marbrés de quelques ombres. Trois fois riens, et Jean, le gentil
caïd au sexe lourd, le géant débonnaire toujours impeccable sur lui et toujours
prêt à bander pour une femme : vieille, grosse, moche, boiteuse pourquoi
pas mais une femme pour laquelle il bandera et contre laquelle il pressera ses
cent kilos mi-muscles, mi-gras, une femme qu’il saura aimer et faire jouir,
parce qu’il aime toutes les femmes, comme l’un des mâles dominant d’une meute,
d’un territoire, son territoire mais il n’est pas exclusif. Jean est dans l’immédiat,
le sensible, pas assez intello pour être jaloux.
L’auteur a-t-il des revendications ? Non, pas de ce
pipeau-là. A quoi cela pourrait-il bien servir ? Jean, Louisette,
Marcelle, Franky, Momo et les autres en seraient-ils meilleurs ? plus
beaux ? plus vrais ? plus profonds ? Non, on s’en tape ; la
rédemption … l’appel à la rédemption n’a pas besoin de discours. C’est un
sentiment, parmi d’autres, parmi la foules de sensations et de pensées qui nous
traversent, une impression fugace que Jean n’arrive pas à isoler, un matin
heureux, assis tout contre le mur turquoise de la cuisine, derrière la table du
petit-déjeuner, comme une envie de tout remettre à plat.
129 p. et pas une de trop, bsn Press
2 commentaires:
Et bien, vraiment, merci.
J'ai adoré votre galerie de personnages, la tendresse que vous avez pour eux. Merci à vous.
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