Retour de Dresde et de Berlin, retour en demi-teinte de mes
terres allemandes tant plus variées que ce que l’on peut imaginer. Personne ne
dirait à brûle-pourpoint à propos de la cuisine italienne ou espagnole « qu’elle
est lourde et trop grasse». En plus de dix ans de fréquentations, je peux
assurer que les Allemands mangent plus de légumes et plus équilibré qu’en Espagne.
Néanmoins, hors les clichés, mes Allemagnes ont tendance à tourner en rond. Ce
sont des gens frugaux par nature ; ils aiment la vie simple, passer du
temps entre amis au café ou, mieux, sur une terrasse. Ils aiment acheter de la
qualité mais sont passionnés à l’idée de faire de bonnes affaires. En Allemagne,
on ne jette rien, on fait du troc, on revend au marché aux puces ou on dépose
la chose propre et en état sur le trottoir avec un mot invitant à se servir.
Ces mêmes Allemands savent qu’il faut travailler pour vivre,
et ils le font, comme ils trient leurs déchets, respectent la signalisation
routière, l’ordre d’arrivée dans les files d’attente, les lois plus
généralement et la sphère privée d’autrui, son intimité. Ils portent plus de
cent ans de culpabilité sans broncher alors qu’ils n’étaient pas les instigateurs
du conflit en 14 et que le traité de Versailles en a fait les fautifs
historiques jusqu’à aujourd’hui. C’est un autre débat, ce n’est pas mon propos
ici. Toutefois, difficile aujourd’hui de proclamer l’Allemagne seule et unique responsable
du conflit de 39-45, impossible depuis que l’on connaît les complicités
économiques alliées avec le régime nazi de 1933 à peu avant la guerre. Bref, les
Allemands se devraient de sauver économiquement l’Europe, de faire barrage à la
Russie et de consommer plus afin de porter, de surcroît, le commerce mondial !
On demande à ce pays d’être schizophrène ; ce pays qui
nourrit une admiration sans borne pour la culture française, pour le Sud, ce
pays qui a su intégrer ses migrants turcs, qui a su conquérir des foules de
touristes de plus en plus denses devrait prendre en charge l’Europe unie sans
pour autant avoir le droit d’y imposer sa marque : son parlementarisme,
son consensus politique, son multi-confessionnalisme sans pour autant céder au
dogme réducteur de la laïcité française. En attendant, le pays contrarié dans
sa bonhommie naturelle et privé de toute vocation universaliste, sombre dans
une sorte d’obésité sociale. On commémore à tout va, on s’auto-flagelle et on
va se consoler en fréquentant les centres commerciaux qui fleurissent ici et là
dans des formats inflationnistes. Je suis amateur de ce genre de lieux où l’on
trouve toujours une bonne affaire à faire, des toilettes propres et des
tea-rooms avenants. Pourtant, je n’en pouvais plus à Dresde. De la gare au
Zwinger, ce n’est plus qu’un centre commercial géant, deux pour être précis,
sans parler des grandes surfaces et des rues commerçantes. L’ensemble fait
quelque peu disneyland pour grands enfants. On ne peut passer sa vie à faire du
shopping même si c’est tout bénéfice pour l’économie. Cela ne présage rien de
bon …
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