« La Défaillance
des pudeurs » est un petit roman à couverture bleue, discrète, élégante,
très comme il faut, édition du Seuil. Un joli texte, un récit impressionniste,
certainement très autobiographique mais l’auteur a tenu à lui faire un appareil
romanesque, une marque de pudeur, une de plus. Le récit est une suite d’épisodes
plein de saveurs et de belles couleurs, un peu fanées. Il nous ouvre aux
miracles de l’éducation française, celle que l’on pratique dans les beaux
quartiers.
On connaît surtout l’auteur, Christophe Girard, dans son
costume de maire du 4ème arrondissement de Paris. Nous avons aussi
affaire à un lettré, une plume délicate, maîtrisée, presque timide sans fausse humilité.
L’homme est attachant. Il a déjà mené plus d’un combat, politique, moral,
privé. En 2013, il a épousé le réalisateur Olivier Meyrou. Christophe a su mener
l’une de ces belles existences très parisiennes comme on en rêve ici.
J’aurais aimé écrire, après y avoir goûté, à propos de cette
défaillance-là, cette peine-là, cette mélancolie tempérée. Christophe Girard
nous l’a jouée Guibert apaisé, une sorte de « Mes Parents » d’une
puissance émotionnelle comparable mais rien du déballage grandiloquent du bel
Hervé. Le temps du récit n’est plus le même pourtant le parallèle est flagrant,
on y retrouve des motifs communs, le séjour linguistique en Allemagne par
exemple, avec son inévitable expérimentation sexuelle. Les seventies’ et la
libération de même sexuelle sont évoquées sans passéisme ou militantisme mais
dans leur costume de l’époque, au style bien marqué, encore une belle image.
« La Défaillance des pudeurs » ou un joli livre d’images
pour parler du deuil, du temps qui passe, de l’homosexualité, de la
bisexualité, de la filiation, du suicide avec ce ton égal qu’offrent l’intelligence,
l’équilibre et la distance. « Les Triplés » version littéraire pour
adulte mais ce même chic pondéré, une lecture à faire entre deux cahiers du
Figaro, un compartiment de première, un
TER pour l’une de ces bonnes villes de France, Lyon, Nantes ou Bordeau. Ou
mieux, à lire sur une plage d'Arcachon ou de Palavas-les-Flots.
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