mardi, décembre 09, 2014

"La Défaillance des pudeurs" de Christophe Girard

 « La Défaillance des pudeurs » est un petit roman à couverture bleue, discrète, élégante, très comme il faut, édition du Seuil. Un joli texte, un récit impressionniste, certainement très autobiographique mais l’auteur a tenu à lui faire un appareil romanesque, une marque de pudeur, une de plus. Le récit est une suite d’épisodes plein de saveurs et de belles couleurs, un peu fanées. Il nous ouvre aux miracles de l’éducation française, celle que l’on pratique dans les beaux quartiers.

On connaît surtout l’auteur, Christophe Girard, dans son costume de maire du 4ème arrondissement de Paris. Nous avons aussi affaire à un lettré, une plume délicate, maîtrisée, presque timide sans fausse humilité. L’homme est attachant. Il a déjà mené plus d’un combat, politique, moral, privé. En 2013, il a épousé le réalisateur Olivier Meyrou. Christophe a su mener l’une de ces belles existences très parisiennes comme on en rêve ici.

J’aurais aimé écrire, après y avoir goûté, à propos de cette défaillance-là, cette peine-là, cette mélancolie tempérée. Christophe Girard nous l’a jouée Guibert apaisé, une sorte de « Mes Parents » d’une puissance émotionnelle comparable mais rien du déballage grandiloquent du bel Hervé. Le temps du récit n’est plus le même pourtant le parallèle est flagrant, on y retrouve des motifs communs, le séjour linguistique en Allemagne par exemple, avec son inévitable expérimentation sexuelle. Les seventies’ et la libération de même sexuelle sont évoquées sans passéisme ou militantisme mais dans leur costume de l’époque, au style bien marqué, encore une belle image.

« La Défaillance des pudeurs » ou un joli livre d’images pour parler du deuil, du temps qui passe, de l’homosexualité, de la bisexualité, de la filiation, du suicide avec ce ton égal qu’offrent l’intelligence, l’équilibre et la distance. « Les Triplés » version littéraire pour adulte mais ce même chic pondéré, une lecture à faire entre deux cahiers du Figaro, un compartiment de première,  un TER pour l’une de ces bonnes villes de France, Lyon, Nantes ou Bordeau. Ou mieux, à lire sur une plage d'Arcachon ou de Palavas-les-Flots.



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