Zietenstrasse, vue sur le Zwölf-Apostel-Kirche |
C’était en été, une saison d’enfer et de fatigue qui
incinérait toute tentative de repos. Tout serait dit et, pourtant, sous la
douleur et l’ennui, brillait une gemme sombre. Pas même moyen de se draper
dignement dans les plis de la tragédie, le drame tenait du vaudeville. Des
prostituées grotesques faisaient claquer les dalles de béton décelées de l’entrée
du bâtiment où je logeais, Zietenstrasse, bruit ridicule et insistant, le malaise d’un lit
moite, l’énervement stérile de l’indécision. Je ne suis pas le principal protagoniste
de « Canicule parano », je ne suis pas Maxence, j’ai partagé son
mal-être et sa fatigue crasse. C’était l’été 2007 ou 2009, un été de canicule
ressemble à n’importe quel autre, la chaleur efface tout, nivelle tout, écrase,
aplatit sans merci.
Il me souvient de quelques scènes toutefois, d’une immense
fatigue et de quelques éclairs, fulgurants, le vrai récit, celui qui m’est venu
lorsque j’errais dans mon petit logement. La lumière, la vue, les volumes
simples du studio me montraient une échappatoire, par en-dessous, là où il faut
tout abandonner pour pouvoir passer. « Canicule parano » fait partie
d’un plus grand projet, un triptyque à propos de ce que je nomme les
« autres » vertus : trahison, amoralité, déréliction.
« Canicule parano » illustre cette dernière « vertu ». Les
deux précédents textes existent et s’intitulent « La nouvelle Fuite à
Varennes » pour la trahison et « Slide show » pour l’amoralité.
J’ai quelques projets pour « La nouvelle Fuite à Varennes »,
« Slide show » est au coffre, dans une bonne banque de la place,
peut-être une publication dans bien longtemps. Il s’agit d’amoralité et non
d’immoralité, au-delà … Pareil pour la trahison et pour la douleur, l’abandon,
aller au-delà des apparences.
Le texte est venu après l’été, après Berlin, avec
l’évocation de Bâle, de Barcelone, de Paris, de l’adolescence, belles
destinations. Il m’est venu avec l’évocation de mille détails cocasses à propos
de Berlin, l’autre personnage principal de ce roman. Il y a, aussi, en
filigrane la réflexion sur la signification d’être romand, débat perpétuel
surtout lorsque, comme moi, on a trouvé
son équilibre à Berlin, on a conçu sa spécificité culturelle de francophone en
se frottant aux mondes germaniques. Je suis, soit, un auteur allemand de langue
française mais les Vaudois sont des Prussiens qui s’ignorent. La preuve dans « Canicule
parano ».
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