Archives Nietzsche, une réalisation de H. van de Velde |
Retour de Zürich, une exposition, « De Matisse au
Cavalier bleu », l’expressionisme allemand et ses influences françaises.
Temps magnifique, accrochage intéressant et le lac, une promenade ensoleillée,
une bonne heure sur un banc, face à la rive, Zürichhorn, à travailler à
« Zauberberg II », mon dernier projet, une suite au roman de Thomas
Mann parce que je me suis attaché à Castorp et Ziemssen.
Un mot
quant à l’exposition, beau choix d’œuvres quoique disparate, didactique
intéressante mais étendre (distendre) les relations du « Brücke » et du
« Blaue Reiter » avec les fauves, les cubistes et les
post-impressionnistes à l’entier de l’expressionisme, c’est un peu
exagéré ! A croire que l’institution muséale zurichoise redécouvrait un
lien oublié après deux guerres mondiales, un lien tiré par les cheveux tout de
même. On sent surtout la découverte par l’occident latin et anglo-saxon de la
richesse, de la radicalité, de la variété et de l’actualité de la culture allemande,
sous tous ses aspects. Et puisque l’étoile de barbouilleux hexagonaux du début
XXème commence à pâlir, pourquoi ne pas reficeler dare-dare des liens avec
l’Allemagne, le géant d’Europe tout domaine confondus. J’ai tout de même eu le
plaisir de « communier » devant quelques Kirchner pas tant Kirchner
dans leur exécution et devant de superbes Jawlensky, surtout son
« Paysage », une tempera sur carton de 1911, un petit format presque
carré. En fait de paysage, il s’agit plutôt d’un coin de rue, l’entrée d’une
propriété, un mur orange, une maison ocre, des frondaisons pâteuses et,
pourtant, la composition – rigoureuse – est d’un équilibre parfait. Jouir,
avant la catastrophe, de la paix d’après la catastrophe ! Zauberberg, la
paix des cimes …
Poursuivre
dans cette même esthétique par une visite au musée Bellerive, exposition van de
Velde, le peintre, l’architecte, le designer, les ombres de la Sécession, d’une
sorte de pré-Bauhaus à Weimar, au service du grand-duc. Avant 14, évidemment. Comment
est-il possible que l’on ait alors fait … fausse route ? Voie royale vers
d’autres errances, et des pires. Au musée Bellerive, tout respire cette
plénitude d’avant l’erreur d’aiguillage, toute la quiétude un peu hautaine de
la ville tout autour proclame la victoire de la culture germanique. Nous nous
sommes fourvoyés entre le parlementarisme à outrance, les ergotages
sociologisants, le libéralisme, mai 68, etc. Jusqu’où faudra-t-il encore suivre
cette voie que l’on sait en cul-de-sac ?
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