Vendredi 6 septembre, début d’après-midi, je me faufile
en prenant par la coulisse. Je longe le quai, entre par une bâche ouverte et me
coule à ma place. Le matin, j’ai tweeté avec Tatiana de Rosnay, la présidente d’honneur de l’édition 2013 du
Livre sur les Quais. Je suis aussi passé à l’accueil prendre une grande
enveloppe avec tous les renseignements nécessaires. Je retrouve, à ma droite,
l’admirable Pierre Queloz et ses polars en alexandrins. Personne à ma gauche,
encore, et Olivier Sillig à la gauche de
ma gauche, poignée de main. Un bénévole vient me souhaiter la bienvenue avec un
beau sourire.
Les auteurs reviennent de leur pause déjeuner, les
visiteurs se font plus nombreux. André Ouerdnik vient occuper la place vide à
mon côté, nous faisons connaissance. Nous avons publié tous deux chez
Castagniééé du temps de Castagniééé. Le charmant bénévole nous offre de l’eau
minérale ; il commence à faire chaud, je porte une chemise à carreaux,
cravate grise, veste d’été bleu marine. Olivier et André portent aussi des
chemises à carreaux. Nous sommes assortis. Quelques dédicaces, des échanges
plaisant avec des visiteurs, pause.
Je reviens vers 17h15 et Olivier Sillig s’exclame
« Mais tu t’es changé !!! » Euh, oui, effectivement, c’est un
peu par coquetterie mais plus encore par sens pratique. Je suis allé me faire
tirer le portrait au stand de l’association des Autrices et Auteurs de Suisse
et le carreau, ça sature un peu. J’explique à Olivier que j’habite à 150 mètres
de notre table de dédicace. Rires. On parle littérature entre nous et avec nos
lecteurs. J’envoie un sms à Cy, lui dire que je l’attends à 19h, qu’il me
rejoigne, pas envie de passer la soirée officielle en célibataire.
18h45, les premières « huiles » se montrent,
Mme Waridel en tête qui salue Olivier, André, nous bavardons un peu, elle
poursuit par Pierre et Pierre-Yves Dubath, presque au bout de notre rangée. Les
très séduisants attachés de presse des grandes maisons françaises commencent
leur discret ballet, se rapprocher de la tribune, du pouvoir. Je me demande
pourquoi les attachés/ées de presse sont toujours si … apprêtés ? Cy.
arrive, magnifique, élégant, emmené par Stéphane Bovon. Je passe de l’autre
côté de la table. Les jolis attachés de presse bouffent Cy des yeux, un photographe
de l’équipe du Livre sur les quais s’empresse de le prendre en gros plan. Je me
dis avec amusement que je devrais envoyer le petit défendre mes textes à ma
place, mes romans auraient peut-être plus de succès ?!
18h55, Tatiana de Rosnay et Sylvie Berti-Rossi se fraient un
passage jusqu’à la tribune. Je me présente en « live » à Tatiana qui,
même si elle est pressée, s’arrête tout de même me serrer la main. Elle me
remet, le tweet de ce matin, elle doit pourtant en recevoir des dizaines. La
dame est vraiment charmante, naturellement élégante, fine, vive et
immédiatement sympathique. Surgit une autre belle femme de la foule qui m’attrape
et m’étreint énergiquement : Nuria ! Mme la conseillère Gorrite est
de la partie. Je ne l’espérais pas. Les discours s’enchaînent, le ton est
léger, le verbe concis. Sur la fin de cette partie officielle, comme prévu, je
vais me rappeler au souvenir de Vincent Jacques, le syndic de Morges, nous
étions voisins quand il était enfant. Je me souviens d’un petit garçon plein
d’esprit et d’entregent. Il n’a pas changé, ou si peu. Je profite d’un moment
lorsque Anne-Catherine ne se trouve pas trop entourée pour m’approcher lui
offrir un exemplaire de « Tous les États de la mélancolie
bourgeoise », elle me lance un « Toujours aussi
élégant ! ». A peine le temps de rédiger une dédicace que quelqu’un
l’interpelle ; les obligations d’une conseillère d’Etat. Je m’éloigne, Cy.
m’attend près de la sortie. Il fait bon, le ciel semble se couvrir un peu, un
cocktail nous est offert au club nautique.
Belle soirée, beaucoup de rencontres ; que les
écrivains peuvent être drôles autour d’un buffet, pratiquant l’équilibrisme
avec un morceau de pâté, un verre de rouge et une verrine. Madame Berti-Rossi
est une parfaite hôtesse. La nuit souffle une haleine tiède sur le lac, ressac
insistant et quasi méditerranéen, Cy. s’amuse et joue un peu à cache-cache avec
l’un des attachés de presse, innocent marivaudage. Dans le hasard des groupes
qui se forment et se défont, nous terminons la soirée avec Nuria et Olivier
Feller. Ils forment un très beau couple, se complétant, se donnant la réplique.
Nous rentrons peu avant l’orage. Je suis rompu. Je n’ai pourtant pas
l’impression d’en avoir beaucoup fait.
Samedi matin, 10h30, je suis en retard. J’hésite … quant
à ma tenue. Tout à l’heure, table ronde animée par Pascal Schouwey avec Quentin
Mouron, Pierre Bordage et Marc Quentin Szwarcburg. Je me souviens : j’ai
promis d’y porter mon pantalon rose Ralph L***. Je passe le vêtement et file. Je
prends mon sac de sport avec moi, j’irai au fitness durant la pause déjeuner.
La tente où l’on dédicace est bondée, je slalome et retrouve brièvement « les
collègues ». A mon grand étonnement, je vends, à ceux qui ont entendu
parler de moi et à d’autres emballés par le titre de l’un ou l’autre de mes
textes. 11h30, visite de ma mère, descendue en ville tout spécialement pour me
voir, elle évite la foule du samedi habituellement. Nous partons à la recherche
d’Yvan Bourquin avec qui elle a travaillé à la bibliothèque universitaire, un
homme exquis et doux, docteur en théologie. Il vient de publier « Quel
Dieu pour nos souffrances ? », petite mise au point théologique lumineuse.
Nous le trouvons installé à côté de … Suzette Sandoz. Après un café à la
buvette, je laisse ma mère au bout du quai, direction le fitness.
Retour à la tente, conversation, rires, un peu de promo’
pour le travail des voisins, visites d’amis, dédicace à une visiteuse
étonnante, une dame à particule, comme la présidente, une dame en rouge qui, lorsque
que je lui explique le propos de « Tous les États … » me rétorque :
« J’ai passé ma vie à lutter contre le lénifiant, le gentillet, la
facilité ! ». Le temps d’une tasse de thé chez Maier et je file à ma
table ronde. J’y arrive pile à 16h30, on m’attend. Oups. Et c’est parti pour « Décaper
la surface ». Pascal Schouwey est un modérateur de haut vol, chapeau l’artiste
qui a réussi à nouer la gerbe avec des auteurs aussi différents que nous
pouvons l’être. Je découvre Pierre Bordage, auteur de SF d’une immense culture
littéraire, d’une belle sagesse aussi. Je ne connaissais pas Marc Quentin
Szwarcburg non plus, je le connaîtrai un peu mieux après lecture de son « Première ! »
que je suis passé lui acheter. Et je ne vous présente pas Quentin Mouron.
J’ai terminé le samedi sur les rotules, c’est fou ce que
la stimulation littéraire peut fatiguer son auteur. Il y a eu un buffet dans la
cour du château, j’ai pique-niqué avec Stéphane Bovon, Pierre-Yves Lador, André
et quelques autres. La fatigue ne se faisait pas sentir que chez moi. Je suis
rentré tôt et incapable d’émettre plus de trois mots jusqu’à mon coucher.
Dimanche, dernière ligne droite, déjeuner au Mont-Blanc
avec toute la clique Hélice Hélas. Un beau moment tous ensemble. On semble de
moins bonne humeur à la table de Luc Ferry. Dans l’après-midi, je retrouve
André avec une petite mine ; à propos de mine, il s’en est pris une belle
la veille ! Je l’avais laissé dans la cour du château en compagnie d’une
charmante petite autrice blonde de chez Lattès. Une dernière obligation, j’ai
promis un exemplaire de « Tous les États … » à Mme de Rosnay. Je m’approche
de la queue de lecteurs défilant à sa table et lui tend le petit volume orange.
« Ah, enfin ! » me dit-elle avec un air mi taquin, mi amusé, « …
vous m’avez écrit un petit mot ? » Je réponds par l’affirmative, elle
glisse l’objet dans son sac.
Bilan. J’ai passé trois jours formidables et suis revenus
avec une pile de livres, ceux des amis et de plein d’auteurs que je ne
connaissais pas, et vivant de plus. Ça me changera de
Mauriac-Mann-Morand-Green, etc. J’ai de
quoi remplir ce blog pour les six prochains mois, au moins. Vous aurez un billet
sur chacun de leurs ouvrages.
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