scène de commissariat, Derrick |
Le plaisir des après-midis à suivre des « krimi » :
Derrick, Un Cas pour deux, Le Renard, etc ; un plaisir ni régressif ni
décalé. Je regarde ces séries pour leurs vertus, on y montre un monde en recherche
de réponses, de morale. Il y a aussi une atmosphère particulière, des couleurs
en demi-teinte, rien de prétentieux, parfois une vapeur mélancolique. Il s’agit
d’un divertissement sain, je veux dire par-là qu’il ne vous laisse pas la tête
à l’envers, qu’il ne cherche pas à étourdir et qu’il ne sert aucun système
nombriliste. Le dénouement de l’intrigue, le bien commun, la vérité, une
certaine repentance : un univers post-mannien (pour Thomas), un univers
qui me parle. J’essaie de le rendre à travers mon œuvre, un travail littéraire …
difficile. Oui, j’ai de la syntaxe et du vocabulaire, je ne crois pas beaucoup
à l’intrigue, je trouve les rebondissements fastidieux et artificiels et je
soigne la musicalité du texte. J’ai beaucoup pratiqué l’autofiction, c’est
toutefois un genre qu’on épuise vite, aussi vite que la jeunesse.
Je ne sais pas trop à quoi ressemblent mes lecteurs,
ils ne sont pas légion. Je ne devrais pas le dire et encore moins l’écrire, je
me suis du reste quelque peu brouillé avec un ancien éditeur à ce sujet, « Tu
ne peux pas dire que tu te désintéresses de savoir si tes romans se vendent ou
pas ! ». Lorsqu’ils ne se vendent pas, je le regrette pour l’éditeur mais je n’en suis pas fondamentalement
troublé. Comme tout auteur, j’aime être lu, j’aime surtout apporter un
supplément d’âme à mes lecteurs mais je ne fais pas de marketing, pas de retape
excessive, je ne fais que de la littérature. Mon œuvre – oui, je travaille à
construire une œuvre – trouvera toujours son chemin lorsque le mien se sera
arrêté. Et demain, je vais rester assis derrière une table, en très bonne
compagnie assurément, je converserai un peu avec mes voisins s’ils ne sont pas
trop occupés à dédicacer et, peut-être, verrai-je l’un ou l’autre de mes
lecteurs.
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