La Montagne
magique, début de lecture, l’assurance de quelques semaines en compagnie du
grand Thomas. Et déjà l’évocation de cette bonne vie allemande à travers le
personnage de Hans Castorp, le jeune homme « moyen », le jeune
patricien hambourgeois avec son physique agréable d’homme du Nord, sa
nonchalance et ses bonnes manières, ses principes d’hygiène et sa pudeur.
J’aimerais tant
me reconnaître dans cette figure d’une si belle banalité allemande. Qu’importe
si le personnage s’avère être niais, sans malice, j’y vois encore une vertu
germanique, cette belle franchise un peu carrée, conçue par les tenants de la
culture latine comme un manque de finesse patent. L’imagerie populaire, la
caricature nous peignent une Allemagne rustaude en casque à pointe. « Thomas Mann »,
« Hambourg », « bonne vie allemande » m’évoquent l’idéal
wilhelminien, la société de 1870 à 1914, l’extrême fin XIXème dans son miracle
et sa perfection, le modèle à suivre, le modèle que nous avons perdu de vue.
Je parle en …
auteur allemand, de langue française. L’étiquette semble étrange, toutefois
elle recouvre au mieux ma sensibilité littéraire, mes convictions sociales, mes
goûts et mon univers symbolique. Considérez, chers lecteurs, ce billet comme mon
« coming out teutonique »
1 commentaire:
Comme un habit prêt à porter,
j’ai revêtu l’un après l’autre tous les dieux,
mais je n’en ai pas trouvé à ma mesure.
J’ai donc quitté mon vieux royaume,
dissimulant ma nudité:
sans dieu je me savais peu présentable,
et ridicule au milieu de la foule.
Plusieurs années durant, j’ai simulé la foi
et même la mystique.
Un jour sous un arbre quelconque,
un olivier, je crois,
j’ai prononcé un mot,
insignifiant comme un épi de blé:
Dieu tout à coup était en moi.
(Alain Bosquet)
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