samedi, août 24, 2013

Retour du Sud


J’ai hésité, parler de Zürich et de la façon dont les Zürichois (soit des actifs au physique parfait de 20 à 30 ans, soit des adolescents solaires ou des retraités patelins) sourient comme dans une publicité américaine. Ville parfaite à la perfection indiscutable. J’ai hésité, parler de la concurrence entre Zürich et Bâle, l’humanisme, l’ouverture, la culture de cette dernière. Sous un ciel nocturne clair, l’éclat profond du Rhin qui lui court sur la gorge comme un précieux bijou.
 
 Et puis le Sud, la côte méditerranéenne, le Languedoc-Roussillon, le canal du Midi, là où s’effiloche la culture française, où s’ensable avec paresse toute réforme, tout rebond, tout avenir à la culture dite … française. Agde, Béziers, et jusqu’aux portes d’Avignon, une faillite merveilleuse sous un soleil toujours triomphal. Il n’y a pas une rue sans que l’on n’y trouve un immeuble de rapport ou un hôtel particulier clos et en vente. Des commerces au rideau baissé, défoncé, ou une vitrine béante,  des gravats à l’intérieur. La région n’est pas à proprement parler en faillite, elle n’est pas même en déroute. Elle s’est assoupie. Le Sud est une somptueuse guenille mitée, faite d’une étoffe hors d’âge et d’un luxe désuet. Le tourisme – de masse – fait plus ou moins tourner la boutique et durer une légende bien trop lourde à porter pour de pauvres épaules latines. Qu’importe. Entretenir le mythe.
 
Par Béziers, Agde et plus encore au Cap d’Agde, on rencontre cette sorte de foule estivante : papa-maman-les-enfants, la gentille famille française, une autre fable, la projection d’un idéal qui n’a plus cours que dans l’imaginaire collectif. La République bourgeoise et française est aussi mitée que le Sud. Elle se vend, à qui paie le moins mal, faire patienter les fournisseurs, régler les notes les plus urgentes. Et par bonheur l’été, les vacances, un peu d’oubli, l’autoroute du soleil, son bitume fatigué, ses installations usées et la fameuse sculpture en vieux design eighties’ : Les Portes du Soleil. Je ne connais pas de plus belle route à la déroute. Ce Sud sera peut-être la réponse, l’abandon de nos idéaux universalistes, grandeur passée. Assis sur un fauteuil, tapisserie éfrangée, presque absent à soi, la pénombre d’une chambre, un mas silencieux, il est permis de s’imaginer tout petit et de réinventer cette culture à sa mesure.

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