Une phalène frappe le plafond, cherche sa place ; j’écoute l’épaisseur de la nuit. J’aime la posture de « l’homme de lettres », une façon très avantageuse de paraître – d’être – à soi-même. J’aime la musique économe de ces quelques phrases, le début du roman, de l’aventure, un départ immédiat pour des ailleurs séduisants voire mystérieux, pour l’univers paradoxal du récit (à la façon du sommeil paradoxal).
Je me trouve donc à mille lieues de mes débats clochemerlesques, de la vendetta molle des suppôts moscovites et de la lecture approximative d’un certain jeune publique forcé de s’enivrer le week-end, donner ainsi un rien de relief à sa courte vie et oublier les manipulations parentales. Et je les comprends tous, de bien braves gens, somme toute, pas vraiment homophobes ou racistes ; on va dire pusillanimes. Et je suis persuadé, on me jurera le contraire évidemment, qu’ils vont continuer de se mettre la tête à l’envers, s’interrogeant sur la question de la limite, du public, du privé, de l’image et toute cette sorte de choses pour bien une année encore, si ce n’est plus.
La phalène se rappelle à mon attention, quelque chose l’a tirée de son court repos. La pièce dans laquelle je dors est vaste, haute de plafond ; l’insecte ne va pas tarder à se poser … Parfois, il cherche une nouvelle route, traverse l’air avec effort et volonté, il doit être fatigué d’évoluer de-ci, de-là, il vient de se poser quand bien même la place ne lui plaît pas. Je me plais à peu près partout, je ne fatigue pas : je ne suis objectivement pas une phalène. Et les phalènes ne goûtent pas la poésie walserienne du rien, quelque chose du sublime du rien suisse, une petite touche … Les franges de l’abat-jour, le lampadaire à côté de mon lit par exemple, leur petit balancement parallèle lorsque je bouge un peu, le mouvement passe du matelas au sommier, aux pieds du canapé-lit, au parquet, à la canne du luminaire jusqu'à son abat-jour frangé.
J. apprécie aussi ce genre de détail insignifiant. Berlin lui parle donc beaucoup, par la lumière, la qualité du sensible, la beauté des garçons. Je l’ai laissé dans son appartement, il est souffrant, il a pris froid, coup de grippe … Il n’est pas plus déçu « que ça » de la tournure de son séjour. Il explore l’éventualité de sa frustration et lit quelques pages de Paul Auster. Berlin offre une paix contemplative à ses habitants, soient-ils occasionnels … La phalène a encore changé de place, après l’arrière d’une rangée de livres, elle vient d’opter pour la rosace de plâtre, au centre du plafond. Je vais l’y laisser, je vais éteindre.
Je me trouve donc à mille lieues de mes débats clochemerlesques, de la vendetta molle des suppôts moscovites et de la lecture approximative d’un certain jeune publique forcé de s’enivrer le week-end, donner ainsi un rien de relief à sa courte vie et oublier les manipulations parentales. Et je les comprends tous, de bien braves gens, somme toute, pas vraiment homophobes ou racistes ; on va dire pusillanimes. Et je suis persuadé, on me jurera le contraire évidemment, qu’ils vont continuer de se mettre la tête à l’envers, s’interrogeant sur la question de la limite, du public, du privé, de l’image et toute cette sorte de choses pour bien une année encore, si ce n’est plus.
La phalène se rappelle à mon attention, quelque chose l’a tirée de son court repos. La pièce dans laquelle je dors est vaste, haute de plafond ; l’insecte ne va pas tarder à se poser … Parfois, il cherche une nouvelle route, traverse l’air avec effort et volonté, il doit être fatigué d’évoluer de-ci, de-là, il vient de se poser quand bien même la place ne lui plaît pas. Je me plais à peu près partout, je ne fatigue pas : je ne suis objectivement pas une phalène. Et les phalènes ne goûtent pas la poésie walserienne du rien, quelque chose du sublime du rien suisse, une petite touche … Les franges de l’abat-jour, le lampadaire à côté de mon lit par exemple, leur petit balancement parallèle lorsque je bouge un peu, le mouvement passe du matelas au sommier, aux pieds du canapé-lit, au parquet, à la canne du luminaire jusqu'à son abat-jour frangé.
J. apprécie aussi ce genre de détail insignifiant. Berlin lui parle donc beaucoup, par la lumière, la qualité du sensible, la beauté des garçons. Je l’ai laissé dans son appartement, il est souffrant, il a pris froid, coup de grippe … Il n’est pas plus déçu « que ça » de la tournure de son séjour. Il explore l’éventualité de sa frustration et lit quelques pages de Paul Auster. Berlin offre une paix contemplative à ses habitants, soient-ils occasionnels … La phalène a encore changé de place, après l’arrière d’une rangée de livres, elle vient d’opter pour la rosace de plâtre, au centre du plafond. Je vais l’y laisser, je vais éteindre.
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