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vendredi, juillet 20, 2007

Vol de nuit


Une phalène frappe le plafond, cherche sa place ; j’écoute l’épaisseur de la nuit. J’aime la posture de « l’homme de lettres », une façon très avantageuse de paraître – d’être – à soi-même. J’aime la musique économe de ces quelques phrases, le début du roman, de l’aventure, un départ immédiat pour des ailleurs séduisants voire mystérieux, pour l’univers paradoxal du récit (à la façon du sommeil paradoxal).

Je me trouve donc à mille lieues de mes débats clochemerlesques, de la vendetta molle des suppôts moscovites et de la lecture approximative d’un certain jeune publique forcé de s’enivrer le week-end, donner ainsi un rien de relief à sa courte vie et oublier les manipulations parentales. Et je les comprends tous, de bien braves gens, somme toute, pas vraiment homophobes ou racistes ; on va dire pusillanimes. Et je suis persuadé, on me jurera le contraire évidemment, qu’ils vont continuer de se mettre la tête à l’envers, s’interrogeant sur la question de la limite, du public, du privé, de l’image et toute cette sorte de choses pour bien une année encore, si ce n’est plus.

La phalène se rappelle à mon attention, quelque chose l’a tirée de son court repos. La pièce dans laquelle je dors est vaste, haute de plafond ; l’insecte ne va pas tarder à se poser … Parfois, il cherche une nouvelle route, traverse l’air avec effort et volonté, il doit être fatigué d’évoluer de-ci, de-là, il vient de se poser quand bien même la place ne lui plaît pas. Je me plais à peu près partout, je ne fatigue pas : je ne suis objectivement pas une phalène. Et les phalènes ne goûtent pas la poésie walserienne du rien, quelque chose du sublime du rien suisse, une petite touche … Les franges de l’abat-jour, le lampadaire à côté de mon lit par exemple, leur petit balancement parallèle lorsque je bouge un peu, le mouvement passe du matelas au sommier, aux pieds du canapé-lit, au parquet, à la canne du luminaire jusqu'à son abat-jour frangé.

J. apprécie aussi ce genre de détail insignifiant. Berlin lui parle donc beaucoup, par la lumière, la qualité du sensible, la beauté des garçons. Je l’ai laissé dans son appartement, il est souffrant, il a pris froid, coup de grippe … Il n’est pas plus déçu « que ça » de la tournure de son séjour. Il explore l’éventualité de sa frustration et lit quelques pages de Paul Auster. Berlin offre une paix contemplative à ses habitants, soient-ils occasionnels … La phalène a encore changé de place, après l’arrière d’une rangée de livres, elle vient d’opter pour la rosace de plâtre, au centre du plafond. Je vais l’y laisser, je vais éteindre.

dimanche, juin 24, 2007

Le corps du texte


Aujourd'hui encore, j'ai donné la Communion, à la messe : présenter l'hostie à mes coreligionnaires, "Le corps du Christ", avec ce geste si particulier à la fois d'exposition et d'offrande. Je suis touché par l'honneur que me fait l'abbé en me demandant d'assister la communauté de la sorte. Pourtant, il n'ignore rien de ma vie ... Il peut l'imaginer. Il m'en trouve digne.

J'ai aussi travaillé à la correction et à la relecture de La Dignité, quelle horrible chose ... Jamais je ne me suis senti plus seul qu'en présence de cet essai égocentrique et geignard, de cette affreuse peinture qui, pourtant, tombe si juste à propos de ma vie, de Lausanne, et de l'état de déréliction de la culture ambiante. Je voulais écrire "occidentale" plutôt qu' "ambiante" mais le jugement est trop solennel, trop lourd : je ne suis pas un mandarin. Je ne vais pas imposer mes intuitions de façon verticale et péremptoire.

Avec La Dignité, je présente une anti-communion à mes "coreligionnaires", on aurait beau la tremper dans quelques litres de vin de messe que ça ne ferait pas descendre le morceau. Je ne renie toutefois pas ce texte, je vais l'assumer, je lui reconnais des qualités en dépit de tout et je ne suis pas du genre à (me) cacher la vérité.

jeudi, février 08, 2007

Présence


Politique ou égrillard, piquant, plaisant et bien d'autres choses ... Je n'ai que l'embarras du choix pour le billet de ce jour ! Et mes contradicteurs ne manquent jamais de me prêter complaisamment le flan. Par "contradicteurs", je m'entends, je pense à ceux dont je pourrais relever les défauts du discours, les incohérences et les petits travers ... Mais je n'épinglerai personne, je n'irai pas même voir du côté de C., village où vécut madame machin, la grosse et son verni de culture, la pose flatteuse de l'élite responsable et tous les poncifs mal rechampis que nous ressortent les élus cantonaux en avant avant-campagne.

Et l'après-midi, à Genève, sous son confortable ciel gris, une visite à J.-M., sa boutique, un café chez Martel, quelques courses, retour Lausanne, dînette chez Jacques avant de courir au cinéma, voir "La Traductrice", un dernier verre en ville ... en ville, je répète ! J'ai encore trouvé le temps de faire avancer mon "concile de pigeons", de finir du repassage, de réfléchir vaniteusement à la tenue de demain, d'après-demain, deux épisodes de "Verliebt in Berlin" pour faire passer le mal du pays, mon pays idéal, celui où je n'ai pas à porter une appartenance quelconque comme une croix, où il me suffit d'être ... Berlin, donc, Barcelone, Zürich, Paris, Bruxelles, Genève quand je peux y passer plus de 24h de suite, et oublier la contrainte du regard pornographique dont "Moscou" salit tout de son oeil inquisiteur et faux-jeton, sans parler de ses suppôts à temps partiel ni de quelques quidams à peine mal intentionnés rencontrés ici ou là qui ne manquent pas de me commenter et de travers ...

Cela faisait longtemps : ce soir, j'aurais eu envie de m'endormir en compagnie, auprès de quelqu'un en particulier, d'être simplement auprès de lui ... être ... Et dépasser ainsi l'ennui de ce jour après l'autre, et après celui d'avant, d'avant tous les autres. Je ne veux pas me laisser figer dans la posture de l'homme arrivé, solidement en place. Légère impression de tirer sur ma chaîne ... La Présence et la liberté me viennent alors d'internet; il n'est pas question de chat de rencontre mais d'une radio en ligne, des chants grégoriens pour seul programme, expression de cette présence chez ceux qui en jouissent à chaque instant de leur vie.